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Critique de emmyne


emmyne
12 septembre 2011
Karen et moi est le premier roman de cette auteure belge, lecture de vies en miroir. A travers le projet de rédaction biographique, la narratrice s'interroge sur son propre parcours, le récit de celui de Karen Blixen étant impulsion, défi, aboutissement, confrontation et acceptation de tout ce qu'elle occultait de sa vie.

J'ai aimé ce double regard, cette double parole, la voix professionnelle et documentée, le murmure de la femme qui affronte son passé, sa différence, qu'elle a occultée alors qu'elle reconnaît l'influence que ce déni a eu sur ces choix. J'ai été particulièrement touchée par cette démarche, quasiment psychanalytique, qui se fait sous la personnalité tutélaire d'un auteur marquant, personnalité référente, à la fois en toute confiance et toute conscience. Une " re-connaissance " dans tous les sens du terme, libératrice et nécessaire. J'ai admiré que cette narratrice parvenue au terme de son chemin d'écriture et d'introspection quitte le monde de l'intellectualisme et du fantasme pour affronter lors d'un voyage la réalité de cet auteur, qu'elle admette que Karen est autre, qu'elle lui faudra s'en détacher, la laisser derrière elle.

Vous l'aurez compris, ce roman d'à peine cent cinquantes pages, presque une " lettre à Karen ", c'est celui de l'empathie, d'une rencontre littéraire.
A chaque chapitre, des paragraphes alternés racontent la vie familiale de Karen Blixen et les souvenirs de la narratrice. La plume est précise, prenante, sans pathos, complaisances nombrilistes ou fausse pudeur, ni emphatique ni didactique. Pour autant, ce roman n'est pas une confession, c'est un bel hommage à la lecture, à l'écriture, à la littérature. C'est un plaisir de (re)lire des scènes extraites de la ferme africaine, des citations des lettres de Karen Blixen, d'y retrouver L'appel de la forêt de Jack London aussi.

" Je sentais monter en moi l'appel de l'ailleurs. J'avais en tête ces mots de van Gogh, " vouloir voir une autre lumière "; ce n'était pas grand-chose mais ils me servaient de boussole. Je voulais surtout essayer là-bas ce que je n'avais pas réussi ici. Recommencer à zéro. Me sentir moins désoeuvrée. Autour de moi, on trouvait l'idée mauvaise : j'étais trop prometteuse pour me risquer à l'idéalisme ou au vagabondage. "


Lien : http://www.lire-et-merveille..
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