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Delphine Valentin (Traducteur)
EAN : 9782742782185
141 pages
Actes Sud (02/03/2009)
3.42/5   33 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Actes Sud, Lettres latino-américaines - 03/2009)
ISBN : 9782742782185


Un photographe fasciné par les paupières, une spectatrice de scène d'onanisme incongrue, un quidam qui découvre dans un jardin botanique sa vraie nature de cactus, un chasseur d'odeurs qui traque sa Fleur dans les toilettes pour dames..., qu'ils soient monomaniaques, voyeurs ou paranoïaques, tous les personnages ici mis à nu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je la vois de l'autre côté du quai, elle attend probablement le train d'une direction opposée à la mienne. Je la suis du regard. Je l'imagine s'appeler Guadalupe, guapa de la palapa. le ciel s'assombrit, un orage s'abat sur les toits de Santa Helena, une rousse apparaît au milieu du tableau comme un parasol en papier au milieu d'un verre de piña colada. L'eau fraîche ruisselle sur son corps nu, caresse sa peau, lèche ses humeurs. Je regarde ses paupières, le sourire de celles-ci provoqué par ces fines rides qui habillent sa vie. Je sors mon zoom, n'y vois pas de mauvaises intentions, guapa, je suis photographe de paupières.

Je pénètre dans le restaurant bondé, un parfum de chili, hot hot los jalapeños, du bruit et des rires, jolies mexicaines aux jambes caramélisées ; je pénètre dans les toilettes, celles pour dames. Je respire, sent ces odeurs, observe ces traits de rouges à lèvres sur un miroir, observe ces traces jaunes d'urine le long de la cuvette. J'hume cet exquis parfum, n'y vois pas d'esprit malsain, guapa, je suis chasseur d'odeur. Et je te respire Fleur, je vais te chercher à travers toutes les toilettes de la ciudad.

Je me promène dans un parc, en pleine ville, en plein Japon. Autre destination à laquelle je t'emmène le temps d'un paragraphe, d'un verre de saké ou d'une promenade automnale dans les serres du jardin botanique. Splendeurs de mots et des images, j'ai délaissé la solitude mexicaine pour croiser la solitude japonaise. Des histoires d'âmes tourmentées sur la vie, sur l'amour, sur le couple. Cela fait peur, je te l'avoue, car si tu es un chèvrefeuille, et si j'adore son parfum, je me rends compte guapa, dans cette serre, que je suis un cactus solitaire.

C'est étrange, c'est surprenant, mais c'est aussi magique et triste, spleen solitaire de quelques histoires fascinantes.
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Quel très étrange et loufoque recueil de nouvelles que celui que j'ai entre les mains ! Outre la couverture qui m'avait mis sur la voie d'un ouvrage sortant de l'ordinaire, j'ai été intriguée puis happée par ces courts récits qui se lisent les uns après les autres, sans interruption.

Un photographe fasciné par les paupières immortalise le visage avant et après l'opération qui corrigera les défauts de ces paupières. Bizarre mais après tout chacun ses goûts et la "laideur" ou du moins l'aspect peu banal de paupières rebelles à l'esthétique a finalement de quoi être un grand centre d'intérêt.
Une femme, en bonne voyeuse, assiste à une scène cocasse chez son voisin d'en face. Lors d'un dîner galant, celui-ci s'éclipse et va dans la pièce d'à côté soulager une érection en solitaire. La plume est vive, la scène se passe comme dans un vaudeville et on ne peut s'empêcher de sourire en imaginant tout l'extraordinaire de cette situation.
Autre histoire, changement se sexe : un homme se prend de passion un beau jour pour le jardin botanique où il croit découvrir sa vraie nature en côtoyant les cactus. Et si sa femme était une liane rampante, ou pire, un bonsaï. Voilà notre homme lambda obsédé par sa révélation d'être un cactus en puissance qui finalement trouve un certain équilibre dans sa vie dans sa double nature.
Changement de décor et nous voilà face à un homme qui traque les odeurs des femmes, et plus particulièrement d'une dénommée Fleur, dans la cuvette des toilettes. Et voilà notre "fétichiste" qui égrène tous les cafés du coin à la recherche de l'odeur tant caractéristique de sa Fleur. Là pour celle-ci (de nouvelle), j'ai dû avoir les sourcils en accent circonflexe tout le long du texte. Je crois que je serais complètement démunie devant un fou pareil.

