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EAN : 9782845971592
239 pages
Textuel (21/10/2005)
5/5   4 notes
Résumé :
Nichita Stănescu (1933-1983) est le plus grand poète roumain de la seconde moitié du XXe siècle. L'ensemble de ses recueils, ainsi que quelques poèmes posthumes, est rassemblé pour la première fois dans une anthologie aux traductions majoritairement inédites. Cette œuvre, féconde, n'hésite pas dès la fin des années 1950 à " torturer " le langage dans un contexte politique extrêmement défavorable. C'est cette tension entre ce qui ne peut être dit et ce qui est r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
'L'écriture de Nichita Stănescu se caractérise par une recherche de la poésie pure, de la beauté des mots, harmonieusement assemblés. Son oeuvre traite les thèmes de l'amour, la vie, la nature, et est parcourue de nombreuses métaphores. Ou plutôt une seule : la nature est la métaphore de toute chose ; tout est présent dans la nature : la naissance, la cruauté, la beauté, la vie, la mort... D'où son omniprésence dans l'oeuvre du poète, qui la laisse s'exprimer dans ses vers.' (http://fr.wikipedia)
Les 'non-mots' sont des mots empruntés ou inventés à un sens caché pour que les communistes ne comprennent pas ses idées et pour passer au délà de la censure. En fait, comme tous les poètes, N. Stanescu transcend d'avantage le temps, l'espace, l'époque!
Les non-mots sont de vives émotions, ce sont des sentiments personifiés du moi lyrique!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un homme vivant (Sunt un om viu)

Je suis un homme vivant.
Rien de ce qui est humain ne m’est étranger.
J’ai à peine le temps de m’étonner que j’existe, mais
je me réjouis toujours d’être au monde.

Je ne me m’épanouis jamais tout à fait,
parce que
je me fais une idée toujours meilleure
de la vie

Je suis bouleversé par la différence qu’il y a
entre moi et le brin d’herbe,
entre moi et les lions
entre moi et les îles de lumière
des étoiles.
Entre moi et les chiffres,
surtout entre moi et le 2, entre moi et le 3.

J’ai aussi un défaut, un péché :
je prends l’herbe au sérieux,
je prends les lions au sérieux,
et les mouvements presque parfaits du ciel.

Et une blessure accidentelle à la main
me fait voir à travers elle,
comme à travers une lunette,
les douleurs du monde et ses guerres.

D’un tel accident
vient la grande compréhension
que j’ai pour Ulysse – et
l’admiration que j’ai
pour l’homme au visage morose, Dante Alighieri.

J’aurais de la peine à imaginer
une terre déserte, tournant
autour du soleil…
(Peut-être aussi parce qu’il y a
de tels vers dans le monde)

J’aime rire, même si
je ris rarement, car j’ai toujours à faire
ou que je voyage sur un radeau, à l’infini,
sur l’océan ovale de la fantaisie.

C’est un spectacle inoubliable
que celui de savoir,
de découvrir,
la carte de l’univers en expansion,
tandis que tu regardes
une de tes photographies d’enfance !

C’est un corps à toi, ancien,
que tu as égaré,
et pas même une annonce, écrite
en grosses lettres,
ne t’offre une chance quelconque
de le retrouver.

Je déroule le papyrus de ma vie
plein de hiéroglyphes,
et ce que je peux vous dire,
maintenant, ici,
après un pénible déchiffrement,
mais non sans plaisir,
c’est un poème consacré à la paix.

Il y a une fertilité inouïe
dans la terre et dans les pierres et dans les charpentes,
magnétique, le temps, instant après instant,
élève mes pensées
comme des corps vivants.

Il y a une fertilité inouïe
dans la terre et dans les pierres et dans les charpentes.
Si je clouais mon ombre pour une seconde à peine,
elle se remplirais de fougères, de bruyères !

Seul ton visage oblong, ma bien-aimée,
laisse-le tel qu’il est, appuyé
entre deux battements de mon cœur,
comme entre le Tigre
et l’Euphrate.

*

Sunt un om viu

Sunt un om viu.
Nimic din ce-i omenesc nu mi-e străin.
Abia am timp să mă mir că exist, dar
mă bucur totdeauna că sunt.

