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Si le premier tome était déjà éprouvant à lire, il m'aura fallu m'arrêter à plusieurs reprises pour lire et terminer celui-ci car c'est dans ce dernier que la souricière se referme et que le lecteur est saisi au plus fort de l'angoisse. Certes, l'on pourrait croire que l'holocauste raconté avec des chats (pour les nazis) et des souris (pour les juifs) serait plus difficile à digérer mais il n'en est rien. Je dirai même su c'est pire tant les dessins, à demi-montrés, sont pire que tout car ils réveillent chez le lecteur une profonde angoisse, la vraie, celle de l'horreur et de l'innommable, ce qu'il ne faut pas montrer et ce don tout le monde a pourtant entendu maintes et maintes fois et pourtant..., il faut encore en parler !

Dans ce deuxième tome, le lecteur, au travers du récit de Vladek Spiegelman a son fils, découvre, en même temps que ce dernier, les souvenirs d'Auschwitz, de Birkenau et de Dachau...Il découvre les conditions abominables des camps de concentration comme jamais cela n'avait été narré et dessiné auparavant et se (re) plonge dans une page de notre Histoire avec un grand H mais ici dans celle de l'histoire avec un h minuscule pour raconter la vie d'un homme, un survivant parmi tant d'autres qui se doit de continuer à vivre avec cela, ou devrais-je dire à continuer de survivre !

Un deuxième tome vraiment à la hauteur du premier et Art Spiegelman nous emmène avec lui aux confins de l'horreur pour un dernier voyage, pour son père, qui cette fois, sera sans retour...A découvrir ! Attention, âmes sensibles, s'abstenir !
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Art Spiegelman aura beau crier sur tous les toits qu'il ne fait pas des bandes dessinées mais des « romans graphiques », aka les bandes dessinées pour les snobs qui trouvent que les bandes dessinées sont trop populaires et pas assez élitistes pour leurs palais de gourmets, ses oeuvres appartiennent bel et bien à l'art séquentiel ^^
Dans les années 1980 l'auteur mêle au récit de son père Vladek qui tient autant de la biographie que du témoignage son propre récit qui tient à la fois de l'autobiographie et de l'autofiction vu qu'il n'hésite pas à repousser le 4e mur en interrogeant les lecteurs sur la manière dont il a réalisé son oeuvre et sur la manière dont il agit et interagit avec son père qui il faut bien l'avouer n'est pas facile à vivre... Il réalise ainsi l'histoire d'un survivant de la Shoah entrecoupée de tranches de vie centrées sur une difficile relation entre un père et un fils laissés en vis-à-vis par le suicide en mai 1968 d'Anja épouse de l'un et mère de l'autre et elle aussi survivante de la Shoah. Avec un tel matériel de base, difficile d'en tirer un récit qui ne soit pas poignant ! (et qui pour des raisons que la raison ignore, à moins qu'il ne s'agisse d'un humanisme universel qui soit commun aux deux oeuvres, j'ai eu les mêmes émotions qu'avec le film de Jean Renoir intitulé "La Grande Illusion")

