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EAN : 9782081217348
353 pages
Flammarion (12/01/2009)
3.8/5   135 notes
Résumé :
Ce livre est un roman vrai.
Les faits majeurs relatés sont vérifiables.
Les personnages politiques, diplomatiques et militaires ont bien existé.
*
"Je voudrais voir quelle force au monde peut détruire cette race, cette petite tribu de gens sans importance dont l'histoire est terminée, dont les guerres ont été perdues, dont les structures se sont écroulées, dont la littérature n'est plus lue, la musique n'est pas écoutée, et dont les prièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Après un gros travail de documentation, Gilbert Sinoué s'est servi du témoignage de ses nombreux amis rescapés du massacre pour écrire un ouvrage sur le génocide arménien destiné au grand public, dans le but de sensibiliser le plus grand nombre de lecteurs.
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Bien qu'Erevan soit un peu romancé et emprunt d'émotion, il ne triche pas avec L Histoire et ne gomme pas la réalité historique.
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Nous sommes en 1896, dans un empire ottoman dirigé par le bien réel et très sanguinaire sultan Abdülhamid, qui vient de commettre une répression sanglante contre les Arméniens.
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Nous allons suivre Hovanès Tomassian et sa famille, personnages fictifs, ainsi qu'Armen Garo, un homme ayant existé, dont le vrai nom est Karékine Pastermadjian, il participe à la prise d'otages historique de la Banque impériale ottomane, action menée afin d'attirer l'attention du monde sur le sort des Arméniens.
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Saut de puce jusqu'en 1915.
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Hovanès Tomassian revient d'exil forcé, alors que l'Empire ottoman est désormais dirigé, depuis le putsch de juillet 1908 qui renversa le sanguinaire «Sultan rouge», par le parti des Jeunes-Turcs.
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Ce nouveau pouvoir fut soutenu par les Arméniens qui comptent quelques députés au Parlement. Comment imaginer qu'un génocide se prépare ?
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Hovanès est devenu député, et nous faisons la connaissance de sa famille : son père, son frère, sa belle-soeur, sa fille Chouchane, adolescente et Aram, son cadet.
Une famille qui vivait en harmonie avec la population turque, avant d'être décimée.
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Prenant le prétexte de la Première Guerre mondiale, les autorités ottomanes vont considérer les Arméniens comme des traîtres potentiels.
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Elles décident alors ouvertement de les déporter vers les déserts de Syrie et d'Irak.
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Ce qu'elles n'avouèrent pas, bien sûr, ce fut l'extermination d'environ 1,2 million de personnes (hommes, femmes et enfants) d'avril 1915 jusqu'à la fin de la guerre et la chute de l'Empire.
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L'auteur décrit les scènes de massacres en restant pudique et digne, et signe un livre résolument engagé.
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La préface, signée Charles Aznavour, est un cri de douleur. En ligne de mire apparaît l'espoir que le gouvernement turc actuel reconnaisse l'existence de ce génocide.
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Je n'arrivais vraiment pas à écrire ce retour, alors veuillez me pardonner d'avoir largement utilisé un article du Figaro qui synthétise parfaitement l'essence du livre.
J'aurais pu me dispenser de l'évoquer, mais j'ai trouvé plus important de vous en parler.
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Ceux qui me connaissent savent que je suis arménienne à 50 % par ma mère, et à la lecture de la seconde partie du livre, j'ai entendu résonner les paroles de ma grand-mère qui a vécu ces événements, bien qu'elle ne m'en ait raconté que quelques bribes. Il faut dire qu'elle n'était pas bien grande à l'époque.
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Son père ainsi que son frère ont été tués, et mon arrière-grand-mère a été déportée avec ses deux filles, ma grand-mère Élise et sa soeur Anna.
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C'est un livre qu'il faut lire, à mon avis, même si je l'ai laissé prendre la poussière sur une étagère de ma bibliothèque pendant des années...
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Comme dit plus haut, l'auteur ne se complaît pas dans les détails horrifiques, et même les âmes sensibles peuvent parcourir ces lignes.
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Laissez parler les p'tits papiers, papier de riz ou d'Arménie… Chantait Régine.
Vous allez pleurer, papier glacé… d'effroi devant l'ampleur du génocide arménien programmé.

En 1909, le mouvement des « jeunes turcs », Taalat Pacha, Enver Pacha, Djemal Pacha, s'empare du pouvoir à la suite du Sultan « rouge » Abdul Hamid II qui avait d'ailleurs déjà débuté une « épuration » en 1895. Ces arméniens avaient soi-disant déclenché le problème de l'intégrité de l'Empire ottoman. Tiens donc, ils étaient Chrétiens surtout !

