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EAN : 9782867465901
450 pages
Liana Lévi (02/02/2012)
3.78/5   74 notes
Résumé :
Daria, vingt-cinq ans, un diplôme d’ingénieur en poche, vit seule avec sa grand-mère à Odessa, dans une Ukraine qui souffre encore des blessures du communisme. Les salaires sont bas, les emplois rares et la mafia omniprésente. Grâce à sa parfaite maîtrise de l’anglais, Daria décroche le poste envié de secrétaire dans une filiale israélienne d’import. Hélas, ce n’est pas sans contrepartie : son patron espère une récompense en nature… Daria use de tous les stratagèmes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Une jolie ville, Odessa. Ses plages somptueuses, son célèbre opéra, ses monuments, son architecture, l'hospitalité de ses habitants. Un petit coin de paradis, vu comme ça, de loin. Mais Odessa est en Ukraine. Après cinquante ans d'emprise communiste, la perestroïka n'a pas rendu les conditions de vie matérielle plus faciles. Chômage, pauvreté, alcoolisme lié à la paupérisation, et parmi d'autres conséquences désastreuses, le règne de la mafia et la corruption. le confort occidental paraît bien séduisant pour les jeunes femmes qui y vivent.
Bien que débrouillarde, intelligente et diplômée, Daria n'est pas mieux lotie que les autres. Trop fière et trop intègre pour se laisser acheter, et trop généreuse aussi, parfois, pour éviter les pièges. Alors comme ses consoeurs, elle rêve d'Amérique, d'un mari, d'une famille, d'une maison. Pas d'opulence, non, juste d'un minimum de confort matériel, de sécurité et d'amour. Les hommes américains ne peuvent qu'être meilleurs - plus distingués, plus tendres et respectueux - que ceux d'Odessa, rustres, feignasses, infidèles et alcoolos.

A travers le parcours de jeunes Ukrainiennes, l'auteur dresse un portrait réaliste de la pauvreté dans un pays de l'ex-URSS, d'un marché aux femmes, d'un jeu de dupes sordide entretenu via des agences matrimoniales. Les femmes inscrites rêvent de prince charmant, les hommes de l'Ouest de bonniche, de mère pour leurs enfants, de potiche - jeune et belle, ils choisissent sur photos. Une fille pauvre est forcément plus docile et meilleure ménagère qu'une Américaine indépendante. Moins coûteuse à entretenir, aussi. Ça vous mange dans la main, ces jolies petites créatures, elles ne peuvent qu'être reconnaissantes à tout jamais de ce que vous avez dépensé pour les "avoir" et de la vie facile que vous leur offrez.
Passé l'émerveillement, après quelques semaines de conte de fée, la réalité peut s'avérer cruelle pour les jeunes femmes, le carrosse devient citrouille. Comme pour nombre d'exilés qui ont rêvé d'eldorado, le réveil est parfois rude : accueil décevant voire hostile, choc culturel, mal du pays, impossibilité de retour en arrière...

Roman riche, émouvant, souvent révoltant mais parfois drôle malgré la gravité de certaines situations. Portrait édifiant de destinées féminines et d'une triste réalité sociale.
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La couverture du livre, avec sa meringue et sa figurine kitch donne le ton : les fiancées Ukrainiennes sont un rien décalées des célibataires américains qu'elles essaient d'accrocher via Internet et les soirées organisées à Odessa. L'héroïne Daria, ingénieur, employée comme secrétaire le jour, traductrice pour une agence de rencontres en soirées, essaie de fuir les beaux gosses mafieux qui rôdent en grosses berlines, la crasse, les ascenseurs en panne, les bus en retard et les coupures d'électricité. Autour de la table de formica devant l'inoubliable salade de pommes de terre de sa grand-mère adorée, Daria cultive elle aussi son rêve du gentleman américain prodigue…
Elle n'hésitera pas à franchir le pas dans l'espoir d'une vie meilleure.

Nous sommes dans un vrai roman, et c'est au coeur de l'intrigue que l'auteur nous fait approcher des différences culturelles... cruelles. Avec une conclusion qui n'est pas forcément celle qu'on attendait !
Daria, belle et courageuse fait partie de ces femmes qui laissent des traces dans la mémoire des lecteurs.
Une très belle lecture.
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l est des livres qui touchent profondément alors qu'ils se veulent légers. Ce sont sans aucun doute mes livres préférés.

« Les fiancé d'Odessa » raconte les difficultés d'une femme belle et intelligente qui veut sortir à tout prix de son pays où la vie est trop difficile.

