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EAN : 9782264068163
696 pages
10-18 (02/06/2016)
4.08/5   232 notes
Résumé :
Francie Nolan croît comme une fleur délicate dans un faubourg de New York.
L'existence est bien rude pour la famille Nolan! La mère de Francie ploie sous le travail. Son père, pourtant si bon, a bien du mal à faire vivre les siens avec son maigre salaire. Et son jeune frère Neeley, que deviendra-t-il plus tard ?
Pourtant, Francie goûte une sorte de bonheur. Un bonheur durement conquis. Lorsqu'elle veut, par exemple, s'acheter la moindre petite chose, n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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Voici le genre de livre qui me tient toujours en haleine pendant des heures. Oh, non pas qu'il y ait du suspense, non, rien de tout cela ici. Mais ce genre de roman s'inspirant de larges éléments autobiographiques comme c'est le cas ici ou retraçant la vie de personnes dans un siècle qui n'est pas le nôtre attire toujours ma curiosité car on y trouve une foule de renseignements sur les us et coutumes de la société. Ce roman me fait le même effet que celui de Richard Llewellyn (Qu'elle était verte ma vallée), de Susan Fromberg Schaeffer (Folie d'une femme séduite) ou encore de Jean Alambre (Jeanne d'Agnoux, de Corrèze à Decazeville). On y apprend ainsi comment une famille issue de l'immigration (la grand-mère maternelle de Francie est Autrichienne, ses grands-parents paternels sont irlandais) arrive à vivre avec quatre bouts de chandelle dans le quartier de Brooklyn au début du XXe siècle. Ces gens-là forcent l'admiration et le respect par leur courage et leur honnêteté. le travail ne leur fait pas peur et pour rien au monde ils ne feraient quelque chose illégalement, contrairement à beaucoup à cette époque. Oh, bien sûr, il y a bien eu quelques petits mensonges mais c'était pour la bonne cause : pour que Francie aille dans une meilleure école ou pour qu'elle puisse suivre des cours d'été à l'Université sans être allée au lycée. Il y a également quelques obstacles car il ne faut pas croire que tout était rose : John Nolan, le père de Francie, boit. Katie, la mère de Francie, lui préfére de loin son petit frère, Neeley.

Pourtant, malgré tout cela, c'est toujours l'amour et la tendresse qui l'emporte. Betty Smith ne veut pas se montrer complaisante avec la misère et elle a bien raison car c'est ce qui fait que ce livre se place sur le haut de la pile.

Bref, ce roman est à lire et particulièrement si vous aimez avoir une étude détaillée de la société de l'époque.


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Betty Smith nous raconte l'enfance et la jeunesse de Francie Nolan dans un quartier pauvre de Brooklyn.
En 1912, cette petite fille fluette de 9 ans nous raconte son quotidien sans aucun misérabilisme, comme un enfant peut le voir, avec ses moments durs où elle a faim mais aussi avec ses moments chaleureux vécus en famille avec sa maman Kathie, très jeune, très belle, s'usant les mains à frotter les sols comme concierge.
Son père Johnny, très bel homme, est chanteur serveur dans un cabaret et se grise exagérément en dépensant ses pourboires. C'est un faible, pas un violent.
Elle grandit dans un milieu pauvre mais affectueux et plein de vie, avec son frère Neeley, ses tantes dont la plus sympathique est sans hésiter Sissy qui perd un enfant à la naissance à chacun de ses accouchements et garde une force de vie étonnante.
Beaucoup de personnages hauts en couleur, une ambiance attachante et des scènes qui sonnent très vrai.
La petite fille est scolarisée comme tous les enfants du quartier.
Elle adore la bibliothèque où elle lit tous les livres dans l'ordre alphabétique.
L'école est un lieu d'épanouissement pour elle même si elle ne rencontre pas que des adultes bienveillants.
Le roman a été écrit en 1943 et contient certainement de nombreuses scènes autobiographiques. Il faut avoir vécu cela pour pouvoir le raconter aussi bien avec force détails croustillants en plus.
La scène du début avec l'arbre qui grandit entre les murs et s'élève bien haut est magnifique. Il m'a fait penser aux gratte-ciel qui ont garni la métropole new-yorkaise.
Le texte de départ est certainement très beau et Maurice Beerblock nous le traduit admirablement.
C'est bien sûr un roman mais en même temps un beau document sur une époque révolue dans lequel j'ai retrouvé une part de mon âme d'enfant.

