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EAN : 9782070136773
434 pages
Gallimard (09/02/2012)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Josef Škvorecký a été le premier écrivain tchèque à tenter de faire le bilan du Printemps de Prague, d'en situer les péripéties et d'en démystifier les protagonistes.
Irrévérencieux et mordant comme savent l'être les humoristes de son pays, il traite un certain nombre de faits réels au niveau du reportage, tout en les insérant dans une trame romanesque appelée à rendre compte des tendances idéologiques et des problèmes humains en présence. Un fait divers surv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est grâce aux indications de Babelio que j'ai découvert ce livre de Josef Skvorecky, que je ne connaissais pas du tout, et qui est, avec Bohumil Hrabal (que j'aime particulièrement beaucoup) et Milan Kundera, l'un des plus grands auteurs tchèques de l'après-guerre.

L'intrigue principale de ce roman policier politique, est basée sur un fait divers qui s'est réellement produit (en 1949 à Cihost). Un « miracle » a eu lieu dans la chapelle d'un village au nord-est de la Bohème. Lors d'une messe dominicale, une statue de Saint-Joseph s'est mise à bouger !
Le prêtre Doufal (de son vrai nom :Toufar), qui célébrait la messe, a été inculpé par la police d'Etat, d'avoir mis en place un dispositif technique afin de truquer le miracle, et cet événement a servi de prétexte à la police pour se débarrasser du prêtre en question (par trop populaire) et de perpétrer des actes de répression contre l'Eglise, jugée comme une organisation d'opposition dangereuse.

La trame du roman est tendue entre 1949, l'année où a été commis ce prétendu crime, et l'année 1968, avec l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie.
Le narrateur, Danny Smiricky, est en fait un personnage autobiographique stylisé de Josef Skvorecky.
Au début du roman, Danny, qui vient d'être nommé enseignant à l'Ecole de Sciences Sociales de filles de Kostelec (ville avoisinante de la paroisse du prêtre Doufal), souffre d'une chaude-pisse qu'il a contracté lors d'un stage de formation politique ! On rit beaucoup à la lecture de ce passage !

Il assiste à la messe, mais s'assoupit au moment-même où le miracle se produit.
Entretemps, devenu auteur de comédies musicales à succès, il aide à mener une enquête aux côtés du rédacteur d'un journal catholique, Juzl, pour tenter de faire la lumière sur le dit « miracle ».
« Miracle en Bohème » est un livre très drôle sur un fond tragique, car il donne un aperçu de la réalité de l'époque stalinienne et de l'année 1968, par le biais de nombreux récits et anecdotes, qui s'ajoutent à la trame principale.
Josef Skvorecky a utilisé une méthode particulière pour construire ce roman. Il a affirmé lui-même qu'il avait découpé en morceaux de nombreuses histoires racontées dans « Miracle en Bohème »,
qu'il les avait posés par terre, et qu'il cherchait, tel un collage littéraire, à les insérer à divers endroits.
L'auteur explique qu'il a eu recours à cette méthode, qualifiée de « confusion délibérée », parce qu'à travers elle, il a pu restituer l'image du caractère confus de l'époque de ces moments charnières de l'histoire de la Tchécoslovaquie.
En imposant au lecteur d'être constamment éveillé par des bribes d'histoire, qui apparaissent dans un ordre anachronique, J. Skvorecky met à l'épreuve la force de ses récits pour voir si le lecteur est capable de se rappeler de chaque anecdote, alors même que notre attention se porte sur un nouvel événement survenu dans la narration de l'intrigue principale.
Danny Smiricky porte un regard distant, voire cynique, sur les événements survenus lors du Printemps de Prague, ce moment où on pouvait croire à la possibilité d'existence d'une société civile au sein d'un système socialiste.
Cette vision idéaliste est confrontée dans « Miracle en Bohème » au regard sceptique du narrateur.
Après avoir passé un an aux USA, Danny constate à son retour en Tchécoslovaquie occupée, « être le seul à avoir les idées claires au milieu de fous ou d'ivrognes au dernier degré ».
Cette dimension existentielle de Danny Smiricky, sa prise de distance et son regard désabusé et satyrique ont suscité de vifs débats à l'époque de la parution de ce roman, car nombreux étaient ceux qui croyaient à la réussite de la transformation de la société et à sa démocratisation.
De plus, ceux qui sont restés en Tchécoslovaquie ont dû subir des conséquences, ils ont dû vivre sous la normalisation (rétablissement de l'ordre).
« Miracle en Bohème » soulève aussi la question de la croyance.
En cherchant à élucider les circonstances du miracle, Danny constate qu'il n'a pas le don de croire.
Cette attitude pouvait sembler provocatrice à une époque où les gens se battaient pour le retour aux traditions chrétiennes de l'avant-guerre, ou bien étaient idéologiquement engagés.
J. Skvorecky, en évoquant de nombreuses personnalités de la vie culturelle et politique tchécoslovaque de l'époque, dont les noms sont légèrement transformés (mais reconnaissables), réussit à laisser planer un doute entre ce qui est vrai et ce qui est inventé.
Ceci fait probablement aussi la force de ce roman, car il est écrit à une époque où l'absurdité de la réalité rivalisait souvent avec celle de la fiction.
La fin du roman montre le début de la vague de « normalisation », qui suivit l'invasion du pays, se traduisant par une « chasse aux sorcières », visant ceux qui ont soutenu le Printemps de Prague, ou critiqué le communisme.
Je suis heureux d'avoir pu découvrir ce très bon roman tchèque, qui apporte un éclairage sans concession sur les événements de 1968, mais aussi sur toute la période de 1948 à 1969.
C'est un livre riche de témoignages, de personnages historiques et de destins, d'une grande qualité d'écriture. C'est écrit sans pathos, c'est irrévérencieux et truffé d'un humour mordant !
Passionnant !
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C'est le troisième roman de Josef Škvorecký dans lequel apparaît Daniel Smiricky, qui ressemble par bien des aspects à l'auteur lui-même. Ce roman a une construction plus complexe que les deux premiers, Les lâches et L'escadron blindé, les événements relatés se passent à des moments différents, certains ont lieu au début des années cinquante, et d'autres autour de 68. Il y a des allées et venues dans le temps, et cela demande parfois de l'attention de savoir où l'on est et à quel moment.

