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Renée Vavasseur (Traducteur)Marcel Duhamel (Traducteur)
EAN : 9782070364282
128 pages
Gallimard (22/08/1973)
3.82/5   2252 notes
Résumé :
Jouant de sa lame comme d'un levier, il le fit céder et le coquillage s'ouvrit. Les lèvres de chair se crispèrent puis se detendirent. Kino souleva le repli et la perle était là, la grosse perle, parfaite comme une lune. Elle accrochait la lumière, la purifiait et la renvoyait dans une incandescence argentée. Elle était aussi grosse qu'un oeuf de mouette. C'était la plus grosse perle du monde.
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Critiques, Analyses et Avis (211) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 2252 notes
Ce livre est une allégorie de l'argent ou, à tout le moins, une parabole autour de la thématique de la possession matérielle. Son style est assez différent du style "ordinaire" de Steinbeck, tout comme "Tortilla Flat", il possède un style bien à lui.
Tout est symbole dans ce livre, la perle, objet tant convoité par les chercheurs de perle, tout comme l'argent, recherché par ceux qui n'en ont pas, en sont le centre.
L'histoire se passe en Californie mexicaine, presque au bout de la presqu'île. Les protagonistes sont pauvres (comme souvent chez Steinbeck) et l'un d'eux va trouver, c'est le cas de le dire, la perle rare. Je vous laisse découvrir ce qui peut arriver à des pauvres qui d'un coup de dé magique décochent la fortune... Pensez bien au double sens du mot "fortune".
Pour ceux que cela intéresse, l'histoire débute ainsi : Kino et sa femme Juana sont de rudes indiens, pauvres et travailleurs, parents d'un jeune enfant nommé Coyotito. Ce dernier se fait piquer par un scorpion et est entre la vie et la mort. Juana comprend que ses remèdes traditionnels risquent de ne pas être suffisants et convainc Kino de le présenter à la médecine des blancs.
Le richissime docteur blanc les envoie balader en voyant qu'il ne pourrait vraisemblablement pas être payé. le couple s'en retourne donc, plein d'amertume, presque résigné à perdre son enfant. Devant repartir travailler pour ne pas mourir de faim, Kino et Juana s'en vont une nouvelle fois draguer le fond du golfe et découvrent, une énorme perle, une gigantesque perle, une comme pas même ils n'auraient osé l'imaginer, encore moins la posséder.
Bien qu'ils désirent la cacher, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre, un peu comme pour l'or de Suter (voir L'or de Blaise Cendrars).
De là, leur destin ne leur appartient plus en propre, le médecin blanc, mystérieusement, désire voir l'enfant, Kino entend rôder le soir autour de sa hutte...
Que faire quand on n'est pas de la partie pour jouer dans la catégorie de ceux dont l'argent est le métier ? C'est maintenant à vous de lire et de savourer cette belle nouvelle à caractère philosophique ou sociologique, mais souvenez-vous que tout ce que je viens d'écrire n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Une vraie révélation j'ai découvert Steinbeck avec des Souris et des Hommes, je me suis dis pourquoi pas essayer La Perle et là grosse claque.
Steinbeck a l'art et la manière de dénoncer les inégalités provoquées par l'argent, l'origine sociale et le manque d'éducation. Il insiste sur le destin qui s'acharnent sur les personnages principaux malgré la trouvaille d'une perle inestimable du fait de la convoitise, de la folie, elle ne provoque que désolation. La légende de cette perle s'est répandue jusqu'en Afrique on la retrouve dans Désert de le Clézio.
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Une très jolie et longue nouvelle pour entrer fermement en douceur dans l'univers de ce géant.

Steinbeck nous y conte une histoire cousue de fil blanc, universelle, et si j'ose dire, anthropo-naturaliste.
Tout y est rigoureusement à sa place… hélas… mais de manière apaisée…

Terrible et éternelle lutte des classes : pyramide trop pointue, voire cercles concentriques déviants, illustrée tout simplement par cette fable dont le discret exotisme ne nous éloigne en rien de son caractère général.

Tels ces vainqueurs du gros lot, maudit TotoLoto, où la soudaine richesse n'amène que malheurs et séparations, notre modeste et charmante petite famille, mise de côté d'une certaine modernité, va pourtant en subir les épreuves successives, pétries d'injustice, du dérisoire de la révolte, sa dignité comme seule réponse.
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John Steinbeck est aussi multiple que sa littérature. Néanmoins, il existe un dénominateur commun dans l'écriture ensorcelante de l'auteur américain : le récit s'enracine toujours dans l'oralité des contes et des légendes que les anciens transmettent au fil du temps aux nouvelles générations pour qu'elles n'oublient jamais d'où elles viennent. Ici il s'inspire d'un conte mexicain traditionnel.

Cette petite parabole se lit d'une traite, tant l'écriture est riche et limpide. Les thèmes chers à l'auteur et communs à de nombreux de ces romans sont encore omniprésents.
Steinbeck dépeint la misère pour faire prendre conscience des existences malheureuses, mais surtout il dénonce les conditions de vie des pêcheurs de perles, exploités et asservis par les marchands de pierres précieuses.
Il dénonce s'insurge encore et toujours contre le clivage social et la misère pénible et sans espoir qu'il engendre.

Ce qui fait vivre, ce sont les rêves et l'imagination florissante. Mais les rêves des pauvres sont systématiquement piétinés par les plus puissants.

Malgré une vision réaliste mais très pessimiste de la société, toute la finesse de Steinbeck éclaire La perle, dont la musique mélancolique, s'incruste durablement dans la mémoire.