Challenge pavés 2018
Challenge plumes féminines 2018
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( Je continue d'explorer la collection" vintage" des éditions Belfond... )
Publié pour la première fois en 1943 aux USA, il faudra attendre 1946, pour la traduction française. Devenu très vite un succès, il sera adapté au cinéma par Elia Kazan et je comprend pourquoi . Pourquoi il est étudié à l'université, pourquoi il est devenu un livre-culte , un symbole de la culture américaine : c 'est un hymne à l'éducation, à l'école, aux livres, à l'instruction...

Dans le quartier de Brooklyn à New-York, vivent les Nolan, et c'est à travers , Francie, la petite fille de 9 ans (quand on fait sa connaissance et 17 quand on la quitte ...) que l'on suivra cette famille . Ses parents ( la valeureuse et travailleuse Katie et le charmant mais alcoolique Johnny) et son frère d'un an de moins qu'elle , mais aussi ses tantes , hautes en couleur et tout un quartier...
Pauvre le quartier ... et misérable cette famille qui ne mange pas toujours à sa faim mais qui vibre d'un amour profond les uns pour les autres. Grace à la grand- mère puis sa mère , qui ont compris que l'instruction serait leur salut , Francie ira à l'université mais que d'embûches , d'abnégation et de volonté pour y parvenir !

Sans aucun misérabilisme gnangnan , cette gamine qui a "la niaque " raconte sa vie avec fraîcheur et lucidité ,(toujours), et humour (souvent) .
Formidable témoignage historique de ce qu'était la vie au début du vingtième siècle dans Brooklyn, ce roman parle de l'Amérique aux américains , mais pas que ...
Il fera vibrer tous ceux qui apprécie les témoignages criant de vérité, tous ceux qui ont un ancêtre qui vient d'ailleurs... Il fera vibrer tous ceux qui aiment les livres...Il fera vibrer tous ceux qui aiment les histoires touchantes ...
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Entre Katie la mère, qui lui préfère Neeley, son frère cadet d'un an et Johnny, poète et doux-rêveur, devenu père trop jeune, porté sur la boisson et qui assume difficilement son rôle, la jeune Francie Nolan grandit, consciente déjà des tensions familiales mais son caractère optimiste lui permet de se construire à Williamsburg, quartier pauvre de Brooklyn.
Irlandaise par la branche paternelle, de confession catholique, la vie n'est pas toujours facile dans ce quartier, et il faut un caractère bien trempé et débrouillard pour faire sa place. du côté maternel, une grand-mère autrichienne et Katie la mère, petit bout de femme forte et déterminée, multiplie les emplois pour subvenir aux besoins de la famille, les revenus du père étant plus qu'irréguliers. Et ce sont les études qui sont privilégiées et perçues comme le moyen de changer de condition : tous les soirs, Francie et Neeley doivent lire deux pages de la bible et des oeuvres complètes de Shakespeare, les deux seuls livres de la famille.
Malgré la pauvreté et les incartades du père, on sent beaucoup d'amour de la part de la petite fille pour son père et d'admiration pour sa mère, qui va lui donner la force et surtout la volonté d'aller au collège en lui transmettant le goût pour la lecture.

