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EAN : 9782234058798
768 pages
Stock (24/10/2012)
4.33/5   88 notes
Résumé :
Publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1950, La famille Moskat fut accueilli comme un authentique chef-d'oeuvre, opinion qui n'a fait que se renforcer au fil des années.
Située en Pologne de 1914 à 1939, cette grande "saga" retrace l'histoire d'une riche famille de Varsovie, d'abord unie sous l'autorité de son patriarche qui maintient chacun dans l'ordre établi. Mais au fil des années, sous l'influence des idées nouvelles, à travers des mariages mixte... >Voir plus
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Varsovie, début du XXè siècle. Deux fois veuf et septuagénaire, Reb Meshulam surprend toute sa nombreuse famille quand il revient des eaux au bras de sa troisième épouse, Rosa Frumetl et de sa nouvelle belle-fille Adèle. Cette union affole fils, filles, gendres, brus et petits enfants qui tous vivent des rentes que leur cède le riche patriarche. Juifs orthodoxes, les Moskat vivent selon les lois du Talmud, respectent les rites et coutumes hébraïques et croient au prochain retour du Messie. Mais les temps changent et les nouvelles générations ne veulent plus suivre des préceptes jugés moyenâgeux. A force de fréquenter les écoles mixtes, les garçons ne veulent plus porter le cafetan, la barbe et les papillotes, les filles aspirent à étudier, à choisir elle-même leur mari et refusent la perruque de matrone, certaines allant même jusqu'à sortir tête nue! Les jeunes rêvent d'Amérique ou d'un état juif en Palestine. Et ce n'est pas Abram Shapiro, le mari d'Hama Moskat qui va les mettre sur le droit chemin! Noceur invétéré, mari infidèle, il s'habille à l'occidentale et entretient une maîtresse. Ses défauts ne doivent pourtant pas faire oublier qu'il a le coeur sur la main. Et quand il fait la connaissance du jeune Asa Heshel Bannet, petit fils du rabbin de Tereshpol Minor, fraîchement arrivé dans la capitale pour y faire des études, il n'hésite pas à l'inviter dans sa famille afin de l'introduire dans la bonne société juive de Varsovie. Des liens vont se tisser entre les Moskat et Asa Heshel, ensemble ils vont vivre des drames, des évènements heureux, la première guerre mondiale et la menace nazie.


A travers le destin d'une riche famille juive polonaise, Isaac Bashevis Singer nous entraîne dans ce qu'était la société juive en Pologne au début du XXè siècle, une communauté qui vivait en vase clos, respectant les principes du Talmud, évitant les rapports avec le reste de la population polonaise. On en apprend beaucoup sur les rites religieux, les fêtes, la foi, les divers courants. Persuadés que c'est en respectant scrupuleusement les traditions qu'on se préserve de tout, les juifs de Varsovie acceptent les insultes et rebuffades d'un antisémitisme latent qui monte en puissance au fil du temps.
Tous différents, souvent brouillés entre eux mais unis dans la foi, les Moskat sont la quintessence d'un peuple persécuté, résigné, fataliste et résolument confiant en Dieu. Au sein de la famille les relations sont compliquées entre ceux qui ne tolèrent aucune entorse aux lois hassidiques, ceux qui se "modernisent" et ceux qui vont jusqu'à oublier leur foi. Mais ils sont tous attachants à leur façon et quand le roman s'achève, au moment de l'entrée des nazis à Varsovie, on tremble pour ceux qui ont fait le choix de rester en Pologne, inconscients du danger ou simplement prêts à accepter cette nouvelle épreuve que Dieu met sur leur chemin.
Un roman riche, presque un documentaire, sur une communauté dont on ne sait pas grand chose, finalement, quand on n'en fait pas partie. Une très intéressante découverte que je dois au Club des lecteurs dialogues croisés. Un grand merci à Caroline.
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Isaac Bashevis Singer est un écrivain juif américain, né en Pologne au début du vingtième siècle. Installé aux États-Unis à partir de 1935, il s'éteint à Miami en 1991. Salué par un prix Nobel de littérature, son talent de conteur illumine une oeuvre écrite en yiddish, largement inspirée par la vie des Juifs dans sa patrie d'origine. Publiée en 1950, La famille Moskat est une vaste fresque de près de huit cents pages, qui s'ouvre deux ans avant le début de la première guerre mondiale. Elle s'achève vingt-sept ans plus tard, aux premiers jours de l'invasion de la Pologne par les Nazis.

