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EAN : 9782081348134
256 pages
Flammarion (25/02/2015)
3.17/5   12 notes
Résumé :
« Je me suis levé à 6 heures ce matin pour respirer l’air pur de la montagne. Et tout ce que je ferai aujourd’hui le sera pour la dernière fois. » Ainsi écrit le jeune kamikaze tsuka Akio, avant de s’envoler pour l’ultime mission au large d’Okinawa, le 28 avril 1945. C’est à l’automne 1944, quand la défaite semble inéluctable, que l’état-major japonais recrute les premières « unités spéciales d’attaque » : des bombes humaines lancées contre les cibles américaines, d... >Voir plus
Que lire après KamikazesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
SERENI (Constance) et SOUYRI (Pierre-François), Kamikazes (25 octobre 1944 – 15 août 1945), [Paris], Flammarion, coll. Au fil de l'histoire, 2015, 251 p. [+ 8 p. de pl.]


INCOMPRÉHENSION


Les kamikazes, à l'instar du seppuku (qui leur est éventuellement associé et sans doute bien trop légèrement), font partie de ces emblèmes à forte connotation symbolique qui en sont venus à caractériser le Japon auprès des non-Japonais – presque instinctivement. Ce phénomène étonnant n'a guère tardé à véhiculer des connotations qui lui sont propres ; ainsi, on en fait souvent l'exemple typique du suicide altruiste au sens de Durkheim, qui ne pouvait certes lui-même en avoir conscience en 1897, date de parution de son célèbre ouvrage... de manière plus générale, le mot même de « kamikaze » (que les Japonais n'emploient d'ailleurs pas forcément, ou pas avec le même sens, j'y reviendrai) a intégré le lexique des langues occidentales, y compris voire avant tout le lexique « populaire », disons, et, mine de rien, cela n'arrive pas si souvent. Pour autant, s'il est une chose dont tant le vocable que ses emplois conventionnels témoignent, c'est sans doute d'une incompréhension fondamentale à l'égard de ce phénomène très ponctuel mais qui a durablement marqué les esprits.


Finalement, il ne s'agit pas forcément tant d'une question factuelle (même si c'est bien sûr la base de toute autre interrogation) que d'une question de représentations. Et c'est peut-être là que se situe le problème, car les représentations sont fluctuantes – et même plus que cela, dans le cas présent : de part et d'autre du Pacifique, « kamikaze », même à s'en tenir à la référence la plus précise aux événements de 1944-1945, ne signifie au fond pas du tout la même chose… À cet égard, l'incompréhension est peut-être, d'une certaine manière, renforcée, propice aux jugements de valeur parfaitement arbitraires et détachés des faits comme de leur interprétation raisonnée (même si jamais totalement assurée).


Bien sûr, il y a une part essentielle de fascination dans toute étude de ce phénomène hors-normes – une fascination morbide, une fascination néanmoins ; et je n'y échappe certainement pas, bien au contraire : je plaide coupable. Mais, cette fois, c'est sans doute dans l'ordre des choses – car les kamikazes, dans leur dimension symbolique, ont sans doute été appréhendés, et même conçus, dès le départ, comme un récit médiatique saisissant, qu'on le considère avant tout poignant, inspirant ou terrifiant ; en fait, toutes ces dimensions, et d'autres encore, doivent probablement être associées : les kamikazes n'ont rien d'unilatéral, même s'il serait tentant de s'en tenir là...


D'où, me concernant, la lecture de cet ouvrage, assez bref, très abordable, tout à fait sérieux néanmoins (ne pas se fier à l'accroche un peu putassière en couverture – et le nom de Pierre-François Souyri, régulièrement croisé ici ou là, si je n'en ai lu pour l'heure que son excellente Histoire du Japon médiéval : le monde à l'envers, m'inspirait confiance). Ce fut aussi l'occasion de prolonger avec un exemple très concret, et par ailleurs ponctuel, d'autres lectures éventuellement liées, comme La Mort volontaire au Japon, de Maurice Pinguet, ou Morts pour l'empereur : la question du Yasukuni, de Takahashi Tetsuya – deux ouvrages cités dans la bibliographie, d'ailleurs et sans vraie surprise.


QUESTIONS DE TERMINOLOGIE


En fait, un problème se pose d'emblée, concernant le simple vocabulaire utilisé. En français, et dans beaucoup d'autres langues en dehors du Japon, nous parlons donc de « kamikazes » ; la signification de ce vocable découle des deux mots (et idéogrammes, ou kanji) japonais ainsi associés, kami qui désigne, pour faire simple, les esprits ou les dieux, et kaze, qui signifie le vent.


