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EAN : 9782709629973
213 pages
J.-C. Lattès (02/01/2008)
4.13/5   53 notes
Résumé :
Zhuang Zi et le logicien Hui Zi se promenaient sur le pont de la rivière Hao. Zhuang Zi observa : " Voyez les petits poissons qui frétillent, agiles et libres ; comme ils sont heureux ! " Hui Zi objecta : " Vous n'êtes pas un poisson ; d'où tenez-vous que les poissons sont heureux ? - Vous n'êtes pas moi, comment pouvez-vous savoir ce que je sais du bonheur des poissons ? - Je vous accorde que je ne suis pas vous et, dès lors, ne puis savoir ce que vous savez. Mais ... >Voir plus
Que lire après Le bonheur des petits poissons : Lettres des AntipodesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un recueil de délicieuses chroniques parues dans le Magazine littéraire (le vrai!) en 2005-2006, sous le titre Lettres des antipodes.
L'auteur, Simon Leys, pseudonyme de Pierre Ryckmans, d'une culture littéraire sans pareille, fut sinologue et professeur en Australie. Il était né à Bruxelles.
On y trouvera de très belles réflexions sur la création littéraire et artistique. Ce n'est jamais lourd, mais toujours curieux, et souvent légèrement ironique. On y sent un certain conservatisme de lettré. Mais cela n'est pas gênant et se lit donc avec beaucoup de plaisir et d'intérêt. Et surtout on y apprend tant de choses comme en passant. Alors pourquoi se priver?
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Sous-titré «Lettres des Antipodes», ce recueil de Simon Leys paru en 2008, qui rassemble une trentaine de chroniques parues dans des magazines littéraires dans les années 2000, est une lecture jubilatoire d'un auteur d'une curiosité et d'une clairvoyance rare sur la littérature, nourrie de son esprit aventureux et de ses grandes passions pour la Chine et la mer.

«Lettres des Antipodes» ne fait pas tant référence à l'Australie, dernier lieu de résidence de l'auteur, qu'à cet antipode que représente la Chine dans l'esprit occidental et dont Simon Leys n'a cessé d'explorer l'altérité, reprenant à son compte ces mots du sinologue anglais Joseph Needham : «La civilisation chinoise présente l'irrésistible fascination de ce qui est totalement «autre», et seul ce qui est totalement «autre» peut inspirer l'amour le plus profond en même temps qu'un puissant désir de le connaître».

Simon Leys fait ici l'éloge de la beauté et de l'inutile, l'éloge de ces impressions et observations accidentelles si fécondes, de ces moments vides en art qui précèdent le geste créateur, l'éloge de la puissance expressive des blancs ou de l'art de la litote, et combat un empire purement utilitaire et marchand où la laideur et la bêtise ne cessent de s'étendre.

«Un prince voulait faire exécuter des peintures dans son palais ; une foule de peintres répondirent à son invitation et, après avoir présenté leurs respects, ils s'affairèrent aussitôt devant lui, léchant leurs pinceaux et broyant leur encre. Un seul, toutefois, arriva après tous les autres ; sans se presser, il salua le prince au passage, puis disparut en coulisses. Intrigue, le prince chargea un serviteur d'aller voir ce qu'il faisait. le serviteur revint, tout perplexe : «Cet individu s'est déshabillé et il est assis demi-nu, à ne rien faire. – Splendide ! s'écria le prince, celui-là fera l'affaire c'est un vrai peintre !» (récit de Zhuang Zi cité dans «Cosa mentale, Action supérieure de l'inaction»)
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J'ai lu ce livre très doucement et par bribes, sans doute en m'adaptant à sa forme : c'est un recueil de chroniques parues dans le Magazine Littéraire.
Les chroniques sont des textes courts, liés à l'actualité, et ici elles prennent parfois les contours de billets d'humeur...
C'est souvent brillant, plein d'esprit et de finesse, parfois un brin agaçant, mais ça sonne juste,c'est parfois drôle et quelque fois profond. A nous de nous plier à l'exercice et de passer du coq à l'âne en souriant et sans nous attarder trop sur ce que nous aurions aimé voir approfondi. J'avoue que ça n'a pas toujours été facile pour moi.
C'est tout de même un livre plaisant à lire, plein de références et de citations intéressantes que chacun s'amuse à sélectionner.
J'en ai trouvé un certain nombre qui m'ont particulièrement plu sur des sujets aussi variés que le sens de la vie et la place de l'art dans une existence, l'éloge de la paresse, la loi anti-tabac, la littérature...
J'ai adoré lire "les cigarettes sont sublimes", ce texte m'a fait rire et m'a fait plaisir, vraiment lisez le! c'est excellent!
J'ai beaucoup aimé aussi "Des mensonges qui disent la vérité", parce que l'oeuvre de fiction y est présentée à sa juste valeur et que ce texte ne cesse de nous dire qu'on apprend beaucoup de la littérature...
http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/05/le-bonheur-des-petits-poissons-simon.html
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C'est en lisant le bonheur des petits poissons -lettres des antipodes- que l'on apprend que Joseph Conrad ne savait pas nager et qu'il était sujet au mal de mer. On y découvre que Patrick O'Brian, l'ermite de Collioure, l'auteur magnifique des aventures de Jack Aubrey, ( en 20 volumes) "maître de l'aventure maritime et détenteur d'un trésor de savoir nautique, n'avait absolument aucune expérience de la mer, ni de la voile ou des bateaux". C'est ce que constate avec stupéfaction un multimilliardaire américain amateur de voile qui avait invité l'écrivain vieillissant sur son splendide ketch. "A la barre, il n'avait même pas notion de la direction d'où soufflait le vent !". Simon Leys, depuis Canberra où il vit, remet les choses au point : "Nul connaisseur de la littérature ne s'étonnera jamais de l'écart qui sépare un écrivain de ses écrits; d'ailleurs ce ne sont pas les exploits de la vie active qui produisent les grandes oeuvres, mais bien plutôt l'échec, les peines obscures, l'ennui, l'acide insignifiance des jours." ( in Vérité du romancier).

