AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Émile Saisset (Traducteur)Laurent Bove (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253067511
320 pages
Le Livre de Poche (19/06/2002)
4.15/5   17 notes
Résumé :

Entre Machiavel (auquel le "Traité Politique" rend explicitement hommage) et Marx, Spinoza (1632-1677) prend place comme le philosophe qui fait entrer dans la réflexion politique la question même de la multitude, des masses. La puissance de la multitude c'est, en effet, cet "être infini" comme "affirmation absolue de l'existence d'une nature quelconque" (Éthique I, 8 sc. 1), que le "Traité Politique" (1677) place, pour la pre... >Voir plus
Que lire après Traité politiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après avoir dépossédé le clergé du droit divin, Spinoza détrône le roi pour laisser la place à la démocratie et au droit positif.
Mais le changement, s'il doit avoir lieu, doit se faire en douceur au point qu'on pourrait croire un instant à un modèle de monarchie qui ressemblerait à une démocratie couronnée ou encore à un modèle d'aristocratie pérenne. En réalité Spinoza s'ingénie à faire progresser l'idée que les décisions au niveau de l'État doivent toujours être prises en assemblée.
Cependant « On n'ira pas caresser l'illusion qu'il serait possible d'amener la masse, ni les hommes engagés dans les affaires publiques, à vivre d'après la discipline exclusive de la raison. Sinon, l'on rêverait un poétique Age d'or, une fabuleuse histoire ». Ainsi l'institution des assemblées doit être accompagnée d'une démarche systématique de limitation de la puissance de chaque fonctionnaire pour garantir la puissance de tous quel que soit le régime.
L'individu qui ne peut préserver efficacement son être à l'état de nature pourra passer à l'état de société en augmentant sa liberté en définitive dans le meilleur des régimes. Toute l'oeuvre de Spinoza le démontre, il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la démocratie même si le dernier chapitre qui lui est consacrée dans le Traité de l'autorité politique reste inachevé. On doit noter malheureusement, comme mot de la fin, que l'ébauche d'institution démocratique exclut directement les femmes du gouvernement.
Le chemin des lumières est décidément long mais toutes les formes de pouvoir qui portent atteinte aux libertés fondamentales des individus ont raison de craindre la révolte de la masse. Les tenants des régimes monarchiques et aristocratiques auront d'ailleurs beaucoup de mal à éviter une fin lamentable.
Commenter  J’apprécie          92
Spinoza rédige le Traité politique de 1675 à 1677 alors qu'il est mourant. Dans la continuité du Traité théologico-politique de 1670, cette oeuvre s'en distingue pourtant, notamment du fait de l'évolution de sa conception de la politique.
C'est dans ce contexte qu'il s'interroge sur la multitude et le corps politique. Dès le Traité théologico-politique, la finalité de la politique et de l'État s'incarne, selon lui, dans la liberté. Toutefois, dans ce texte, il s'agit de savoir comment tendre vers cette liberté tout en garantissant la stabilité du corps politique. L'État ne doit pas seulement garantir la paix et la sécurité, mais aussi la liberté. Pour ce faire, Spinoza use d'une méthode réaliste : on doit s'appuyer sur la nature humaine et le fonctionnement réel des États pour maintenir le corps politique et sa stabilité, et non pas sur une conception idéalisée du corps politique.

Dans un premier temps, Spinoza présente les principes fondateurs de l'État (chapitre I à V); puis, il décrit les trois imperia, les trois types d'État que sont la monarchie, l'aristocratie et la démocratie (chapitre VI à XI). Spinoza est décédé en laissant le chapitre XI sur la démocratie inachevé, même s'il a tout de même précisé ce que ce type d'État signifiait selon lui : il est « entièrement absolu » (chapitre XI), c'est la souveraineté que « possède la multitude toute entière ».

La démocratie est en réalité présentée comme un mouvement, une étape vers l'accomplissement de la multitude. L'affirmation de la souveraineté de la multitude, pour Spinoza, c'est son conatus, c'est-à-dire la puissance de tout « étant », son effort naturel pour persévérer, conserver et même augmenter sa puissance d'être. Ainsi, les deux questions centrales que Spinoza développe tout au long de son traité sont le droit naturel des hommes (leur conatus, leur puissance d'exister et d'agir) comme le fondement réel de l'État, de la souveraineté, et le principe de paix et de concorde comme finalité au sein de cet État.
La mort empêche Spinoza de finir ce traité et cela nous manque vraiment. Cette version est issue de la traduction de Bernard Pautrat, le meilleur traducteur français de Spinoza.
Commenter  J’apprécie          10
A ne pas confondre avec le traité théologico-politique, le traité politique est la dernière oeuvre de Spinoza. Cette dernière reste d'ailleurs inachevée.

