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Avec le Traité des autorités théologique et politique, Spinoza explore l'Histoire, un pied dans l'antiquité lorsqu'il analyse les Ecritures, et un pied dans les années 1660 lorsqu'il réagit au contexte politique des Pays-Bas.
C'est le bon tempo pour exprimer ses revendications car le contexte de relative tolérance religieuse le permet et d'autre part Spinoza a acquis suffisamment de connaissance et de recul sur les religions juive et chrétienne pour former des idées claires et distinctes. Mais le temps n'est pas encore venu pour livrer sa synthèse spirituelle que constitue l'Ethique.
Dans un subtil mélange de douceur et de détermination Spinoza révèle les enseignements très simples des Ecritures, la justice et l'amour de son prochain pour le dire en deux mots, et en même temps il critique franchement les débordements d'imagination des prophètes produisant des récits qu'ils voudraient faire passer pour des révélations divines plutôt qu'admettre qu'ils les ont conçus pour frapper l'opinion publique.
« Aime ton prochain, mais déteste ton ennemi » (Matth., ch. v, vers 43). C'est ainsi qu'on peut résumer comment Dieu est apparu aux hébreux comme un prince qui a mis la main sur un territoire et sa population. « Plus tard, lorsqu'ils eurent perdu leur organisation d'Etat national et eurent été conduits en captivité à Babylone, Jérémie leur recommanda de veiller à la prospérité, désormais, de cette ville où ils étaient retenus prisonniers. Enfin lorsque le Christ les vit dispersés sur toute la terre, il les pressa de pratiquer le devoir de charité à l'égard de tous les humains. Tous les moments de l'histoire des hébreux illustrent donc bien l'accord, toujours nécessaire, de la religion avec l'intérêt public » (citation Spinoza ch. XIX).
Le droit divin des Ecritures apparait donc simplement comme une version ancienne du droit positif. Peu importe d'ailleurs que l'amour de son prochain soit perçu comme une révélation divine ou bien perçu à la lumière naturelle (le bon sens). Si donc les Ecritures peuvent « servir à répandre des opinions salutaires » alors on ne peut les réduire à des « poèmes dramatiques » ou des « chroniques ordinaires ». Fondamentalement la liberté d'opinion est un « droit individuel inaliénable », en revanche la puissance souveraine ne doit pas laisser se développer un droit « divin » dépendant « de doctrines purement spéculatives ».
Ici la puissance souveraine ne peut être que celle d'un Etat démocratique. En conclusion « il n'y a pas de lumière supérieure à la nature, il n'y a pas d'autorité extérieure aux hommes » (ch. VII de l'interprétation de l'Ecriture)
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Nouvelle traduction et édition du Traité théologico-politique. La liberté de penser et de s'exprimer, l'indépendance de la sphère privée par rapport à la religion comme par rapport à l'Etat, la souveraineté des sujets libres, Spinoza a beaucoup à nous dire de notre société et des crises de conscience qui la traversent.

Je mentionne aussi ce livre en relation avec la parution récente de la "Correspndance Freud-Spinoza", par Michel Juffé (nrf Gallimard)
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Spinoza est précursseur de l'exégète par ce traité. de manière rigoureuse, il applique une méthode qui sera par la suite reprise : l'Ecrtirure doit être interprétée par l'Ecriture, le sens est tiré à partir de l'étude des mots et de la sémiologie. Par là, il s'agit d'effectuer une critique interne du texte. Il évoque aussi la critique externe, à savoir, la prise en compte des opinions de l'auteur, du contexte d'écriture. Partant de là, il applique cette méthode pour l'Ancien Testament et pour le Nouveau Testament. Il montrera la corrélation entre la Loi de Moise, et l'Etat, politiquement constitué.
Outre, la méthode véhiculée par ce traité, Spinoza interroge l'Ecriture. Ce n'est pas une connaissance de Dieu qu'apporte l'Ecriture, mais plutôt une inclinaison à l'obéissance, des principes suivants : la Charité et la Justice. A Dieu n'est rapporté que des attributs, il s'ensuit qu'on ne connait de Dieu que ces attributs et non pas l'essence-même de ce dernier. Spinoza redonne aussi les droits à la philosophie, à la pensée. L'Ecriture, en effet, n'interdit pas ces droits. L'auteur veut démontrer que le droit de penser et de dire ce que l'on pense est nécessaire, et ce même pour l'Etat. On l'aura compris, Spinoza pose la méthode moderne, et au delà, son écrit est un écho sur l'agora de la démocratie, qui sera entendu au siècle des Lumières.
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Une analyse critique des textes bibliques avec tout le respect, la simplicité et la tolérance d'un croyant qui utilise sa raison.
Mon Dieu ce que ce texte est moderne et d'une actualité criante!

