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Renée Vavasseur (Autre)Marcel Duhamel (Autre)
EAN : 9782070368617
384 pages
Gallimard (11/01/1977)
3.84/5   416 notes
Résumé :
Une panne oblige les voyageurs d'un autocar à passer la nuit dans une station-service, sur la grande autoroute de Californie. La panne réparée, un nouvel incident immobilise pendant des heures les voyageurs en pleine montagne.
De chacun des naufragés de l'autocar, Steinbeck trace un portrait étonnant, dévoilant le drame ou la comédie de son existence entière. Chacun des voyageurs perd la tête, est assailli par des tentations sexuelles, nous livre un instant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 416 notes
C'est toujours avec grand plaisir que je retourne à mes premières amours, que je retrouve l'un de mes écrivains fétiches, le très grand John Steinbeck. Comme à son habitude, il nous emmène faire un tour sur ses terres chéries de Californie. Un vrai bonheur. Prenez place sans crainte dans l'autocar…

Pourtant, vous n'allez probablement pas voyager beaucoup pour cette fois car c'est à un autre voyage auquel Steinbeck nous convie ; un voyage au creux des esprits et des sentiments de chacun. L'auteur psychanalyse alternativement l'un ou l'autre de ses personnages et donne comme presque toujours un certain suspense à son histoire. On ne s'ennuie jamais ; on sourit, — parfois même on rit —, grâce à cette caméra embarquée aux tréfonds des âmes et des attentes humaines.

Juste une petite indication du synopsis. Juan Chicoy, brun mexicain, la petite cinquantaine bien conservée, tient une sorte de station service/relais de bus au croisement de deux axes routiers principaux de l'état de Californie (rien de surprenant puisque l'auteur parle presque exclusivement de la Californie dans ses romans).

Le bus de Juan est tombé en panne et les passagers ont été obligés de dormir tant bien que mal à la station service, absolument pas adaptée pour recevoir tant de personnes. Au petit matin, malgré tous les efforts de Juan et de son jeune mécano, le Boutonneux, tout le monde est d'une humeur massacrante et la femme de Juan, Alice, plus encore que les autres, étant ultra jalouse et devinant des maîtresses partout, frise la crise de nerfs et s'en prend donc plus que de raison à la petite employée de la station-service, Norma.

Norma, elle, ne rêve que de Clark Gable, de cinéma et d'Hollywood et il ne faudra peut-être plus la pousser beaucoup pour qu'elle veuille ficher le camp… Parmi les voyageurs, il y a un couple bourgeois d'une cinquantaine d'années, les Pritchard propre sur eux et un brin guindés ainsi que leur grande fille Mildred qui est déjà une jeune adulte et qui, elle, bien loin d'être aussi guindée, sent au fond d'elle-même un je-ne-sais-quoi lui frétiller dans les ovaires. Il y a aussi Ernest Horton, le jeune et fringant voyageur de commerce qui continue le business même en dehors des heures de travail et qui pourrait bien faire miroiter des choses à Norma. Il y a aussi ce vieux ronchon de Van Brunt qui garde le silence pour le moment mais pour combien de temps encore.

Ajoutons à cela qu'un nouveau bus va arriver et libérer une nouvelle cargaison de passagers, eux aussi fermement résolus à attraper leur correspondance. Au sein de ce nouveau bus, il y a Camille, une véritable bombe blonde à la Marilyn Monroe autour de laquelle tous les mâles tournent comme autant de mouches autour d'une tranche de viande émouvante. Cela a le don d'agacer les représentantes de l'autre sexe qui, d'une humeur de cheval, prêtes à ruer, passent à une humeur de chien, prêtes à mordre…

Juan prend beaucoup sur lui, mais entre Alice qui lui tape sur le système, les passagers qui l'assaillent de questions dont il ne peut fournir les réponses, sans oublier la chaleur, la promiscuité, les difficultés en tous genres et même la petite Mildred qui lui fait de l'œil, il risque d'avoir bien du mal à conserver son sang froid… D'ailleurs qui pourra ne pas perdre la tête dans ce bus qui devient un calvaire ?

