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Matz (Traducteur)
EAN : 9782743622503
488 pages
Payot et Rivages (07/09/2011)
3.61/5   35 notes
Résumé :

Qui a envie de se retrouver à San Quentin, la pire prison de Californie ? L’ex-flic ex-drogué d’A poil en civil (Rivages/Noir nº 647) Manny Rupert, désormais séparé de sa dangereuse épouse Tina, n’a pas vraiment le choix : pour espérer ne pas se faire expulser de son taudis, il doit gagner la confiance d’un allemand de quatre-vingt-dix-sept ans, détenu, apparemment gâteux et qui prétend être Joseph Mengele, ou « l’Ange de la Mort », le médecin sadique qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Oh. My. Goooood !!!!

Quel bouquin.

Retour de Manny Rupert, l'ex-flic sous codéïne d' A poil en civil, séparé de la tendre Tina (rencontrée alors qu'elle venait d'assassiner son mari à grand renfort d'ampoule pilée et de Destop mélangés à ses Lucky Charms).

Fauché et déprimé, il accepte (un peu obligé), de s'infiltrer à la prison d'Etat de San Quentin (Californie), pour enquêter sur l'identité d'un détenu de 97 ans qui prétend être Joseph Mengele (l'Ange de la Mort d'Auschwitz, officiellement décédé en 1979, réputé pour sa gentillesse avec les petits enfants, à qui il donnait des sucettes avant de leur enlever le foie sans anesthésie). Manny a une couverture en bois : animer un atelier de parole sur la dépendance aux stupéfiants... Et c'est parti pour 450 pages de situations impossibles et délirantes, de personnages complètement dingues (du maton en pleine transformation sexuelle à la confrérie des putes vierges chrétiennes), de dialogues surréalistes, d'humour encore plus trash et déjanté que dans le précédent opus de Stahl, menées à un rythme frénétique et d'une écriture survoltée. Roman décapant et culoté, Anesthésie générale est aussi solidement documenté, rappelant les liens idéologiques et économiques qui unirent le Troisième Reich et l'Amérique (qu'Hitler admirait : la stérilisation des Noirs, les expériences sur les prisonniers, aaaaach !), la complaisance des dirigeants américains envers les scientifiques nazis lors de l'opération paperclip entre autres, et dénonçant rageusement la couleur largement raciste et antisémite ainsi que l'obsession de pureté de l'Amérique bien pensante actuelle. S'il avait vécu, je suis persuadé que le Führer aurait aimé prendre sa retraite en Amérique. Vous comprenez ? L'objectif de la science nazie était d'empêcher les inutiles de polluer notre pur sang nordique. Et voilà que, pas plus tard qu'il y a une semaine, je vais au supermarché bio, et qu'est-ce que je vois ? Une rangée entière pleine à craquer de "purificateurs de sang". Si seulement le Führer avait pu voir à quel point son travail a porté ses fruits. Je n'ai aucun doute qu'il aurait choisi de prendre sa retraite à Los Angeles et qu'il se serait mis au yoga. Il ne jurait que par l'homéopathie !

L'anesthésie générale, plus que celle d'un Manny sous opiacés, c'est celle d'une Amérique en mal de mémoire : "La seule raison pour laquelle les Américains sont tellement satisfaits d'eux-mêmes, c'est qu'ils ne connaissent rien à leur propre histoire" (mais qui se souvient, en achetant son pantalon, qu' Hugo Boss a créé les uniformes de la SS et des SA, qui seront fabriqués dans les camps ?)

Excessif, provocateur, d'un mauvais goût total, davantage sex & drug que rock'nroll, Anesthésie générale constitue à la fois un moment de lecture jubilatoire et de colère réjouissante, une formidable farce, où l'on rigole autant que l'on grince des dents.
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De À poil en civil à Perv, une histoire d'amour, en passant par Moi, Fatty, Jerry Stahl s'est fait le violent contempteur de l'hypocrisie de la société américaine du début du vingtième siècle à nos jours. Dénonçant les positions ambivalentes de l'Amérique vis-à-vis de la drogue et de l'alcool, cette propension à la rédemption à peu de frais et au sacrifice de ceux qui n'entrent pas dans le moule de cette philosophie de l'expiation, ridiculisant les basses manoeuvres politiques manipulatrices d'une opinion à l'ignorance crasse, Stahl prend un malin plaisir à flinguer à tout va, à retourner le couteau dans la plaie, d'une manière rude et charivaresque.

