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Vous savez que j'ai une PAL énorme ? Comme la vôtre, d'ailleurs ! Eh bien... je viens d'y RAJOUTER 5 romans de Marie Sizun !
Vous l'aurez compris : j'ai adoré lire la narration de cette auteure.
Enfin, adorer, c'est un mot bien bizarre pour dire ce bouleversement, cette compréhension intime du coeur de Marion, la fille de Fanny et de l'Allemand.


La narration à la 2e personne (comme si Marion s'adressait à elle-même, des années après) pénètre directement au plus profond des sensations, des sentiments, des hésitations, de la compréhension, de la révolte, de l'empathie de cette petite fille puis jeune fille envers sa maman. Sa maman qui est malade, qui est « maniaco-dépressive » disait-on à l'époque d'après-guerre. Sa maman qui l'a conçue avec un soldat allemand, en 1944. Sa maman qui lui dit que son papa est mort en Russie.
Sa maman qui a été rejetée par sa famille, sauf par la chère tante Elisa qui s'enquiert encore de sa nièce bien-aimée.
Et Marion doit « faire avec » tout ça : être la fille d'un Allemand dans ces années-là, et être la fille d'une folle, comme elle l'entendait souvent autour d'elle : « Toi, tu es la fille de Fanny ; tu n'as pour toi que le rire insolent de Fanny ; le rire d'une folle ». C'est d'ailleurs le point de vue de l'enfant par rapport à un parent bipolaire qui est développé ici, bien plus que le fait d'être le fruit d'une faute.
Un enfant a tellement besoin d'être protégé, rassuré. Et ici, c'est tout le contraire. Les phases dépressives succèdent aux phases maniaques : « La chose terrible en elle, la chose mystérieuse, abominable, peut à tout moment se réveiller. Mais c'est peut-être aussi cette présence de l'ombre qui fait d'elle un être magique ».


Ambivalence des sentiments. Envie de ne pas trahir mais aussi de vivre une vie plus insouciante et donc de signaler aux adultes que sa maman ne va pas bien. Désir d'aider mais de s'en sortir aussi.
Se raccrocher à la pensée du père lointain, probablement mort.


Je me suis sentie terriblement proche de cette jeune Marion (alors que je ne connais personnellement pas de personnes bipolaires) et la phrase finale, que je ne citerai pas, est une phrase choc qui m'a bouleversée.
Marie Sizun devient, après la lecture d'un seul de ses romans, un de mes auteurs préférés.
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C'est en fine observatrice que Marie Sizun nous décrit les dérives de Fanny, maniaco-dépressive depuis son jeune âge. Amoureuse d'un allemand durant la guerre, elle sera répudiée des siens et donnera naissance à une petite fille, Marion.

L'auteure écrit en tu, comme si son intention était d'enfermer les deux héroïnes dans une prison oppressante. Fanny est malade. Parfois elle va mieux. Elle a des hauts et des bas. Elle chante fort, n'importe où, le temps des cerises, elle ressemble à une folle, elle ressemble à une ombre gigantesque qui ouvre grand la bouche pour clamer tout et rien à la fois. Elle fait peur à Marion. Parce que la petite voit bien que sa maman ne ressemble pas aux autres. Parfois, elle lui parle de la mort, Marion a déjà trop tôt peur de perdre sa maman. Mais quand la folie s'immisce ainsi dans les veines, n'a t-on déjà pas perdu l'être derrière ce masque fou... Pauvre Marion trop tôt responsable, trop tôt victime, trop tôt adulte.