Je vous laisse en chemin au milieu de cette pétaudière absolument succulente où les rebondissements successifs ne vont pas arranger les affaires de quiconque. J'en terminerai en concédant qu'il manque peut-être (pas sûr) le tout petit supplément d'âme qui ferait de cet excellent livre le pur chef-d'œuvre auquel John Steinbeck nous a si souvent habitué mais que c'est, en tous les cas et d'après moi, un bien bon moment de littérature. Du moins c'est mon naufragé d'avis, égaré dans une correspondance, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Si un jour prochain vous quittez à regret “Les naufragés de l'autocar”, publié par John Steinbeck en 1947, attardez vous donc une minute ou deux dans l'observation de la couverture de ce roman représentant le célèbre tableau d'Edward Hopper intitulé “Gas” !

Encore sous l'emprise de la lecture, il est fort possible que l'atmosphère étrange qui se dégage de cette peinture vous rende affreusement triste et peut-être même vous saisisse d'effroi si vous vous identifiez à tel ou tel personnage du roman.
La zone obscure au centre de la toile, vers laquelle convergent les lignes de fuite, n'est pas sans rappeler le reflet de l'âme tourmentée des neuf protagonistes réunis le temps d'un court voyage pluvieux sur les routes californiennes.

Neuf passagers en mal d'amour dans un vieux bus malicieusement baptisé “La Bien-Aimée” : en route les ami(e)s vers des horizons littéraires enchanteurs !
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Au bord de la grande autoroute de Californie, la station essence restaurant d'Alice et Juan Chicoy s'éveille. Ce dernier effectue les derniers essais de son bus dont il a réparé la panne avec l'aide du « boutonneux », son apprenti. Les passagers qu'ils ont hébergés prennent leur petit déjeuner. Mr et Mme Pritchard doivent se rendre au Mexique en compagnie de leur fille Mildred pour leurs vacances. Un représentant en nouveautés et autres farces et attrapes les accompagne. Un soixantenaire grincheux, van Hunt, met en garde Juan sur la vétusté du pont qu'ils doivent traverser lors de leur voyage. Norma, la serveuse d'Alice, rend son tablier et décide de partir à Hollywood où elle aura toutes les chances de croiser son idole, Clark Gable. Au dernier moment, une jeune femme d'une rare beauté se joint à l'hétéroclite équipage. Cette assemblage de gens qui n'avait que peu de chance de se croiser autrement que dans cet autocar va vivre une aventure qu'ils n'auraient jamais imaginée…
Tout l'intérêt du roman de John Steinbeck réside dans ses personnages, leur caractère, leurs défauts, leurs imperfections. Il révèle les faiblesses de chacun en confrontant les uns aux autres donnant lieu à des scènes de la vie courante pleines de relief, de verve. Il sonde admirablement bien l'âme humaine. Il démonte les mécanismes qui animent les gens et met le doigt sur ce qui dérange, l'anima des uns, l'animus des autres, passés au shaker pour un résultat qui irrite mais qui n'est qu'une évidence. Ils sont des personnages de roman mais ils sont nous, une façon de l'auteur de se moquer de ses contemporains, de dénoncer une Amérique qui se dit puritaine mais dont la perfection n'est en fait qu'une illusion car l'erreur est le propre de l'homme. A la fin ce sont toutes ces faiblesses qui font le charme de cet oeuvre, qui font qu'elle est émouvante.
Traduction de Renée Vavasseur et Marcel Duhamel.
Editions Gallimard, Folio, 371 pages.
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En apparence une histoire un peu plus légère que les autres du même auteur. On dirait un roman choral. Les points de vue de chacun sont souvent peu avouables mais la variété de styles est réjouissante. Cela pourrait ressembler à "Les Bronzés prennent l'autocar"... si le film existait. C'est donc un livre qui contient des scènes drôles mais avec un auteur pareil il faut aussi s'attendre à quelques traits plus sombres.

