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EAN : 9782922868760
183 pages
Les Allusifs (25/09/2008)
3.75/5   14 notes
Résumé :
Un professeur dans la cinquantaine, Elias Rukla est en butte à une jeunesse indifférente et hostile qui n’en a rien à faire de l’enseignement du norvégien en général et d’Ibsen en particulier. C’est toute la solitude du professeur que Solstad nous livre ici, toute la difficulté, ancestrale, universelle, à intéresser des adolescents à une œuvre non seulement incontournable des lettres nationales, mais d’une étonnante modernité. C’est aussi l’ironie de Solstad qui sai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Enseignants qui fréquentez ce site (surtout si vous enseignez les lettres dans un lycée), lisez ce bijou qui nous vient de la littérature norvégienne !

Il s'agit non pas d'un monologue, ni d'un flux de conscience, mais d'un texte ininterrompu issu du voyeurisme d'un narrateur omniscient qui scrute avec incomparable minutie les pensées intimes de son personnage, au cours des quelques heures qui précèdent et suivent une crise de nerfs qui l'exclura irréversiblement de ses fonctions de professeur agrégé de norvégien dans un lycée d'Oslo.
Elias Rukla, dont nous n'apprenons le nom qu'à la page 59, un nom et prénom qui seront scandés ensuite inlassablement, ainsi que ceux des trois autres protagonistes du récit : son ami de jeunesse Johan Corneliussen, philosophe kantien et marxiste, son épouse et successivement épouse d'Elias, Eva Linde, femme "d'une indescriptible beauté", et leur fille Camilla ; Elias Rukla, donc, est "souffrant du fait [... qu'il est] un être social qui n'a plus rien à dire". (p. 165)

Jamais, jusqu'à présent, je n'avais eu l'occasion de lire, avec une précision si apte provoquer l'identification, si propice à suggérer le mot "perfection", l'intériorité réciproque d'un prof en train de dispenser son cours sur Ibsen et celle de ses élèves indifférents, assoupis, hostiles ; ou les relations de deux étudiants qui évoluent entre l'appétit juvénile de la vie et celui du savoir et du dialogue ; ou la dialectique de couple fondée sur les non-dits entre un homme subjugué par "l'indescriptible beauté" d'une femme (femme d'un autre, puis sienne) et celle-ci qui demeure un mystère du fait de l'incommunicabilité induite par cette beauté, même lorsqu'elle disparaît par effet de l'âge ; ou la prise de conscience de l'irréversibilité de la condition d'un homme "qui n'a plus rien à dire", et surtout plus à personne, sauf dans ses soliloques arrosés de trop d'aquavit et de bière.

La construction du récit (l'événement dramatique se produit à peine quelques pages avant qu'apparition du nom du personnage) et sa prose sont tout à fait remarquables: les répétitions, les développements plus longs de la pensée construite, ou bien au contraire le rythme haché par l'angoisse sont parfaitement rendus par une variété de procédés prosodiques (si je puis dire), et notamment par la longueur ou brièveté des phrases. La vraisemblance des pensées du personnage est également rendue par ses références littéraires, politiques, philosophiques, y compris par une sympathique mise en abîme d'Elias Rukla qui se verrait bien en personnage de Thomas Mann, sauf pour se refuser aussitôt un tel privilège...

Cit. de la phrase sans doute la plus longue, qui est aussi celle qui résume la problématique de l'échec de la transmission du savoir en classe :

"Pour les élèves, c'était toujours la même litanie, susceptible d'éveiller, peut-être, chez certains, une certaine curiosité, ne fût-ce que pour comprendre ce qui poussait un homme adulte doté d'une solide formation universitaire à être employé par la fonction publique si c'était pour rester assis derrière un bureau, dans une salle de classe, et prier des jeunes gens et des jeunes filles de lire ces livres auxquels ils ne s'intéressaient pas en particulier et auxquels ils n'entendaient rien de particulier, en tout cas pas de la manière, s'adressant à tout le monde, dont cet éducateur employé par la fonction publique essayait de les leur faire lire, quand bien même cette curiosité, qui pouvait être le principe premier de l'effort, les effleure ou pas, de sorte que ceux qui au final, à l'âge de dix-neuf ans, avaient reçu la plus haute instruction générale obligatoire que le pays fournissait à sa jeunesse n'aient pas, au cours de leur vie ultérieure, dans la conversation quotidienne qui compose, selon un ensemble hétéroclite de nuances et d'accords harmonieux comme disharmonieux, la connaissance qu'a d'elle-même la société, un recours intempestif à la sensiblerie privée et au dilettantisme, sur des sujets dignes d'une conduite plus courtoise et témoignent ainsi du fait qu'il se trouvait parmi cette jeunesse ayant reçu la plus haute instruction générale obligatoire du pays des éléments non civilisés n'ayant pour leur part même pas assez d'éducation pour le cacher, voire pour en avoir honte, avait-il pensé - mais cette pensée était apparue avant que la situation de la journée ne se soit imposée à lui." (p. 39-40)
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Elias Rukla est professeur de norvégien dans un lycée de Fagerborg. Il enseigne le canard sauvage en classe préparatoire du baccalauréat. Un jour, alors qu'il discourt de ce livre devant ses élèves d'un nouveau point de vue, il est déçu par l'absence de réaction de ceux-ci. Il pète les plombs en sortant de ce cours et c'est l'occasion pour lui de réfléchir sur sa vie...

Après cet incident, on découvre la vie sans reliefs d'Elias. Les descriptions sont parfois assez longues, parfois peu intéressantes. Un livre assez psychologique qui nous fait découvre les méandres des pensées d'Elias, homme qui restera incompris par ses proches. Une structure de récit assez originale mais qui a eu du mal à me captiver par moments.
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Après 25 ans de carrière un professeur de Norvégien perd brutalement ses moyens, quitte son collège, part au hasard des rues et de ses pensées. La façon d'écrire, étouffante, compacte et sans chapitre m'a un peu déplue, ainsi que la manière qu'a l'auteur de répéter de façon obsessionnelle chaque détail de sa vie, mais son analyse des années 70,80 où le décès d'une speakerine est bien plus médiatisée que celui d'un grand auteur norvégien m'a interpellé. J.B.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En fait, c’était un professeur agrégé un soupçon soûlographe, dans la cinquantaine, pourvu d’une épouse à l’embonpoint un soupçon trop prononcé, et avec qui il prenait chaque matin son petit déjeuner. Cette matinée d’automne, un lundi, en octobre, ne faisait pas exception à la règle alors que, assis à la table du petit déjeuner, titillé par une légère céphalée, il ignorait encore qu’elle allait devenir la journée la plus décisive de sa vie.
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