Dans la 2e partie intitulée "Et c'est là que mes ennuis ont commencé", Art Spiegel man repousse plus que jamais le 4e mur en parlant de la réalisation du « graphic novel » que nous lisons, de lui-même, de son père et de sa conflictuelle relation avec lui. Bref Vladek et Mala se sont séparés : le vieil avare ne s'inquiète que des pertes financières potentielles mais simule un infarctus pour que son fils Artie et sa femme Françoise viennent s'occuper de lui dans sa résidence secondaire des Catskills (car il se pose comme un miséreux mais possède des centaines de milliers de dollars et plusieurs propriétés). Autant le Vladek du passé est touchant, autant le Vladek du présent est imbuvable car il est radin ou point d'en être voleur et ce n'est absolument pas le racisme qui l'étouffe... Durant la WWII Vladek et Anja sont déportés au camp de concentration / d'extermination d'Auschwitz-Birkenau*, et on nous présente un enfer sur terre ou des crevards sadiques et cruels délèguent les tâches ingrates aux Kapos tout en exploitant les Kombinators. Dans cet enfer tout le monde ne succombe à la crevardise consubstantielle au suprématisme à la con cultivé par les élites à la con, mais les bonnes âmes font long feu dans des cet univers artificiel qui fait tout pour que l'homme soit un loup pour l'homme. Tant que tu es utile à la machine économique nazie tu restes en vie, et au moment même où tu n'es plus utile à la machine économique nazie ton arrête de mort est signé (c'est la gestion des ressources humaines à la Jack Welch, übermanager de General Electrics adulé par les ploutocrates du monde entier et haï par les peuples du monde entier comme feue cette sorcière de Margaret Thatcher)... Vladek est malin et s'arrange avec les uns et avec les autres pour échapper aux Selektion, y compris celles du tristement célèbres Docteur Joseph Mengele (vous savez le monstre à visage humain qui put s'enfuir à l'étranger et vivre tranquillement en Argentine jusqu'en 1979 malgré tous ses crimes innommables qu'il a commis grâce à la complicité éhontée de qui vous savez), et après un passage en quarantaine devient zingueur et cordonnier avant de travailler comme Sonderkommando, et durant tout ce temps se débrouille pour qu'Anja tienne le coup... Nous voyons ainsi l'humanité à travers un kaléidoscope pour en voir le meilleur comme le pire, mais force est de constater qu'on s'attarde sur les salopards pour on fait semblant d'aider les victimes du nazisme pour mieux les enfoncer et toucher leurs 30 deniers (on retrouve tous ces gens mal-attentionnés dans le grands bureaux où ils touchent leurs chèques en échange de de leur trahison envers l'humanité : c'est des raclures de bidet qu'il faudrait neutraliser, mais qui aujourd'hui sont promus à niveau plus élevé par la compétitivité de mes couilles).
Le IIIe Reich se fait rattraper par la contre-attaque soviétique donc rapatrie ses prisonniers en Allemagne avant que ses boucs-émissaires ne soient libérés par l'Armée Rouge : nous assistons ainsi à un road-movie survivaliste ou les derniers nazis baladent les derniers prisonniers d'un endroit à un autre avant que ne soit proclamé l'armistice du 8 mais 1945 à Reims. Mais le calvaire continue pour Vladek et son camarade Shivek qui ère dans l'Allemagne aux lendemain de la guerre : les gens sont tous aussi racistes et antisémites qu'auparavant, n'hésitant pas à vendre leur prochain pour une bouchée de pain, et mêmes si la haine et la violence ne sont plus de mise les soldats américains ne se comportement pas nécessairement de meilleure manière que les soldats allemands... Vladek insiste sur sa relance Kombinator style en Suède avant son immigration aux États-Unis au contraire de ses amis qui on choisi l'exode vers Israël (mais ceci est une autre histoire), du coup ses retrouvailles avec Anja sont traitées en dernière page juste avant la mise en scène laconique de son décès : là encore je m'interroge sur le message que l'auteur a voulu faire passer...