La guerre de 1914 éclate, la Turquie s'allie à l'Allemagne contre la Russie, la France et l'Angleterre. Avril 1915, les Arméniens, sous prétexte d'être de connivence avec les russes, sont privés de leur liberté et seront déportés par centaine de milliers, massacrés, décimés, anéantis. Une honte !

Avec une verve qui ne se dément pas, Gilbert Sinoué fait reparaître ce passage de l'Histoire aux côtés d'une famille d'Erzeroum qui a collaboré à la création de l'Arménie dès 1896.

Pour ma part, papier buvard, le livre fermé le malaise persiste. Des questions subsistent :
Comment peut-on, papier crépon, tolérer que l'Humanité continue encore et encore à massacrer, décimer, anéantir des êtres humains sans que ces millions de morts atroces n'aient qu'à un seul instant aidé à calmer nos testostérones et nos âmes boursoufflés d'hypocrisie ?

Que l'on en soit encore à se poser la question de savoir si l'on doit reconnaître ou non le massacre des uns ou des autres, de savoir si l'on va s'excuser, v'la des années plus tard de tels ou tels exactions. C'est pas brillant, papier d'argent…trop cher trop grand, la vie n'a pas de prix. Et l'on en meurt, papier à fleurs.
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Noé en débarquant de son arche au sommet du mont Ararat se serait exclamé Yerevants ! Ce qui signifie « c'est apparu », telle serait l'origine du mot Erevan désignant la capitale de l'Arménie. C'est aussi le titre de ce nouveau livre de Gilbert Sinoué qui a choisi le mode romanesque pour nous raconter les terribles épreuves endurées par le peuple Arménien. D'abord le « nettoyage ethnique » et les massacres de 1894-1896 perpétués par le Sultan Rouge Abdül-Hamîd II, l'Europe protestera mais n'interviendra pas, enfin et c'est le sujet de ce livre, le génocide du printemps 1915 organisé par le triumvirat qui dirigeait l'Empire Ottoman à cette époque, Enver Pacha (ministre de la Guerre), Djemal Pacha (ministre de la Marine) Talaat Pacha (ministre de l'Intérieur).
Le roman s'appuie sur des faits historiques avérés et des personnages ayant réellement existés au milieu desquels évolue la famille Tomassian. Achod qui vit en Arménie avec son père et ses enfants, sa fille Chouchane et son fils Aram à peine adolescents, tandis que l'aîné Hovanès, frère d'Achod, est député au Parlement turc. Petit à petit les décrets réduisent les droits des Arméniens, l'inquiétude fait place à la peur quand dans la nuit du 24 au 25 avril 1915 plusieurs centaines de personnalités arméniennes sont arrêtées. Quand la peur va laisser place à la terreur, le roman – qui est aussi l'Histoire – devient insoutenable, déportations massives vers le désert de Syrie, exécutions en masse au bord des chemins et actes de barbarie sauvage. Sur les 20 000 habitants d'Erzurum seuls 22 (!) échapperont aux massacres pour ne donner qu'un exemple des carnages qui au total feront 1,5 million de morts.
Le gouvernement libéral turc qui succédera au triumvirat en fuite vers l'Allemagne, décidera en 1918 de créer une commission d'enquête qui établira clairement les responsabilités des coupables, basées sur des preuves irréfutables et les principaux chefs seront condamnés par contumace. Pour autant, les gouvernements turcs successifs persistent à nier les massacres, jugés et condamnés par leurs prédécesseurs. A ce jour tous les pays, tels les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Danemark, n'ont pas reconnu le génocide.
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Un livre touchant. Un témoignage historique d'un génocide de plus. Avec le point de vu des politiciens turcs et internationaux, et celui d'une petite famille qui sera détruite par le génocide. et un génocide comme d'habitude pas fait dans la dentelle mais dans l'horreur.Pas de jugement, juste des faits. un livre fort, qui ne laisse pas du tout indifférent. Avec toujours cette éternelle question : Il le savait tous, ils ont laissé faire.....Au nom de quoi ? de qui ? Donc tous coupables et jamais jugés. je parle des politiciens internationaux.
Avec en plus une préface de Charles Aznavour qui a les mots justes, les mots forts.....ceux d'un poète.
je suis vraiment dessolée pour toutes ces familles tranquilles, de tous ces enfants que l'on a empêché de vivre, que l'on a sacrifié délibérément au nom de Quoi ? Mystère.
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Ce court roman historique permet de connaitre dans les grandes lignes ce qu'il s'est produit pendant et avant le Génocide Arménien. Nous assisterons au prétendu "déportement" du peuple Arménien et nous saurons pourquoi les Turcs (secondés par les Kurdes) ont commis toutes ces atrocités.
Un livre qui prouve une nouvelle fois que la bêtise humaine est infinie...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le Turc s'inclina devant le petit groupe.
- La paix soit sur vous, messieurs. J'aurais souhaité être porteur de meilleures nouvelles. Hélas...
Une voix questionna avec empressement :
- Un instant, Cavid Bey, que nous conseillez-vous de faire ?
Le Turc pencha la tête comme s'il confessait son impuissance.
- Achetez un turban blanc et gardez-le dans votre poche. Si vous vous sentez menacé, sortez-le, enroulez-le autour de votre fez et criez : "Je suis musulman !"
L'homme qui avait posé la question battit des paupières, abasourdi.
- Il n'en est pas question ! Quand mes frères Arméniens du Sassoun se sont fait massacrer, ont-ils renié leur foi ?
Mehmet Cavid eut un haussement d'épaules.
- Dans ce cas, achetez une arme.
- Une arme ? Ce serait pure folie. Si je tuais un seul de mes agresseurs, on massacrerait tous les miens. Non. Finalement, je préfère m'en remettre à Dieu.
- A Dieu ?
- Oui. Dieu est miséricordieux.
- Miséricordieux, répéta Cavid en écartant d'un petit geste un fil imaginaire du revers de sa veste. Bien sûr.
Il soliloqua en se dirigeant vers la porte.
- Le monde entier baigne dans le sang. Et Dieu est miséricordieux...oui.
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-- Voyez-vous , j'appartins à une famille d'émigrés juifs allemands . Je sais ce que signifie appartenir à une minorité . Une minorité devient toujours , tôt ou tard , le bouc émissaire de quelqu'un . Si les événements tournent en défaveur des turcs , vous et les vôtres êtes tout désignés , monsieur Tomassian .