Donc, « kamikaze » signifie « vent divin » ; et, très concrètement, cela renvoie à une anecdote historique, portant sur les deux tentatives d'invasion du Japon par les Mongols à la fin du XIIIe siècle – deux échecs où, selon la légende, la météo eut sa part, puisque des typhons ont balayé à chaque fois la flotte des envahisseurs : à proprement parler, c'est donc ceci qui est le « vent divin » – comme une confirmation éloquente de ce que le Japon est « le pays des dieux », et que les dieux ne manqueront pas de venir à son secours en cas de tentative d'invasion étrangère (rappelons que le Japon n'a jamais été envahi avant 1945). Il ne s'agit pas cependant de se reposer sur ce mythe : « Aide-toi, le ciel t'aidera », dit-on par ici, et finalement il y a de cette idée au Japon également – car les combats acharnés des samouraïs du XIIIe siècle ont eu leur part essentielle dans la défaite des Mongols : il n'y avait pas « que » le « vent divin »… le lien avec la situation du Japon en 1944-1945 se fait donc tout naturellement, à ces différents niveaux.


Les Japonais utilisent le mot kamikaze, écrit ainsi : 神風 ; et on retrouve bien sûr le lien avec l'anecdote du « vent divin ». En fait, c'est surtout la presse (à laquelle il faut adjoindre la propagande cinématographique, actualités ou films de « fiction ») qui, à l'époque, avait employé ce terme, et avec cette prononciation, c'est-à-dire la lecture kun, ou proprement japonaise ; or l'armée lisait plus souvent les mêmes kanji avec la lecture on, ou « sino-japonaise », soit shinpû ; le sens global reste peu ou prou le même, mais il s'accompagne en même temps de connotations différentes – de manière générale, la lecture on est souvent perçue comme plus « sophistiquée » (élégante, cultivée, etc.) que la lecture kun, mais il semblerait aussi qu'on ait trouvé en l'espèce cette prononciation plus « martiale ». D'emblée, donc, le terme « kamikaze » existe, mais sans être le terme courant.


D'autant qu'il s'agit d'une sorte de licence poétique… le terme officiel pour désigner ce que nous nommons « kamikazes » n'a en fait rien à voir, et est autrement prosaïque : on parle de tokubetsu kôgekitai (特別攻撃隊), souvent abrégé en tokkôtai (特攻隊), ce qui signifie « unités d'attaque spéciales ». Encore aujourd'hui, c'est le terme employé par les Japonais – qui ne recourent guère à kamikaze ou shinpû, si ce n'est pas totalement inenvisageable. Et on pèse ici le poids des connotations.


D'autant qu'un dernier aspect doit sans doute être mentionné – et qui est l'emploi contemporain du mot « kamikaze » par les Occidentaux, etc. Dans nos médias, il n'y a rien que de très normal et parfaitement logique à qualifier de « kamikaze » tel terroriste islamiste qui se fait sauter au milieu de la foule, a fortiori tel autre qui use d'un avion comme d'une arme en se précipitant sur le World Trade Center. Pour les Japonais, cependant, pareille assimilation ne coule pas du tout de source, et les laisse souvent perplexe, semble-t-il – et au mieux ? Car cela pourrait même aller au-delà – jusqu'à l'affect, le sentiment le plus intime… Les kamikazes, ou plutôt les tokkôtai, représentent pour eux une réalité précise, concrète – et terrible ; étendre le vocable à d'autres actions, finalement bien différentes au-delà des similitudes apparentes, ne fait pas vraiment sens.

LE CONTEXTE


Le contexte de l'apparition des kamikazes est donc crucial, tout particulièrement aux yeux des Japonais. le sous-titre de l'ouvrage en donne les dates précises : les premières attaques kamikazes ont lieu le 25 octobre 1944, lors de la bataille des Philippines (mais il faudra certes revenir un peu en arrière), et le phénomène se poursuit jusqu'au 15 août 1945, date de la reddition du Japon (ou en tout cas, du discours de l'empereur l'annonçant). Moins d'un an, donc – mais bien assez pour que le phénomène se développe et marque à jamais les mentalités, au Japon et au-delà.


Une guerre perdue d'avance


Je ne vais pas rentrer dans le détail des circonstances de la guerre du Pacifique (que j'ai pu évoquer dans d'autres chroniques, comme Morts pour l'empereur : la question du Yasukuni, de Takahashi Tetsuya, Histoire politique du Japon de 1853 à nos jours, d'Eddy Dufourmont, ou le Japon contemporain, de Michel Vié ; peut-être faut-il aussi mentionner, dans une optique un peu différente, car directement liée à la guerre et aux intérêts américains, Histoire du Japon et des Japonais, d'Edwin O. Reischauer, et le Chrysanthème et le sabre, de Ruth Benedict).