Avec Anesthésie générale, Jerry Stahl passe encore un cran dans la provocation en s'attaquant à la question taboue des liens entre les États-Unis et le nazisme. Liens passés mais aussi présents. On retrouve donc Manny Rupert, le flic d'À poil en civil, toujours aussi déglingué, en train de finir d'user le troisième foie qu'on lui a transplanté. Viré de la police, abandonné par sa bien aimée Tina, il a rejoint la Californie où il tente de survivre en tant que détective. Agressé à coups de déambulateur par un richissime septuagénaire juif, il accepte une mission pour le moins originale : infiltrer la prison de San Quentin pour évaluer la véracité des dires d'un prisonnier affirmant être le médecin d'Auschwitz, le sinistre docteur Mengele. Une expérience qui va le plonger aux limites de la folie, entre juifs nazis, gardiens de prisons négationnistes transsexuels en devenir, ou encore révérends spécialisés dans la production de films pornographiques chrétiens.

le roman porte on ne peut mieux son titre, déroulant un récit délirant et cauchemardesque qui n'est pas sans rappeler ces angoissants moments que l'on peut vivre lorsque l'on quitte lentement les limbes du sommeil narcotique au sortir d'une anesthésie générale. C'est là l'état dans lequel semble constamment flotter Manny, confronté à des lieux et des situations que son esprit et son corps ont bien du mal à appréhender comme étant réels tant ils dépassent la réalité acceptable (« (…) j'eu l'impression d'entendre un bruit de vomissement étouffé, mais je pouvais me tromper : l'odeur était si épouvantable qu'elle m'affectait l'ouïe »).
Et si l'on frôle l'inacceptable pour un Manny Rupert pourtant rompu aux situations les plus rocambolesque, c'est peu dire que le lecteur lui-même est parfois mis à rude épreuve, passant alternativement et sans prévenir du fou rire – franc ou nerveux – au frisson d'horreur.
C'est que l'on se trouve confronté, à travers un récit bourré d'humour, à la face sombre d'une Amérique depuis longtemps tentée par les expériences eugénistes et qui a montré une tolérance coupable, quand ce n'est pas une franche admiration, à l'égard du régime nazi et a accueilli au sortir de la guerre ses savants. Une Amérique dans laquelle l'antisémitisme reste presque acceptable et où l'ignorance des heures noires de l'histoire récente ferait même bondir Mengele : « On est en Amérique ! Les films sadomaso avec des nazis, ce sera peut-être la seule leçon d'histoire qu'ils auront de toute leur vie. C'est pour ça que ça me chagrine de constater les inexactitudes ». Et l'on est pris de vertige à l'idée de voir des gardiens de prisons persuadés que les camps de concentration et d'extermination n'ont pas existé mais que celui qui prétend être Mengele est bien celui qu'il dit être. Une Amérique obsédée aujourd'hui par de pseudo-valeurs religieuses et par la pureté que Stahl, à travers encore son Mengele, dénonce avec une froide violence et une joyeuse outrance :

« S'il avait vécu, je suis persuadé que le Führer aurait aimé prendre sa retraite en Amérique. Vous comprenez ? L'objectif de la science nazie était d'empêcher les inutiles de polluer notre pur sang nordique. Et voilà que, pas plus tard qu'il y a une semaine, je vais au supermarché bio, et qu'est-ce que je vois ? Une rangée entière pleine à craquer de purificateurs de sang. Si seulement le Führer avait pu voir à quel point son travail a porté ses fruits. Je n'ai aucun doute qu'il aurait choisi de prendre sa retraite à Los Angeles et qu'il se serait mis au yoga. Il ne jurait que par l'homéopathie ! »

On a conviendra, l'exercice est casse-gueule, et l'auteur compte sans nul doute sur le fait que ses lecteurs sont dotés d'un solide sens du deuxième degré. Stahl nous livre en effet là un roman d'un mauvais goût ravageur, décapant, qui, sans nul doute, en incommodera certains. Les autres suivront avec plaisir ce récit sidérant, mené tambour battant – au risque parfois de perdre un peu le lecteur inattentif – et qui, pour paraphraser Desproges, frôle plus souvent que de coutume l'antinazisme primaire.


Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Ce Jerry Stahl envoie du bois, il est la continuité d'A Poil en civil, Manny, ex flic ex toxo nouveau privé monte un faux programme de désintox à San Quentin pour y débusquer un très vieil allemand qui serait Mengele, job confié par un vieux juif muni d'un faux déambulateur. Ces polars foisonnants de Stahl donnent toujours à la lecture l'impression d'être un peu déchiré aux benzo. N'oubliez pas, Stahl fut scenariste d'ALF, un job alimentaire (si l'aliment est le crack) et a également écrit un boulard parait-il culte nommé Café Flesh (avec une scène sexuelle dont un des partenaires est une boite de céréales) Juif, camé, scenariste à Hollywood et écrivain marginal, tu le sens l'humour super special ma soeur ?
Et Stahl dénonce et balance du lourd, modèle americain fondateur des rêves de "pureté" d'Hitler, hypocrisie états unienne et mondiale sur le traitement des humains pour des experiences d'envergure, au point que l'on se demande s'il ne vire pas conspirationiste - pour cela à nous de nous fonder notre opinion. Stahl est excessif, il n'a pas peur de grand chose non plus (en temoignent ses Mémoires des Ténèbres qui peuvent passer pour un suicide professionnel et social), il envoie du gros sur la société états unienne (et européenne), dégage des noms, skude sans état d'âme les grands labos, les gouvernements, les presidents, et differents intervenants ayant pignon sur rue à la TV.
Et en bonus, il peut désigner une moustache sous le terme "fourrure subnasale", alors je m'incline.
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Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi trash et décapant qui ne manquera pas pour les plus fragiles d'entre vous de vous faire vomir. Pour les lecteurs les plus coriaces, faites attention à ne pas devenir aussi taré que les personnages du roman.

