AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782264022479
170 pages
10-18 (02/06/1999)
3.33/5   3 notes
Résumé :
le Camarade joueur de jazz est un livre qui rayonne par sa franchise, sa spontanéité et son insolence souvent provocantes.
Face aux manipulations et à la servilité des scribes officiels de l'histoire, l'auteur raconte avec art, humour et ironie, les moments les plus noirs de l'histoire de ce siècle, déroulant sous les yeux du lecteur la chronique d'un petit peuple d'Europe centrale : qu'il écrive sur l'invasion et l'occupation nazie de sa Bohême natale, sur s... >Voir plus
Que lire après Le camarade joueur de jazzVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre rassemble six textes de Josef Škvorecký, textes assez disparates, articles, une interview, dans la plupart de ces textes l'auteur évoque sa vie, essentiellement en Tchécoslovaquie, où en filigrane on entraperçoit l'histoire et le contexte du pays, son amour pour le jazz et la littérature nord-américaine.

Le premier texte, le plus long, « Je suis né à Nachod.. »raconte les jeunes années de l'auteur, jusqu'à son départ pour le Canada après les événements de 1968. Les lecteurs des romans et nouvelles de Josef Škvorecký y seront en terrain connu, il s'est beaucoup inspiré de sa vie pour tisser ses fictions, et Danny, son personnage récurrent et son alter ego, lui ressemble beaucoup. Avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision, comme dans ses fictions, il nous parle de son enfance, de la deuxième guerre mondiale, de l'arrivée du communisme...Il évoque quelques personnes qu'il a côtoyé et qui sont devenus célèbres, comme Milos Forman. Il est juste beaucoup plus discret sur ses relations avec les femmes que dans ses romans.

Les autres textes, plus courts, sont en quelque sorte complémentaires, dans un il évoque son amour des livres, dans un autre son apprentissage des langues, de l'allemand auprès du chantre de la synagogue, mort ensuite dans les camps nazis, et de l'anglais pour l'amour de Judy Garland...Deux autres évoquent le jazz, et le dernier est une interview, donnée à Prague, dans un moment de dégel, juste avant que les événements n'obligent Josef Škvorecký à quitter le pays sans espoir de retour.

Evidemment, c'est moins essentiel que les oeuvres de fiction, ses grands romans ou nouvelles. Mais pour un lecteur qui apprécie cette oeuvre riche et dense, c'est un délice. On retrouve la belle plume de l'auteur des Lâches, son humour, sa capacité de mettre à distance les sujets les plus graves, non pas pour les escamoter, mais pour pouvoir les affronter, en gardant une part d'humanité dans les situations les plus inhumaines. Sans se poser en héros ni en modèle, il décrit les choix de sa vie, personnelles et artistiques, comme une évidence.

C'est un vrai crève-coeur que ses livres soient si difficiles à trouver en France, son chef d'oeuvre, L'ingénieur des âmes humaines n'a toujours pas été traduit.
Commenter  J’apprécie          100
Six essais et articles du grand romancier tchèque, avant et après son exil à Toronto en 1968.

Publié en 1988 en anglais et traduit la même année en français aux éditions Anatolia, ce recueil présente six essais et articles de l'écrivain tchèque Josef Skvorecky, à caractère majoritairement autobiographique, écrits soit avant son départ de Tchécoslovaquie en 1968, soit après son installation en exil à Toronto.

Les 67 pages de "Je suis né à Nachod", la plus longue pièce du recueil, constituent une véritable autobiographie littéraire, dans laquelle Skvorecky raconte à la fois son enfance lors de l'invasion nazie, la naissance de sa vocation, tant d'écrivain que d'amateur éclairé de jazz, ses grandes influences en tant que romancier, et ses divers démêlés avec la censure, officielle ou larvée, du régime tchèque entre 1950 et 1968.

"Comment j'ai appris l'allemand et, plus tard, l'anglais" n'est bien entendu pas tant un plaidoyer pour l'apprentissage des langues étrangères qu'un récit, bourré d'humour, de l'ouverture et de la résistance à l'endoctrinement que procure la fréquentation assidue et passionnée d'autres cultures que la sienne, fût-ce à travers le décryptage incertain de paroles de chansons, et les tâtonnements parmi les mots d'argot incompréhensibles de prime abord.