Un roman d'inspiration réaliste. L'impression d'une immersion dans une ville inconnue, au sein d'une grande famille juive où l'on ne connaît personne. Nécessaire de découvrir chacun, de retenir des patronymes complexes, de comprendre les liens de parenté, de découvrir les non-dits. Dans Varsovie, où l'on se perd dans les noms des rues, l'animation populaire vibrionnante donne le tournis, comme dans certaines pages parisiennes De Balzac.

La famille Moskat s'apparente à un roman de moeurs. Les personnages gravitant autour de la famille sont mêlés à toutes sortes d'intrigues. Mais leur narration a surtout pour objet de mettre en scène la diversité de la très importante population juive de Pologne d'avant-guerre, soit quelque trois millions et demi de personnes… L'on sait que ne survivront qu'une poignée de miraculés et ceux qui auront pris à temps la direction de l'Amérique ou de la Palestine.

Historiquement – et c'est ce qui apparaît au début du livre, avant la mort du riche et autoritaire patriarche Meshulam Moskat –, la vie quotidienne des Juifs de Varsovie était rythmée par un judaïsme orthodoxe assidu. Hommes et femmes en respectaient les traditions vestimentaires et se tenaient à l'écart de la population polonaise catholique, les Goyim. Ils s'exprimaient en yiddish, plus rarement en hébreu. de temps à autre, de vifs débats sur des interprétations de textes sacrés opposaient des ultra-orthodoxes, au sein de courants hassidiques antagonistes.

A l'issue de la première guerre mondiale et après la révolution soviétique, la Pologne, libérée des tutelles russes et allemandes, retrouve son unité et son indépendance. Les courants nationalistes et antisémites progressent. Peu attentifs à ces évolutions, les Juifs sont surtout préoccupés de voir leurs nouvelles générations céder peu à peu à la modernité et s'adonner à des pratiques « hérétiques », comme suivre des enseignements littéraires ou scientifiques, se vêtir et se coiffer à l'occidentale, s'exprimer en polonais, en russe ou en allemand. On regrette ceux qui partent aux Etats-Unis ou en Palestine. On vilipende les mariages mixtes et les conversions.

Ce panorama social très spécifique est illustré par quelques individualités marquantes, sans que l'on puisse parler de personnages principaux, au sens romanesque.

Géant barbu ventripotent et apoplectique, Abram Shapiro est l'un des gendres de Meshulam Moskat. Truculent, provocateur, jouisseur, coureur de jupons, panier percé, bonimenteur, mais toujours prêt à rendre service, il est en permanence sur la corde raide, mettant sa santé à rude épreuve.

Intellectuel érudit, mais falot et introverti, Asa Heshel Bannet a su s'extraire de l'emprise hassidique de son enfance. Inspiré par Spinoza mais manquant de caractère, il doute de tout, y compris de lui-même, et ne parvient pas à donner un sens à sa vie. Séducteur malgré lui, il s'avère incapable de rendre heureuse la très belle et mélancolique Hadassah, petite fille du patriarche. Finalement, seul le plaisir de l'instant pourrait avoir une valeur à ses yeux.

Intendant du patriarche, Koppel Berman, profite de la mort de son patron pour s'enrichir. Mais sa fortune ne lui apporte aucune sérénité, car son manque de scrupules ne vaut pas absence de conscience. Et sa quête permanente de reconnaissance par les femmes ne s'arrête jamais.