C'est toujours un plaisir subtil de lire les petits textes de Leys. Il y pratique l'art malicieux du contrepied, où l'érudition le dispute au bon sens et au goût du paradoxe. Il vagabonde dans le trésor de la littérature mondiale, sans oublier les auteurs chinois et orientaux qui lui sont si familiers.

On se souvient de ses "Habits neufs du président Mao" parus au début des années 1970 où le grand sinologue appliquait son esprit critique à démonter les dessous de la Révolution culturelle célébrée par des maoïste dévots, de Philippe Sollers à Maria-Antonietta Macciocchi. Les massacres de Tien'anmen et L Histoire lui ont donné raison. Il y a donc tout intérêt à suivre ce maitre de sagesse, d'autant que son propos prend volontiers le ton familier et ironique qu'affectionnait Socrate. Mais un Socrate qui aimerait passionnément la mer et les bateaux. Car ce bel écrivain consacre une grand partie de son activité à traduire, préfacer, écrire des livres sur l'aventure maritime.

La suite sur :
http://diacritiques.blogspot.fr/2012/07/simon-leys-ecrivain-de-marine.html
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Simon LEYS, dans ses chroniques littéraires, prend à part la culture, la digère et se la réapproprie avec sagacité et pertinence. Il est vrai que l'auteur fait continuellement références aux écrivains, philosophes ou artistes et que pour comprendre en profondeur sa position il nous (me) faudrait chercher plus loin. Seulement, la juxtaposition des pensées d'autrui se mêle à la qualité de la réflexion de LEYS. (...)
Les lettres rappellent une méditation à la création tout entière. Loin des sentiers battus, cette lecture est salutaire, elle fait le pont entre toutes les formes de création (musicales, littéraires ou artistiques) et allie pensées occidentales et asiatiques. Quelques anecdotes, des incongruités prises ici et là, rendent vivant le rapport de la création au réel : du bon goût, apanage des personnes sensible au beau et non à la proximité créative, des rapports vitaux des écrivains à leurs critiques littéraires (comme une femme nue offerte à la vue, même laide, l'on se surprend à désirer la regarder), aux vies des écrivains non décalquées dans leurs oeuvres, en passant par le manque d'inspiration. (...)

Beaucoup plus ici http://iam-like-iam.blogspot.com/2008/03/pche-enthousiasmante-de-petits-poissons.html
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Vous vous affligez à l’idée de devoir quitter cette vie ? Les choses pourraient être pires - Swift I'a bien montré.

Arrivé à Luggnagg, Gulliver apprend l'existence d'« Immortels » au sein de la population locale : de temps à autre, un enfant naît, qui porte au front une marque ronde, signe certain qu'il s’agit d'un « Struldbrugg » - un individu qui ne mourra jamais. Le phénomène n'est pas héréditaire, mais accidentel - et rarissime. Gulliver est émerveillé : ainsi il y aurait des humains à qui serait épargnée l'angoisse inhérente à notre condition ? Quelles richesses morales et matérielles - trésors de savoir, d'experience et de sagesse - ces Struldbruggs ne doivent-ils pas accumuler au cours des âges !