Les prescripteurs d'opinions présentent tous "Maus" comme un chef-d'oeuvre voire le seul chef-d'oeuvre de la bande dessinée (qui pour information a été auto-édité pour pouvoir être publié). Mais moi je me superméfie du monde de l'entre-soi ou une oeuvre est encensée par les médias prestitués parce qu'elle reconnue et étudiée par l'université et qu'elle est reconnue et étudiée par l'université parce qu'elle est encensée par les médias prestitués (et on voit bien que certains ont la carte ou n'ont pas la carte en fonction de leur statut social, culturel et intellectuel : suivez mon regard)...
- les graphismes sont simples voire basiques, or l'auteur est capable de graphismes autrement plus détaillés sinon autrement plus stylés... C'est donc un choix assumé que de dessiner dans les années 1980 comme dans les strips comics de l'entre-deux-guerre, mais dans mon souvenir "Tintin au pays des soviets" était mieux réussi... du coup il s'échine à donner de l'expression à ses souris alors que le style graphique choisi ne se prête absolument pas à l'expression des sentiments...
- le choix de l'anthropomorphie est-il pertinent ? Si c'est une mise à distance par rapport au sujet, est-elle pour les lecteurs ou pour l'auteur ? La tradition est riche dans la culture anglo-saxonne depuis Rudyard Kipling et Walt Disney n'a fait que s'inscrire dans cette tradition qui a acquis ses lettres de noblesse avec "Watership Down" de Richard George Adams. Les Allemands sont tous des chats qui aiment jouer avec leurs proies avant de les tuer, les Juifs sont tous des souris qui se cachent et s'enfuient... Mouais c'est quand même sacrément manichéen, et puis avec Polonais = cochons, Français = grenouilles, Anglais = poissons, Américains = chiens, Suédois = rennes, et Tziganes = papillons on est au royaume des clichés. Alors on a quelques jeux d'identité avec Françoise Mouly qui passe de grenouille à souris en se convertissant au judaïsme, le Juif allemand qui passe de chat à souris, ou le fait qu'il suffit de porter un masque de cochon pour que pour le monde vous prenne pour un Polonais... Si j'étais vachard je dirais qu'une telle simplification correspond ou à la vision communautariste des Américains ou à la vision du monde raciste des Nazis ! de plus Vladek s'exprime comme Maître Yoda dans la saga Star Wars : c'est pénible et cela n'apporte aucune plus-value positive au récit...
- quel message veut faire passer l'auteur avec son père caricature du juif avare et cupide qui s'avère aussi raciste que les racistes qui ont détruit sa vie ? Art Spiegelman veut faire de la littérature du réel fusse-t-elle peu reluisante, mais passé un cap je me demandais si Vladek disait vraiment la vérité... Son histoire d'amour est invalidé par le fait qu'il a épousé Anja par appât du gain, alors que la WWII éclate il s'inquiète uniquement pour son business, il voue aux gémonies capos et kombinators mais fricotent avec eux du début à la fin du drame, et avec son habilité à sortir de son chapeau argent, bijoux et produits de premières nécessité jusqu'au bout du bout je me suis demandé s'il n'avait pas racketté ses coreligionnaires pour se les approprier... (et je passe sur certains agissements et certains comportement qui aurait fait le bonheur de la propagande antisémite des Nazis)
- les interrogations de l'auteur sur sa propre oeuvre parasitent le récit, et on entre dans le voyeurisme / exhibitionnisme quand il s'épanche sur ses passages chez le psychiatre qui font la part belle au suicide de sa mère, son sentiment d'infériorité par rapport à son frère fantôme Richieu et ses relations conflictuelles avec son père Vladek qui pourrait être le pendant masculin de Tatie Danielle... Tous ces passages étaient-ils vraiment nécessaires au récit ?

* Ah ça oui on a compris que les nazis étaient méchants puisqu'ils tuaient tout plein de gens, mais quid de IG Farben, Agfa, Basf, Bayer, Krupp, Siemens, Degesch, Union Werke, Daw et tutti quanti qui ont fait bosser dans des conditions inhumaines des centaines de milliers d'ouvriers jusqu'à ce que mort s'ensuive... Rien bien évidemment puisque tout cela a été réalité au nom de l'Argent Roi dans la plus pure tradition du capitalisme et du libéralisme bien-pensant de mes couilles ! Nous sommes dans le révisionnisme économique et cela ne choque personne, grâce au bourrage de crâne néoconservateur et ultralibéral sponsorisé par la ploutocratie mondialisée... (j'ai vérifié et dans les manuels scolaires la présence de ces marchands de morts et de ces rentiers du néant est carrément censurée car il ne faut pas choquer l'autoproclamée bonne et haute société)

