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Citations sur Une passion : Entre ciel et chair (16)

Ton entrée intempestive en moi, le furieux déferlement de mille vagues, les chevaux fous lâchés dans un fracas d'écume... Non, Abélard je ne me tairai pas, tu m'as suppliée maintes fois de transcender ce passé - et je me suis fait violence pour te plaire. Aujourd'hui je retourne à la source de ma vie. Ton acharnement à cogner en moi, à ébranler portes et vantaux, le bélier féroce de tes assauts répétés ! Nos cheveux s'engluent de salive et de sueur, tes dents me broient, ta langue ouvre mes plaies. Et je me retrouve de l'autre côté du rivage, démâtée, éparse au sol, toutes voiles déchirées, radieuse, au havre de tes bras. Mon sacre ! Non, je ne me tairai pas !
Et ton désir de moi ruisselle sur mes hanches, fouaille mes entrailles, multiplie en moi les espaces sertis de ma chair. Jamais je n'eusse cru que l'amphore de mon ventre recèle tant d'antres secrets qui, forcés, révèlent encore, dans un déclic suave, d'autres antres, d'autres encore. Et plus avant où tu pénètres, tous ces mois où nous ne fîmes que nous aimer, plus se multiplient les profondeurs dont je suis le vigile. Parfois, quand je marche dans les rues, je suis bercée entière de résonances et d'échos comme le corps d'une viole dont, longtemps après que la musique a cessé, palpitent les éclisses et les ouïes. Parfois j'ose à peine respirer, et j'avance lentement, très lentement, comme une reine sous un dais brodé d'étoiles et de lances. Parfois aussi, l'espace résonne en moi comme une église - et mon émotion est si profonde que les larmes coulent jusqu'aux coins de mes lèvres sans même que m'alerte le sel sur ma langue. Parfois, de longues heures après que tu m'as aimée, je te sens remuer en moi doucement comme un passager clandestin.
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D'où vient votre haine ? Hommes de mon siècle et hommes d'Église, pourquoi méprisez-vous celles qui vous ont conçus, portés, celles dont les mains ont reposé sur vos fronts aux nuits brûlantes de fièvre de votre enfance, celles qui tissent et cardent vos vêtements et vous nourrissent, celles qui vous assisteront à l'heure de mourir, vous fermeront les yeux et vous coudront dans vos linceuls, celles qui tiennent du sensible et du palpable leurs connaissances, celles qui deux fois vous mettent au monde : en mère d'abord puis en amante ?

Souvenez-vous que c'est aux femmes tout d'abord que le Christ ressuscité s'est montré - et non aux hommes : eux l'avaient trahi, frappé, jugé, crucifié. Son premier mot, le premier mot de Christ Pancreator, de Christ en gloire est "Femme" ! "Femme, pourquoi pleures-tu ?" et "Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?".

C'est à elles qu'il annonce en premier la bonne nouvelle. Les voilà part désormais de la victoire de la Vie sur la Mort !
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L'ardeur du désir compte seul.
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Présent dans chaque être,
différent en chacun de nous,
unique dans l'infini multiplié,
partout incognito,
passager clandestin de nos entrailles,
ton corps est composé de tous nos corps.
Ce que je croyais séparé vivait en Toi depuis toujours !
Aucune tentative de fuite
Qui ne nous ait ramenés en Toi !
Traverser l'épaisseur des choses au plus dru,
au plus dense est encore le plus sûr chemin.
Pour sortir de ma prison et Te rejoindre,
il n'y avait que les murs à traverser !
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Tout est juste beau et terrifiant sur cette terre – et la naissance et la mort – le velouté et le râpeux – le miel et le fiel – la foi et la détresse. J'ai porté la couronne de l'amour et j'ai mordu la poussière. Il ne m'a pas été permis de faire un choix. J'ai dû tout prendre. Et tout était bien ici. Comment la clarté des étoiles nous serait-elle visible, si la nuit ne leur prêtait pas pour s'en détacher, son fond de ténèbres ?
Entre la réalité et nous, Dieu a dressé des murs. ( J'en soupçonne pourquoi : nous faisons si peu cas de ce qui s'offre à nous, seuls l'obstacle et la quête ardue nous éveillent.)
Un cataclysme - l'amour, la mort, le désespoir - y ouvre soudain une fissure et voilà que se révèle à nous le paysage du dehors, l'univers qui nous entourait à notre insu. Ce que nous prenions jusqu'alors pour la réalité s'avère n'avoir été qu'une de ces cages de bois où les paysans ici prennent les loirs. Et les jugements que nous portions basculent dans l'ordre du dérisoire.
Le premier effet de la Révélation- l’œil collé à la fissure est l'abdication de tout jugement.
TOUT DÉPASSE NOTRE RAISON. TOUT.
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Pendant longtemps la souffrance n'a pas cessé de me chauffer à blanc sans que rien ne soit modifié dans mon existence. Et soudain, un changement radical s'opéra : l'aptitude à souffrir me fut ôtée. Oui, je crois que l'expression est bonne : l'aptitude à souffrir me fût ôtée ! Ce ne furent pas les événements ni les conditions de mon existence d'alors qui furent changés mais ma seule manière de les appréhender.
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Rien n'est plus contraire à l'expérience mystique que la routine et la sécurité. Seules les âmes ébranlées jusque dans leurs fondements par la passion ont la chance de voir s'écrouler l'édifice de leur moi, de devenir les chantiers du divin.
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Plus l'Église met en garde contre les femmes, plus elle se prive de l'énergie conciliante qu'elles répandent, plus elle s'éloigne de la source de vie. La guerre impitoyable dans laquelle elle s'engage pour des siècles peut-être est sans issue. La force de l'amour ne se peut briser. Elle subsistera sous la réprobation et le rejet comme elle subsiste sous le viol, la brutalité, la gauloiserie et les ricanements. Sous toutes les humiliations qu'on leur fait subir, les femmes continueront par la nature même de leur être d'appeler l'homme à l'amour.
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Ce qui nous manque le plus cruellement aujourd'hui c'est la qualité du féminin. Si nous n'y prenons garde, la religion va devenir une machine à raisonner droit. Ce langage partout crissant d'anathèmes! L'Eglise a raté sa chance de rester femme : fervente, accueillante, féconde. Elle a raté sa vocation d'Épouse du Christ. Le Cantique des Cantiques, tu l'as lu en prophète, Bernard de Clairvaux, moi je l'ai lu en amante!
En rejetant les femmes et l'amour, vous avez rejeté hors de vos institutions et de vous-mêmes la qualité du féminin. Et toute violence a sa source dans cette violence que vous avez fait subir à vous-mêmes.

J'appelle féminin cette qualité que la femme réveille au creux de l'homme, cette corde qui vibre à son approche. J'appelle féminin le pardon des offenses, le geste de rengainer l'épée lorsque l'adversaire est au sol, l'émotion qu'il y a à s'incliner. J'appelle féminin l'oreille tendue vers l'au-delà des mots, l'attention qui flotte à la rencontre du sens, le palpe et l'enrobe. J'appelle féminin l'instinct qui au-delà des opinions et des factions flaire le rêve commun.
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Cet amour dont j'ai bu la coupe jusqu'à la dernière goutte, pourquoi gémir de l'avoir perdu plutôt que jubiler de l'avoir eu ? Que de choses dont seule la privation m'avait hantée jusqu'alors et dont je m'émeus aujourd'hui de les avoir connues !
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