1921 Londres, Laurence Bertram, ancien soldat de la Grande Guerre, veuf, vit paisiblement mais en dehors du monde, quand il reçoit une lettre de Mary Emmett, la soeur d'un de ses amis -John-. Mary lui apprend le suicide de John mais aussi ses doutes sur cette mort et lui demande d'enquêter. Dans les papiers de John, Laurence trouve une photo représentant des soldats, prise en France pendant la guerre. Cette photo va l'amener à déterrer une histoire sordide, cachée aux familles concernées. de plus, il apprend peu à peu que les hommes sur la photo sont tous morts, assassinés par un mystérieux inconnu. Aidé par son ami Charles, au risque de sa vie, Laurence poursuit son enquête.
L'enquête en elle-même est correcte et se lit agréablement mais ce qui est intéressant c'est l'époque choisie -l'après-guerre- la description d'une société endeuillée par la guerre, la souffrance des soldats revenus vivants mais traumatisés et le silence de l'armée sur les Fusillés pour l'exemple. Entre 1914 et 1918, à peu près 300 soldats et seulement trois officiers du Royaume-Uni ont été passés par les armes pour « désertion » ou « abandon de poste ». C'est l'histoire d'un de ces officiers qui est raconté dans ce roman, l'histoire d'un jeune homme traumatisé par les bombardements, les morts, le désespoir, qui s'est éloigné du front quelques heures. A son retour, on l'a arrêté, jugé, condamné à mort et exécuté dès le lendemain du jugement sans chercher à comprendre son égarement. Une mort injuste au même titre que celle de ces millions de soldats partis « la fleur au fusil » combattre et mourir dans des tranchées boueuses.
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Challenge Entre-deux 2024
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L'après Première guerre mondiale est une période que j'aime découvrir en littérature, car souvent riche de thèmes intéressants.
Ce livre est apparu dans mes recommandations sur Babelio et le résumé a de suite attisé ma curiosité.
En 1921, Laurence Bartram reçoit une lettre de la soeur d'un ancien camarade de classe. Faisant appel à l'amitié qui a liée les deux hommes dans leur jeunesse, elle demande à Laurence de lui parler de son frère, qui s'est suicidé 6 mois plus tôt. Ayant tous deux traversés les horreurs de la guerre en France, bien que dans des unités différentes, elle espère mieux comprendre le geste de son frère. Réticent au départ, Laurence accepte de rencontrer Mary Emmett. Très vite les circonstances de la mort de John Emmett lui semble parsemées de zones d'ombre et indubitablement liées à un événement qui s'est produit sur le front.
Un roman construit comme une enquête qui dès les premières pages nous plonge dans l'intrigue. On découvre comment les histoires personnelles se trouvent projetées, parfois avec violence, dans la Grande Histoire. L'atmosphère de ces années après-guerre est très bien rendue par l'auteur qui mélange à la fois désir de vivre et blessures du passé impossibles à oublier.
Une lecture que j'ai donc vraiment beaucoup aimée.
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J'avoue qu'emprunter par hasard et/ou pousser par la curiosité de romans dont je ne connaissais pas l'auteur me porte chance, et, me réserve d'agréables surprises.
Ce titre fait partie du lot.
Sous couvert d'une banale enquête afin de connaître les raisons qui ont poussé le capitaine Emmett à se donner la mort, oblige Laurence Bertram à effectuer un retour en arrière dans son propre passé ainsi que dans celui du capitaine Emmett.
C'est l'occasion pour l'auteur de décrire les horreurs, les atrocités qui ont jalonné les quatre années qu'ont duré la Grande Guerre, et, dont les rescapés ne ressortiront pas indemne sur le plan physique, mais, surtout sur le plan psychologique.
C'est aussi l'histoire d'une vengeance de la part d'un père à la suite de l'exécution sommaire après avoir été accusé à tort par l'armée.
Les soldats ayant participé, à leur corps défendant, à cette exécution en resteront, à jamais marqué, que se soit pendant les derniers mois de la guerre, mais plus particulièrement dans les jours et les mois qui ont suivi leur démobilisation.