PS : les mécanismes de la politique d'épuration ethnique nazie ressemble tellement aux mécanismes de la politique d'épuration économique yankee que j'ai très peur pour l'avenir... Jack Welch l'übermanager de General Electrics vénéré dans les écoles du commerce du monde entier pensait et pense toujours qu'il faut éliminer les 20% les plus faibles qui sont un coût nuisant à l'efficacité et à la compétitivité, qu'il faut exploiter jusqu'à la corde les 60% les plus valides pour faire un maximum de bénéfices (parce que pour les homines crevarices qui parasitent l'humanité les êtres humains ne sont rien d'autre qu'un coût à réduire, à optimiser ou à éliminer), et qu'il faut promouvoir les 20% les plus forts pour jouer le rôle de capos devant maintenir le système sous contrôle... Sauf qu'à ce petit jeu là, il y a toujours 20% à éliminer et que de fil en aiguille on aboutit à une extinction totale ! Un jour le traître à l'humanité qui a troqué le terme « directeur du personnel » pour celui de « directeur des ressources humaines » sera jeté du haut de la Roche Tarpéienne et ce sera bien fait pour lui !!! Et évidemment ça ne choque personne parmi la ploutocratie mondialisée qui nous dirige, à commencer par Emmanuel Macron le président des riches autoproclamé héritier de cette sorcière de Margaret Thatcher...
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Maus 2 Et c'est là que les ennuis ont commencé est la suite de Maus Mon père saigne l'histoire, BD dont les personnages ont des têtes d'animaux. Ce volume 2 nous plonge au cœur de l'innommable Holocauste avec moults détails, tous rapportés par Vladek, le père rescapé des camps à son fils dessinateur New-yorkais.
Mais tout cela est très digne, sobre, sans pathos.

Les conversations appuyées entre le père et le fils donnent une tonalité très particulière à cette biographie familiale tout à fait unique. Quand Spiegelman trace sur son papier les dessins noirs et gris de la mémoire de ce qu'une minorité de psychopathes a fait subir à des millions d'humains, le crime de masse prend alors un autre visage.
Celui du dessin où tout est relaté.
Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas, et qu’on peut oublier ou en parler moins.

Mais cette BD c'est bien plus encore, car l'auteur nous y dit aussi, d'une bulle à l'autre :
- comment les descendants de ce génocide qui portent en eux cette douleur incommensurable peuvent-ils y survivre
- de quelle manière est-il possible de mettre en lien le caractère maniaque, avare, égocentrique du père rescapé et la terreur, la faim qu'il a vécues
- pourquoi est-il devenu cet être parfois raciste et intolérant, lui qui a été si courageux et victime de l'intolérance
- etc.....

Au final, " Maus est un livre que l'on ne referme pas, même pour dormir. Lorsque deux des souris parlent d'amour, on est ému, lorsqu'elles souffrent, on pleure. " Umberto ECO.

Ce livre est un monument dédié au souvenir.



Lien : http://justelire.fr/maus-un-..
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Ayant lu le premier tome il y a moins d'une semaine. Il me fallait lire la suite.
J'ai découvert que ce livre était interdit aux États-Unis (dans le Tennessee). Ma curiosité fut la plus forte et j'ai voulu me procurer cette bande dessinée.
On lui reproche des dessins trop violents ainsi que le dialogue. Je n'ai rien vu de cela. Au contraire, je pense que c'est une jolie manière de traiter de ce qui s'est réellement passé dans les camps de concentration.
Les têtes des personnages représentent des souris qui sont des juifs, les chats les Allemands, les cochons les Polonais… Très beau graphisme, histoire captivante.

Extrait :

« Maus est un livre que l'on ne referme pas, même pour dormir. Lorsque deux des souris parlent d'amour, on est ému, lorsqu'elles souffrent, on pleure. »
Umberto Eco


Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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On retrouve le père et le fils, toujours liés par ce projet de livre, l'un témoigne en temps que survivant des camps de concentration, l'autre prend des notes et enregistre .
Vladek a bien survécu au camp et c'est un miracle , mais d'une certaine manière , il n'a pas vraiment survécu, il a laissé une part de lui-même là-bas. En ressortir vivant, n'était du qu'au hasard, on ne peut pas être admiré d'avoir survécu.
Arty se sent coupable d'avoir une vie plus facile que ses parents. Il aura bien du mal à retranscrire en mots et en images le passé de son père, relatant des évènements qui sont pires que nos cauchemars les plus noirs.
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Dans ce deuxième volume de « Maus, un survivant raconte », Art Spiegelman poursuit son récit familial de la Shoah à partir des souvenirs de son père Wladek, un Juif polonais déporté à Auscwitz en mars 1944 avec sa femme Anja.

