Dans les griffes de la Hammer

Au milieu des années 50, une petite maison de production anglaise sort de l'ombre pour reprendre les grands classique d'Universal et mettre en scène à sa manière Dracula, Frankenstein, le loup-garou et les autres. A l'époque, le genre est moribond. La Hammer leur rend lui rend sa dignité et fait des séquences choc en couleur sa spécialité. du sang, des pieux, des colliers d'ail se succèdent à l'écran. L'occasion de se servir des romans gothiques pour les moderniser et effrayer le public. Pour donner vie à ce petit monde, le génie a été de faire signer des comédiens de génie, Christopher Lee et Peter Cushing en tête. Depuis, plus personne ne regarde un film de vampire sans se référer à ce qui a été fait à l'Ouest de Londres dans des studios devenus mythiques. Ce fort beau livre très documenté revient sur l'ascension et la chute de ce studio qui a marqué les annales du 7e art en le parant d'un sceau de feu.

Fondée en novembre 1934, La Hammer est l'une des plus anciennes sociétés cinématographiques au monde. Hammer est synonyme d'horreur, après avoir défini le genre en Grande-Bretagne avec des classiques tels que Dracula, The Curse of Frankenstein et The Mummy, qui ont engendré de nombreuses suites. Cependant, seulement 1/3 des films La Hammer étaient de l'horreur ! La société s'est attaquée à d'autres genres, notamment les thrillers psychologiques, la science-fiction, le noir et l'épopée historique. La Hammer apossède un catalogue de près de 300 titres et un riche canon de personnages comprenant des monstres classiques, des gangsters, des psychopathes et, étonnamment, des filles des cavernes. Elle a apporté au cours des années 50-60 un grand vent de liberté dans les films de genre, avec de la couleur, du sang et un zeste d'érotisme. Ce film balaie plus de vingt ans de désormais classiques !

Toute une époque pour sûr, et c'est ce qui fait de cette sélection un véritable voyage temporel à une époque où le concept d' «Art» n'était pas exclus de l'industrie de l'affiche publicitaire. La Hammer a régné sans partage sur le film d'horreur durant deux décennies, ressuscitant Dracula, Frankenstein, La Momie, le loup-garou avec un succès variable. Cett société a également produit ses propres stars : Peter Cushing, Chrsitopher Lee , Barbara Shelley. Une industrie qui a carburé à 100 à l'heure, avant de connaitre un déclin progressif, faute de projets conséquents et face au public qui souhaitait changer son fusil d'épaule. Richement illustré, cet ouvrage revient sur l'aventure incroyable de deux hommes qui pensaient cinéma et qui se sont donné les moyens de concrétiser leur rêve le long d'une berge de la Tamise. Un livre qui ravira tous les fans d'horreur et de cinéma gothique.

Du milieu des années 1950 à la fin des années 1960, la Hammer a rayonné sur le cinéma populaire européen et mondial grâce à la production de nombreux films de genre (horreur, fantastique, aventures…) qui font açonné l'image de la compagnie et l'histoire du cinéma britannique. Cette maison de production s'appuiait sur des réalisateurs de qualité comme Terence Fisher et des acteurs qui incarnent les figures mythiques du cinéma de genre : Peter Cushing et Christopher Lee. Grâce à la couleur et des effets spéciaux gratinés pour l'époque, plus personne n'a regardé Dracula, Frankenstein et la momie comme auparavant !

Au moment de rendre compte du livre Dans les griffes de la Hammer écrit par Nicolas Stanzick, mon lecteur adoré me pardonnera d'avoir une fois de plus envie d'évoquer des souvenirs personnels. C'est que, loin d'être une histoire du fameux studio anglais passé à la postérité pour ses productions fantastiques gothiques entre 1957 et 1976, le livre en question est l'exploration d'un moment de la cinéphilie française à travers la réception, durant cette période, des films estampillés Hammer. Salles de quartier, aventure de la revue Midi-Minuit Fantastique, figure centrale et fédératrice du réalisateur Terence Fisher, le livre s'appuie sur les parcours personnels de cinéphiles amoureux du genre fantastique comme Michel Caen, Jean-Claude Romer, Alain Schlockoff, Christophe Lemaire, ou Francis Moury, et sa lecture m'a inévitablement ramené à ma propre expérience en la matière, quelque peu décalée évidemment puisque je suis né l'année où Fisher tourne The gorgon (La gorgone– 1964).

(à suivre)
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