Le lys de Brooklyn est à la fois le roman d'apprentissage de la petite Francie, une chronique douce et quelquefois amère de la vie à Brooklyn, où l'on observe la vie des petites gens dans ce quartier pauvre de New-York. Même dans les moments les plus difficiles, la petite Francie croit en sa bonne étoile, et se construit entourée de personnages hauts en couleurs, en particulier sa tante Sissy, fantasque et sensuelle, s'amourachant facilement d'hommes qu'elle appelle invariablement John.
Betty Smith évoque avec tendresse et sans pathos la vie simple et souvent difficile de ces américains, fils d'immigrés qui doivent faire leur place dans le dénuement et la pauvreté, mais où les rêves d'instruction permettent l'espoir d'une vie meilleure... un peu du rêve américain.
Un roman tendre et attachant.
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Considéré comme un classique de la littérature américaine, « le lys de Brooklyn », publié pour la première fois en France en 1946, n'avait pas été réédité depuis, sombrant peu à peu dans l'oubli pour le lectorat français. Un impair aussi surprenant que regrettable qu'est heureusement venu corriger début 2014 la merveilleuse collection Vintage des éditions Belfond permettant ainsi au plus grand nombre de découvrir enfin l'oeuvre de Betty Smith.

Immigrés d'origine irlandaise, les Nolan vivent dans le dénuement le plus total, au coeur de Williamsburg, un quartier pauvre et déshérité de Brooklyn. Betty Smith nous fait pénétrer dans l'intimité et le quotidien de cette famille désargentée qui, malgré la misère, respire l'amour et la tendresse. Scindé en plusieurs parties, le récit retrace également la rencontre de Katie et de Johnny (alors respectivement âgés de 17 et 19 ans), leur mariage six mois plus tard et l'arrivée successive de leurs deux enfants, Francie et Neeley.

Véritable mère-courage, Katie ne compte pas ses heures pour assurer un revenu minimum au foyer, ayant rapidement compris qu'elle ne pouvait s'appuyer sur son mari, incapable d'assumer ses responsabilités et noyant son chagrin et ses désillusions dans l'alcool. Garçon-chanteur, les rentrées d'argent de Johnny sont en effet inconstantes et aussitôt dilapidées dans l'alcool. Pour autant, son imagination fertile et ses fantaisies lui valent l'amour inconditionnel de ses enfants. Père attentif et aimant, Johnny tente ainsi de pallier aux défaillances d'une mère peu démonstrative et parfois maladroite qui a toujours préféré à Francie son petit frère, Neeley.

le contexte a priori peu réjouissant et le réalisme parfois abrupt du récit n'écornent pourtant en rien le formidable message d'espoir que porte le roman. Car les Nolan savent aussi considérer leur sort avec philosophie,allant parfois même jusqu'à faire preuve d'un véritable sens de l'autodérision afin de rendre l'insoutenable plus supportable. Katie déploie ainsi des trésors d'imagination pour adoucir la faim et calmer les estomacs vides. Surtout, elle s'accroche à l'espoir d'une vie meilleure pour ses enfants qu'elle rêve de voir s'élever dans la société. Consciente que l'ascension sociale se réalise par le biais de l'instruction, elle impose tous les soirs à Francie et son frère la lecture d'une page de la Bible et des oeuvres de Shakespeare, et place l'école au coeur de ses préoccupations. Au-delà des connaissances, Katie s'efforce également d'inculquer à ses enfants des valeurs essentielles et fondamentales.

Tandis que son père, sentimental invétéré et romantique désenchanté, se réfugie dans l'alcool, c'est dans la lecture que Francie trouve sa planche de salut. La littérature lui ouvre de nouveaux horizons, aussi insoupçonnés que porteurs de fabuleux espoirs pour cette jeune femme en devenir.

Au-delà de lui offrir une porte d'évasion, la lecture lui permet ainsi de réaliser que le monde ne se limite pas à la misère de Brooklyn et qu'une autre vie est possible dès lors que l'on s'en donne les moyens. Francie va ainsi découvrir qu'aucune barrière, aussi bien géographique que sociale n'est insurmontable. Bien décidée à déjouer la fatalité, et à prendre son destin en main, la jeune fille mettra toute son énergie au service de ses ambitions.