J'ai été particulièrement frappé par les Hassidim ultra-orthodoxes, leur obsession de la Loi et le bonheur extatique que leur procure leur foi ! Un bonheur extatique qui s'exprime chaque jour par des rires, des chants et des danses. Dieu les a élus, Dieu les secourra, ils n'en doutent pas ! Ils n'ont pas un sou, leurs enfants n'ont rien à manger ; ils vivent dans des conditions sanitaires précaires et sous la menace permanente des persécutions et des pogroms… Mais si Dieu l'a voulu, c'est juste bien ! Les travers subis ne sont que les souffrances d'accouchement du Messie, dont l'arrivée est imminente ! Ils resteront donc en Pologne malgré les prémisses de l'holocauste à venir. C'est sans doute ainsi que le peuple juif a pu surmonter vingt siècles de massacres et de persécutions...

Une lecture qui prend du temps, et que je qualifierais d'intéressante plutôt que captivante.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Terrible sensation que de refermer une saga familiale en sachant que, contrairement à toutes les autres sagas familiales, celle-ci ne peut avoir de suite…

« La famille Moskat » est en effet une peinture incroyablement vivante et émouvante de la communauté juive de Varsovie, qui prend sa source dans la figure du patriarche Meshulam Moskat régnant sur sa tribu à l'aube de la première guerre mondiale et suit les pérégrinations, atermoiements et ramifications de sa nombreuse descendance jusqu'aux premières heures de la seconde en 1939. Si certains membres de la famille s'éloignent au fil des ans de la stricte obédience aux lois hassidiques, la communauté reste fortement cimentée autour de ses liens de sang et d'histoire.

Toute la sensibilité d'Isaac Bashevis Singer s'exprime dans ses pages pour témoigner d'un monde qui n'est plus, raconter un quotidien fait de foi, de doutes, de plantureuses victuailles partagées et d'argent, et donner vie à cette famille à travers des personnages qui haut en couleurs, qui crépusculaire de passion mystique, qui à demi vénal, qui porté vers un judaisme moderniste.
Et Singer de nous faire comprendre par l'appel à tous nos sens l'irrémissible foi en lui-même de ce peuple, son fatalisme, sa sagesse millénaire mâtinée de rouerie, comprendre aussi pourquoi, malgré les nombreux signaux annonciateurs du drame à venir, ils ne sont pas partis.