Un roman que j'ai découvert grâce à latina que je remercie. Une découverte mitigée où je suis restée trop à distance de l'histoire suite à la narration en mode observation. Les mots observent, décrivent, mais n'ont pas distillé l'émotion que je m'attendais recevoir.
Un roman un peu trop triste et oppressant pour moi. Même si je concède une jolie plume à Marie Sizun.
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Comme toujours avec les livres de Marie Sizun, j'en ressors bouleversée. Elle sait toucher au plus profond, elle décrit des sentiments vrais qui vont droit au coeur.
La relation mère fille est une fois de plus le thème de ce roman, mais ici, on entre dans la folie maternelle et on y ressort chamboulé car Marie Sizun sait nous interpeller sans en faire de trop. Sa plume est délicate et percutante tout en étant toujours teintée de pudeur.
C'est un merveilleux livre sur les liens parentaux, sur l'amour maternelle, sur l'importance de connaître ses origines filiales, sur la folie et l'amour.
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J'ai adoré lire ce livre. Un bouquin qui prend aux tripes. C'est le second livre de Marie Sizun que je lis et j'en lirai encore. Beaucoup de sentiments m'ont submergés. La tristesse, la colère, la peur et quelquefois la joie. C'est un roman qui dès le début met la pression, une ambiance malfaisante. L'histoire se situe juste après la seconde guerre mondiale.
Marion, au début à cinq ans et à la fin dix-sept. Elle vit avec sa mère Fanny, elle l'aime de tout son être. Arrivée à l'âge de sept ans, elle voit que sa mère n'a pas d'amis, ni amoureux, elle ne s'entend plus avec sa propre famille. Marion sait seulement qu'elle a un père allemand. Sa mère, Fanny, l'a connu pendant la guerre. La fillette sent que toute la famille en veut à sa mère. de plus elle sent également Fanny, fragile psychologiquement. On voit qu'elle est instable. Seul le médecin de famille rentre dans l'appartement. Aucune personne étrangère à ce duo ne franchit la porte à part la douce tante dévouée, Elisa, que Fanny supporte. Peu à peu, les crises de la mère se rapprochent et Marion a de plus en plus peur.
L'autrice, pour ce roman, utilise la 2e personne du singulier, pour parler de la fillette. On est avec elle, et on a peur pour elle. Marie Sizun a beaucoup de talent pour nous emmener dans son univers.
Je vous le conseille vivement.
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Fanny est-elle une bonne ou une mauvaise mère ?
Elle a conçu Marion pendant la guerre avec un soldat allemand.
A l'époque déjà, la maladie pointait le bout de son nez mais l'amour la portait, la magnifiait.
Et puis, la guerre a pris fin, l'allemand est retourné à sa petite vie tranquille, laissant Fanny aux prises avec le mépris de sa famille.
Que pouvait-elle faire d'autre que se débrouiller seule afin que sa petite fille puisse grandir dans les meilleurs conditions ?
Mais c'était sans compter avec le retour de la "bête noire", cette folie qui la guette depuis toujours et enfonce progressivement ses griffes dans sa tête, lui ôtant toute emprise sur elle-même.
Et Marion se rend compte que sa maman n'est pas comme les autres, qu'elle fait tout trop haut, trop fort..mais c'est sa maman chérie, elle l'admire, elle l'aime tout simplement.
Alors, malgré la peur, elle veut la garder pour elle toute seule, la protéger, empêcher l'internement.
Elle puise sa force dans l'image qu'elle se fait de son père, l'homme dont sa mère parle tant, le faisant passer pour un héros mort au combat.
En grandissant, Marion prend conscience que son avenir ne peut pas se limiter aux crises de sa mère. Qu'elle ne peut et ne veut plus céder à son chantage affectif.
Elle prend ses distances, se réfugie chez ses grands-parents maternels et dans ses études, soutenue par l'amitié d'Anna.
Mais la culpabilité, la honte ne sont jamais loin et la jeune fille se morfond dans son impuissance pendant que Fanny s'abîme dans le remord.

Utiliser la deuxième personne du singulier comme narration donne une dimension toute particulière à cet émouvant récit.
La plume de Marie Sizun est empreinte de délicatesse, de pudeur.
La brièveté des chapitres rythme le propos, lui donnant une intensité incomparable dans l'évolution de la maladie et la souffrance des deux femmes.

Un roman coup de coeur que les billets enthousiastes de Latina et d'Annette m'ont incitée à découvrir avec le plus grand bonheur et qui me donne très envie de lire les autres romans de cette auteure de talent.
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Je remercie chaleureusement Cécile de m'avoir fait découvrir cette auteure .

Je ressors de cette lecture bouleversée , très émue .

Le récit construit de façon originale : chapitres courts , narration à la deuxième personne lui donne une force émotionnelle intense .
L'on dirait à vrai dire que Marion se dédouble , adulte et parle l'enfant qu'elle fut , à son instinct de petite fille au commencement de tout ...le premier souvenir qu'elle garde de sa mère...

Déjà à deux ans , confusément , elle sent au plus profond d'elle même que quelque chose ne va pas chez sa maman Fanny, un rien imperceptible mais bien réel .

Fanny a connu un soldat allemand, c'est devenu une femme étrangère à elle - même, absente parfois, chantonnant, parfois joyeuse , parfois éteinte, calme ou agitée , violente, hors d'elle, s'emportant , incohérente , alternant les périodes de tempête : elle est maniaco - dépressive ..

