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Critique de andman


A lire les critiques enthousiastes des uns et des autres j'étais impatient de découvrir « Just Kids ».

Comme vous, j'ai été captivé par les écrits intimistes de Patti Smith et comprends maintenant un peu mieux le cheminement qui a conduit cette femme, d'apparence si frêle, au firmament de la scène rock des dernières décennies.

Deux éléments ont été déterminants dans le destin hors du commun de cette artiste aux multiples facettes :
- son amour précoce pour la littérature et notamment son attirance pour les auteurs romantiques français,
- sa rencontre à 20 ans avec un jeune homme de son âge, Robert Mapplethorpe, qui allait devenir quelques années plus tard un photographe de renom international.

« Just Kids » décrit la genèse de cette relation fusionnelle entre deux êtres en recherche d'identité artistique dans le foisonnement culturel des sixties-seventies. Voici les grandes lignes de leur parcours de vie :

La lecture, seul véritable moyen d'évasion, tient une place de choix dans les loisirs de Patricia. Une enfance pauvre mais heureuse non loin de Philadelphie avec déjà un tempérament de leader dans les jeux et une adolescence avec un goût marqué pour la danse.
A 16 ans elle découvre émerveillée les écrits de Rimbaud et l'adopte « comme son compatriote, son frère et même son amant secret ».
A 19 ans elle met au monde un enfant qu'elle confie quelques mois plus tard à une famille aimante et met le cap sur New-York en juillet 67.

Elle a décidé, elle sera artiste !

C'est à Baudelaire qu'elle pense quand la faim la tenaille durant cet été de vagabondage newyorkais, pour lui aussi la nourriture faisait souvent défaut.
C'est à Jean Genet qu'elle pense lorsqu'elle commet de menus larcins « esthétiques », des crayons de couleur dont elle ne peut se passer.

Sa rencontre fortuite avec Robert Mapplethorpe la marquera à jamais. Issu également d'une famille modeste, Robert est artiste dans l'âme et convaincu, comme elle, de voir des choses que les autres ne voient pas. Elle a trouvé l'alter ego dont elle avait maintes fois rêvé. le serment de se protéger mutuellement les lie à jamais.

Leur soif insatiable de connaissances (poésie, dessin, graphisme, peinture, photographie), leur galères au quotidien (logement, nourriture), leur débrouillardise (petits boulots, récupération d'objets hétéroclites pour la confection de colliers) sont relatés sans fioriture par une Patti Smith visiblement très à l'aise aussi dans l'écriture.

L'homosexualité de Robert, assumée quelques mois après leur rencontre, fait basculer leur relation amoureuse en amitié indéfectible.

Enfants de la beat generation dont ils s'approprient les codes, Patti et Robert auront la chance d'habiter le fameux Chelsea Hotel avec sa faune de clients-artistes à l'année, cet univers baroque devient leur nouvelle université avec ses professeurs Gregory Corso, Allen Ginsberg et William Burroughs.
La fréquentation assidue du célèbre club Max's Kansas City, haut lieu de la culture underground, leur permet de nouer des contacts en tout genre.
Patti et Robert étaient aux bons endroits au bon moment et forcément le talent tôt ou tard se remarque ; ainsi débuteront-ils, chacun de son côté, une carrière de renommée internationale mais sans jamais se perdre de vue.

Robert Mapplethorpe est mort du sida à New-York le 9 mars 1989.
Celle qui fut son amante et finalement son amie pour la vie est venue plusieurs fois de Détroit le soutenir dans son dernier combat.
Les dernières rencontres avec Robert sont empreintes d'une poésie bouleversante…

« Just Kids » nous rappelle avec sobriété, que l'amour de l'Art n'est en définitive qu'une profession de foi en l'humanité, l'amour de l'Art c'est l'amour de l'Autre.
Chapeau l'artiste !


P.S. : Horses, Easter, Wave, Trampin' m'ont accompagné dans la lecture de Just Kids. Jamais peut-être ne les avais-je appréciés avec autant de bonheur, une écoute toute en profondeur et en émotions.
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