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Critique de emmyne


Si vous n'avez pas encore lu ce livre, sortez vos mouchoirs tant vous allez pleurer de rire et de tristesse. En quelques 150 pages, il raconte la relation, l'amitié qui naît, entre le poète vieillissant Pablo Neruda et son facteur, découvrant au jeune homme le pouvoir des mots; il raconte, en échos, vu d'une minuscule communauté, l'histoire du Chili des années 70.

Ce roman se déroule, entre 1969 et 1973, au bord du Pacifique, dans l'anse du petit port de San Antonio. Issu d'une famille de pêcheur, Mario Jimenez y devient facteur, le facteur attitré de Pablo Neruda dans sa villégiature de l'Île Noire, son unique client. La narration développe en parallèle de cette amitié, l'histoire de Mario, comme un parcours initiatique, follement amoureux de la fille de la veuve aubergiste à qui ce futur gendre ne convient pas du tout.

De l'usage de la métaphore et de ses ravages… la poésie comme l'art de dire l'essentiel, ce qui doit être dit : discours amoureux, discours politique. C'est la foi, » l'ardente patience » d'Arthur Rimbaud que cita Pablo Neruda dans son discours pour le Prix Nobel de littérature en 1971 : » A l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes « , cette ardente patience à laquelle ces hommes ont cru; c'est l'ouverture au monde de Mario, l'engagement de Neruda – la proposition du parti communiste d'être de candidat à l'élection présidentielle, le retrait et le soutien à Salvador Allende, la fonction d'ambassadeur en France -; c'est aussi la mort de la poésie, celle des poètes, des » voyants « , avec le coup d'état de la junte militaire, le décès de Nureda, ses obsèques qui deviennent la première manifestation populaire d'opposition et de résistance où sont scandés son nom et celui du président Allende, la saisie des livres, l'interdiction de publications des revues…

Quelques 150 pages pour passer de ce rire à ces larmes – du prologue en auto-dérision de l'auteur à l'amertume de son épilogue – des dialogues pittoresques, improbables à souhait, aux claquements au petit matin des portières de voitures sans immatriculation.

D'une écriture d'une tendre ironie, jamais moqueuse à l'encontre de ses personnages, la plume aiguisée dessine un sourire, les mots d'humour en mots d'amour, en hommage au peuple chilien, et pointe le coeur et la colère avec le chapitre final.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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