L'auteur rend à merveille le parcours de Marion, de deux ans à seize ans, son enfance brisée , volée, , transcrit ses pensées, ses angoisses, ses cauchemars , ses interrogations, ses doutes, ses douleurs , sa gêne, parfois la terreur qui l'envahit lors des crises de Fanny.

Le plus terrible c'est qu'elle se sent « coupable », devient la protectrice de sa maman, pétrie et confondue d'amour pour elle.
Comment se construire et grandir si les rôles s'inversent ?
L'amour ne suffit pas pour terrasser la maladie .
J'ai refermé ce beau livre avec beaucoup de compassion mais aussi une émotion incommensurable, avec l'impression de revivre cette histoire si douloureuse tellement l'écriture de cet ouvrage , pudique , vrai, est belle , douce, nous parle dans l'oreille .
Merci Cécile de me faire acheter de telles pépites .
Magique !
Je viens d'acheter «  Les soeurs aux yeux bleus » de Marie Sizun ...
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Fanny a connu et aimé un Allemand pendant la guerre.
C'est une femme complètement détruite et éteinte.
Marion est leur fille. On va la suivre depuis l'âge de 2 ans jusque 16 ans.
D'emblée, l'auteur commence son récit en s'adressant à Marion en la tutoyant comme si elle lui racontait son histoire.
Marion est très vite au courant que sa mère est malade. Elle alterne des périodes calmes avec d'autres très effrayantes, en-dehors de la raison. On dit qu'elle est maniaco-dépressive.
L'histoire se passe à Paris dans leur appartement et, lorsque sa mère doit être soignée, Marion est prise en charge par ses grands-parents. Elle trouve aussi beaucoup de réconfort et d'équilibre à l'école où elle se révèle être une excellente élève.
Le côté fort du roman se situe dans la protection que déploie la petite fille envers sa maman. cela changera avec le temps.
Marie Sizun analyse les personnage très finement.
C'est un de mes livres préférés.
Je l'avais lu lors de sa sortie en poche en 2012 et je viens de reparcourir mes passages appréciés notés sur une petite fiche colorée.
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Marie Sizun, comme dans " Un jour par la forêt ", a un talent fou pour transcrire les pensées, les paroles d'un enfant. Elle le fait avec beaucoup de justesse et de sensibilité.

Marion remonte à ses souvenirs les plus anciens. Elle a deux ans et sent confusément que quelque chose ne va pas chez sa mère, Fanny. Quelque chose qui lui fait peur:" Tu cours comme tu peux. Horreur à l'idée qu'elle t'atteigne. Et c'est " non" que tu cries, non à ce contact, à cette épouvante. "

Nous suivons ensuite son parcours si poignant jusqu'à l'adolescence. C'est à sept ans qu'un nom est mis sur l'étrangeté de sa mère ; à l'école, on lui dit qu'elle est folle. Il s'agit en fait de bipolarité. A ceci s'ajoute le passé tragique de Fanny. Elle a aimé durant la seconde guerre mondiale un allemand, le père de Marion. Rejetée, salie, elle a progressivement réveillé en elle sa maladie enfouie.

Marion sera toujours écartelée entre deux univers: celui de sa mère, avec qui elle vivra une relation particulière, faite de passion-répulsion, et celui de ses grands-parents maternels, chez qui le prénom de Fanny ne doit jamais être prononcé, comme si elle était morte.

La narration est faite à la deuxième personne, donnant l'impression que Marion adulte se dédouble et s'adresse à l'enfant qu'elle a été. Comme si elle voulait se détacher de ces moments de crises de sa mère vécus dans la terreur ou dans la gêne.

Que de souffrances trop grandes pour un coeur de petite fille! Et quel horrible sentiment de culpabilité qui ne la quittera pas, car elle s'est toujours sentie responsable de sa mère, les rôles étant inversés, elle protectrice et Fanny se comportant de manière souvent puérile.