Véritable récit initiatique, « le lys de Brooklyn » nous fait partager avec une sincérité désarmante les doutes, les angoisses et les questionnements existentiels (sur la religion, l'amour…) de cette fillette en quête de sens, qui fait l'apprentissage de la vie et des vicissitudes de sa condition. Au gré des épreuves, la personnalité de Francie se dessine et s'affirme. Intelligente, avide de culture et de connaissances et pleine de ressources, la jeune fille, qui aspire à s'extraire de sa condition et à s'élever dans la société, reste malgré tout viscéralement attachée à ses origines et à ses racines.

Autour du quatuor formé par les Nolan gravitent d'autres personnages, non moins charismatiques, qui vont influer plus ou moins directement sur la vie de Francie et contribuer à son long apprentissage. Un long chemin, au cours duquel la jeune fille devra traverser bien des épreuves ; son innocence se heurtant tour à tour à l'humiliation, la condescendance, le mépris ainsi qu'aux instincts les plus sombres de la nature humaine. Mais à côté des individus sans scrupules profitant de la détresse et de l'ignorance des plus démunis, Betty Smith fait également surgir de l'ombre des personnages plein d'une bienveillance insoupçonnée.

Petits tracas et grands déboires du quotidien se mêlent aux problématiques sociales et aux évènements marquants de la grande Histoire. Pourtant, au coeur de toute cette souffrance et de la misère environnante, il y a aussi des instants de bonheur qui donnent à la vie tout son sel. Loin de s'apitoyer sur leur sort, les Nolan surmontent en effet les épreuves et les coups durs avec un courage qui force le respect et une dignité exemplaire. Et au sein de ce foyer où l'on compte chaque sou, on sait apprécier et chérir les plaisirs les plus simples. de fait, les bonheurs les plus élémentaires deviennent de véritables parenthèses enchantées que l'on célèbre et que l'on prend le temps de savourer.

Malgré la saveur âpre de l'environnement dans lequel il prend racine, le récit de Betty Smith ne sombre ainsi jamais dans le misérabilisme. La vie s'écoule au rythme des chansons de Johnny et des incursions des deux tantes maternelles et hautes en couleurs, la raffinée Evy et la généreuse Sissi, laquelle dissimule sous ses airs pétillants et dévergondés des cicatrices indélébiles. Autant de personnages émouvants et criants de réalisme qui portent le récit à bout de bras… et que l'on quitte à regret et le coeur serré.

Fort de l'amour indéfectible qui unit cette famille respirant la tendresse, il se dégage du quotidien de petits instants magiques qui prennent dans ce contexte de morosité ambiante tout leur sens. Une harmonie et une unité familiale qui permettent à chacun de supporter la misère et les sacrifices quotidiens. Oscillant entre lucidité implacable et vision magnifié d'une réalité cruelle et parfois sinistre, ce récit à hauteur d'enfant offre un regard sensible et précieux sur la vie et les épreuves qui jalonnent notre existence.

Betty Smith a certainement puisé dans son vécu personnel pour nourrir son roman. Il en résulte une oeuvre criante de réalisme et de sincérité. A l'image de ses personnages, façonnés avec une infinie tendresse, son écriture, qui cultive l'essentiel, se révèle sans fioriture et d'une grande sobriété.

