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Citations sur Les Naufragés de l'autocar (28)

- Tiens-toi un peu, dit-il. C'était un vrai bordel toute la matinée. Essaye de mettre un peu d'ordre avant que je revienne.
Le visage d'Alice s'enflamma une seconde et allait répondre quand Juan lui coupa la parole :
- Sinon un de ces jours, je suis capable de ne pas revenir.
Elle eut le souffle coupé.
- C'est que je ne me sens pas bien, gémit-elle.
- Eh ben, tâche de te sentir mieux, ou en tout cas n'en fais pas un plat. Personne ne supporte les malades bien longtemps. Personne. Mets-toi bien ça dans la tête. (...)
Alice s'accouda sur la barre médiane de la porte grillagée. De grosses larmes lourdes emplirent ses yeux.
- Je suis grosse, souffla-t-elle lentement, et je suis vieille. Oh ! Seigneur ! je suis vieille !
Les larmes coulèrent dans son nez. Elle souffla pour les chasser.
- Tu peux trouver des jeunesses, fit-elle, mais moi, qu'est-ce que je peux trouver ? Rien du tout. Une vieille pouffiasse.
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- Vous pensez que c'est grave ? demanda-t-il ?
- Je vous fous mon billet que c'est grave, dit Juan.
- Vous croyez que je devrais voir un médecin ?
- Ben...Si c'étais moi, j'en verrais un.
- Le petit homme gloussa de satisfaction.
- C'est tout ce que je voulais savoir, dit-il.
Il passa son pouce sous la plante de son pied et tout le dessus du pied se souleva - peau, sang et orteils écrasés - et là dessous son pied apparut, en entier sans blessures, les orteils intacts. Il renversa la tête et rit à gorge déployée.
- Elle est bien bonne, hein ? En plastique. C'est un nouveau produit.
M. Pritchard s'était rapproché avec un air de dégoût .
- C'est le "Mal au pied-Farces-Attrapes" dit l'homme. (Il extirpa une boite plate de sa poche et la tendit à Juan.) Vous avez été tellement gentils pour moi, alors je vous en offre un. Avec les compliment d'Ernest Horton, représentant de la société La Petite Merveille. (Sa voix montait avec son enthousiasme.) Il se fait en trois tailles - un, deux ou trois orteils écrasés. Celui que je vous donne, c'est le modèle trois orteils comme celui que vous venez de voir. Il y a le bandage et un flacon de sang artificiel pour que le pansement ait toujours l'air affreux. Le mode d'emploi est à l'intérieur. Il faut l'amollir dans de l'eau tiède la première fois que vous vous en servez. Après cela, il s'adapte exactement à la peau et on n'y voit que du feu. De quoi se payer des tonnes de rigolades.
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[Juan] se demanda pourquoi il restait avec elle. Par simple paresse sans doute. Il n'avait pas envie d'affronter tout le tintouin sentimental qu'une rupture entraînerait. [...] Ce n'était rien de coucher avec une fille, mais il aurait besoin de la présence d'une femme, et toute la différence était là. On finit par s'habituer à la sienne, et c'est moins compliqué.
Et d'autre part, hors du Mexique, Alice était la seule femme qui sût préparer convenablement les haricots. Curieux. [...]
Mais il y avait aussi une autre raison. Elle l'aimait. Elle l'aimait vraiment. Et il le savait. Et on ne peut négliger une chose pareille. C'est tout un composé, qui a son architecture propre et on ne peut pas s'en séparer sans y laisser un morceau de soi-même. Alors si on veut rester entier, on se fait une raison... quelle que soit l'envie qu'on ait de jouer la fille de l'air. Juan n'était pas homme à s'abuser beaucoup.
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Mr Pritchard usait d'une stratégie bien établie dans ses rapports avec les gens. Il n'oubliait jamais le nom d'un homme riche ou plus puissant que lui, mais il oubliait régulièrement le nom d'un inférieur. Il avait découvert que d'amener un homme à décliner son nom suffisait pour le placer dans une position légèrement désavantageuse. Le fait de prononcer son propre nom dénudait un homme et lui enlevait une partie de ses moyens.
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Boutonneux, qui regardait ses ongles, leva les yeux. Il remarqua les petites rides de l’age qui grimpaient le long du cou, la lourdeur des paupières d’Alice. Il vit que ses mains avaient perdu le lisse de la jeunesse. Il se sentit envahi de pitié pour elle. Peu favorisé lui-même par la beauté, il estimait que la jeunesse était la seule chose valable sur terre et que celui qui l’avait perdue était déjà comme mort.
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Le regard de Juan était distant et amusé. Ce qui ne manquait pas de terrifier Alice. Elle savait qu’il la voyait, non pas comme une femme en rage dont la colère assombrissait pour lui le monde, mais comme l’une des milliers de femmes en rage, bonnes à être observées, disséquées et même, pourquoi pas, savourées. Et cela produisait sur elle une affreuse sensation de solitude et d’épouvante. Juan bouchait son univers et elle sentait bien que pour lui, elle ne bouchait rien du tout. Non seulement il la voyait telle qu’elle paraissait, et telle qu’elle était vraiment, mais encore son regard la traversait pour voir au-delà d’elle.
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En retroussant leurs jupes (aux toilettes), les femmes perdaient tous leurs complexes (...) Peut-être était-ce du à l'absence d'hommes dans les parages. Car là où il n'y avait pas d'hommes la concurrence ne jouait pas et automatiquement, elles lâchaient la pose.
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La vieille dame grimpa la marche avec effort et vint s'asseoir dans le fauteuil juste derrière Louie.
- 'Mande pardon, m'dame, mais cette place est déjà occupée.
- Comment, occupée ? répliqua-t-elle d'une voix belliqueuse. On ne réserve pas de places, dans les cars.
- La place est prise, m'dame, répéta-t-il. Vous ne voyez donc pas la valise qui est à côté ?
Il détestait les vieilles femmes. Elles lui faisaient peur. Elles traînaient derrière elles une odeur qui lui donnait la chair de poule. Elles étaient féroces et sans vergogne et se fichaient éperdument de faire du scandale. Et elles obtenaient toujours ce qu'elles voulaient.
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Pour rien au monde, elle n’aurait voulu être surprise en train d’exécuter cette danse grotesque. Norma était plus immergée qu’un iceberg. Ce n’était que la plus minuscule partie d’elle-même qui se montrait à la surface. Car la partie la plus belle, la plus riche et la meilleure de Norma était cachée scellée et protégée derrière ses yeux.
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Du haut de ses vingt ans, Mildred estimait que toute sève et toute saveur étaient taries chez un être de cinquante ans et cela lui semblait juste, étant donné qu’à cet age hommes et femmes avaient perdu toute séduction. Des quinquagénaires amoureux eussent été pour elle un spectacle obscène.
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