"Lire en liberté", en 9 pages, donne une magnifique leçon, toujours teintée d'humour et d'autodérision, d'émancipation authentique par la littérature.

"Red Music" et "Le camarade joueur de jazz" décrivent à la fois le traitement du jazz en tant que musique "dégénérée" par les régimes totalitaires nazi et stalinien, et l'impact monumental de cette musique sur l'adolescent puis l'homme Skvorecky.

"Interview à Prague", pour finir, est le dernier entretien donné par Skvorecky avant de quitter Prague après le printemps tchécoslovaque et la fin de Dubcek, entretien qui prend prétexte de la figure d'Hemingway pour dériver rapidement sur le rôle de la littérature, et sur la part du "divertissement" en elle.

Un recueil attachant pour mieux connaître cet écrivain exilé tardif qui, tout en étant resté toute sa vie farouchement anti-totalitaire, sut éviter de sombrer dans les rodomontades mystiques et les jérémiades d'un Soljenytsine, mais qui souffrit sans doute quelque peu, en France tout particulièrement, de la comparaison avec le rayonnement intellectuel d'un Milan Kundera.
Commenter  J’apprécie          50
La comparaison entre Joseph Skvorecky et Milan Kundera ne me semble pas juste même s'ils sont tous les deux en réaction contre les totalitarismes. Certes ce sont deux dissidents tchécoslovaques qui ont quitté leur pays après le Printemps de Prague mais ils n'ont pas le même parcours ni la même qualité d'écriture. Kundera vit en France alors que Joseph Skvorecky avait choisi le Canada et écrit en langue anglaise.
J'ai été assez déçue par ce recueil de textes publié dans différentes revues et journaux.
Avec "Le camarade joueur de jazz" je pensais qu'il nous aurait fait part de son expérience sur la censure du jazz, forme de musique qui a pu être considérée comme décadente en Russie et ailleurs. le sujet est suffisamment passionnant pour cela.
Mais pas du tout. En dehors d'une anecdote, le disque d'Eddie Rosner qui est un objet de contrebande en 1957, tout ce qui est écrit fait référence au livre de l'Américain Frédérick Starr « Red and Hot : The Fate of Jazz in the Soviet Union 1917-1980 ». Si c'est pour vanter les écrit d'un autre, pourquoi pas, mais cela s'appelle une critique pas un essai.
Je n'ai donc pas eu envie de terminer ce livre qui ne m'a pas apporté grand-chose.


Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un écrivain ne doit pas et ne peut pas parler uniquement de lui. Cela n'a rien à voir avec l'idée romantique ou patriotique du "porte-parole du peuple". C'est l'essence même de l'écriture. Certains écrivains peuvent croire qu'ils sont leur unique sujet : s'ils ont un quelconque talent, c'est en fait l'histoire de leur temps et de leurs contemporains qu'ils racontent, sous forme d'autoportrait. Car tout autoportrait a un second plan, avec des petits personnages qui peinent ou qui gambadent, comme les représentaient les maîtres hollandais. Si un écrivain n'arrive à produire rien de plus qu'une image de lui-même sur fond noir, ce n'est qu'un misérable écrivaillon qui n'est jamais sorti de la puberté, quel que soit le nombre de scènes de baise qu'il met dans son roman.
Commenter  J’apprécie          66
Durant la première décennie du régime soviétique, marquée par la volonté de marier révolution et art moderne, le jazz fut considéré comme une forme musicale radicalement nouvelle et, par conséquent, progressiste.
Commenter  J’apprécie          20
Je n'ai rien contre la science. Toutes les sociétés modernes y ont recours, et même les chamans contemporains de l'obscurantisme médiéval traversent le ciel en avion, et pas en tapis volant.
Commenter  J’apprécie          10
C'est ainsi que l'histoire du jazz en Union soviétique a suivi un cours parallèle à celle des autres arts dans ce pays. Elle n'en finit pas de jouer au yo-yo entre détente et répression.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Josef Skvorecký (1) Voir plusAjouter une vidéo

Josef Skvorecky : dix péchés pour le père Knox
Olivier BARROT dans le décor du théâtre national des marionnettes de Prague, présente le livre de Josef SKVORECKY "Dix Péchés pour le Père Knox".
autres livres classés : littérature tchèqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1080 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}