Riche idée que celle qu'ont eu les éditions Belfond de faire sortir de l'oubli ce roman culte prônant de belles valeurs et porteur d'un magnifique message d'espoir. Un roman lumineux et une redécouverte salutaire. Car malgré un contexte morose, ce sont bien la tendresse et l'espérance qui triomphent au terme ce récit intense et riche en émotions. Un formidable message d'espoir joliment symbolisé par l'arbre qui pousse dans la cour de leur immeuble et qui donne son titre au roman. Prenant racine au milieu du béton et en dépit de l'environnement hostile, le lys s'épanouit, résistant envers et contre tout, à l'image de notre jeune héroïne…

En creux de ce récit relatant le quotidien d'une famille indigente en plein coeur de Brooklyn, c'est aussi l'histoire du rêve américain qui se dessine. Véritable photographie d'un quartier déshérité et cosmopolite à l'aube du XXème siècle, le roman de Betty Smith est à la fois le portrait d'une époque charnière et trouble ainsi que le témoignage vibrant d'une communauté laissée-pour-compte dont l'auteure se fait avec brio la porte-parole.

D'une histoire relatant le combat ordinaire d'une poignée d'individus, Betty Smith fait éclore un véritable conte moderne aux allures de fable universelle. Véritable éloge de la culture, de la transmission et de l'imagination, « le lys de Brooklyn » est un roman bouleversant d'humanité, entre fresque familiale et sociale, qui, soixante-dix ans après sa première parution, n'a pas pris une seule ride, tout comme le message qu'il porte…
Lien : https://lectriceafleurdemots..
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Francie attendait avec impatience le moment d'aller à l'école. Elle avait envie de tout ce qui lui apporterait la fréquentation de la classe. Enfant solitaire, il lui tardait de connaître la société d'enfants de son âge. Elle allait jusqu'à désirer boire l'eau des fontaines que l'on voyait dans la cour de l'école. Les robinets étaient montés à l'envers ; Francie croyait qu'ils fournissaient de l'eau gazeuze. Elle avait entendu papa et maman parler des salles de cours ; elle mourait d'envie de voir les cartes se dérouler aux murs, comme des stores ; mais, surtout, surtout, elle désirait posséder les "articles pour écoliers" que l'on voyait aux étalages : un cahier, une ardoise, un plumier rempli de crayons neufs, une gomme, un petit taille-crayons en étain ayant la forme d'un canon, un essuie-plume et une règle de six pouces, jaune, en bois verni.
Avant l'école, il fallait se soumettre à la vaccination. C'était la loi. Comme on avait peur ! Les messieurs du service de santé tentaient d'expliquer aux pauvres illettrés de Brooklyn que vacciner, c'était administrer la variole sous une forme inoffensive afin d'immuniser l'enfant contre la forme mortelle. Les parents ne les croyaient pas. Tout ce qu'ils retenaient de l'explication, c'était qu'on introduisait les germes d'une maladie dans le corps de leur enfant qui était sain. Certains parents, des étrangers, refusaient d'autoriser leur enfant à se laisser faire. On leur interdisait l'entrée de l'école, après quoi les autorités les poursuivaient pour n'avoir pas envoyé l'enfant en classe. Ils répliquaient :
- "Et on appelle l'Amérique un pays libre ! Faut-il être venu ici pour voir ça ! Appelle-t-on ça la liberté, qu'une loi vous force à instruire vos enfants et que la même loi mette leur vie en danger pour les envoyer à l'école ?"

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Il est bien vieux, il doit avoir passé la septantaine.

" ... ...".