Années 1975-1980. Mala, la seconde femme de Vladek, vient de le quitter et c'est durant les vacances d'été qu'Artie et sa compagne Françoise rejoignent Vladek dans les monts Catskill, dans l'État de New York. Vladek est toujours aussi insupportable et attachant, avare, égoïste et même raciste (!). Il souhaite qu'Art et Françoise restent près de lui durant l'été. Art en profite pour continuer à recueillir les souvenirs de son père.
Ce deuxième volume intitulé « Et c'est là que mes ennuis ont commencé » nous entraîne donc entre deux époques, celle des années 1970 et en flashback, celle d'Auschwitz. Dans le camp de concentration, Vladek, avec chance et débrouillardise, va survivre à l'horreur. En parallèle, nous suivons les questionnements qui Art Spiegelman sur la conception de sa BD et le fait de témoigner. Sa relation conflictuelle avec son père est également au coeur du récit, révélant combien en tant que fils de survivant, il devient lui-même un survivant.

Cette BD est décidément à placer dans les classiques de la littérature de la Shoah. Tendre et émouvante, elle n'édulcore en rien la réalité des camps ou la personnalité de chacun grâce notamment à des dialogues d'une sincérité bluffante. Les scènes décrites sont extrêmement réalistes du fait que l'âme humaine, avec sa noirceur ou sa beauté, y est clairement représentée.
Le choix de représenter les personnages par des figures animales (référence directe à la propagande allemande qui utilisait le zoomorphisme pour certains messages) apportent une originalité sans pour autant dévaloriser le récit.
Vraiment une totale réussite et un bel hommage d'Art Spiegelman à ses parents et aux victimes de l'Holocauste.
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L'auteur poursuit le récit des souvenirs de son père. Il lui a fallu quelques années pour digérer le succès du premier tome et oser s'attaquer à cette partie, plus difficile encore à raconter et à dessiner puisqu'il s'agit des souvenirs d'Auschwitz, de Birkenau, de Dachau. le récit est entrecoupé de tranches de vie du temps présent, qui contrastent d'autant plus que Vladek est en vacances en Floride. Par rapport au premier tome l'auteur ajoute une couche supplémentaire de complexité narrative en s'adressant au lecteur pour parler de ce qu'il est en train de dessiner et de ses choix artistiques. Les relations entre l'auteur et son père sont plus que jamais compliquées et conflictuelles. On comprend d'où lui viennent sa maniaquerie, son avarice, son égocentrisme, mais comment peut-il se révéler raciste, sans faire de lien avec ce qu'il a vécu ? Cette bande dessinée montre bien les difficultés de la transmission, le sentiment de culpabilité des survivants et de leurs descendants même. Vladek s'en est sorti, il a survécu aux camps puis aux marches de la mort, mais on comprend bien qu'il y a laissé probablement beaucoup de lui-même, à commencer par sa santé, mais pas seulement… Les difficultés de la réadaptation sont souvent à peine évoquées, là ce n'est pas le cas et l'attitude de rejet de certains vis à vis des rescapés des camps est bien montrée. Pour toutes ces raisons c'est un ouvrage essentiel, un des meilleurs pour faire connaître cette période de l'histoire à des collégiens ou des lycéens. A lire absolument.
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Mon père saigne l'histoire avait déjà marqué les esprits en apportant un témoignage original de la Shoah, sous la forme d'une fable caractérisée par un souci poussé du détail historique et présentée sous une forme unique. Et c'est là que mes ennuis ont commencé continue sur cette lancée.

De six, l'on passe à cinq chapitres. Trois sont directement consacrés à l'univers concentrationnaire, puis à sa lointaine et douloureuse délivrance. Deux chapitres nous invitent à prendre davantage de distance en nous ramenant vers un contexte tout différent. Ceux-là sont les plus courts. Si le passage par le camp d'Auschwitz demeure central, il est contrebalancé par une narration qui donne davantage de relief aux années 1970-1980. Artie tient une place comparable à celle de son père, malgré un quotidien radicalement différent.