La dispute du couple gérant une station service créé un enchaînement d'événements cocasses. Si on ajoute une panne d'autocar, on se trouve dans une situation qui où tous les protagonistes sont poussés à bout, si bien qu'ils finissent par enlever le masque et révéler leur vraie personnalité.

Certains s'en arrangent très bien et osent franchir le pas. Comme le pot de colle de service, un jeune mécanicien surnommé Boutonneux, qui veut absolument conclure avec la splendide Camille, une streapteaseuse expérimentée. Il y aussi la jeune fille à papa-maman aux principes très rigides, qui a des vues sur un homme mûr.

De toutes ces personnalités ressort un portrait atypique des Etats-Unis après la seconde guerre mondiale. On est loin de l'Amérique des winners. Seulement, Steinbeck s'attarde sur les plus modestes pour lesquels on lui devine une grande estime.

Cette Amérique des sans-grades a habituellement peu de marche de manoeuvre mais se révèle opportuniste quand la situation se présente.
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Quel plaisir de retrouver ce cher, si cher Steinbeck, déporté de sa bien aimée vallée de la Salinas vers quelque route lointaine de Californie éclairée de loin en loin par les lumières de rares gas stations perdues.

J'avais longtemps boudé ce roman, ayant lu ici et là qu'il était au-dessous des autres. Erreur, car outre le bonheur de me couler dès les premières lignes dans la merveilleuse humanité de l'auteur, j'y ai retrouvé la quintessence de son univers, dans ce qu'il a de plus noir comme dans ses aspects les plus lumineux, et notamment son humour!
On rit beaucoup dans ce roman, du moins au début avant que ne se révèle le naufrage de certaines existences, derrière lesquelles se révèlent encore les fondements vacillants d'une société américaine pourtant sûre d'elle-même et conquérante en ces années d'après-guerre.

Il ne faut pas plus de trois lignes pour pénétrer entièrement l'univers que nous propose Steinbeck et avoir littéralement envie d'entrer dans la salle de restaurant de cette station essence située au Coin-des-Rebelles (un programme en soi!), de s'accouder au bar en dégustant une part de gâteau à la crème, et de regarder vivre le microcosme qui s'agite sous nos yeux : Juan le besogneux au fin sourire distant et sa femme Alice luttant avec humeur contre sa propre perdition, leurs jeunes employés suffoqués par leurs rêves en même temps qu'appesantis par leurs destins, et enfin les fameux voyageurs, englués contre leur gré dans ce trou en raison d'une avarie sur l'autocar. Un couple WASP jusqu'au bout des ongles affublé d'une fille rebelle, un représentant de commerce tentant d'évacuer par le rire les cauchemars de ses années de guerre, et la belle Camille, surfant comme une sirène sur les codes de ce monde cynique.

