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EAN : 9782330014070
320 pages
Actes Sud (02/01/2013)
3.06/5   9 notes
Résumé :
Cet été-là, en 1939, dans la pension du New Jersey où ils passent leurs vacances, quatre personnages qui tentent d’échapper à un quotidien difficile font l’expérience de l’incomplétude où risquent de naufrager leurs destins respectifs. Billy Recco, dix ans, est passionnément en quête d’un père cependant que sa mère, Marie (née McGrath), jolie trentenaire fraîchement divorcée, souffre de l’existence étouffante à laquelle elle se sent condamnée entre son fils et son p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Aberration de lumière”, un huis clos familial déconcertant
03/02/2013 | 12h01 les Inrocks

"La Bible de Néon" de Terence Davies (1995).
Contemporain de Thomas Pynchon et d'Hubert Selby Jr., Gilbert Sorrentino, mort en 2006, a laissé une oeuvre atypique. En 1980, il publiait ce huis clos familial marqué par la névrose. Déconcertant.
On entre dans ce roman par une photo : le sourire d'un gamin rendu lointain et énigmatique par le contraste jauni du noir et blanc. Ses yeux sont perdus dans un hors-champ dont il incombe au narrateur de dévoiler la splendeur passée :

“On pourrait dire que le garçon est figé dans un moment de bonheur bien que les photographies, parce qu'elle excluent tout à l'exception de la fraction de seconde à laquelle elles sont prises, mentent toujours.”

Ce principe de suspicion, Aberration de lumière va s'employer à l'approfondir le temps d'un huis clos estival. Dans le décor d'une pension du New Jersey, une famille passe l'été. On est en 1939. Un patriarche veuf et autoritaire, sa fille fraîchement divorcée et son petit-fils répartissent leurs journées entre parties de croquet, virées à la rivière et siestes à l'ombre des magnolias-parasols. Mais cette félicité familiale se révèle illusoire du fait de la présence de Tom Thebus, “un Apollon moderne en coutil blanc” entiché de la jeune mère célibataire. Leur brève liaison dévoilera les liens tyranniques et quasi incestueux au coeur de la famille McGrath.

S'il n'était pas préalablement estampillé “postmoderne” (lire encadré), le parti pris narratif de l'écrivain new-yorkais surprendrait. Aberration de lumière alterne ainsi les points de vue de ses quatre personnages, modulant les idiomes et les niveaux de langage. Au coeur de chaque section, les voix évoluent et varient en fonction de divers procédés littéraires : lettres, dialogues de théâtre, rêves, notes de bas de pages constituent d'habiles truchements par lesquels l'être humain est rendu à sa complexité. Ludique et parasitaire (les fausses notes de bas de pages, si on décide de ne pas les ignorer, perturbent joyeusement la lecture), la liberté formelle s'offre comme un fabuleux vecteur d'inconscient.

OEdipe, désir contrarié, refoulement et frustration tirent les fils de l'intrigue. Son plus séduisant procédé consiste en un jeu de questions-réponses, entre l'interrogatoire, le sujet de dissertation et la séance de psychanalyse : “Racontez le souvenir le plus doux et le plus mystérieux de Billy”, “Comment Billy s'est-il mis à loucher ?”, “Présentez un petit graphique verbal qui décrirait Tom Thebus tel qu'il existait dans la tête de Marie”, “Énumérez des fragments littéraires engrangés dans sa tête”, “Marie a-t-elle peur des hommes ?”… La configuration de ce drame familial en expérimentation romanesque n'adoucira en rien la crudité de ses désillusions. Proche également d'un Richard Yates ou de Leonard Michaels (redécouvert avec Sylvia), Gilbert Sorrentino s'attache à la représentation d'une Amérique morose et névrosée au lendemain de la Grande Dépression. le couple et la famille sont les premières cellules atteintes par la tumeur du désenchantement. Sorrentino en est le plus innovant chroniqueur issu de cette génération.