Retenons cependant cet aspect essentiel : c'était une guerre perdue d'avance. le plus fou dans tout cela est que l'état-major japonais en était parfaitement conscient – l'amiral Yamamoto, probablement le plus grand stratège nippon d'alors, l'avait signifié à maintes reprises, et d'autres comme lui. Il y avait plusieurs raisons à cela, mais la principale était probablement d'ordre économique : le Japon manquait de ressources, et, à terme, sa production industrielle ou même sa simple mobilité (en termes de carburant, etc.) ne pouvaient qu'en être affectées. Face au Japon, les États-Unis – et leur puissance économique tout autre.


Le seul espoir, très mince, de l'emporter face aux Américains impliquait d'avancer vite, très vite : au moment T, le Japon dispose d'une meilleure flotte (avec des vaisseaux monstrueux dont le célèbre Yamato, brillant symbole de la supériorité de la marine impériale et outil de propagande de choix ; sa perte n'en sera que plus traumatisante), supérieure en nombre (d'autant que la flotte américaine se partage bien sûr entre le Pacifique et l'Atlantique) et d'une technologie remarquable ; de même, il peut compter sur d'excellents avions (notamment les fameux Zéros), bien meilleurs que ceux des Américains alors, ou de tout autre nation à vrai dire, et dont les pilotes sont probablement les mieux formés de par le monde entier. Puisque les militaires ayant accaparé le pouvoir au cours des années 1930, contre toute raison, et, pour certains d'entre eux, absurdement confiants en la supériorité intrinsèque de « l'esprit » japonais, à même de surmonter toute difficulté, comptent bien s'engager dans cette aventure au mieux hasardeuse, pas le choix : il faut profiter immédiatement de ces atouts – d'où l'assaut sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, destiné à porter d'emblée un coup fatal aux États-Unis (qui s'en remettront toutefois très vite), et une conquête accélérée de ce que les Japonais appelleront la « Sphère de Coprospérité de la Grande Asie Orientale ». Très vite, la quasi-totalité des possessions coloniales européennes dans la région tombent entre les mains des Japonais (qui en avaient déjà annexé quelques-unes auparavant, dont l'Indochine française en 1940), et les Alliés sont contraints de reculer partout. L'avancée fulgurante des troupes japonaises donne alors l'impression d'être irrépressible…


Mais, à partir de la bataille de Midway (début juin 1942 ; à peine six mois après Pearl Harbor, donc !), l'armée japonaise cesse d'avancer… et, bientôt, elle recule. Les prévisions de Yamamoto (et de bien d'autres) commencent à se vérifier, et nombreux sont ceux qui conçoivent d'ores et déjà que la guerre est perdue – elle durera pourtant encore trois ans !


Fait crucial : l'économie américaine permet de produire en masse des bateaux ainsi que des avions qui, non contents de rattraper le retard technologique initial sur le Japon, le dépassent bien vite – l'enfoncent, même ; et, en termes quantitatifs, c'est encore plus saisissant. L'économie japonaise ne peut tout simplement pas suivre : elle ne dispose pas des ressources suffisantes pour ce faire. Les navires et avions que les Japonais produisent de leur côté sont toujours moins performants, moins fiables (au point où de nombreux avions trop hâtivement conçus présentent le risque de se désintégrer en vol !) et de toute façon pas assez nombreux… Et il en va à vrai dire de même de leurs soldats – toujours plus jeunes, toujours moins bien formés ; et tout particulièrement les pilotes, en fait, en contraste flagrant avec la situation au début de la décennie.


Effrayer pour négocier


Bien sûr, les dirigeants de l'armée nippone ne sauraient tenir ce discours à leur propre peuple, civils ou militaires. Jusqu'aux derniers jours du conflit, alors même que la réalité de leur situation se fait de plus en plus palpable, ils continuent de prétendre que la victoire est inéluctable, voire proche – et sont relayés par une propagande médiatique tout aussi confiante. Pourtant, des revers sont notables, qui ne peuvent pas totalement échapper aux Japonais… Mais ils sont systématiquement présentés comme ayant été « prévus » : en fait, ces prétendus revers font pleinement partie du plan qui assurera la victoire du Japon ! Ne serait-ce qu'envisager la possibilité de la défaite est hors de question : la supériorité de « l'esprit » japonais ne le tolère pas.


