Bennett, McEban et Gretchen. 2 hommes, une femme. 2 cow-boys pour une seule poulette. Un même amour pour un trio qui n'est pas sans me rappeler le fabuleux « Un bon jour pour mourir » de Jim Harrison, le meilleur de Big Jim – parole de bison.
Donc, si je résume le bouquin, Bennett aime Gretchen, McEban aime Gretchen, Gretchen aime Bennett, Gretchen aime McEban. Cela ressemble comme le début d'un roman à l'eau de rose, comme un bon roman sortie des éditions Harlequin. Oui, sauf que l'histoire se passe dans le Wyoming et que l'eau de rose devient une eau de source glacée qui coule impétueusement à travers un paysage lyrique où batifolent fiévreusement quelques truites arc-en-ciel. Cette relation, vous vous en doutez, est vouée à l'échec. A un moment donné, il faudra se décider, choisir son camp ou partir. Surtout que Bennett et McEban sont inséparables. Une profonde amitié les lie éternellement et la source de cette amitié solide et sincère me parviendra au rythme des souvenirs de McEban. Gretchen, elle a décidé de partir. Fuir ces deux hommes, fuir ces deux amours à contrecoeur. Elle ne peut s'interposer entre cette profonde amitié.
S'ensuit alors une sorte de Road-movie où Bennett et McEban vont prendre la route à travers le Nebraska à la recherche des traces épistolaires de Gretchen. L'amitié entre les deux ranchers en sortira une fois de plus consolidé. Je pense forcément à Brokeback Mountain mais je vois surtout un grand roman sur l'amitié dans l'Ouest américain. Je sens les plus sceptiques d'entre vous me signaler que cette histoire d'amour à trois manque de virilité que ces cow-boys sans flingues ressemblent plus à des bergers qu'à de vrais durs enchaînant les whisky avec le stetson toujours impeccablement vissé sur la tête. Et bien oui, mais la virilité dans le grand Ouest n'est pas synonyme que de bastons et de solitude. Oui, dans le Grand Ouest, l'amitié a un sens, tout aussi (parfois même plus) profond que l'amour. Oui, ce livre n'est pas pour les males en rut qui veulent de l'action. Non, ce livre est juste là pour respirer l'air pur du Wyoming et du Nebraska, écouter les silences et réfléchir au sens du mot « amitié ».
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J'avoue que le livre à prime abord me faisait penser à l'homme qui murmurait à l'oreille de chevaux, il faut dire que la couverture y ait pour quelque chose. Ce roman qui ce veut un hymne à l'amitié virile entre homme surtout des cow-boys ou ranchers selon votre perception de la réalité. Pas que le roman ne ce lit pas vite au contraire mais parfois on passe d'une action un des hommes puis les souvenirs de leur rencontre avec la jeune fille qui deviendra la femme de l'un et la maîtresse de l'autre. Les personnages masculins n'étaient pas assez intéressant peut-être un peu la femme surtout qu'elle part rejoindre un physicien qui est pour moi un prétexte à l'histoire des deux côtés des protagonistes. J'aurais voulu moins de flashback dans cette histoire, je sais que c'est pour rendre chacun des personnages plus intéressant moi je vois un façon comme une autre de noircir les pages..
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Bennett enlève sa chemise et la jette dans la cabine. Sa poitrine et son ventre sont aussi dépourvus de poils que le sommet de son crâne, mous, blancs comme les œufs qu’on achète au supermarché. Sa poitrine est devenue flasque, il a des seins, et ses épaules émergent à peine de la graisse environnante. Sa bedaine masque la boucle de sa ceinture.
Mon père disait toujours que la sympathie, ça se trouve dans le dictionnaire entre suppositoire et syphilis.
Au sud-est, Orion est couchée contre l’horizon irrégulier, et la lune brise la courbe de la terre : oblongue, orange et tranchante dans ce ciel nocturne. Elle s’élève à travers la poitrine de la constellation, et des ombres tombent du camion et de la remorque, de l’homme et du chien. Un coyote glapit. Pas de réponse. Jupiter, Mars et l’étoile Polaire descendent. McEban se demande à quoi ressemblerait la vie s’il était seul. Il essaye d’imaginer la vie sans Bennett et Gretchen, sans Ansel qu’il va retrouver à la maison, et il n’y arrive pas. Il essaye d’imaginer une vie sans ces hauts plateaux rocheux, et il se sent aussi vide, aussi inutile que la constellation qui se déploie devant lui, comme un homme exclusivement défini par un assemblage de points éclairés.
Je peux boire une gorgée de bière ?
- Quel âge as-tu ?
- Je suis petit pour mon âge.
- Ca ne me dit pas quel âge as-tu.
- J’ai neuf ans.
- Alors juste une goutte.
Bande annonce du film Une vie inachevée, adaptation du roman de Mark Spragg