"Au fil des jours" est un ouvrage de
Georges Clemenceau qui est une sorte de continuation du "Grand Pan", "Au fil des jours" est une suite d'une soixantaine de nouvelles.
Christophe Soulard nous invite lui, avec ce titre en hommage, à suivre chronologiquement la vie de
Georges Clemenceau.
C'est un ouvrage grand public qui se lit très facilement (aucune recherche en archives ne transpire), c'est une biographie qui essaie de lier ce qui a pu être écrit d'un peu original sur le personnage aux grandes lignes de sa vie. Les notes en bas de pages renvoient à des explications et non à des références.
On tombe du coup parfois sur des anecdotes savoureuses, quoique sans grand intérêt historique, comme cette proposition de loi déposée par G. Clemenceau en 1871 qui propose de rendre la Corse à l'Italie.
Le problème est que l'auteur manque parfois de culture historique pour discerner ce qui fut rumeur à l'époque ou qui fut construit quelques années après, de ce qui est épisode authentique. Ainsi à la page 185 la raison de l'antipathie du Tigre pour le préfet de police de Paris qu'il trouve en 1917 est expliquée par une raison qui ne résiste pas à la connaissance de la vie de Georges Mandel.
De plus une demi-douzaine de pages plus loin l'anecdote rapportée singe l'attitude légendaire de Napoléon enlevant une légion d'honneur pour la mettre à un simple soldat. S'y ajoute une raison complètement fantaisiste pour laquelle le soldat en question aurait fait deux mois de prison, fantaisiste mais en lien avec deux données historiques à savoir que Clemenceau est un élu du Var et que les soldats dits du Midi sont vilanpidés pour leur couardise au début de la guerre par nombre de journalistes (dont d'ailleurs G. Clemenceau est du nombre).
La généalogie de Clemenceau livrée ici (à partir de la fin du XVe siècle) est le fruit de la consultation de l'article "Les Clemenceau et les Couffardières" que François Pilastre a fait paraître en 1994, dans le n° 23 de la revue vendéenne "Au fil du Lay" et peut-être d'écrits de Guy de Raigniac. Une page d'internet reprend le contenu du texte de François Pilastre de façon plus ou moins claire : http://famillesvendeennes.fr/clemenceau.html?site_search_3_input=. On en retiendra, ce que l'auteur n'ose écrire, que la famille de G. Clemenceau est issue de la noblesse de robe. Un des ancêtres de ce dernier passe au protestantisme au milieu du XVIe siècle, la famille choisit un siècle plus tard entre l'émigration en Angleterre et la conversion de surface au catholicisme.
Ce livre a un découpage en quatorze chapitres qui aide vraiment à mémoriser les principales étapes de la vie du personnage. Il ne fait pas totalement dans l'hagiographie, même si l'auteur a tendance à surtout vouloir nuancer les propos de soutien à la Révolution française de son personnage.
Certes G. Clemenceau avait le don de dénigrer mais on peut se demander si cela était toujours à bon escient et si
Georges Clemenceau n'utilisait pas pour cela des modèles-types. En donnant certaines paroles de
Georges Clemenceau dans sa charge contre le ministère
Jules Ferry, l'auteur permet de voir que chez ce personnage l'accusation assez récurrente de "haute trahison" tenait beaucoup de la formule rhétorique : « Ce ne sont pas des ministres que j'ai devant moi, ce sont des accusés de haute trahison sur lesquels (…) la main de la loi ne tardera pas à s'abattre » (page 64). Par ailleurs les adjectifs par lesquels il désignait
Jules Ferry, à savoir "dissimulateur" et "menteur" (page 63) ressemblent beaucoup à ceux que Clemenceau attribuait à Aristide Briand.
Il est bon de rappeler (aux pages 167 et 170) que G. Clemenceau est élu membre de la commission de l'armée au Sénat en février 1915 et qu'il en devient président le 4 novembre de la même année. Ce dernier fait est mis en lien avec les facilités extraordinaires qu'il a en conséquence pour se rendre sur le front avant qu'il ne devienne chef du gouvernement.
Des annexes permettent de se repérer dans la famille proche de G. Clemenceau, les journaux qu'il a créés, les livres qu'il a écrits et de connaître les membres des gouvernements qu'il a dirigé le premier de 1906 à 1909 et le second de novembre 1917 à janvier 1920.
Merci aux éditions du journal "Sud-Ouest" (descendant de la "Petite Gironde", fidèle soutien de Georges Mandel lors des législatives de décembre 1919) d'avoir permis aux lecteurs de Babelio d'en savoir plus sur cet ouvrage dans le cadre de l'opération "masse critique".