Aberration de lumière (Actes Sud), traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Hoepffner, 320 pages, 22,80 €

par Emily Barnett
le 03 février 2013 à 12h01


Lien : http://www.lesinrocks.com
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critiques presse (2)
Lhumanite
22 avril 2013
L’auteur de Salmigondis s’impose, sept ans après sa disparition, comme une des figures originales de la littérature américaine contemporaine.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Culturebox
08 avril 2013
Paru aux Etats-Unis en 80, "Aberration de lumière" met en scène dans un huis-clos familial des personnages taraudés par leurs désirs, dans une société groggy par la Grande Dépression, qui condamne rudement les transgressions. Sorrentino revisite l'art romanesque en explorant des formes insolites. Ludique.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quelle était la chose la plus effrayante et la plus terrible au sujet de sa grand-mère ?
Son corset. La première fois qu'il le vit sur une chaise dans la chambre de ses grands-parents, il ne savait pas que c'était un vêtement. Cela ressemblait plutôt à un mystérieux objet dont se servait sa grand-mère pour quelque dessein malveillant qu'elle gardait secret. En le voyant pour la troisième ou quatrième fois, il comprit que c'était quelque chose que portait sa grand-mère, dissimulé, pour une étrange raison, sous ses habits. L'immense étendue de tissu blanc, devenu jaunâtre avec le temps, les énormes sangles élastiques avec leur crochets métalliques d'aspect cruel, la rigidité anguleuse qui lui permettait de rester aussi raide sur la chaise - tout cet ensemble de choses lui faisait peur. Qu'elle pût mettre cet horrible objet sur son corps : peut-être était-ce la magie qui la rendait aussi méchante.
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Racontez le souvenir le plus doux et le plus mystérieux de Billy.
Un matin, il se réveilla et comprit à la façon dont le soleil éclairait le store de sa fenêtre que c'était dimanche. Il entendit sa mère et son père rire doucement et sortit de son lit, prit le couloir jusqu'à leur chambre et ouvrit la porte. Sa mère était assise sur le lit, adossée à deux oreillers. Son père était assis au bord du lit en maillot de corps et en short, le visage tourné vers sa mère. Il sautillait sur le lit et Billy remarqua que le lit semblait de travers et proche du sol à une extrémité. Sa mère et son père se tournèrent vers lui quand il entra et sa mère dit : "Ton père a cassé le lit." Et elle se mit alors à rire, une main devant la bouche. Son père, en la menaçant d'un doigt, se leva, saisit Billy dans ses bras et se rassit avec lui sur ses genoux. "Ne crois pas Maman, dit-il. C'est elle qui a cassé le lit !" Et lui aussi se mit à rire. Puis il cria, en faisant semblant d'être en colère ce qui fit pouffer de rire Billy: "Pancakes ! Bacon ! Des litres de café ! Des oeufs ! Des petits pains ! " Sa mère tendit un bras et posa la main sur l'épaule de son père avec une tendresse qui fit frissonner Billy d'un bonheur intense. Il n'y avait, tout compte fait, rien de plus merveilleux et drôle que de casser un lit si vous étiez un père et une mère.
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C'est à peine s'il entend le murmure harmonieux, le soupir des douces hautes herbes du cimetière tandis que descend le crépuscule et que les premières lucioles se lancent dans leurs lentes écritures erratiques dans l'air bleuté. Si on venait à penser à lui, on le verrait sur les marches en pierre ébréchées de l'église en face de la ferme, de l'autre côté de la route, silhouette étrangement élégante dans cet univers de pension estivale résolument inélégant, en tenue de flanelle blanche froissée, avec des chaussures bicolores noir et blanc, lumineux devant le blanc crayeux plus doux du bâtiment en bois. Il tapote avec une canne le bord de la marche sur laquelle il est assis.
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Quels étaient les derniers mots que Bridget avait adressés à John?
"Si tu viens à l'hôpital tous les soirs c'est parce que tu as peur de ce que pourraient dire les voisins, je ne me fais pas d'illusions."
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