Nu mă realizez deplin niciodată,
pentru că
am o idee din ce în ce mai bună
despre viaţă.

Mă cutremură diferenţa dintre mine
şi firul ierbii,
dintre mine şi lei,
dintre mine şi insulele de lumină
ale stelelor.
Dintre mine şi numere,
bunăoară între mine şi 2, între mine şi 3.

Am şi-un defect un păcat:
iau în serios iarba,
iau în serios leii,
mişcările aproape perfecte ale cerului.
Şi-o rană întâmplătoare la mână
mă face să văd prin ea,
ca printr-un ochean,
durerile lumii, războaiele.

Dintr-o astfel de întâmplare
mi s-a tras marea înţelegere
pe care-o am pentru Ulise – şi
bărbatului cu chip ursuz, Dante Alighieri.

Cu greu mi-aş putea imagina
un pământ pustiu, rotindu-se
în jurul soarelui…
(Poate şi fiindcă există pe lume
astfel de versuri.)

Îmi olace să râd, deşi
râd rar, având mereu câte o treabă,
ori călătorind cu o plută, la nesfârşit,
pe oceanul oval al fantaziei.

E un spectacol de neuitat acela
de-a şti,
de-a descoperi
harta universului în expansiune,
în timp ce-ţi priveşti
o fotografie din copilărie!

E un trup al tău vechi,
pe care l-ai rătăcit
şi nici măcar un anunţ, dat
cu litere groase,
nu-ţi pferă vreo şansă
să-l mai regăseşti.

Îmi desfac papirusul vieţii
plin de hieroglife,
şi ceea ce pot comunica
acum, aici,
după o descifrare anevoioasă,
dar nu lipăsită de satisfacţii,
e un poem închinat păcii,
ce are, pe scurt, următorul cuprins:

Nu vreau,
când îmi ridic tâmpla din perne,
să se lungească-n urma mea pe paturi
moartea,
şi-n fiece cuvânt ţâşnind spre mine,
peşti putrezi să-mi arunce, ca-ntr-un râu
oprit.

Nici după fiecare pas,
în golul dinapoia mea rămas,
nu vreau
să urce moartea-n sus, asemeni
unei coloane de mercur,
bolţi de infern proptind deasupra-mi…

Dar curcubeul negru-al ei, de alge,
de-ar bate-n tinereţia mea s-ar sparge.

E o fertilitate nemaipomenită
în pământ şi-n pietre şi în schelării,
magnetic, timpul, clipită cu clipită,
gândurile mi le-nalţă
ca pe nişte trupuri vii.

E o fertilitate nemaipomenită
în pământ şi-n pietre şi în schelării.
Umbra de mi-aş ţine-o doar o clipă pironită,
s-ar şi umple de ferigi, de bălării!

Doar chipul tău prelung iubito,
lasă-l aşa cum este, răzimat
între două bătăi ale inimii mele,
ca între Tigru
şi Eufrat.

***
Une vision des sentiments (O viziune a sentimentelor, 1964)
Traduit du roumain par Linda Maria Baros
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Chanson (Cântec)

C’est un hasard de mon être :
et alors, le bonheur au-dedans de moi-même
est plus fort que moi, que mes os,
que tu fais crisser dans une étreinte
toujours douloureuse, merveilleuse toujours.

Causer, parler, dire des mots
longs, vitreux, comme des ciseaux qui séparent
le fleuve froid du delta chaud,
la nuit du jour, le basalte du basalte.

Porte moi, bonheur, vers le haut, et heurte
ma tempe contre les étoiles, jusqu’à ce que
mon univers allongé et infini
devienne colonne ou autre chose,
beaucoup plus haut et beaucoup plus tôt.

Tu es – comme c’est bien, je suis – quelle surprise !
Deux chansons différentes, se heurtant, se mêlant,
deux couleurs qui ne se sont jamais vues,
une de tout en bas, vers la terre tournée,
une de tout en haut, presque déchirée
dans la fiévreuse, prodigieuse lutte
de la merveille que tu sois, du hasard que je sois.

