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EAN : 9782072706653
264 pages
Gallimard (16/03/2017)
3.78/5   23 notes
Résumé :
Robert McAlmon avait tout pour devenir une légende. Marié à la fille de l’homme le plus riche d’Angleterre, parrain des Américains expatriés à Paris, cet écrivain surdoué fut l’ami de Kiki, de Man Ray, d’Aragon, l’amant de Nancy Cunard et de John Glassco. Dans le tourbillon des années 1920, il était le centre des nuits de Montparnasse, celui auquel on faisait appel pour sortir un artiste de prison, trouver de la drogue ou organiser un kidnapping.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Qui donc connait Robert McAlmon ?
Je lis l'interrogation chez vous. Alors qui connaît Ernest Hemingway ?
Vos yeux semblent bien plus ouverts et à l'écoute !
Alors, j'avoue ma faiblesse moi aussi : je ne connaissais pas ce Monsieur McAlmon avant d'ouvrir l'ouvrage de Maud Simonnot.

Cet homme n'était autre que le premier éditeur d'Hemingway. Mais il était aussi auteur. Poète. Adepte du Carpe Diem et des soirées entre amis. Soirées parisiennes très alcoolisées, cela va de soi, alors que de l'autre côté de l'Atlantique, la prohibition faisait rage.
Maud Simonnot a su me captiver par son écriture romanesque pour me livrer la vie littéraire de McAlmon, dit Mac. Un homme altruiste, effacé et aimé, souvent entouré, mais finalement toujours seul. Si heureux, ou malheureux de pouvoir se sauver, de disparaître, afin de toujours rester indomptable. Il aimait les livres, l'ivresse, l'instant présent et les autres.

Quel travail titanesque Maud Simonnot a t-elle fait pour s'approprier cette vie qu'elle semble tant connaitre. Quel formidable hommage écrit à cet homme presque oublié. Pari réussi car elle m'a entrainée dans le Paris littéraire anglo-saxon des années 20.
Ne cherchez pas dans ce livre dialogues ou intrigue, la vie de McAlmon se suffit à elle-même. Au gré des pages, on rencontre Sylvia Beach, la fondatrice de la librairie Shakespeare and Co, dans laquelle il m'arrive de poser ma besace pour la remplir.
Évidemment, Hemingway n'est pas en rade puisque Simonnot nous conte son amitié et ses frasques avec Mac. Aussi James Joyce et les lectures de son pavé, ulysses, publié par Mac. Ezra Pound, Nancy Cunard, Bill Williams, Kay Boyle … Autant d'individus que vous allez croisez dans ce livre avec délectation.

Finalement, je connaissais un peu McAlmon, via le personnage de Jack dans l'ouvrage « Et le soleil se lève aussi » d'Ernest Hemingway. Car Hemingway se serait largement inspiré de son éditeur pour créer ce personnage. Livre que j'ai détesté, de par son écriture, et le manque de profondeur dans la description des états d'âme des personnages, d'une génération perdue. Et éprise d'insouciance. Cette profondeur, je l'ai trouvée dans le livre de Simonnot. Avec en prime, un titre de livre à la teinture poétique. La nuit pour adresse. Je m'en irais m'y noyer pour une once de sa couleur.

J'ai lu le livre de Simonnot comme j'aurais pu écouter du Brahms, ou regarder un couple danser. Avec les mêmes ardeurs, les mêmes émotions, les mêmes sourires. Submergée par le Paris des années folles. Puisque Simonnot nous le rappelle, par la voix de Hemingway : « Si vous avez la chance d'avoir vécu jeune homme à Paris, où que vous alliez pour le reste de votre vie, cela ne vous quitte pas, car Paris est une fête. »
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La nuit pour adresse est un récit tout à fait original, puisqu'il s'agit d'une biographie romancée.
Le protagoniste est Robert McAlmon, un homme à la vie incroyable, très réputé de son vivant, qui n'a néanmoins pas accédé à la postérité, contrairement à certains auteurs qu'il a aidés à percer en les publiant, à commencer par Hemingway.

Le travail de documentation qui sous-tend le livre est herculéen, tant concernant le parcours de McAlmon que le contexte historique et l'époque qui sert de cadre au roman.
Difficile, partant, de faire la part entre le réel et le romancé, mais c'est sans doute aussi ce qui fait l'intérêt de l'oeuvre, où la ligne de démarcation n'est pas toujours claire : L Histoire s'étant révélée injuste envers McAlmon en le laissant sombrer dans l'oubli, l'auteur a toute la liberté du monde pour le réhabiliter. Entreprise qui lui tient à coeur, car la tendresse portée au protagoniste est sensible dans les pages de la nuit pour adresse.

Il est émouvant, au premier abord, de croiser les figures connues de cette époque dorée (qui ne l'était pas tant, mais qui a été transmise ainsi aux générations suivantes), et de voir s'animer McAlmon, au centre d'un monde dont on aurait juré qu'il était absent, tant il nous est familier au travers des représentations que l'on s'en fait, grâce à Gatsby, grâce à toutes les reconstructions de ces années-là qui ne le mettent jamais en scène, oublieuses, imparfaites.

