L'erreur est humaine, dit le hérisson, et il descend de la brosse
Nous n'en avons pas fini avec les univers concentrationnaires. D'abord parce que ceux d'hier ne sont toujours pas intégrés aux histoires « nationales », d'autre part, le révisionnisme nationaliste réécrit en permanence le passé, enfin en absence de réponses émancipatrices crédibles, les tentations fascistes, comme en Grèce avec un parti néo-nazi, vont se développer.
Nous n'en avons donc pas fini avec ce paysage européen de civilisation mortifère.
L'histoire des Balkans est peu connue en France, souvent résumée à des caricatures politiques ou nationalitaires. La période de la seconde guerre mondiale reste largement enfouie, sous couvert d'autres « crimes », d'oppressions nationales, etc…
Le texte de
Slobodan Snajder, d'après le journal d'Ilija Jakovljevic, rend, dans un panorama imaginaire, les complexités de cet univers très particulier, qu'est le camp de concentration.
Il ne s'agit pas d'un témoignage de plus, mais à travers une création théâtrale en 17 tableaux principaux, d'une évocation, tantôt drôle, tantôt dérisoire et souvent poignante, grâce à une grande simplicité des énoncés. « Dans cette baraque, les enfants boivent du Zyklon B en guise de lait. »
D'une visite touristique et d'un appel à candidature pour endosser des personnages, aux dialogues ciselés de vérité, dans leurs dictions limpides, « Il faut regarder le problème d'une façon dynamique. Nous avons mis en branle un mécanisme, qui grince peut-être, par-ci, par là, mais au fond il fonctionne : il ne s'arrêtera plus, tant qu'il restera encore dans notre espace de ces gens qui n'y appartiennent pas », se redessine, non pas un événement extraordinaire et inabordable pour l'esprit, mais la « banalité du mal » dans toute ses dimensions humaines. « Tout le monde sait ce qui se passe ici, personne ne veut le voir et personne ne voudra le voir. »
Je souligne le beau et nécessaire travail d'édition de la Maison d'Europe et d'Orient.
Chez le même éditeur :
Sedef Ecer :
Les Descendants