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Critique de Darkcook


Quand les Dix Petits Nègres rencontrent Lost. Comment ne pas céder à l'achat compulsif et à la lecture frénétique? Dix scientifiques sur une île déserte profanent le temps, et vont être alors le fruit de la vengeance d'un tueur en série fou, une entité, une créature mystérieuse qui défie les lois de la physique, Zigzag, ou le Fantôme noir de Mickey version ultra gore et obsédé sexuel. Thriller SF d'épouvante, car on flippe vraiment, gros melting-pot des genres qui fonctionne à mort, qui plus est essai sur la science, exactement comme Clara et la Pénombre était un essai sur l'art. Les deux romans présentent pas mal de similitudes, on reconnaît le style et la façon de procéder de l'auteur, mais Elisa Robledo, scientifique sexy quelque peu portée sur la chose, vous séduira davantage que la froide Clara dès le départ dépersonnalisée.

Bon, outre l'excellent thriller fantastique que constitue La Théorie des cordes, j'aimerais souligner autre chose : je n'avais plus lu de roman, depuis des années, depuis Harry Potter en fait, qui se passe (pour une partie) à l'école (plus exactement à l'université), et qui chante les louanges de l'enseignement et de l'étude. Certes, la morale du roman, dans son final magistral, expose les limites de la science au châtiment divin, à la possibilité de tout dérégler. Mais Somoza livre une ode à la magie de l'université, du professorat, et pour un étudiant parfois débordé, y a vraiment de quoi émouvoir et remotiver. La fac fictionnelle nommée Alighieri, avec le profil de Dante pour mascotte, et devise "L'eau que je prends n'a jamais été parcourue" laissera des traces durables! Tout comme la figure de David Blanes, professeur détesté puis figure de mentor absolu, et alors spoiler si vous ne l'avez pas lu :

Le mystère concernant Zigzag étant maintenu jusqu'à son comble, les pires morts se produisent, j'en ai eu la nausée alors que je suis pourtant habitué d'Ellroy, et je dois dire qu'avec elles, pas mal de scènes d'anthologie, surtout celle de Silberg qui est absolument grandiose (allez, c'est pas un spoil, j'ai dit que c'était un hommage aux Nègres, tous doivent y passer! :p ) le personnage de Valente Sharpe n'a suscité que dégoût et révulsion de ma part, pour continuer sur Harry Potter, imaginez Drago Malefoy, son ego au carré, version maître chanteur sexuel! INSUPPORTABLE, quelles que soient ses circonstances atténuantes... Ce cher Victor Lopera était très réussi lui aussi, son amitié avec Ric frôle souvent les sous-entendus homosexuels refoulés, j'en viens à l'énième qualité de ce roman : les personnages VIVENT. Ce ne sont pas des doubles fictionnels de l'auteur comme trop souvent dans le polar, ils sont tous très différents, on s'y attache ou on les déteste, et leur mort nous touche, comme elle pouvait le faire chez J.K. Rowling...

Concernant la résolution de l'énigme, elle m'a vachement plu, encore un point en faveur du roman par rapport à Clara et la Pénombre où elle était ultra prévisible. Au fil de la Théorie des cordes, plusieurs possibilités s'offrent à nous, on vient à souhaiter que l'une d'elles se réalise, au final Somoza sait nous surprendre tout en restant logique et fidèle à ses thématiques, le tout formant une oeuvre cohérente et aussi riche, voire plus, que Clara. Science, religion, thriller, voyage dans le temps, débat incessant avec les limites de la science et la justice divine ou le risque de tout détraquer à force de jouer à l'apprenti-sorcier ou à Dieu...

L'épilogue m'a laissé pantois, avec une fin classique de SF un peu cliché, mais qui fait son effet. Pour tout ce que j'ai cité, La Théorie des cordes s'est installé pour le long terme dans mon affect, et je vais depuis tous les jours à l'université avec pour mantra "L'eau que je prends n'a jamais été parcourue"!
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