En ce qui concerne Danny, dans la partie la moins récente il est tout frais émoulu de l'université et attend d'effectuer son service militaire. Il a été envoyé comme enseignant dans une école de fille dans une petite ville. Et là il assiste au cours d'une messe à un « miracle » une statue de saint Joseph qui bouge. Une quinzaine d'année plus tard, au moment du dégel, une des relations de Danny enquête sur ce supposé miracle et sur les événements en rapport, comme l'enlèvement et l'assassinat du prêtre, toute les machinations de la police secrète autour de l'événement.

Dans les résumés du livre que j'ai pu lire, les commentateurs insistent sur l'aspect « bilan » du printemps de Prague. Une partie importante de l'histoire se déroule pendant ou à proximité de cet événement, mais le mot de bilan me paraît inapproprié ; car il suppose une sorte d'approche systématique et structurée, alors que nous sommes en présence d'un kaléidoscope, d'une succession d'images, d'impressions ; et réducteur car le roman aborde bien d'autres thèmes et aspects qu'uniquement le printemps de Prague. C'est une sorte de vision ironique et désabusée de l'homme, avec la tentation d'adhérer à un discours de certitudes, que ce soit religieux ou politique, qui dédouane finalement de toute remise en question. le catholicisme, le communisme ou la critique de ce dernier, aboutissent à des schémas de pensée systématiques, dans lequel la cohérence interne du propos tient lieu de vérité, au risque d'écraser les personnes. L'essentiel de la charge est dirigé en direction du discours communiste, la mise en relation avec le discours et la réalité est la plus féroce, mais à aucun moment l'auteur ne nous laisse oublier que ce discours là est l'un parmi d'autres, et que justifier des horreurs par un raisonnement logique apparemment irréfutable est une grand spécialité humaine, existante à toute époque.

Malgré toute la noirceur de cette vision du monde, le livre est loin d'être sinistre, car l'auteur choisit l'humour et le rire pour affronter le monde qui l'entoure. Un humour par moment très noir et un rire qui peut être un tant soit peu désespéré, mais quand même l'humour et le rire sont les meilleures armes. Et ce qui est le plus visible au premier coup d'oeil ce sont les aspects légers et satiriques, la noirceur ne vient vraiment pleinement que dans un deuxième temps, comme un dépôt.