Devant son enthousiasme, ses hôtes ne peuvent dissimuler un sourire. En effet, s'il est vrai que les Struldbruggs sont immonels, cela ne les empêche pas de vieillir ; après quelques centaines d'années, ils ont perdu leurs dents, leurs cheveux, leur mémoire, ils peuvent à peine se mouvoir, ils sont sourds et aveugles, ce sont des créatures hideusement rabougries (surtout les femmes), cependant que l’évolution naturelle du langage les prive de toute communication avec les nouvelles générations - et ainsi, étrangers dans leur propre monde, accablés de toutes les misères de la vieillesse, ils se survivent indéfiniment dans une désolation hébétée.

Aujourd'hui, les progrès de la médecine moderne ont multiplié les illustrations de cette vision prophétique.
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Les mots sont par nature neutres et indifférents. C'est de leur contexte qu'ils tirent le plus vif et le plus dru de leur charge émotionnelle. Racisme et sexisme sont une lèpre de l'âme et doivent être combattus sans merci, mais la lutte contre le langage raciste ou sexiste se trompe le plus souvent de cible : ainsi, cette revue américaine qui - dans la meilleure des intentions - interdisait à un de ses auteurs de faire référence au Nègre du Narcisse, ou encore ces journaux français, non moins vertueux, qui croient seconder la juste cause des femmes en imprimant des monstruosités telles que «auteure» ou «écnvaine»... Les mots sont innocents; il n'y a nulle perversion dans le dictionnaire, elle est tout entière dans les esprits, et ce sont ceux-ci qu'il faudrait réformer.

Il est des propos qui tirent leur sens et leur efficacité non des mots qui les composent, mais des circonstances dans lesquelles ils sont prononcés.

Stendhal racontait que Murat, chargeant à la tête de ses cuirassiers, galvanisait leur enthousiasme et leur bravoure en criant : « Mon cul est rond, rond comme une pomme ! » Sous le feu de l'ennemi, ces mots idiots devenaient sublimes, et on se faisait tuer pour le suivre.
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Nous ne cessons de nous étonner du passage du temps : « Comment ! hier à peine, ce père de famille chauve et moustachu était encore un gosse en culottes courtes ! » Cela montre que le temps n'est pas notre élément naturel.

Imagine-t-on un poisson qui s'étonnerait de la mouillure de l'eau ? C'est que notre vraie patrie est l'éternité ; dans le temps nous ne sommes que des visiteurs de passage.

N'empêche, c'est dans le temps que l'homme construit la cathédrale de Chartres, peint le plafond de la Sixtine et joue de la cithare à sept cordes - ce qui inspira la fulgurante intuition de William Blake : « L'Ëternité est amoureuse des œuvres du temps. »
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NOSTALGIE. J'ai revu l'autre soir à la télévision le fameux film documentaire que Leni Riefenstahl avait consacré aux jeux Olympiques de Berlin (1936). Un minuscule détail- involontaire et dénué de pertinence - m'a si vivement frappé que je veux le noter Ici.

Dans une séquence consacrée aux régates de voile, on voit en gros plan, durant une fraction de seconde, le visage d'un équipier de foc tandis qu'il souque son écoute de toutes ses forces : une cigarette lui pend aux lèvres. Un sportif en train de fumer en pleine action, durant une compétition olympique !

On avait oublié l'existence même de cette réalité : oui, il y eut un âge où il était possible de faire du sport simplement pour le plaisir.
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Dans un passage de son Journal, Alan Bennett décrit comment, au cours d'une visite en Egypte, il se retrouva coincé au milieu d'une cohorte de touristes qui piétinaient sous un soleil implacable à travers une poussiéreuse étendue de caillasse ; le glorieux site qu'il était venu admirer ressemblait tout bêtement à une carrière désaffectée dans laquelle s'entassait une foule en sueur. Devant ce spectacle, il se demanda si, au fond, le tourisme n'était pas comme la pornographie : la recherche désespérée d'une sensation perdue,
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Si vous aimez les citations, voici un livre qui va vous ravir ! Et peut-être la plus jubilatoire de toutes les compilations de citations et elle est l'oeuvre d'un personnage totalement libre et rebelle !
« Les idées des autres », de Simon Leys, à lire aux Editions Plon.
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