La relation entre McAlmon et Joyce ne laisse pas de marbre, on a soudain l'impression qu'Ulysse doit beaucoup à l'éditeur, soutien inconditionnel de Joyce, compagnon de fête (tous deux avaient un goût prononcé pour l'alcool) et rédacteur à ses heures (c'est lui qui a dactylographié les cinquante dernières pages de l'oeuvre, dans laquelle il a même laissé au passage son empreinte).

Celle qui le liait à Hemingway est davantage ombrageuse, et lourde de conséquences, puisqu'elle lui devra d'être éclipsé et de se retrouver isolé, alors que c'est à lui que Hemingway doit sa première publication. La mise en exergue de leur rapport à la virilité est très intéressante, et module la perception que l'on a pu avoir de Hemingway, auteur largement célébré, dont on a eu tôt fait d'oublier le caractère très particulier, rappelant les accents de la mégalomanie (dimension néanmoins incarnée merveilleusement par Gertrude Stein, dont certaines déclarations surprenantes sont rappelées dans le livre).

A travers le prisme proposé par l'auteur, consistant à remettre McAlmon à la place qui était la sienne comme s'accordent à en attester les témoignages exhumés datant de cette époque, on revisite un temps que l'on croyait connaître, des figures dont on a côtoyé les noms sans toujours comprendre les relations qui les liaient les unes aux autres. Et, bien entendu, on fait connaissance avec Robert McAlmon, les milles facettes de sa personnalité patiemment dessinées à l'épreuve de ce qu'a été sa vie, ses hauts et ses bas, plus excessifs qu'ils ne le sont pour le commun des mortels, et contribuent à appréhender la vie de McAlmon comme une fulgurance.