Mais, sur le terrain, la réalité est tout autre. Les officiers savent, sans doute, et très vite, que la défaite du Japon est inévitable. Dès lors, la tâche de l'armée évolue : il ne s'agit plus de vaincre, mais de résister suffisamment pour imposer aux Américains de négocier la « meilleure » paix possible. La stratégie globale connaît dès lors des errances significatives (et à terme dramatiques, même sans évoquer pour l'heure la question des kamikazes : l'armée japonaise abandonne littéralement des dizaines, voire des centaines de milliers de ses soldats, à charge pour eux de mener avec leurs propres moyens une longue guerre de guérilla...).


Mais même l'opération Shô (« Victoire »), dans les Philippines, en octobre 1944, tient pour une bonne part de la tentative de bluff : il s'agit de leurrer les Américains quant aux troupes et aux moyens dont le Japon dispose encore… ceci, afin de leur faire peur – et donc, car c'est bien le propos, de leur faire entendre que la victoire, même inéluctable, leur coûtera très, très cher. Mieux vaut donc pour eux négocier au plus tôt, et en des termes relativement favorables au Japon – lequel n'est plus en mesure d'espérer davantage.


C'est justement alors qu'ont lieu les premières frappes kamikazes, à partir donc du 25 octobre 1944. Et c'est tout sauf une arme secrète : son pouvoir de dissuasion tient pour une part essentielle à la parfaite connaissance de l'ennemi quant à ce dont il s'agit ! Efficacité matérielle de la stratégie mise à part (j'y reviendrai), l'effet est d'une certaine manière atteint : les Américains développent une véritable psychose des attaques suicides… Mais peut-être l'effet souhaité par les Japonais va-t-il en fait un peu trop loin ? le « fanatisme » que les Américains croient déceler chez les kamikazes pèsera sans doute d'un certain poids, quitte à ce que ce soit en guise de prétexte, dans la décision d'employer la bombe atomique à Hiroshima et Nagasaki – car, face au « mythe » savamment entretenu des « cent millions de Japonais » prêts à combattre pour leur patrie et leur empereur jusqu'à la mort, à l'instar de ces glorieux pilotes des missions suicides, se développe alors chez les Américains un « mythe » parallèle, celui des « 100 000 vies américaines » que le champignon nucléaire doit permettre d'épargner...


Le suicide d'une nation


Les kamikazes, par une cruelle ironie de l'histoire, sont finalement un symptôme plus qu'éloquent d'une nation aux abois, que les militaires et autres dévots ultranationalistes poussent littéralement au suicide.


La stratégie kamikaze, telle qu'elle a été conçue et mise en place par l'amiral Ônishi Takijirô, aussi horrible qu'elle soit, ne pouvait être dans son esprit qu'une solution ponctuelle, temporaire – ce qui faisait partie du coup de bluff plus global de l'opération Shô. Mais, en quelques semaines, au plus quelques mois (mais rappelons que moins d'un an s'écoulera entre le premier assaut kamikaze et la reddition du Japon), cette stratégie ponctuelle tend toujours un peu plus à devenir structurelle – à définir en fait une stratégie globale, systématique, de l'armée et de la marine impériales. Les kamikazes devaient être une exception, des troupes « spéciales » à proprement parler, mais l'éthique militaire japonaise en étend sans cesse la portée et le champ d'application.


L'exaltation des kamikazes par la propagande joue tout d'abord du mode héroïque – les kamikazes sont littéralement déjà des kami, et, selon la formule devenue rituelle, ils se retrouveront tous au Yasukuni. Mais, progressivement, cette représentation tend à s'effacer au profit d'une autre, qui en fait, d'une certaine manière, « des Japonais comme les autres ». Dès lors, tous les Japonais peuvent connaître leur gloire – les « cent millions de Japonais » seront autant de « joyaux brisés » en leur temps, autant de « boucliers de l'empereur », autant, enfin, de fleurs de cerisier : le symbole parfait de l'âme japonaise, la beauté d'autant plus saisissante qu'elle est très fugace – et se réalise pleinement dans la mort.


Les militaires endoctrinés (en même temps que responsables de cet endoctrinement massif) prônent bel et bien le suicide de la nation entière. Les Japonais ne se rendent pas – seuls les lâches se rendent, c'est indigne des soldats de l'empereur. Les Japonais se battront donc jusqu'au bout – jusqu'à la mort.


