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A. Fr. D. de Coulange (Traducteur)Pierre Gibert (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070782154
256 pages
Gallimard (13/03/2008)
3.67/5   3 notes
Résumé :

Publié en 1734 en Angleterre et aussitôt traduit en français l'année suivante, ce récit original d'un capitaine négrier anglais, retrouvé dans la bibliothèque de Tocqueville par Pierre Gibert, un des éditeurs de sa correspondance, apporte une information de première main sur la traite des Noirs entre la côte de Guinée et les Antilles.

S'il est rédigé avec un talent de narrateur plutôt inhabituel qui conjugue de véritables qualités d'histo... >Voir plus
Que lire après Journal d'un négrier au XVIIIe siècle : Nouvelle relation de quelques endroits de Guinée et du commerce d'esclaves qu'on y fait (1704-1734)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
William Snelgrave aurait tout du gentleman : capitaine honorable et expérimenté de la marine marchande anglaise - dont Joseph Conrad dira plus tard tout le prestige - il fait commerce avec l'Afrique et l'Amérique. Il lui arrive des aventures qu'il sait raconter d'une plume élégante. Son livre a du succès. Il figure dans le bibliothèque d'Alexis de Tocqueville. Aujourd'hui encore sa lecture reste passionnante.
Il a le coup d'oeil du marin, mais aussi celui de l'ethnologue et de l'historien. Il se passionne pour les querelles des rois locaux, leurs manières. Il en donne un récit qui reste aujourd'hui encore une mine d'informations. Son commerce est la pacotille, les étoffes, l'ivoire et, on l'aura deviné, les esclaves.
Pas de chronologie dans son récit. Trois textes sont juxtaposés en vrac. Livre I : événements survenus au Dahomey entre 1726 et 1730.
Livre II : récit des mutineries des noirs, vade-mecum du commerce négrier, plaidoyer pour la traite. Livre III : L'auteur prisonnier des pirates et autres dangers (1719)
Le premier livre et le troisième sont des récits d'aventure et qui se lisent comme tels et de la meilleure encre.
On s'arrêtera sur le deuxième, le plus court. A l'époque où Snelgrave se livre à son commerce et où s'allument les lumières, surgit la contestation de la traite. Les idées se confrontent aux intérêts. Et c'est d'abord en Angleterre que les quakers font campagne, efficacement, au nom de la dignité humaine. Les marchands résistent. Snelgrave, qui est leur employé, se fait leur avocat. Et c'est l'un des intérêts du livre de voir présenter un argumentaire habile en faveur de la traite. En somme,nous dit Snelgrave, l'esclavage est un fait social, la traite des noirs les sauve de la mort certaine réservée aux prisonniers de guerre. Employé dans les plantations, dans un climat qui leur convient, les noirs sont entretenus par des maîtres qui ont intérêt leur bonne santé, condition de leur force de travail. Tout est au mieux dans le meilleur des mondes. Mais lorsque notre capitaine rappelle, à bon escient, que "la grand loi des Blancs, des Noirs, et de toutes les créatures raisonnables, était de "ne faire aux autres que ce que chacun voudrait qu'il lui fut fait" ; que c'était un commandement que Dieu nous avait ordonné de garder, sous peine d'en être sévèrement puni, si osions transgresser la maxime (p.86), il devrait logiquement condamner l'esclavage, dès lors qu'il accepte que "l'autre" peut être un esclave, comme il le démontre à plusieurs reprises par des actes personnels de bienveillance.
"La conscience est une bonne fille avec laquelle on finit toujours par s'arranger" disait Gide. le Capitaine Snelgrave est d'abord un employé stipendié au service de ses commanditaires négriers. le fils d'un armateur négrier bordelais, André-Daniel Laffon de Ladebat montrera plus de courage et de rigueur intellectuelle.

Un proverbe anglais dit qu'un gentleman est un homme qui sait jouer de la cornemuse, mais il n'en joue pas ("A gentleman is a man who can play the bag pipe, but he doesn't"). Un capitaine anglais comme Snelgrave peut faire avec talent le commerce triangulaire, mais, s'il prétend être un gentleman, he doesn't !
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Récit édifiant car ce capitaine se présente comme un honnête homme qu'il était surement pour l'époque et raconte et justifie ses aventures négrières comme une bonne action qui sauve des prisonniers de guerre de la mort.
Pourtant la rage des esclaves prêt à mourir pour échapper à leur condition aurait du lui mettre la puce à l'oreille.
Mais le conformisme de l'époque convaincu de la supériorité du blanc emporte tout, et notre capitaine est prêt à toutes les bassesses auprès des rois africains pour obtenir sa marchandise.
A lire en se projetant à notre époque pour se remettre en question sur notre faculté à ne pas reconnaître l'injustice quand elle est trop commune et acceptée par tout le monde.
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A notre époque où il est de regrettable coutume de regarder le passé avec les lunettes du présent, la lecture de "Journal d'un négrier" est intellectuellement salutaire. Il y a peu, Balandier conseillait impérativement la pratique du "détour anthropologique" à tout pratiquant de sciences sociales. La plupart s'y sont mis pour ce qui est du détour géographique en l'oubliant quand il s'agit du détour historique. Et l'honnête homme contemporain, prompt à excommunier et se repentir par procuration, le pratique encore moins. Ce "Journal", récemment republié, est une façon efficace de s'y mettre.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je n'ignore pas toutes les objections que l'on peut faire contre ce que j'ai rapporté des Dahomés, quand on n'a pas eu occasion de s'instruire en voyageant, ou par le moyen de la lecture des moeurs et des coutumes brutales de plusieurs nations barbares, qui ont été et son encore répandues sur la Terre.
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>Commerce, communications, transports>Commerce intérieur>Commerce intérieur des différents produits (24)
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