Elle avait peine à détacher les yeux de ces pieds sales.
"Il a été un tout petit enfant, un bébé tout propre et tout rose, dont la mère baisait amoureusement les petits petons? Qui sait, Par une nuit d'orage, elle avait dû venir près du berceau, le reborder, lui dire à mi-voix qu'il ne fallait pas qu'il eût peur, que sa maman était là, tout près. Elle avait dû le prendre dans ses bras, poser sa joue contre la tête si mignonne, lui dire qu'il était son cher tout petit, son petit à elle toute seule. Ce vieillard, ce vieillard malpropre, avait dû être un petit garçon comme Neeley (son frère), entrant, sortant de la maison, courant toujours, faisant claquer les portes. Et tout en le grondant, sa mère devait secrètement se dire:"Il sera peut-être un jour président!" Ensuite il était devenu un jeune homme, heureux et fort, à qui, lorsqu'il passait dans la rue, de belles filles souriaient, se retournant pour le voir plus longtemps. Il leur souriait à son tour, peut-être avec un clin d’œil à l'adresse de la plus belle. Puis il a dû se marier, avoir des enfants, des enfants qui se figuraient qu'ils avaient le papa le plus merveilleux qu'il y eût au monde, tant il travaillait courageusement pour leur acheter des jouets à Noël. Aujourd'hui, ses enfants vieillissent à leur tour, comme leur père; ils ont eux-mêmes des enfants. Personne n'a plus besoin du vieux. Les enfants attendent qu'il meure, mais lui n'a nulle envie de mourir: il veut vivre, continuer à vivre, tout vieux qu'il est, et bien que plus rien au monde ne puisse maintenant le rendre heureux.


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Ils jouaient comme des furieux, jurant, suant, se jetant l'un sur l'autre.(...) Le bruit courait que l'équipe des Dodgers de Brooklyn occupait une centaine d'espions qui, le samedi, rôdaient par les rues, surveillant les parties de baseball dans les terrains vagues, daubant, mécanisant, turlupinant les jeunes espoirs. Or, il n'y avait pas un enfant, dans tout Brooklyn, qui n'eut préféré faire partie de l'équipe des Burns plutôt que d'être président des Etats-Unis.
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– Mais, mère, je sais, moi qu'il n'existe ni spectres, ni fées. Tu veux donc que j'enseigne à l'enfant des mensonges, des stupidités ?
Mary riposta sur un ton tranchant :
– Es-tu sûre qu'il n'en existe pas, des esprits, sur la terre, et des anges au ciel ? Non, tu n'en es pas sûre.
– Je sais, en tout cas, que saint Nicolas n'existe pas.
– N'empêche qu'il faut enseigner à l'enfant que ces choses sont.
– Pourquoi, puisque je n'y crois pas moi-même ?
– Parce que, répondit simplement Mary Rommely. Parce qu'il faut développer chez l'enfant cette chose si précieuse qui s'appelle l'imagination. L'enfant doit avoir son monde secret où vivent et se meurent des choses qui n'ont pas existé. Il est nécessaire que l'enfant croie, qu'il commence par croire à des choses qui ne sont point d'ici-bas. Il faut que, lorsque ce monde lui paraîtra trop laid pour y vivre, il puisse remonter en arrière et vivre par l'imagination. Moi-même aujoud'hui, à mon âge, j'ai grand besoin de me remémorer les vies miraculeuses des saints, les grands miracles qui se sont passés sur la terre. C'est seulement en ayant ces choses présentes à l'esprit que je puis prouver la force de vivre au-delà de celles pour lesquelles il faut que je vive.
– L'enfant grandira et découvrira les choses toute seule. Elle saura que je lui ai menti et sera déçue.
– C'est ce qu'on appelle apprendre à connaître la vérité. Une chose bonne, non point mauvaise, que d'apprendre seule la vérité. Croire d'abord de tout son coeur, et puis ne plus croire, c'est bien aussi. Cela nourrit nos émotions, ça les élargit. Femme, quand la vie et les gens la décevront, elle sera déjà entraînée à être déçue, et ça lui tombera moins dur. En éduquant, en formant ton enfant, n'oublie pas que la souffrance aussi est une bonne chose. Elle enrichit le caractère.
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Ils firent trois fois le tour des maisons, l'agent faisant semblant de ne pas voir les visages se détourner pour sourire au passage de ce représentant de la loi engagé dans une galante aventure. Il s'animait, parlait à Sissy de sa femme, qui, disait-il, était "une brave petite bonne femme, vous comprenez ? mais enfin par certain côté, un peu...infirme, vous comprenez?"
Sissy répondait qu'elle comprenait on ne peut mieux.
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