Noceur incorrigible, mélancolique, exalté, loyal, entier, il ne manque pas de qualificatifs pour décrire McAlmon, comprendre l'admiration qu'il peut susciter, et s'interroger sur ce qui a pu conduire à sa fin abrupte, incompréhensible.
La nuit pour adresse est une ode à un homme hors du commun, auquel L Histoire n'a pas rendu justice. C'est aussi une réflexion sur ce qui fait L Histoire, et sur le pouvoir des générations actuelles de la réinterpréter, de la faire évoluer, et de revenir sur certaines de ses imprécisions et de ses oublis en nous démontrant qu'ils ne sont pas fatals.
Lien : http://viederomanthe.blogspo..
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C'est par un biais original que Maud Simonnot nous entraîne dans les milieux littéraires anglo-saxons du Paris des années folles. Nous y plongeons en effet dans le sillage de Robert Mac Almon, écrivain, éditeur, ami de tous les intellectuels expatriés de cette époque, et dont pourtant nous ne connaissons aujourd'hui même plus le nom. C'est parce qu'il les côtoie régulièrement que nous rencontrons Joyce, alors aux prises avec son Ulysse, Hemingway écrivant ses premières nouvelles, et d'autres encore, poètes, peintres et romanciers, autant de géants à leurs débuts, dont on partage brièvement le quotidien et les angoisses. Mais attention : Robert Mac Almon n'est pas, sous la plume de Maud Simonnot, un simple prétexte à ressusciter les grandes figures de cette fameuse « génération perdue », et à décrire le bouillonnement pailleté d'une époque où l'alcool et la littérature sont presque indissociables. Quand Joyce et Hemingway s'effacent de la vie de Robert Mac Almon, nous ne les regrettons pas parce que le personnage de Mac Almon lui-même fascine. Fêtard, fonceur, buveur invétéré, c'est aussi un homme passionné de littérature, dévoué à ses amis, au point de dilapider pour eux sa fortune, au point de s'oublier lui-même. Captivés dès les premières lignes, nous l'observons avec tendresse et inquiétude, conscients de suivre la trajectoire d'un homme semblable à une comète, solaire et brûlant comme elle, mais fatalement appelé à s'écraser. Et nous pressentons le caractère inéluctable de cette fin tout au long de la lecture du roman, qui dès lors n'est plus la simple biographie d'un écrivain injustement oublié par l'Histoire et la littérature, mais bien une tragédie, celle de tout homme qui fait le choix de vivre le plus intensément possible l'instant présent, sans envisager que ces moments, fragments d'étoiles mis bout à bout, ne suffiront peut-être pas, si étincelants soient-ils, à donner du sens à une vie. Un très beau roman.
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Merci à Maud Simonnot de nous faire participer à la vie trépidante de cet illustre inconnu qu'est "Mac Almon"... Ce roman nous permet en plus de redécouvrir sous d'autres aspects des écrivains célèbres tels qu' Hemingway ou Joyce.... D'ailleurs quel plaisir de connaître l'histoire de la difficile édition de "Ulysses"!!! Je ne vous en dirai pas plus et vous laisserai ainsi le plaisir de dévorer ce magnifique ouvrage..!!!Et dire qu'apparemment c'est son premier livre!!! Je recommande vivement.
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Un très beau livre, empreint d'une mélancolie très attachante.
plus on avance et moins on veut voir la fin!
le climat de ces années 30 est dépeint avec justesse et on aimerait vraiment faire la fête avec les personnages.
Une decouverte!
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critiques presse (2)
LeMonde
22 mai 2017
Comme ces sortes d’origami japonais qui se déplient au contact d’un ­liquide et deviennent peu à peu une fleur, un jardin, un monde de papier, La Nuit pour adresse trouve en son personnage principal un fameux révélateur pour déployer à nouveaux frais le Paris mythique des années 1920.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
27 mars 2017
Un roman émouvant en forme d'hommage à une figure oubliée du Montparnasse des années 1920: Robert McAlmon.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Après avoir reçu une lettre de Hilda remplie de désespoir, il prévint sa femme : "Aucune relation ne doit être basée sur l'oppression d'une personne par une autre. D'une être qui est un tel mélange de papillon, de colibri, de girafe et de bête de somme, il est trop triste de faire un oiseau dans une cage dorée."
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Il avait le sentiment de subir un peu les gens. Il n'en attendait pas grand-chose, ces gens le décevaient fréquemment, pourtant il continuait de chercher leur compagnie. Que ce fût par altruisme ou par inertie, il ne savait pas dire non.
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Parmi les expatriés, Robert McAlmon, arrivé à Paris un des tout premiers, resta un des derniers. La fête finie, il dériva encore un peu dans la capitale, jusqu'à ce que la guerre le chasse lui aussi.
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Un vieil ami, Emanuel Carnevali avait écrit : "Son sourire était comme la cicatrice des blessures qu'il avait reçues."
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Personne ne peut remonter le temps, défaire l'ordre des sentiments.
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Videos de Maud Simonnot (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maud Simonnot
Découvrez l'émission intégrale ici :https://www.web-tv-culture.com/emission/maud-simonnot-l-heure-des-oiseaux-53467.html Elle s'imaginait plutôt scientifique et là voilà évoluant dans le monde des lettres. Issue d'une famille où le livre n'avait pas une place essentielle, c'est dans la bibliothèque de sa petite commune de province que Maud Simonnot découvre le plaisir de la lecture. Voilà, comment de fil en aiguille, les études scientifiques deviennent des études de lettre, comment après un doctorat de lettres, la jeune femme se retrouve au service culturel de l'ambassade de France en Norvège, comment elle trouve sa place chez Gallimard en tant qu'éditrice et comment elle publie aujourd'hui son nouveau roman « L'heure des oiseaux ». En parallèle, Maud Simonnot s'est vu confier la direction de la prestigieuse NRF, la nouvelle revue française, dont le premier numéro date de 1909 et qui depuis, reste une référence dans le monde littéraire. Au-delà d'être éditrice, avec une prédilection pour les premiers romans, Maud Simonnot fait aussi le choix d'être auteur, avec deux anthologies, recueils de textes autour des thématiques de la forêt et de la nuit, puis une biographie consacrée à Robert McAlmon, premier éditeur d'Ernest Hemingway, au parcours chaotique. Et puis vint l'envie du roman, inspirée par les années que Maud Simonnot passa en Norvège. « L'enfant céleste », en lice pour le prix Goncourt 2020, racontait l'histoire de Célian, ce gamin mal dans sa peau, qui avec l'amour de sa mère, sur une petite île de la mer Baltique allait découvrir une vie nouvelle au coeur de la nature et de l'immensité du ciel. Les ambiances insulaires semblent parler à Maud Simonnot puisqu'avec son nouveau roman, « L'heure des oiseaux », elle nous emmène à Jersey, bout de terre entre la France et l'Angleterre surnommée, « L'île aux fleurs ». Là, dans ce cadre paradisiaque, dans les années 50, des dizaines d'enfants d'un orphelinat furent violentés et abusés par le directeur mais aussi des notables locaux. Révélée au début des années 2000, l'affaire fit grand bruit mais retomba bien vite dans l'oubli, face à la pression de la population de Jersey et de son gouvernement autonome, ne voulant pas abîmer l'image idyllique de leur coin de paradis, manne touristique s'il en est. Ainsi donc, après l'humiliation de l'enfance vint la double peine pour les victimes devenues adultes, celle d'être réduit au silence. Maud Simonnot s'inspire de ce fait divers sordide pour imaginer une jeune femme d'aujourd'hui, partant sur les traces de ces enfants sacrifiés, en particulier le personnage de la petite Lily. Mais la force de ce roman est d'être empreint de beaucoup de pudeur, de douceur, de beauté et de poésie. Des personnages secondaires viennent contrebalancer la violence du propos et les paysages de Jersey tiennent toute leur place dans cette histoire qui fend le coeur et porte en elle une douce mélancolie. le livre de Maud Simonnot, « L'heure des oiseaux » est publié aux éditions de l'Observatoire et c'est un coup de coeur.
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