Le Baiser

[...] Il avait demandé au médecin de ne pas dire à Isabelle qu'il ne pourrait plus jamais marcher. Avec son divorce, c'était l'autre secret qu'il désirait garder pour lui. Il avait besoin de temps pour voir dans quel sens évoluerait la situation. Isabelle imaginait que sa guérison serait longue, qu'il lui faudrait entre six mois et un an avant de pouvoir retrouver le plein usage de ses jambes.
Si elle avait envisagé, ne fût-ce qu'un instant, de quitter Gordon, les choses auraient été différentes. Il lui aurait dit la vérité. Mais puisqu'elle retournerait bientôt auprès de son mari, il jugeait inutile de l'inquiéter avec ses propres problèmes. Elle avait suffisamment à faire avec Teddy. Il lui faudrait aussi affronter Gordon, et la simple idée de ce qui l'attendait le mettait hors de lui. Cet homme n'éprouvait rien pour sa femme : ni respect, ni amour, ni chaleur, ni compassion. Gordon Forrester se prenait pour le centre du monde ; à ses yeux, Isabelle n'était qu'un accessoire jadis utile, une garde-malade pour leur fils. Il n'avait apparemment aucune conscience de sa vraie valeur.[...]

Je donnerais ma vie pour elle, si seulement cela m'était possible.

L'amour est un bien rare, infiniment précieux.