Du côté anecdotique, il y a une histoire d'amour très compliquée : son coeur et son corps palpitent pour le chef de la mafia locale, son patron David est loin de la laisser indifférente, et elle épousera Tristan, l'Américain homme d'entretien dans une école, qui lui a permis de fuir Odessa.

La situation décrite à Odessa date des années 90, c'est la misère et la corruption généralisée.

Mais pour autant, l'Ukraine est un pays de culture et ne ressemble pas à l'idée que s'en font les Américains de base représentés par Tristan et ses amis.

L'écrivaine décrit avec une grande finesse la contradiction entre l'attachement à Odessa et l'aspiration à un ailleurs : « le fameux rêve américain ».

Autant si ce rêve est fondé sur une volonté d'entreprendre, il peut, sans doute devenir réalité, mais s'il est fondé sur un mariage, les dés sont immédiatement pipés. On pense au film « je vous trouve très beau » d'Isabelle Mergault avec Michel Blanc, moins le Happy end .

Janet Skeslien Charles, a vécu à Odessa et elle parle le russe. Elle a connu le travail à plein temps pour 25 dollars par mois, et elle a côtoyé, ces belles jeunes femmes ukrainiennes prêtes à tout pour vivre autre chose qu'un quotidien sans futur possible.

Pour une fois, quelqu'un se donne la peine de mettre en scène ce désir de partir tout en maniant l'humour , car je le redis c'est un roman drôle plein de scènes qui font sourire.

C'était encore plus simple pour cette écrivaine de décrire la déception de ces femmes une fois arrivée aux USA , évidemment le rêve américain ne correspond pas à celui d'une femme cultivée qui rêve d'épanouissement personnel et culturel.
L homme qui est venu les chercher de si loin, et qui a dépensé tant d'argent pour cela, est d'abord venu chercher une femme soumise qui sera reconnaissante de la bonne action qu'il a faite pour elle.

Je sais que le ton sérieux de mon billet ne correspond pas à l'ambiance du livre, alors comme Keisha , Aifelle , et bien d'autres.. lisez le car en plus vous amuserez

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Pour Daria, vingt-cinq ans, qui vit avec sa grand-mère Boba, Odessa est la plus belle ville du monde, avec son opéra, son célèbre escalier descendant vers la mer… Daria a de plus réussi à décrocher un poste où ses compétences en anglais lui sont bien utiles. Certes, son recrutement s'est fait sur un malentendu, si on peut appeler ça comme ça, mais Daria est bien assez forte pour s'en sortir sans se laisser faire. Elle trouve ainsi un deuxième travail pour le soir et les week-ends, elle épaulera Valentina qui a monté un site de rencontres entre américains et belles ukrainiennes qui veulent obtenir un visa pour le pays de leur rêves. Daria sert d'interprète, sans être intéressée pour elle-même. Jusqu'au jour où la misère pesante d'Odessa, les conseils de ses proches, les belles lettres d'un aspirant au mariage finissent par la convaincre…
La première partie, à Odessa, est très dépaysante, le pays est ausculté sans omettre les détails quotidiens qui font qu'il y a un tel fossé entre notre vie de tous les jours et celle d'une femme ukrainienne.
La suite...
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Daria vit à Odessa avec sa grand-mère Boba. le lien qui les unit est indéfectible comme leur amour pour leur ville. Parfois, l'amour ne suffit pas. Les habitants d'Odessa doivent affronter de trop nombreuses tempêtes. La corruption, la mafia, les coupures de courant, le chômage, l'alcoolisme... Daria cherche simplement à se faire une place. Pour elle et sa grand-mère.

J'ai beaucoup aimé ce premier roman pour de nombreuses raisons. Il m'a fait découvrir l'intérieur d'Odessa du point de vue d'une femme exceptionnelle. Une résiliente, une battante, une personne que l'on serait honorée d'avoir comme amie.

Sans misérabilisme et manichéisme, on ressent avec force l'amour des ukrainiens pour leur ville et leur pays. Une cité dont le taux de divorce, 70 %, en dit long sur les relations entre hommes et femmes. La spirale chômage, alcoolisme, violences. le besoin désespéré des femmes de s'en sortir, le désir des occidentaux de trouver une épouse soumise à leurs besoins.

Entre légèreté et gravité, les pages se tournent avec plaisir et avidité. On espère un avenir solaire pour Daria et toutes les femmes de l'Est. On savoure ce que l'on a la chance d'avoir. On note les délicieux proverbes ukrainiens égrainés ici et là. On lit et on dit merci d'aimer lire.