L'histoire : Ex-flic et ex-drogué, Manny Ruper est envoyé dans une prison californienne afin d'identifier un détenu : un vieillard de 97 ans, ancien médecin allemand travaillant à Auschwitz pendant la seconde guerre mondiale, Sous une couverture de psychologue ex-drogué, il est chargé d'animer un groupe de parole de prisonniers ex-drogués dont ce scientifique nazi fait parti, Malheureusement, Manny se retrouve rapidement face à un cauchemard et découvre avec horreur que les expériences des camps de la mort continuent en prison avec des détenus comme cobayes...

Jerry Stahl est un fou furieux. Doté d'un humour ravageur et grinçant, voici un roman noir qui vous retourne la tête et l'estomac. Admirablement écrit, Jerry Sthal vous fait passer du froid au chaud, du rire à l'effroi avec une facilité déconcertante.

Avec un ton provocateur, Jerry Stahl s'acharne sans ménagement sur la société américaine décadente (la pornographie, la drogue, l'état pitoyable des prisons, les minorités ethniques...) et nous expose les liens étroits entre l'Allemagne et les États-Unis sur le nazisme d'hier et d'aujourd'hui.
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Pour éviter l'expulsion, Manny Rubert, ancien policier et drogué, accepte d'infiltrer la prison de San Quentin, en se faisant passer pour l'animateur d'ateliers sur la prévention de la toxicomanie. Harry Zell l'a chargé d'identifier un vieil homme, emprisonné pour un accident de la route, qui affirme être Joseph Mengele, le médecin sadique qui officiait à Auschwitz.
Quatrième roman de Jerry Stahl, romancier et scénariste. Il a notamment écrit des épisodes de "Twin Peaks" et de "CSI", et collaboré au scénario de "Bad Boys 2". L'auteur de l'impressionnant "Mémoires des Ténèbres", véritable descente aux enfers, revient à sa veine plus légère avec Anesthésie générale. Dans cette suite de "A poil en civil", on retrouve Manny Rupert, ex-flic, ex-junky sommé par un type louche d'aller enquêter dans la prison de San Quentin sur un redoutable médecin nazi. L'occasion pour Jerry Stahl de tirer à vue sur le système carcéral et politique américain (entre autres) avec un humour peu subtil, mais assez ravageur.

Lien : https://collectifpolar.com/
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critiques presse (1)
LeMonde
02 septembre 2011
Frôlant en permanence le mauvais goût, côtoyant l'odieux, plongeant sans retenue dans les bas-fonds de l'histoire américaine, Jerry Stahl maintient la barre jusqu'au bout et réussit là un étonnant numéro d'équilibriste.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
S’il avait vécu, je suis persuadé que le Führer aurait aimé prendre sa retraite en Amérique. Vous comprenez ? L’objectif de la science nazie était d’empêcher les inutiles de polluer notre pur sang nordique. Et voilà que, pas plus tard qu’il y a une semaine, je vais au supermarché bio, et qu’est-ce que je vois ? Une rangée entière pleine à craquer de purificateurs de sang. Si seulement le Führer avait pu voir à quel point son travail a porté ses fruits. Je n’ai aucun doute qu’il aurait choisi de prendre sa retraite à Los Angeles et qu’il se serait mis au yoga. Il ne jurait que par l’homéopathie !
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Le problème de la haine c'est comme de prendre du poison en espérant que quelqu'un d'autre en mourra.
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Le révérend Moon était canon en bikini. Ça n'allait pas jusqu'à me donner envie d'envisager moi-même l'opération, mais c'était quand même très engageant
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Mais j'ai inventé des médicaments, je peux aider.
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Vidéo de Jerry Stahl
Entretien avec Jerry Stahl
Jerry Stahl revient de loin. Scénariste pour la télévision et junkie notoire dans les années 1980 et 1990, il raconte son addiction à l'héroïne dans "Mémoires des Ténèbres", voyage au bout de la nuit hollywoodienne teinté d'ironie, traduit aux éditions 13e note. Initialement paru en 1995, le livre a été adapté au cinéma sous son titre original "Permanent Midnight" en 1998 (avec notamment Ben Stiller). Personnage intense, pince sans rire, Stahl revient pour Fluctuat sur ses années noires, ses héros littéraires, sa carrière à Hollywood.
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