Lecture profonde et éclairante qui fait pour moi écho aux « Disparus » de Daniel Mendelsohn, « la famille Moskat » exhibe du néant indéterminé de la Shoah des individualités lumineuses afin de maintenir une trace d'une société humaine qui a brutalement arrêté d'exister. Brillant et bouleversant.
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La famille Moskat a été publié à New York en 1950, c'est à dire très peu de temps après la Shoah dont plus de 90 % de la communauté juive de Pologne fut victime. Dans cette saga familiale qui débute au début des années 1900 pour se terminer à l'aube du second conflit mondial, Isaac Bashevis Singer nous dresse un portrait concis et fourni de ce « monde d'hier ». Comment ne pas relier ce laps de temps à la période passée par l'auteur dans cette partie essentielle du Yiddishland ? En effet, Isaac Bashevis Singer est né en 1902 en Pologne et l'a quittée pour les États-Unis en 1935. 33 ans au cours desquels il a reçu et dû assumer une éducation en tant que fils et petit-fils de rabbin hassidique, enfermé dans un monde clos et centré sur lui-même, témoin ou victime d'un antisémitisme grandissant.
Même si les personnages de la famille Moskat sont fictifs, il ne fait aucun doute qu'ils s'inspirent de personnages réels ayant vécu des situations vraisemblablement éprouvées par l'auteur lui-même.
Reb Meshulam Moskat rentre à Varsovie pour présenter sa troisième femme et sa belle-fille Adèle à sa famille et à son ingénieux intendant Koppel. C'est un homme riche dont les nombreux enfants et beux-enfants ne sont pas indifférents à la fortune.Tous sont des Juifs orthodoxes voire des Hassidim qui vivent selon les préceptes de la Torah et du Talmud. Leur certitude du retour imminent du Messie leur permet d'accepter plus facilement les désagréments d'un monde extérieur de plus en plus hostile au fur et à mesure des années. Dans ce microcosme familial, des hommes avec des papillotes, d'autres sans : en clair d'un côté des Hassidim, héritiers de l'enseignement du Baal Shem Tov, centrés sur la piété, la charité, la joie, le chant et de l'autre côté des Orthodoxes érudits assujettis à une stricte interprétation de la Torah. Cette cohabitation des deux traditions chez les Moskat témoigne du rapprochement des deux traditions observé dès la seconde moitié du XIXème siècle et incité par une évolution considérée comme dangereuse de la société. La Haskala, les lumières juives, a marqué les prémices de la modernisations des Juifs de la diaspora. de nouvelles idées apparaissent qui séduisent les Juifs : le sionisme attire l'attention de Shosha, la fille de Koppel, de Aaron, le petit fils de Meshulam Moskat et de David, le fils de Asa Heshel et Adèle. le communisme semble à Barbara, l'une des maîtresse de Asa Heshel, une condition sine qua non de la réalisation de l'homme moderne libre. L'émigration vers les États-Unis mène Koppel et Léah, la fille de Meshulam, à faire des choix irréversibles. Les femmes de la famille non plus n'échappent pas à cette évolution : ces dernières s'affranchissent petit à petit de la perruque traditionnelle sur un crane rasé, des foulards et des jupes longues. La mort de Meshulam Moskat, la première guerre mondiale et la Révolution russe font tout voler en éclat : quel soulagement pour Nyunie de se débarrasser enfin de son caftan et de ses papillotes ! Quelle expérience de liberté pour Hadassah qui vit maritalement avec Asa Heshel tout le temps que celui-ci ne parvient pas à obtenir le divorce. Asa Heshel, personnage insignifiant, se contentera d'ailleurs d'observer sans jamais agir !
Mais s'éloigner de la tradition a un prix car comme le dit Aaron : «  N'existait-il pas suffisamment de preuves que plus les Juifs abandonnent leur foi, plus la situation s'aggravait pour eux ? » Tout ceux qui se sont ici écartés du judaïsme orthodoxe en rompant radicalement avec la tradition sont malheureux. N'oublions pas Masha, fille de Leah, qui s'est convertie au catholicisme pour pouvoir se marier ; comme Myriam Lieba dans le domaine, elle s'en mordra les doigts et ne s'intégrera jamais parmi les Gentils.
Quel avenir donc pour les Juifs polonais en cette veille de la Seconde guerre mondiale ? Dans cette société juive en pleine mutation, personne ne semble vraiment conscient de l'imminence du danger. La dernière réplique est glaçante... L'histoire s'arrête malheureusement là pour 90 % des Juifs de Pologne.

