Dans ce roman, l'écriture emprunte de poésie d'Yves Simon est sublimée par un personnage principal confronté aux affres du monde contemporain dans lequel il vit : les grandes villes, la maladie d'un de ses amis. Tous ces maux mis en parallèle avec le mal dominant de l'écrivain : le fait de ne pas pouvoir terminer un roman.
Le tout donne une réflexion pure et pertinente sur notre monde contemporain au travers du prisme bien particulier qui est celui de l'écrivain et ce, au moyen d'une écriture extrêmement poétique où l'on reconnaît bien celui qui a écrit de si belles chansons depuis les années 70.
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— J'ai l'impression que tu uses à tort et à travers du mot poésie.
— A tort, jamais. A travers, sans doute, mais à dessein... La poésie, c'est bifurquer et se perdre, tituber vers le fracas, effacer les forêts d'eucalyptus, les cordillères des Andes, araser les cratères, les cheminées d'usines, les lignes à vingt mille volts, abattre les clochers, les minarets. Et pour quoi? Leur substituer un seul mot, un seul signe qui les annulera tous. Il y a des millions de mondes à détruire, il y a des millions de poèmes à écrire.
— Seul Dieu est capable d'une aussi magnifique apocalypse!
— Les poètes sont des dieux que personne ne remarque.
Au Japon, on dit que les écrivains sont des perce-neige, ils fleurissent et viennent embellir le monde lorsque tout est glacé.
Alors, pour paraître plus légers, on se délesté de vaines espérances, on se quitte, laissant sur les arêtes de trottoirs qui on était, avec ses chagrins et son sens aigu de la justice. Nos mues sont abandonnées dans des couloirs de métro, sur des quais de gare, à des stations de taxis, pantelantes, elles gisent au bord des caniveaux quelques instants puis sont piétinées inconsidérément par les passants. On ne sait jamais en marchant dans une ville le nombre de rêves que l'on foule.
Le destin, c'est un rendez-vous avec la vie ou avec la mort. C'est en s'y rendant qu'il nous faut avoir décidé ce que l'on a choisi de rencontrer.
Vivre seul, c'est s'en remettre à l'opacité des choses.
07 janvier 1989
Le chanteur Yves SIMON parle de son livre "Né en France", livre qui raconte des souvenirs anecdotiques dignes de passer à la postérité. Il se livre au jeu de l'anti-portrait chinois : que voudrais-tu être... Quelle serait pour toi la pire injure, etc. Images d'archive INA
Institut National de l'Audiovisuel.