-- Un bouc émissaire ? Pourquoi , diable , faudrait-il qu'il y ait un bouc émissaire ?

-- Parce que , lorsque certains individus sont incapables d'agir directement sur la source de leur frustration , ils déplacent leur agressivité sur une cible faible ou vulnérable . Afin de justifier cette agression , ils attribuent à cette cible des traits négatifs ou indésirables .
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Page 110 :

- Mais, mon petit, l'Arménie n'est pas uniquement un espace géographique, c'est une identité. Réfléchis un peu. As-tu essayé d'imaginer le nombre de peuples qui nous ont traversés ? Occupés ? Tyrannisés ? Ces envahisseurs ont pu raser nos maisons, dévaster nos champs, mais ils ne seront jamais parvenus à éradiquer notre mémoire. La mémoire arménienne, sache-le, est immortelle. Souviens-toi que nous avons été le premier royaume officiellement chrétien de l'Histoire, un îlot de foi dans un océan de paganisme. C'était il y a plus de mille six cents ans. Et que vois-tu aujourd'hui ? Nous sommes toujours là, ancrés plus solidement que jamais dans notre religion. Et la sainte cathédrale d'Etchmiadzine, la reine de nos cathédrales, est toujours debout. Souviens-toi que c'est dans nos vignobles que le patriarche Noé s'est enivré ! Que ce même Noé, en débarquant de son arche au sommet du mont Ararat, s'est exclamé : Yerevants ! "c'est apparu !"

Yerevants = Erevan
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De quoi naît le bonheur sinon du malheur ? Observe ceux qui nous entourent. Parmi eux, il y en a qui ont perdu des êtres chers au cours de ces dernières années, qui ont souffert, versé des larmes, qui ont cru mourir de douleur. S'ils n'avait pas connu ces heures tragiques, crois-tu qu'ils seraient capable de vivre pleinement ces instants de fête ? Méfions-nous des vies sans tourment. Elles nous installent dans un état de torpeur et nous donnent l'impression d'être immortel.
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Souviens toi que c'est dans nos vignobles que le patriarche Noé s'est enivré!
Que ce même Noé, en débarquant de son arche au sommet du mont Ararat, s'est exclamé: Yerevants! " C'est apparu".
-D'où le nom de la ville d'Erevan? C'est une légende, bien entendu?
-Qui sait? Peut-être. Mais si tu veux continuer à rêver, entre la légende et la réalité, préfère toujours la légende.
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