Je laisse deux nouvelles dans l'ombre car si j'en dévoilais trop je vous gâcherais le plaisir de la découverte. Et devant ces obscurs comportements, on tente de comprendre l'incompréhensible. Certaines nouvelles sont dérangeantes car les petits plaisirs que chacun cultive sont des jardins secrets et certains "doivent" rester dans l'ombre. Oui voilà le sentiment qu'on a, que les jardins secrets sont dévoilés au grand jour, que les petits écarts de chacun sont ici mis en avant comme des passions à part entière voire des faire-valoir.
Un livre tout à fait à part, qu'on avale sans trop bien comprendre pourquoi si ce n'est que la plume de Nettel est tout à fait captivante. Elle parvient à nous maintenir accrocher à des détails aussi superflus et extravagants soient-ils.
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Voici un écrivain méxicain dont j'avais lu des louanges et que j'avais hâte de lire. Je viens de faire connaissance avec son écriture avec "Pétales..." qui est son troisième recueil de nouvelles. En espagnol le titre comporte le mot dérangeantes("Pétalos y otras historias incómodas") à la place de "embarrassantes", et il y a une nuance dans le sens du péjoratif.
Parce que ces six nouvelles sont vraiment dérangeantes, elles touchent la face occulte, anormale, morbide de certains êtres.
Quel talent que celui de Nettel; il faut dire que son livre a été considéré comme le meilleur livre de l'année 2008 en Espagne et en Colombie.
La prose est simple et fluide pour décrire des choses difficilement descriptibles et la structure des nouvelles est impecable: ses personnages sont habités par des obsessions, des tics, des angoisses, des anomalies frôlant le psychiatrique, mais les personnages de Nettel sont conscients de leur anomalie, ils ne sont donc pas fous.
Le cadre des nouvelles est assez cosmopolite, il y a beaucoup de clairvoyance, mais aussi du sordide.
Les six nouvelles sont remarquables, je ne saurais pas choisir laquelle m'a le plus impacté. Après cette lecture je suis restée dévastée, mais aussi éblouie par son talent; j'espère que la traduction française a su rendre la qualité diaphane de son écriture.
Elle me fait penser à l'argentine Samanta Schweblin qui est aussi remarquable avec ses nouvelles; mais Schweblin est plus axée sur les situations absurdes que par les anomalies psychologiques.
Le lien ci-après est rédigé en espagnol.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Des univers tristes et étranges, des être inadaptés à la réalité de ce monde, qui la fuient et se réfugient là où ils pensent que cela se passera mieux, où les douleurs s'éloigneront.
En vain.
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La curiosité est un vilain défaut dit-on, pas pour une LCA j'espère... Elle explique en tout cas que ce petit recueil de nouvelles en voyage grâce à Leiloona ait fait escale ici.

Les six nouvelles sont écrites à la première personne. Toutes différentes. Un photographe de paupières. Une "voyeuse" (ça existe, le féminin de voyeur?). Un mari japonais qui se découvre une nature de cactus (chaleur sèche) alors que son épouse serait une liane (chaleur humide). Une femme à la recherche de la Véritable Solitude. Un homme qui renifle dans les cuvettes des toilettes, à la recherche d'une certaine Fleur. Et une femme atteinte d'un curieux TOC.
Voilà.