Ambitieux, aussi bien dans la construction que dans la vision du monde et de l'homme, Miracle en Bohème, n'est pas à mon sens complètement abouti. Je trouve en particulier que l'auteur n'a pas complètement maîtrisé la construction complexe de son livre. Certains éléments ne m'ont pas parus vraiment pertinents (comme l'histoire de la partie d'échecs à distance truquée), d'autres pas complètement exploités ou un peu confus au final.
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La quatrième de couverture nous prévient .... "miracle en Bohême" vient clore une trilogie dont "les lâches" et "l'escadron blindé" constituaient les deux premiers volets ... il ne faudra pas que je me plaigne si certains passages ne peuvent par ce fait prendre toutes leurs ampleurs !
L'appellation Bohême me fait rêver, mais je ne situe pas trop, cette région historique me dit Mejesaistout, est une composante de la république Tchèque avec la Moravie et une petite fraction de la Silésie.
Je découvre qu'il existait à Prague, une usine Tesla dans les années 60, mais elle assemblait des téléviseurs Villa.
J'ignorais que la Suède avait fait des raids dans les pays tchèques, c'était juste hier ou plutôt avant hier au moment de la guerre de trente ans (1618-1648).
Lecture éprouvante, lente ... l'impression diffuse de ne pas savoir où l'on est emmenée, si on est emmené quelque part !
Texte touffu, un peu suranné ... le sentiment d'être passée à côté de quelque chose d'important ou pas !
Chronologie bouleversée et bouleversante ... le besoin continuel de se poser la question du où on en est.
Bien sûr, c'est une étude de l'intérieur des événements du printemps tchèque.
Bien sûr, c'est une approche de ce que furent les relations avec le grand frère dans cette période troublée.
Bien sûr, les observations pointues, aiguës sur les renversements d'idéologie sont des constats d'impuissance face aux compromissions politiciennes.
C'est bien pour tout cela, qu'il faut lire Josef mais peut être que la lecture serait plus aisée en commençant par le début de la trilogie ... il ne me reste plus qu'à me mettre à la recherche des deux premiers tomes et relire celui ci !
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Bien dommage que la qualité de l'édition soit nulle. Les pages se décollent l'une après l'autre. Vous voulez gacher la lecture de vos prochaines vacances au bord de la mer, emportez donc ce livre. Bravo et merci Gallimard !
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critiques presse (2)
Bibliobs
11 avril 2012
Il faut absolument lire l'excellent «Miracle en Bohême» . Le roman commence avec un jeune professeur qui prend ses fonctions dans un collège de jeunes filles, toutes en seins et en fesses, au moment où il est frappé par la chtouille. Pendant qu'il se contorsionne autour de ses érections douloureuses, un miracle se produit. La statue du saint local remue lors d'un office. Les petits mouvements font les grandes catastrophes: l'affaire devient nationale et révèle les petites lâchetés absurdes de l'élite pragoise après 1968.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
20 février 2012
Prenant prétexte d'un fait divers des années 1950, Skvorecky raconte une manipulation policière destinée à supprimer l'Eglise. A travers une multitude de portraits acides, il décrit une société décomposée et cynique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'intellectuel occidental , dans son égocentrisme proverbial , s'intéresse souvent aux événements non pas tant pour les connaître mais pou les intégrer tel un caillou , à la mosaïque de ses propres spéculations théoriques . Alexander Dubcek se confond ainsi , selon les circonstances , tantôt avec Allende ou Trotski , tantôt avec Lumumba ou Che Guevara . Le printemps de Prague est accepté , classé , mais demeure inconnu .
Je veux avant tout souligner cette évidence : le printemps de Prague n'est pas venu comme une explosion révolutionnaire , succédant à la nuit de l'époque stalinienne , il avait été préparé par tout un processus de libéralisation , long et intense , qui s'est développé durant les années 60 . Il se pourrait même que tout ait commencé encore plus tôt , peut-être dès 1956 , ou même 1948 , dès la naissance du stalinisme tchèque , du fait de cet esprit critique qui peu à peu décomposait les dogmes du régime , prenait à témoin Marx contre le marxisme , le bon sens contre le délire idéologique , les sophismes humanistes contre les sophismes inhumains , et qui , à force de rire du système , a amené le système à avoir honte de lui-même ; qui soutenu par une majorité écrasante de la population , a lentement mais irrémédiablement culpabilisé le pouvoir , de moins en moins capable de croire en lui-même et en sa vérité .
Extrait de la préface de Milan Kundera .
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L'amère expérience de toutes les révolutions nous apprend que si le groupe politique qui s'est emparé du pouvoir ne rétablit pas à temps le contrôle extérieur sur lui-même, il perd, tôt ou tard, le contrôle de soi et dégénère. Tout contrôle, toute pression au sein du groupe dirigeants dans le but d'améliorer la qualité de la direction doit nécessairement s'étioler s'il n'est pas nourri par une pression, un contrôle de l'extérieur qui améliore la qualité de ce groupe dans son ensemble. Au lieu de se régénérer en permanence, le groupe dirigeant se fige, se pétrifie et ainsi s'aliéne de plus en plus par rapport à la réalité… Il se proclame incarnation du progrès et se transforme aussitôt en une société de défense d'intérêts communs où l'on retrouve côte à côte les restes de l'élite intellectuelle du pays, les carriériste et de sombres brutes…
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À 45 ans, déjà professeur à la faculté de médecine, c'était un de ces êtres indestructibles qui ont appris à temps à la fois un métier et l'art de se taire, observant le monde et ses fourberies du haut de la tour d'ivoire d'une compétence indispensable à tous les régimes. Il s'était toujours gardé de signer les manifestes qui changeaient selon les époques et rares étaient les intimes auxquels il faisait comprendre qu'il vivait déjà dans un XXIe siècle où les querelles mythologiques entre diverses idéologies paraîtraient aussi dérisoires que les recherches sur le sexe des anges.
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Le soir, je me fis des compresses d’eau froide, mais au lever mon instrument de volupté avait doublé de volume, phénomène qui ne devait rien à une érection matinale. Sur le prépuce gonflé comme un pneu coulaient les gouttelettes grises décrites par tous les manuels. Les démangeaisons étaient insupportables. Après m’être fabriqué un suspensoir de fortune avec un bout de gaze, je m’en fus prendre mes fonctions de professeur dans un établissement pour jeunes filles.
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D'après Milan Kundera dans la préface :
Mai 68, c'était une révolte des jeunes. L'initiative du Printemps de Prague était entre les mains d'adultes, fondant leur action sur leur expérience et leur déception historiques.
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