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LA FAMILLE MOSKAT d' ISAAC BASHEVIS SINGER
Meshulam Moskat revient à Varsovie après sa cure annuelle, accompagné de sa troisième femme et de la fille de cette dernière, Adèle. Elles vont découvrir la riche demeure de 12 pièces du fortuné Moskat. Au même moment arrive ASA Heshel, garçon pauvre mais de haute lignée chez un rabbin avec des lettres de recommandation et il va y croiser Abraham Shapiro, un des fils Moskat qui va lui proposer un logement pas cher et lui fait rencontrer sa famille, les 7 enfants de Meshulam. La seule fille, Hadassa, va être amoureuse d'Asa tout comme Adèle. ASA est un idéaliste, un perfectionniste, épris d'éthique mais qui ne voit aucun problème à passer d'une fille à l'autre. de son côté, Shapiro est un profiteur, un flambeur et un jouisseur qui découche tous les soirs chez sa maîtresse Ida quand il n'est pas occupé avec une servante.
Ces deux caractères opposés vont être au coeur de ce roman picaresque par certains aspects et dont les traditions incarnées par le père Moskat vont être bousculées par la modernité des filles, sans oublier l'intendant Koppell, au service de Meshulam depuis des dizaines d'années qui n'hésitera pas à quitter la Pologne pour faire fortune en Amérique.
L'histoire de la famille Moskat couvre la période 1914/1939 et tout ce petit monde va subir de plein fouet les guerres qui éparpilleront les survivants entre la Palestine et les États Unis. Un livre qui foisonne avec des personnages attachants, énervants souvent que l'on quitte à regret. Une très belle saga.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Par la fenêtre il aperçut le ciel, les étoiles, les planètes, la Voie lactée. La brume blanchâtre qu'il était en train de contempler émanait de ces astres qui dataient de millénaires, du temps du patriarche Jacob, de la construction de la pyramide. Quelle chose étrange que de se trouver ici, au cinquième étage d'un immeuble sis dans la rue Novolipki, et de se sentir en contact avec l'éternité du cosmos! Quelle pensée étrange! les mêmes lois qui commandent au soleil et à la lune, aux comètes et aux nébuleuses, gouvernent également la vie et la mort, Mussolini, Hitler, chaque butor nazi chantant la chanson de Horst Wessel et réclamant à grands cris du sang juif.
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Yanek ne se lassait jamais d'écouter parler de ce peuple qui vivait depuis huit siècles sur le sol polonais et qui n'avait jamais appris la langue polonaise. D'où venait-il? Se composait-il de descendants des Hébreux anciens? Ceux-ci étaient-ils les petits-fils des Khazars? Quelle était l'idée générale qui les réunissait? D'où tenaient-ils ces barbes noires comme du charbon ou rouges comme le feu, ces yeux à l'expression sauvage, ces visages pâles d'aristocrates? Pourquoi tous les autres peuples les haïssaient-ils d'une haine aussi acharnée? Pourquoi les chassait-on de pays en pays? A quoi bon ces départs brusqués vers l'Angleterre, l'Amérique, l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Sibérie, l'Australie? Pourquoi était-ce précisément ce peuple qui avait donné au monde Moïse, David, les prophètes, Jésus, les apôtres, Spinoza, Karl Marx?
Yanek éprouvait le besoin impérieux de comprendre ce peuple et ses hommes, d'apprendre leur langue, de connaître leurs secrets, d'être un des leurs.
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Les fidèles de Bialdrevna étaient habitués au scandale. La propre fille de leur rabbin n'avait-elle pas quitté le sentier de la vertu? (...)
Presque chacun des fidèles avaient un fils ou une fille qui subissait l'influence du modernisme, tantôt par des romans rapportés à la maison, tantôt par toutes sortes de réunions où des orateurs serinaient que les juifs ne devraient pas attendre l'arrivée du Messie mais construire la patrie juive de leurs propres mains. Garçons et filles se rencontraient en grand secret dans des caves et des greniers et conspiraient contre le tsar. A la vérité, les juifs étaient de plus en plus persécutés. de jour en jour il devenait plus difficile pour eux de gagner leur vie. Comment finirait tout cela? Il ne restait qu'un seul espoir : la venue du Messie, sans tarder, tant qu'il demeurait encore quelques juifs pieux dans le monde.
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On prétendait qu'il avait rendu très malheureuses ses deux épouses. On ne s'accordait pas sur son côté philanthrope : pour certains, il ne donnait jamais un sou à personne, pour d'autres, il faisait la charité en secret. On aurait dit que ses moindres faits et gestes devaient alimenter les mauvaises langues.
Si quelqu'un se risquait à lui dire que tout Varsovie le maudissait, il répondait chaque fois : « Tant mieux ».
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La chambre, semi-circulaire, était tapissée d'un papier usé, déchiré par endroits. Il n'y avait pas de rideaux aux fenêtres et les stores étaient cassés. Dans un total désordre s'alignaient des chaises à bascule, des tabourets, des pots de fleurs vides et, dans un coin, une énorme armoire surmontée d'une corniche, avec des têtes de lion sculptées sur les portes. Une épaisse couche de poussière recouvrait tout.
Rosa Frumetl se mit aussitôt à tousser : « Comment peut-on dormir dans un désordre pareil ? demanda-t-elle d'une voix plaintive.
– On n'attendait personne », répondit Naomi en posant sa lampe sur un bureau surmonté au mur d'un miroir, auquel Rosa Frumetl jeta un coup d'œil, avant de reculer aussitôt. Sur la plaque de verre craquelée et bleuâtre, son visage avait semblé coupé en deux.
« Mais alors, où ma fille va-t-elle dormir ? dit-elle, sans vraiment poser la question à Naomi.
– Il y a bien une autre chambre avec un lit, mais elle est encore plus en désordre que celle-ci.
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