Style impeccable, histoires intimistes qui vous empoignent vers leur conclusion toute provisoire, on frôle le malaise. Intéressant et interrogatif.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
J’avoue cependant que, souvent, tandis que je déambule dans les rues ou dans les couloirs de quelque édifice, l’envie me saisit soudain de faire une photo, pas de paysages ou de ponts comme le fit naguère mon père, mais de paupières insolites que de temps en temps je repère dans la foule. Cette partie du corps, que j’ai vue toute mon enfance, et sans jamais ressentir le moindre dégoût, a fini par me fasciner. Exhibée et cachée par intermittence, elle oblige à rester en état d’alerte si l’on veut découvrir quoi que ce soit qui en vaille vraiment la peine. Le photographe doit éviter de cligner des yeux en même temps que le sujet étudié pour capturer le moment où l’œil se ferme comme une huître joueuse. J’en suis venu à penser que cela nécessite une intuition particulière, proche de celle d’un chasseur d’insectes, et je crois qu’il y a peu de différence entre un battement d’ailes et un battement de cils.
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Une nuit, je me réveillai en sursaut après un cauchemar dont je ne pus me souvenir. La lune presque pleine pénétrait à travers le shôji, baignant la chambre d ‘une lumière bleutée. Le corps de Midori était presque entièrement allongé sur le mien, respirant sereinement dans un sommeil profond. Ses jambes et ses bras en laçaient les miens, imitant les branches d’un lierre ou d’un chèvrefeuille. C’est ainsi que je le découvris : ma femme était une plante grimpante, souple et brillante. « C’est pour cela qu’elle aime tant la pluie, pensai-je, alors que, moi, je ne la supporte pas.
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Le meilleur moment pour entrer dans les restaurants, c'étaient les heures de pointe, personne alors ne remarquait ma présence et je pouvais m'aventurer dans les toilettes du lieu, qui, tout comme la proximité des femmes, étaient une véritable découverte pour mes vingt ans. Il n'était pas rare alors que je préfère me faufiler dans les sanitaires réservés aux dames, et m'immerger dans leur sillage. Les autres, réservés à mon sexe, me semblaient peu prometteurs, dans les taches des urinoirs je décelais de l'arrogance, parfois de la rivalité, mais rien qui vaille la peine que je m'en souvienne en arrivant à mon studio, où je ne survivais aux relents de la solitude et de l'enfermement qu'en me réfugiant dans les odeurs récoltées pendant la journée.
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On dit que le martèlement d’une goutte d’eau tombant sans interruption sur le sol d’une cellule de prison brise en quelques jours les nerfs d’un détenu. Je vous assure, docteur, vivre aux cotés de quelqu’un qui fait craquer ses doigts à tout instant, c’est plus ou moins la même chose.
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Il y a sûrement dans la vie de tout renifleur un moment de plénitude comme celui que j'ai connu cette fois-ci dans les toilettes pour dames du Mazarin. Je ne saurais dire si ce qui me procura autant de plaisir fut le marbre discret des meubles et du sol, le haut plafond permettant la libre circulation des odeurs ou bien le vaste cabinet où je me livrai à une exploration minutieuse.
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Videos de Guadalupe Nettel (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guadalupe Nettel
Boulder, la narratrice éponyme du roman d'Eva Baltasar, est cuisinière sur un cargo lorsqu'elle tombe amoureuse de Samsa ; attachée à son indépendance, elle décide néanmoins de s'installer avec elle en Islande. Leur amour est intense et sensuel, mais lorsque Samsa lui impose l'arrivée d'un enfant, leur couple se fissure ; tandis que le désir emporte la narratrice vers d'autres rives, elle réussit pourtant à nouer un lien singulier avec l'enfant biologique de Samsa. S'il est aussi question de maternité dans L'Oiseau rare, le désir ou le non désir d'enfant des héroïnes du roman de Guadalupe Nettel éprouve leur destin de femmes. La romancière y dépeint les multiples façons d'être mère et les mille façons d'aimer quand il faut faire face aux drames inattendus de la vie. Les deux autrices sondent avec poésie et justesse l'intimité de femmes ballottées par de puissants vents contraires.
Eva Baltasar est une écrivaine et poétesse catalane. Elle a fait paraître dix recueils de poèmes et trois romans. Ses deux premiers romans, Permafrost et Boulder, sont parus en français aux éditions Verdier (trad. Annie Bats, 2020 et 2022).
Guadalupe Nettel, née au Mexique, a partagé sa vie entre Mexico, Barcelone et Paris. Elle a écrit des recueils de nouvelles et quatre romans, dont le Corps où je suis née (trad. Delphine Valentin, Actes Sud, 2014), et Après l'hiver (trad. François Martin, Buchet-Chastel, 2016).
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