Le philosophe commence par revenir sur le droit naturel, qui correspond au droit de chaque être humain de disposer de sa vie comme il l'entend - dans le cadre de ses déterminations - au sens où il pense que les actions qu'il effectue sont bonnes pour lui.

Il s'intéresse ensuite au droit des pouvoirs souverains, ou droit civil, qui englobe le droit naturel sans le détruire, puis à la meilleure condition possible pour un Etat, qu'il soit monarchique, aristocratique ou démocratique. C'est ce dernier point qui reste inachevé.

L'ouvrage combine habilement l'étude de l'homme et de la société tels qu'ils sont (sociologie) et la normativité philosophique du meilleur gouvernement possible (philosophie). Les consignes délivrées par Spinoza sont précises, détaillées et constituent une référence pour qui veut penser le gouvernement des humains.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
peut-être Machiavel at-il voulu montrer qu'une masse libre, doit à tout prix, se garder de confier son salut à un seul homme. Car celui-ci, à moins d'être excessivement vaniteux et de s'imaginer qu'il lui est possible de plaire à tous ses sujets, craindra sans cesse des embûches. Il sera donc contraint de se tenir sur ses gardes et de tendre lui-même le premier des embûches à la masse - au lieu de veiller, comme il le devrait, aux intérêts généraux. Cette dernière intention est quant à moi, celle que je serais porté à prêter à notre auteur. Car il est certain que cet homme si sagace aimait la liberté et qu'il a formulé de très bons conseils pour la sauvegarder.

(ch. V §7 Traité de l'autorité politique. Paragraphe manquant dans la traduction hollandaise des Nagelate Shriften : "attitude réticente que paraissent avoir adoptée certains éditeurs, en présence de l'inpiration foncièrement démocratique du Tractatus Politicus")
Commenter  J’apprécie          50
Les intelligences humaines ne sont pas assez pénétrantes pour tout saisir du premier coup, mais au cours de délibérations, d’examens d’autres avis et de discussions, elles corrigent leur maladresse initiale. A force de réfléchir à toutes les solutions, elles finissent par trouver celles qui rencontreront une approbation unanime et auxquelles personne jusque-là n’avait jamais pensé.

ch.IX §14 Traité de l'autorité politique - édition oeuvres complètes - Bibliothèque de la Pléiade)
Commenter  J’apprécie          80
La cité dont la paix dépend de l'inertie des sujets, conduits comme du bétail, n'apprenant qu'à servir, mérite plutôt le nom de solitude que de cité.
Commenter  J’apprécie          201
Celui que la masse a nommé roi cherche (...) des généraux, des conseillers, des amis. Si bien que la prétendue monarchie absolue est bien plutôt, dans la pratique, une aristocratie, non avouée sans doute, mais, pour cette raison précisemment, du genre le plus mauvais.
(ch.VI §5 Traité de l'autorité politique - édition oeuvres complètes - Bibliothèque de la Pléiade)
Commenter  J’apprécie          50
… je me suis soigneusement abstenu de tourner en dérision les actions humaines, de les prendre en pitié ou en haine ; je n'ai voulu que les comprendre.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Spinoza (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Spinoza
"Avec Bourdieu. Un parcours sociologique" de Gérard Mauger https://www.puf.com/avec-bourdieu-un-parcours-sociologique
"Histoire philosophique des arts" de Carole Talon-Hugon https://www.puf.com/histoire-philosophique-des-arts
"Le Jésus des historiens" de Pierluigi Piovanelli https://www.puf.com/le-jesus-des-historiens
"24 heures de la vie de Jésus" de Régis Burnet https://www.puf.com/24-heures-de-la-vie-de-jesus
"La poétique de l'espace" de Gaston Bachelard https://www.puf.com/la-poetique-de-lespace
"Traité théologico-politique" de Spinoza https://www.puf.com/traite-theologico-politique-oeuvres-iii
" À poings fermés" de Jean-Manuel Roubineau https://www.puf.com/poings-fermes
"Le droit au sexe" d'Amia Srinivasan https://www.puf.com/amia-srinivasan
+ Lire la suite
Dans la catégorie : L'EtatVoir plus
>Science politique>Science politique (politique et gouvernement)>L'Etat (45)
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (108) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
433 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}