Un roman, à la fois, triste, poignant, mais tellement vrai, centré autour de quelques soldats survivants. Ces derniers resteront à jamais traumatisé par ce qu'ils ont vécu dans les tranchés tout en se considérant comme des lâches parce qu'ils n'ont pas agi et/ou rebellé lors de l'exécution d'un officier (peut être par peur ???).
Le tout est écrit dans un style simple, avec des mots justes afin d'évoquer la boucherie qu'a été la Guerre de 14/18.
Ce roman mérite d'être lu, et, surtout d'être connu.
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En Angleterre, en 1921, trois ans après la fin de la Grande Guerre, Laurance Bartram, un ancien officier revenu du front français, est contacté par Mary Emmett, son amour de jeunesse.
Son frère, le capitaine John Emmett, vient de se suicider. Elle ne comprend pas son geste et n'arrive pas à vivre avec cette blessure. John était certes très perturbé depuis son retour du front mais il allait mieux, et aucun indice ne laissait supposer qu'il allait mettre fin à ses jours. Elle demande à Laurance, ami de John, de l'aider dans sa quête de vérité.
Laurance accepte et mène l'enquête avec l'aide de Charles, un dandy un peu excentrique, féru de littérature policière et dont le réseau social va permettre de trouver de nombreux indices et avancer dans ce mystérieux voyage.
Laurance découvre alors un passé peu glorieux pour l'armée britannique, auquel John Emmett a participé malgré lui : l'exécution de leurs propres soldats sous prétexte de désertion ou de trahison. En effet, il découvre la participation de John à l'exécution d'un très jeune officier accusé de désertion.
A partir d'une photographie prise le jour de l'exécution et l'aide de Charles, Laurance remonte petit à petit le fil du temps et essaie de répondre à de nombreuses questions en interrogeant toutes les personnes mêlées, de près ou de loin, à la vie de John : qui est cette femme rousse aperçue à plusieurs reprises auprès de John ? Pourquoi a-t-il couché sur son testament trois personnes avec qui il n'a, a priori, aucun lien ? Qu'elle était sa relation avec le jeune officier poète exécuté ? Pourquoi tous les anciens camarades de John meurent-ils dans des circonstances suspectes ? Etc.
Mais Laurance doit aussi vivre et se battre avec ses propres démons : les horreurs de la guerre des tranchées et le décès de sa femme et de son bébé.... mais aussi l'amour qu'il ressent pour Mary.
Les personnages se dévoilent au fil des pages et il faudra attendre les dernières pour que tout se recoupe enfin et que la vérité sur la mort de John voit le jour.
Malgré un début un peu long, j'ai trouvé ce roman bouleversant sans glisser ni dans le pathos ni dans le mélodramatique. L'auteur décrit bien l'atmosphère de l'époque. Nous rencontrons beaucoup de personnages complexes et attachants, tous meurtris par les atrocités de cette Guerre. Elle dénonce des comportements humains qui auraient été fortement condamnés en d'autres circonstances (viol, exécution aléatoire, etc.), la violence des tranchées, et tous ces soldats revenus du front traumatisés à jamais.
La violence est décrite avec élégance, pas de descriptions gores ou sanguinolentes. L'écriture est fine, évocatrice voire poétique nous laissant un sentiment de gâchis, de tristesse ou de rancoeur vis à vis de cette Guerre.
C'est aussi beaucoup d'émotions et de ressentis contradictoires envers les personnages et les situations, impossible dès lors de juger ou de condamner... amène à réfléchir sur les circonstances, le contexte, l'état d'esprit des soldats dans cette horreur quotidienne, cette perte de repère, et souvent leur très jeune âge.
L'Amour (avec un grand A) est toutefois très présent dans ce roman ce qui laisse une note d'espoir quant à l'avenir de l'Homme (avec un grand H)....
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Dans les années qui suivraient, lorsque Laurence Bartram regarderait en arrière, il penserait que l'évènement qui avait vraiment tout changé n'était ni la guerre, ni l'offensive de Rosières, ni même la perte de sa femme, mais le retour de John Emmett dans sa vie.
That night was the first bad one for a while. The banshee scream of shells. The distant crump of other men's catastrophes. The stink of burning and sweat, and all the time his heart pounding. He placed his hand on his chest to steady himself but his heart pulsed loudly through the dream.
Interview d'Elizabeth Speller (en anglais)