*

Cântec

E o întâmplare a fiinţei mele:
şi-atunci, fericirea dinlăuntrul meu
e mai puternică decât mine, decât oasele mele,
pe care mi le scrâşneşti într-o îmbrăţişare
mereu dureroasă, minunată mereu.

Să stăm de vorbă, să vorbim, să spunem cuvinte
lungi, sticloase, ca nişte dălţi ce despart
fluviul rece de delta fierbinte,
ziua de noapte, bazaltul de bazalt.

Du-ma fericire, în sus, şi izbeste-mi
tâmpla de stele, până când
lumea mea prelungă şi în nesfârşire
se face coloana sau altceva
mult mai înalt, şi mult mai curând.

Ce bine ca eşti, ce mirare ca sunt!
Două cântece diferite, lovindu-se, amestecandu-se,
două culori ce nu s-au văzut niciodată,
una foarte de jos, întoarsa spre pământ,
una foarte de sus, aproape ruptă
în înfrigurata, neasemuita luptă
a minunii că eşti, a-ntâmplarii că sunt.

***
Une vision des sentiments (O viziune a sentimentelor, 1964)
Traduit du roumain par Linda Maria Baros
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Hiéroglyphe

Par amour pour la chute de neige
je ne pouvais m’attacher aux flocons
par amour pour les flocons
je ne pouvais m’attacher à la pierre
par amour pour la pierre
je ne pouvais m’attacher à l’eau
par amour pour l’eau
je ne pouvais m’attacher au feu
par amour pour les flammes
je ne pouvais m’attacher à la terre
par amour pour la terre
je ne pouvais m’attacher aux morts
par amour pour mes morts
je ne peux m’attacher à toi, chute de neige,
et pourtant, je te supplie de neiger sur moi,
viens, neige sur moi, neige sur moi !

*
Traduit du roumain par Jan H. Mysjkin.
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L’étreinte (Îmbrăţişarea)

Quand nous nous sommes aperçus,
l’air entre nous a soudain rejeté
l’image des arbres indifférents et nus
qu’il laissait le traverser.

Ô, nous nous sommes élancés, en nous appelant par nos noms,
l’un vers l’autre, et si vite,
que le temps se tassa entre nos poitrines,
et l’heure, blessée, en minutes se cassa ensuite.

J’aurais voulu te garder dans mes bras
tout comme je tiens le corps de l’enfance, dans le passé,
avec ses morts non répétées.
Et, avec mes flancs, j’aurais voulu t’embrasser.

*

Îmbrăţişarea

Când ne-am zărit, aerul dintre noi
şi-a aruncat dintr-o dată
imaginea copacilor, indiferenţi şi goi,
pe care-o lasă să-l străbată.

Oh, ne-am zvârlit, strigându-ne pe nume,
unul spre celălalt, şi-atât de iute,
că timpul se turti-ntre piepturile noastre,
şi ora, lovită, se sparse-n minute.

Aş fi vrut să te păstrez în braţe
aşa cum ţin trupul copilăriei, întrecut,
cu morţile-i nerepetate.
Şi să te-mbrăţişez cu coastele-aş fi vrut.

***
Une vision des sentiments (O viziune a sentimentelor, 1964)
Traduit du roumain par Linda Maria Baros
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Fin de saison

J’étais si attentif
que le soir s’éteignait sur les coupoles
et que les sons gelaient à mes côtés,
se changeant en colonnes spiralées.

J’étais si attentif
que le flottement ondoyant des odeurs
s’affaissait dans l’obscurité
et que je me sentais comme si
je n’avais pas éprouvé le froid, jamais.

Soudain
je me suis réveillé si lointain
et si étranger,
déambulant derrière mon visage,
comme si, du relief insensé de la lune,
j’avais revêtu mes sens.

J’étais si attentif
que
je ne t’ai pas reconnue, et il se pourrait
que tu viennes encore,

chaque heure, chaque seconde,
et que tu passes à travers mon attente d’autrefois
comme à travers le spectre d’un arc de triomphe.

***
Traduit du roumain par Linda Maria Baros
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Nichita Stănescu, Art poétique
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