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Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Début du 20ème siècle, quelque part en Basse Californie, Mexique. Sur une plage de la côte Pacifique, les huttes de pêcheurs s'alignent. Décor paradisiaque ? Ca aurait pu… Mais nous sommes chez Steinbeck, alors vous feriez bien de vous préparer à une histoire dramatique, au lieu de rêver soleil et cocotiers.
Kino, Indien, pêcheur, vit avec Juana et leur bébé Coyotito. Il ne possède que sa cabane et son bateau de pêche. Ils n'ont ni argent, ni instruction. Sont-ils malheureux ?
Un jour, Coyotito est piqué par un scorpion. Kino et Juana amènent le bébé à la ville, chez le docteur. Celui-ci, pour les pauvres, est aux abonnés absents.
Rentrant sa colère sous des strates séculaires d'oppression des indigènes par les Blancs, Kino retourne à la pêche, dans l'espoir de gagner un peu d'argent pour soigner son fils. Et là, miracle… Il pêche la « Perle du Monde », la plus grosse qu'on ait jamais vu sur Terre.
Kino voit là la fin de tous les problèmes de sa famille, alors que Juana pressent la catastrophe. Et en effet, après un bref moment d'euphorie, la Perle a tôt fait d'attiser la convoitise des voisins, de l'Acheteur de perles, et du docteur, qui soudain se souvient de son petit patient piqué par un scorpion. Et d'attiser aussi la paranoïa de Kino, qui craint les voleurs, et qui, de brave type, se muera peu à peu en fauve prêt à tout pour défendre son bien. Il avait soif d'argent, il avait trouvé le moyen d'être l'homme le plus riche de la région, et il va tout perdre.
Entre conte philosophique et tragédie classique, cette fable sur la richesse matérielle montre que si l'argent fait le bonheur des riches, il brise celui des pauvres. Les riches ont et auront toujours le pouvoir, et les pauvres resteront écrasés par leur destinée implacable d'esclaves. Chacun doit rester à sa place : « aspirer à un destin autre que celui pour lequel on semble avoir été créé, est-ce le péché ? La résignation vaut-elle mieux que la révolte ? » (introduction à l'édition Folio). Cette fable, cruelle, ne fait guère dans la nuance : il y a le Bien et le Mal, et peu de choses entre les deux. Mais c'est un petit bijou, noir, de poésie et de finesse psychologique, dans un style limpide. Comme pour «  Des souris et des hommes », je reste sans voix devant ce talent pur : dire tant de choses en si peu de mots, susciter tant de réflexions avec des histoires si simples, marquer si profondément les esprits avec quelques lignes, avoir une telle force d'évocation avec tant de pudeur et de douceur dans les phrases… Permettez-moi cet auto-plagiat : qui donc pourra m'expliquer ce mystère qui transcende des mots anodins et des faits divers en prodige littéraire intense et bouleversant ?
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Citations et extraits (154) Voir plus Ajouter une citation
- Que pouvais-je faire d'autre ? Ce sont tous des voleurs.
Juan Tômas opina gravement. Il était l'aîné et Kino attendait de lui de sages avis.
- Il est difficile de dire, répondit-il. Nous savons bien que nous sommes volés, depuis notre naissance jusqu'aux prix exorbitants de nos cercueils. Mais nous survivons. Ce que tu as défié, ce n'est pas les acheteurs de perles, mais le système entier, toute une manière de vivre, et je tremble pour toi.
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Kino hésita un instant. Ce docteur-là n'était pas des siens. Il faisait partie de la race qui, pendant près de quatre siècles, avait battu, volé, affamé et méprisé Kino et ses pareils et les avait si bien terrorisés que l'indigène, désormais, ne se présentait devant sa porte qu'avec humilité.
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Le châle était tout raide de sang séché et le paquet se balançait légèrement à chaque pas. Le visage de Juana était dur, ridé, tanné par la fatigue et par l’effort qu’elle faisait pour combattre l’épuisement. Et ses yeux élargis regardaient en dedans d’elle-même. Elle était aussi lointaine, aussi distante que le Paradis. Les lèvres de Kino étaient serrées, ses mâchoires contractées, et les gens disent qu’il portait la terreur sur lui, qu’il était aussi redoutable qu’un ouragan qui se lève. Les gens racontent qu’ils n’avaient plus rien d’humain, qu’ils avaient traversé la douleur et étaient ressortis sur l’autre versant, qu’une espèce d’aura magique les entourait. Et tous ceux qui s’étaient précipités pour les voir reculèrent pour les laisser passer sans oser leur dire un mot.
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C’est merveilleux de voir combien une petite ville est consciente. Si un homme, une femme, un enfant ou un bébé agit et se conduit selon les règles établies, n’enfreint aucune loi, ne diffère de personne, ne risque aucune tentative, ne tombe pas malade et ne vient troubler en rien le confort, la paix morale ou le cours tranquille des jours de la ville, alors cet élément peut disparaître sans qu’on se soucie jamais de lui. Mais qu’un être sorte de la norme des pensées ou des habitudes rituelles, et aussitôt les nerfs de tous les citadins vibrent, un courant s’établit le long des fibres nerveuses de la ville. Et chacune des unités communique avec l’ensemble.
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Il avait dit : « Je suis un homme » et cela signifiait beaucoup de choses pour Juana. Cela signifiait qu’il était à moitié fou et à moitié dieu. Cela signifiait que Kino se lancerait de toute sa force contre une montagne, précipiterait toute sa force contre la mer. Dans son âme de femme, Juana savait que la montagne resterait immuable tandis que l’homme se briserait ; que les marées se poursuivraient tandis que l’homme se noierait. Et cependant, c’est tout cela qui faisait de lui un homme, demi-fou, demi-dieu, et Juana avait besoin d’un homme ; elle ne pourrait pas vivre sans un homme.
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