Malgré une seconde partie plus balbutiante et redondante, le roman est doux et jubilatoire. A découvrir!
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Toutes les femmes d'Odessa le savaient : les hommes s'en allaient. Ils partaient en mer ou à l'aventure, à la guerre ou chercher fortune, ils sortaient boire avec leurs compagnons de débauche. Mais les femmes, elles, restaient. Elles attendaient ; elles s'inquiétaient. Pénélope était la parfaite 'Odessitka'. Les femmes ne partaient pas. Les femmes ne demandaient pas le divorce. Les femmes subissaient. Elles apprenaient à l'école qu'elles vieillissaient plus vite, qu'elles étaient plus fortes, qu'elles vivaient plus longtemps, qu'elles portaient des enfants, qu'elles enduraient tout, point final. Il suffisait d'interroger n'importe quelle femme d'Odessa. Toutes disaient que les maris partaient à la guerre les uns après les autres, que Staline avait tué nos hommes et que maintenant, il y avait trop de femmes. Et qu'il n'y avait pas besoin d'être capitaliste pour comprendre la loi de l'offre et de la demande. (p. 281-282)
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J'atterris sur un forum où les hommes racontaient leurs mariages avec des femmes d'Europe de l'Est. "Salut, mec ! T'en as marre des sales Américaines exigeantes qui passent leur temps à t'engueuler, qui ne foutent rien à la maison, et qui veulent que tu t'occupes de tout à leur place ? Les femmes russes sont tout le contraire de ces radines. Elles te préparent des petits plats avec amour, elles lavent tes affaires à la main et même elles font le repassage (t'as déjà essayé de convaincre une Américaine de repasser ta chemise ?) et le mieux c'est qu'elles ne réclament jamais d'argent. Pour elles, un centime, c'est une vraie mine d'or. Elles sont splendides sans avoir besoin de passer des heures chez le coiffeur ou à la salle de sport. Elles savent rester bien sagement à leur place, à la maison à s'occuper du ménage et des enfants. Normal, elles sont reconnaissantes d'avoir un toit au-dessus de leur tête et de ne pas avoir à le partager avec leurs parents. Fais-toi plaisir, prends une femme russe, tu seras adulé et dorloté."
C'était ignoble. Nous [agence de rencontres] exhibions les filles comme des éleveurs présentent leurs pur-sang. Comme des maquerelles montrant leurs prostituées. Comme des propriétaires comptant leurs serfs.
(p. 180)
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A Odessa, selon l'usage, l'hôtesse offrait poliment et l'invité déclinait poliment. Après la Grande Guerre patriotique, comme les denrées étaient rares, l'hôtesse avait souvent peu de réserves et les invités ne voulaient pas lui retirer le pain de la bouche. Un système avait alors été mis en place. L'hôtesse offrait, l'invité refusait. Ainsi, personne ne perdait la face. Si elle était décidée, l'hôtesse proposait autant de fois que nécessaire. Alors seulement, l'invité cédait. Aujourd'hui, j'avais appris une leçon importante. En Amérique, les gens ne proposaient jamais deux fois. Quand on désirait quelque chose, il fallait se servir tout de suite. (p. 261)
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[Les prostituées à Odessa] appartenaient à la mafia, comme une Mercedes ou une Rolex, mais recevaient deux fois moins d'attention qu'un de ces accessoires. Je ne leur en voulais pas, je les plaignais. Elles n'étaient pas comme les poules du bureau qui couchaient avec leur patron et essayaient d'écraser les autres. Elles luttaient pour leur survie. J'imaginais qu'elles avaient d'abord vendu leurs objets précieux : une toque en fourrure et une louche en argent posées sur une serviette de toilette par terre au marché, puis elles avaient dû se séparer d'objets moins précieux : livres, souvenirs de l'époque soviétique, jouets d'enfance usés. Quand il n'était plus rien resté, elles avaient vendu le seul bien qu'elles possédaient encore : leur corps. (p. 116)
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C'était le refrain courant du temps de la perestroïka. Les chanteurs, artistes et scientifiques avaient beau avoir du talent et des compétences, ils n'avaient pas de travail. Et ils n'étaient pas les seuls. Odessa regorgeait de vétérans de l'Armée rouge, de grands personnages qui s'étaient sentis invincibles et qui se retrouvaient démunis. Beaucoup se suicidaient, à coup de revolver ou de vodka. Les usines avaient fermé, laissant les employés - des milliers d'hommes et de femmes dont beaucoup avaient sué pendant trente ans sur la même machine - fauchés et déboussolés. Il n'y avait pas le moindre filet de sécurité, pas le moindre recours, pour aucun de nous. (p. 50-51)
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