La propagande met en avant une culture tragique et souvent morbide du Japon ancien ; qu'elle déforme forcément au prix de nombreuses simplifications d'ordre rhétorique… Il n'y a pas d'atavisme suicidaire au Japon. Mais on pioche bel et bien nombre d'anecdotes édifiantes dans les siècles passés, éventuellement dans le Dit des Heiké, etc., tandis que le Hagakure et d'autres oeuvres du genre fournissent l'arrière-plan philosophique de l'entreprise : les « études nationales » ont le vent en poupe, qui reviennent, avec l'intellectuel d'Edo Motoori Norinaga, inspiration essentielle, sur la culture autochtone millénaire du Japon (un exemple éloquent, ici : le nom des quatre premières escadrilles kamikazes, choisi par Ônishi Takijirô lui-même, figure dans un unique po
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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critiques presse (1)
Lexpress
02 mars 2015
Les jeunes Japonais embrigadés qui jetaient leur avion contre des navires américains n'étaient pas tous dupes de la propagande impériale. Deux historiens apportent un éclairage nouveau sur les "bombes humaines".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Kuwahara Yasui, pilote kamikaze, raconte une scène évocatrice qui a lieu en janvier 1945. Le capitaine réunit ses hommes pour leur proposer de participer à des missions sans retour.

- Ceux d'entre vous qui ne veulent pas donner leur vie pour notre empire du Grand Japon n'y seront pas forcés. Qu'ils lèvent la main, ceux qui ne se sentent pas capables d'accepter cet honneur... Maintenant...

On n'entend plus que le bruit de la pluie... L'atmosphère parait étouffante : il me semble que la mort nous dévisage l'un après l'autre, avec ironie. Puis hésitante, timide, se lève une main. Une autre suit, puis une autre... Cinq, six en tout...

Ah, c'est ainsi ! Le capitaine Tsubaki fixe les hommes qui ont levé la main. Nous savons donc exactement ce que valez, continue-t-il. Voici six hommes qui reconnaissent ouvertement leur manque de loyauté, en se retournant vers ceux qui n'ont pas fait un geste. Six hommes qui manquent complètement d'honneur, de courage. Eh bien, puisqu'il en est ainsi, ils feront partie du premier groupe d'attaque des kamikazes.
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"Monsieur le journaliste, le Japon est foutu s'il fait tuer des pilotes d'élite comme moi. Je suis parfaitement capable d'envoyer une 50 (une bombe de 500 kg) et non de 250 comme prévu sur le pont d'envol d'un porte-avions sans avoir à m'écraser dessus ! Je n'y vais pas pour l'Empereur, ni pour l'Empire du Japon. Moi, j'y vais pour celle que j'aime le plus au monde, pour ma femme. Je n'y peut rien, ce sont les ordres. Si le Japon perd, ma femme risque de se faire violer par les Amerloques. C'est pour la protéger que je vais mourir. Mourir pour sa bien-aimée... Alors ce n'est pas superbe ça ?"
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Presque tous les idéogrammes chinois peuvent être lus en langue japonaise de deux manières au moins: la manière sino-japonaise ("à la chinoise") et la manière proprement japonaise. Shinpu est composé de deux idéogrammes, shin pour dieux, divinités et pu ou fu pour vent. Shin peut aussi se prononcer kami et pu ou fu peut se prononcer kaze. Cette double lecture peut parfois correspondre à un niveau de langage plus recherché, le sino-japonais étant plus abstrait que le japonais. Shinpü est donc la lecture sino-japonaise plus littéraire de kamikaze.
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Pourtant personne au Japon n'évoque des kamikazes en référence aux attentats du 11 septembre ou à ceux du Moyen-Orient. L'expression consacrée en japonais est jibaku et renvoie à l'idée de se faire "exploser soi-même". On ne peut ici évoquer une quelconque particularité japonaise car, en coréen ou en chinois, c'est la même expression qui est utilisée.
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sur l'ensemble des campagnes auxquelles ont participé les kamikazes, le taux d'appareils ayant provoqué des dégâts est de 14,3 %. On est donc loin des calculs de l'état-major japonais, qui espérait que chaque appareil pourrait couler un navire important.
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Vidéo de Pierre-François Souyri
Rencontre avec Pierre-François Souyri autour de Nouvelle histoire du Japon aux éditions Perrin et de le Japon chez Belin éditeur.


Pierre-François Souyri, après avoir enseigné à l'Inalco puis dirigé la Maison franco japonaise de Tokyo, est professeur à l'Université de Genève où il enseigne l'histoire du Japon. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire japonaise dont Nouvelle Histoire du Japon (Perrin, 2010), Histoire du Japon médiéval, le monde à l'envers (Perrin, 2013), Kamikazes (avec Constance Sereni) (Flammarion, 2015), et plus récemment Moderne sans être occidental, Aux origines du Japon d'aujourd'hui (Gallimard 2016).
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16/01/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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