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Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782842057633
62 pages
1001 Nuits (03/09/2003)
3.55/5   11 notes
Résumé :
Un homme se rend comme à l'accoutumée chez sa maîtresse. Il mène une existence parfaitement réglée, se partageant entre cette liaison secrète, son cabinet de dentiste, sa femme, ses deux enfants et le dîner hebdomadaire avec son beau-père. Quel vertige le saisit-il un jour lorsqu'il sonne à la porte de sa maîtresse ? Quel craquement en lui ébranle-t-il tout l'édifice de sa vie ? Subitement, la mort et le néant ont percé sa chair. Désormais, qu'il soit avec son amant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une narration froide, sans point, parce que sa vie est un vide ponctué de virgules. Etrange roman surréaliste d'un dentiste adultère, au quotidien rythmé comme une horloge, soudain enfermé dans le néant où les bouches s'ouvrent sur une anti matière vertigineuse. Si sa présence au monde est corporelle, il connaît soudain la révélation du vide : son corps, les corps, simples anatomies, sont dépourvus de sens. Juan Carlos Somoza remet en cause le statut d'être humain, lancé dans un vide intérieur, bouche ouverte sur le silence, une manière insolite et distanciée de retourner nos enveloppes pour nous regarder dans nos tréfonds.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Si cela doit exister, ce trou vide et nul, cette absence de ma chair et de mon corps, si la bouche doit exister, je préfère tout faire sortir, que tout s’en aille comme un souffle pur, que tous l’entendent, que tous le sachent, je préfère cela à la fausse sécurité d’un corps mort, c’est ce que j’ai dit, crié dans un silence pur, et je me suis enfin vu transformé en rien : le vide remplissant tous mes os ouverts comme des flûtes muettes, amenuisés comme du sable enfin, juste ces cendres ultimes, à peine la trace légère que le vent finit par effacer, juste le vide, le vide énorme de cette bouche qui doit dire et révéler et découvrir et crier et accuser et me vider vers l’extérieur depuis l’intérieur et me mêler à tout : cette bouche ouverte et infinie du silence absolu par lequel je parle même si personne n’entend
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mon Dieu, j'ai un os en dessus, mon doigt n'est pas un doigt, c'est un os articulé et protégé contre l'usure ; l'idée me vint ainsi, avec une logique si écrasante qu'elle ne me surprit pas en soi mais par son absence avant ce coup de sonnette, ce n'était pas une idée étrange et incroyable, mais une étrange et incroyable omission de l'idée dans le monde entier, un moment historique où je sonnai à la porte de l'appartement de Galia, Galia était sur le seuil avec son peignoir bleu ciel et ses cheveux ondulés comme par des rouleaux invisibles, et m'observait d'un air étonné, c'est une femme très perspicace : il s'écoula à peine un instant trop long entre le moment où elle me dit bonjour et celui où j'entrai, et m'avait demandé ce qui m'arrivait : je frottais l'index de ma découverte contre mon pouce, incapable de croire encore que l'évidence put être dissimulée
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Personne n’a jamais appuyé sur une sonnette aussi terrible : je ne parle pas du son produit, mais de la pression en soi, du contact du bouton avec mon doigt ou de mon doigt avec le bouton, personne n’a jamais ressenti la même chose que moi, mais en réalité ce fut une sensation logique, puisqu’il serait physiquement impossible de toucher la sonnette sans l’os, je veux dire que sans l’os notre doigt se tordrait sur le bouton comme un tube en caoutchouc, s’écraserait de façon ridicule ou s’introduirait en lui-même comme un gant vide, il est donc d’une certaine façon logique de supposer que la sonnette sonne au contact de l’os, que c’est mon squelette qui sonne à la porte, mais personne n’a jamais éprouvé une telle chose, et je fus peiné et surpris de constater que jusqu’à ce moment crucial on ignore ce que l’on est réellement et que la connaissance peut se produire comme ça, à l’improviste...
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Galia aime avoir des nouvelles de mes enfants, ce sujet la distrait toujours, elle me prodigue même des conseils sur la façon de les élever, et je crois qu’elle jouit davantage de sa maternité imaginaire qu’Alejandra de la sienne, réelle ; de toute façon, c’est un bon sujet pour changer de sujet, nous consacrons un long moment à un bavardage sans intérêt et je pense que c’est bizarre d’aller chez Galia pour parler de sujets dépourvus de véritable importance, puisque c’est pratiquement la seule chose que je fasse avec Alejandra ; pendant les instants de silence précédant mon départ, nous continuons à fixer le plafond, ou elle me caresse, flatteuse, voire pénible.
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Elle est jolie, mais pas trop, affectueuse, mais pas trop, intelligente, mais pas trop : ce qu’elle a de mieux est qu’elle m’aime et qu’elle a essayé de me rendre heureux, et qu’elle ne m’a jamais posé de problèmes à part la nécessité de te mentir, de te le cacher, une femme avec laquelle j’ai découvert qu’il peut y avoir un certain bonheur du quotidien auquel nous ne devrions jamais renoncer, comme nous l’avons fait toi et moi, pas même ce certain bonheur du quotidien, Alejandra, une femme, enfin, avec laquelle j’ai su que tout est pareil maintenant, que même le péché s’achève un jour, même la faute, même l’interdit.
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