C'est avec beaucoup d'émotion et de compassion que je me suis glissée dans les sentiments, les rêves, les cauchemars de cette enfant perdue, au destin à jamais brisé. Tant d'autres enfants , autour de nous, ont à vivre ce type de relation fragilisante et mortifère. Pensée attristante et effrayante...
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Ce roman est un grand coup de coeur pour moi. J'ai beaucoup de mal à en parler. C'est une des choses de la vie, qui je trouve est terrible : la maniaco-dépression. Comme tant d'autres choses, toutes ces choses qu'on ne contrôle pas et qui font tant souffrir, qui détruisent, qui s'insinuent dans les vies sans crier gare, lentement, insidieusement, qui peuvent transformer un amour en haine. Une femme, une mère qui en est malade. Une petite fille qui y fait face pour la première fois à l'âge de deux ans mais qui ne se rend pas compte sur le moment. Une petite fille qui va aimer si fort sa mère que ce ne sera que souffrances, paradoxes et contradictions dans ses émotions, petit à petit. "Ta mère fait tout trop haut, fait tout trop fort. Elle n'est pas comme les autres.(…) Dans un monde décoloré elle est en rouge. Elle crie au milieu des muets. Elle danse parmi des gisants.(…) Ta mère magnifique, insupportable. Tu as honte d'elle, de son exaltation, de ses couleurs , de ses cheveux fous, de son trop de vie. Tu l'admires follement. (…) Elle t'entraîne jusqu'à la maison d'une main ferme. Tu es confondue d'amour et d'effroi."

Une famille déchirée par la honte et le jugement d'un amour impossible, celui d'un allemand avec une française à la fin de la guerre. Des non-dits. Des parents qui ne parlent plus de leur fille, qui ne parlent plus à leur fille et, une femme qui déteste ses parents. Et la maladie qui a pris place. Seule avec sa fille, fruit de cet amour. Un amour fusionnel, un amour intense et enfantin. Une enfant qui admire sa mère. Mais le temps n'est pas un ami. Des phases de crises, des phases d'hôpitaux psychiatriques, des phases de calmes. Calmes de plus en plus courts, inquiétudes de plus en plus grandes. L'espoir, puis l'espoir qui s'amenuise. Des souvenirs, des souvenirs qui sont si lointains et qui plus le temps passe plus ils ne pourront désormais n'être que de beaux souvenirs. Parce que les beaux jours c'était avant, parce que Fanny s'efface. Impossible de revoir et retrouver ce visage connu, ce visage d'amour, ce visage aimant. Une démente prend de plus en plus de place. Une petite fille qui grandit. Oui Marion grandit et comprend de plus en plus ce dont souffre sa mère, Fanny. Et la culpabilité, entre désir de protéger et promesse impossible. Des grands-parents qu'elle détestait au travers de Fanny mais qu'elle apprend à connaître et à aimer. Une tante des plus serviables. Un amour absolu, un lien unique qui s'effrite. La maladie est là, la maladie dirige, la maladie est incontrôlable. Et puis un père absent, un père Allemand, la honte (nous sommes après-guerre mondiale), la mort supposée qui sépare. Les non-dits, encore les non-dits. Et un amour puissant, celui de l'inconnu, celui du père qui n'est pas là et qu'on recherche dans toutes ces choses qu'on peut faire qui nous rapprocheraient de lui, comme d'apprendre l'allemand.

Et cette fille qui n'est plus fille qui devient femme. Et cette mère qui devient jalouse, qui fait peur. Marion voit le monde autour d'elle, Marion voit sa mère partir, partir loin en ayant peur qu'elle ne revienne jamais. Puis elle revient, mais pour combien de temps ?

Une histoire narrée par un tiers, qui raconte l'histoire de Marion à la deuxième personne du singulier. de sa naissance à ses 16 ans. Une écriture riche, vraie, pudique, belle, sensible. Une écriture qui ressemble à Marie Sizun, toute en émotions. Je ne dirais rien d'autre que de vous plonger dans cette histoire déchirante, pleine de vérité, d'amour et de douleur en pudeur. Je suis émue par cette histoire et admirative face au style et à la profondeur d'écriture de Marie Sizun.
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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le narrateur interpelle Marion pour lui rappeler sa vie et ses relations avec sa mère " la femme de l'Allemand".
Il lui rappelle sa petite enfance avec cette mère et leur relation fusionnelle, sa relation avec ses grands-parents à qui sa mère ne rend jamais visite.
Il lui rappelle le silence de sa mère au sujet de son père qu'elle dit être mort en Russie, ses comportements inexplicables et provocants et ses séjours à l'hôpital.
Marie Sizun a le mérite de parler d'un sujet que l'on aborde rarement . Elle écrit avec beaucoup d'émotion une histoire compliquée : être la fille d'un allemand.
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