Écrit au cours du XVIIè siècle, 130 ans avant la Révolution Française, voici un ouvrage qui remet les livres sacrés à leur place : des textes écrits par des hommes pour les hommes de leur temps.

L'auteur s'attache à gratter les argumentations et artifices temporels afin de ne conserver que le message originel de Dieu. Par ailleurs, son analyse de la société des Hébreux lui permet d'entrevoir la meilleure façon de concilier religion et pouvoir, religion et paix sociale.

Bien sûr, le style XVIIè n'est pas des plus faciles à lire, mais dans notre société où s'opposent la religion et le droit, voici une réflexion passionnante et qui enrichira ceux qui s'interrogent à ce sujet.
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Spinoza est l'un des premiers à avoir entrepris une telle démarche critique. C'est avec ce sentiment qu'il faudrait aborder ce texte afin de bien comprendre sa démarche. Concernant le texte en lui-même on retrouve bien le style assez rigoureux de Spinoza et qui, en tout cas, pose des choses intéressantes loin des déformations que l'on en fait aujourd'hui.
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Après avoir lu « le problème Spinozza » d'Irvin Yalom et « le miracle Spinozza « de Frédéric Renoir, j'ai eu envie d'en savoir plus sur le philosophe et de lire directement son oeuvre pour tenter de comprendre sa pensée.
La lecture de « l'éthique » étant trop ardue pour une néophyte, j'ai suivi les conseils donnés par le professeur de Rosenberg dans « le problème Spinozza » et je me suis procuré ce traité que j'ai posé sur ma table de chevet mais que je n'ai, évidemment, pas pu lire d'une traite comme la plupart des romans qui me passent dans les mains.
Effectivement, le livre est difficile mais il est abordable. C'est un bon début pour se remettre à la philosophie. Il permet de réfléchir, de se détacher des dogmes. Un hymne à la liberté de penser et à la tolérance !
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D'abord paru sous le couvert de l'anonymat en 1670, le Traité théologico-politique fut rapidement attribué à Spinoza et immédiatement qualifié d'oeuvre impie par les autorités politiques et religieuses de son temps. C'est que, bien qu'il se défende de l'accusation d'athéisme portée à son encontre, le philosophe ne ménage pas l'Église, il remet en question de nombreux dogmes religieux et dénonce la thèse d'un auteur unique et inspiré par Dieu — en la personne de Moïse — pour les cinq livres de l'Ancien Testament constituant la Torah des Juifs. Bousculant les bien-pensants de son temps, il défend avec ardeur la liberté de s'exprimer et l'exercice de la raison dans l'analyse des fondements théologiques et politiques de la société. Ainsi, ce traité de philosophie pratique a-t-il jeté les bases de nos démocraties modernes fondées sur la séparation des pouvoirs temporel et spirituel. Ses analyses, subversives et iconoclastes à bien des égards, ont contribué à la lecture critique des Saintes Écritures et ont inspiré de nombreux penseurs après lui. Aujour­d'hui encore, la radicalité de son propos et la réjouissante liberté de ton dont il use ne peuvent qu'enchanter le lecteur moderne et l'inciter à retourner aux sources de ce texte philosophique et politique majeur de l'Occident.
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