J'aurais voulu que ce roman dure encore tant les leçons de vie y sont puissantes, tant l'art du détail distillé avec une parfaite mesure m'ont liée aux personnages, et aussi parce qu'après celui-ci je n'ai quasiment plus d'oeuvres de Steinbeck à découvrir.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
- Vous pensez que c'est grave ? demanda-t-il ?
- Je vous fous mon billet que c'est grave, dit Juan.
- Vous croyez que je devrais voir un médecin ?
- Ben...Si c'étais moi, j'en verrais un.
- Le petit homme gloussa de satisfaction.
- C'est tout ce que je voulais savoir, dit-il.
Il passa son pouce sous la plante de son pied et tout le dessus du pied se souleva - peau, sang et orteils écrasés - et là dessous son pied apparut, en entier sans blessures, les orteils intacts. Il renversa la tête et rit à gorge déployée.
- Elle est bien bonne, hein ? En plastique. C'est un nouveau produit.
M. Pritchard s'était rapproché avec un air de dégoût .
- C'est le "Mal au pied-Farces-Attrapes" dit l'homme. (Il extirpa une boite plate de sa poche et la tendit à Juan.) Vous avez été tellement gentils pour moi, alors je vous en offre un. Avec les compliment d'Ernest Horton, représentant de la société La Petite Merveille. (Sa voix montait avec son enthousiasme.) Il se fait en trois tailles - un, deux ou trois orteils écrasés. Celui que je vous donne, c'est le modèle trois orteils comme celui que vous venez de voir. Il y a le bandage et un flacon de sang artificiel pour que le pansement ait toujours l'air affreux. Le mode d'emploi est à l'intérieur. Il faut l'amollir dans de l'eau tiède la première fois que vous vous en servez. Après cela, il s'adapte exactement à la peau et on n'y voit que du feu. De quoi se payer des tonnes de rigolades.
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- Tiens-toi un peu, dit-il. C'était un vrai bordel toute la matinée. Essaye de mettre un peu d'ordre avant que je revienne.
Le visage d'Alice s'enflamma une seconde et allait répondre quand Juan lui coupa la parole :
- Sinon un de ces jours, je suis capable de ne pas revenir.
Elle eut le souffle coupé.
- C'est que je ne me sens pas bien, gémit-elle.
- Eh ben, tâche de te sentir mieux, ou en tout cas n'en fais pas un plat. Personne ne supporte les malades bien longtemps. Personne. Mets-toi bien ça dans la tête. (...)
Alice s'accouda sur la barre médiane de la porte grillagée. De grosses larmes lourdes emplirent ses yeux.
- Je suis grosse, souffla-t-elle lentement, et je suis vieille. Oh ! Seigneur ! je suis vieille !
Les larmes coulèrent dans son nez. Elle souffla pour les chasser.
- Tu peux trouver des jeunesses, fit-elle, mais moi, qu'est-ce que je peux trouver ? Rien du tout. Une vieille pouffiasse.
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[Juan] se demanda pourquoi il restait avec elle. Par simple paresse sans doute. Il n'avait pas envie d'affronter tout le tintouin sentimental qu'une rupture entraînerait. [...] Ce n'était rien de coucher avec une fille, mais il aurait besoin de la présence d'une femme, et toute la différence était là. On finit par s'habituer à la sienne, et c'est moins compliqué.
Et d'autre part, hors du Mexique, Alice était la seule femme qui sût préparer convenablement les haricots. Curieux. [...]
Mais il y avait aussi une autre raison. Elle l'aimait. Elle l'aimait vraiment. Et il le savait. Et on ne peut négliger une chose pareille. C'est tout un composé, qui a son architecture propre et on ne peut pas s'en séparer sans y laisser un morceau de soi-même. Alors si on veut rester entier, on se fait une raison... quelle que soit l'envie qu'on ait de jouer la fille de l'air. Juan n'était pas homme à s'abuser beaucoup.
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Le regard de Juan était distant et amusé. Ce qui ne manquait pas de terrifier Alice. Elle savait qu’il la voyait, non pas comme une femme en rage dont la colère assombrissait pour lui le monde, mais comme l’une des milliers de femmes en rage, bonnes à être observées, disséquées et même, pourquoi pas, savourées. Et cela produisait sur elle une affreuse sensation de solitude et d’épouvante. Juan bouchait son univers et elle sentait bien que pour lui, elle ne bouchait rien du tout. Non seulement il la voyait telle qu’elle paraissait, et telle qu’elle était vraiment, mais encore son regard la traversait pour voir au-delà d’elle.
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La vieille dame grimpa la marche avec effort et vint s'asseoir dans le fauteuil juste derrière Louie.
- 'Mande pardon, m'dame, mais cette place est déjà occupée.
- Comment, occupée ? répliqua-t-elle d'une voix belliqueuse. On ne réserve pas de places, dans les cars.
- La place est prise, m'dame, répéta-t-il. Vous ne voyez donc pas la valise qui est à côté ?
Il détestait les vieilles femmes. Elles lui faisaient peur. Elles traînaient derrière elles une odeur qui lui donnait la chair de poule. Elles étaient féroces et sans vergogne et se fichaient éperdument de faire du scandale. Et elles obtenaient toujours ce qu'elles voulaient.
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« Les raisins de la colère » de John Steinbeck, à lire en poche chez Folio.
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