Le fil-rouge reste le récit de Valdek. Nous le découvrons au soir de sa vie mais également dans l'enfer. le récit de sa survie ne peut que faire penser au célèbre Si c'est un homme de Primo Lévi mais également à une oeuvre de Bernhard Schlink : le Liseur. Plus que jamais nous affaire ici à un chef d'oeuvre littéraire.

Que dire de plus, qui n'a déjà été dit ? Celles et ceux qui auront lu la première partie liront la deuxième et inversement. Bien plus qu'une lecture, c'est ici une véritable profusion de sentiments et de souvenirs qui nous sont offerts. D'ailleurs, il sera bien difficile de tourner les dernières pages car l'on s'est attaché à l'univers. le constat est curieux et il démontre le talent de l'auteur.

Assurément voici une lecture incontournable, une suite aussi réussie qu'indispensable qui nous offre même l'apparition d'un Français… devinez sous quelle forme ?
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Difficile de faire une critique de ce second tome de Maus qui raconte l'expérience concentrationnaire du père d'Art Spiegelman.

Le moins qu'on puisse dire c'est que ce tome-ci est et de très loin, beaucoup plus émouvant, plus personnel et a nécessité plus de recherches à l'auteur . Art Spiegelman se met toujours en scène dans son travail et ses tourments, et pour le plus grand plaisir du lecteur, ce qui fait la spécificité de cet ouvrage, en dehors de la métaphore animalière.

On retrouve bien sûr dans ce récit tout ce qui fait le lot des déportés : faim, hygiène de vie épouvantables, mauvais traitements, sélections, marché noir, typhus, etc. Rien de bien original en soit, si ce n'est que j'ai trouvé certaines vignettes plus fortes que lorsqu'elles sont décrites dans un roman ; l'épisode de la sélection notamment. Mais surtout, ce qui donne tout de même le sourire au lecteur c'est de voir comment l'amour que les parents de Spiegelman se sont porté leur a permis de résister à cette affreuse période de leur vie à laquelle tant n'ont pas réchappés… à commencer par Vladek Spiegelman (le père) qui en dehors de sa femme et un de ses frères a perdu toute sa famille.

Ce qui ressort de l'histoire de ce père devenu insupportable pour sa famille, c'est la chance qu'il a eu et toutes les formes et visages que prend cette "chance" : dans les rencontres qu'il a faites au camp, le culot qu'il a eu et les contacts et "marchandages"qui lui ont permis de survivre.
Que ce soit les idées pour échapper à la sélection qui l'aurait menée directement aux fours crématoires ou le malheureux concours de circonstance qui fait qu'il aurait pu échapper à la Marche de la Mort, … Cela donne au final ce qu'on pourrait appeler un formidable récit d'aventure si seulement c'était de la fiction….

Une oeuvre incontournable.
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Il y a un moment que j'ai lu le premier tome de « Maus », la bande dessinée culte sur la Shoah, et je m'en souviens comme si c'était hier. C'est bon signe.
Après « Maus, un survivant raconte, Tome 1 : Mon père saigne l'histoire » Art Spiegelman poursuit des années plus tard les entretiens avec son père pour qu'il lui raconte l'enfer de ce qu'il a vécu dans les camps d'extermination pendant la seconde guerre mondiale décrit dans "Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'est là que mes ennuis ont commencé". Juif polonais ayant survécu et vivant aux Etats-Unis, il reste avant tout un témoin de la Shoah même s'il est devenu un vieux monsieur aigri qui ressemble à une caricature de juif radin et irascible. Son fils a parfois du mal a le supporter surtout quand il fait preuve de racisme mais s'intéresse avant tout à son témoignage y compris pour comprendre le suicide de sa mère bien après la guerre.
Les faits sont d'un réalisme glaçant sur les souffrances mais aussi l'entraide et la façon dont chacun s'arrangeait pour survivre dans les camps. le fait d'utiliser le noir et blanc et surtout l'anthropomorphisme pour témoigner (les juifs sont des souris, les polonais des cochons et les nazis des chats) donne une certaine distance face aux événements sordides qui pourraient vite être insupportables.
Un incontournable du « devoir de mémoire ».


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