AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fredho


La famine dévore les visages et les corps des plus pauvres, et la misère peut rendre fou, et pourtant c'est dans le besoin que les plus miséreux viennent en aide aux autres, car eux seuls connaissent la souffrance du manque.

Oklahoma pendant la grande dépression de 1929, la famille Joad est expulsée de leur propre terre par les représentants des banques, pour ne pas avoir honoré leurs dettes. Ils viennent se réfugier chez l'oncle John et décident ensemble de rejoindre La Californie pour y trouver du travail.
Pendant ce temps, Tom, un des fils Joad, rentre à la ferme familiale après avoir passé 4 ans en prison pour meurtre. Il est accompagné de l'ancien pasteur Casy qu'il a rencontré sur le chemin du retour. Les deux hommes découvrent la ferme abandonnée ainsi que d'autres fermes, mais un métayer Muley, résigné à rester sur ses terres, les informe de la situation. Ils retrouvent donc toute la famille chez l'oncle John et constate que cette dernière est sur le départ. Bien qu'il soit en liberté conditionnelle, Tom décide alors de les accompagner ainsi que le pasteur.
Le clan familial a fait l'acquisition d'un camion d'occasion et a bradé quelques effets de la ferme pour constituer un petit pécule. La famille abandonne donc avec nostalgie leur souvenir pour laisser derrière elle leur passé volé.
Ainsi va débuter le voyage sur la route 66 qui mène vers l'Ouest.

Sur les grandes routes les gens errent comme des fourmis à la recherche de travail, c'est l'exode vers la Californie, vers un avenir peu certain... de plus la route est longue et difficile.
De nombreuses familles émigrantes ainsi que les Joad vont connaître la promiscuité des camps de fortune dressés sur les bords des routes. Les promesses de travail diffusées par des prospectus ne sont pas tenues par conséquent beaucoup de familles se voient démunies, sans emploi ni nourriture.
Mais la misère crée des liens, et toutes ces familles ne formeront qu'une seule famille qui n'a qu'un rêve en commun celui de gagner de l'argent en Californie...

Pendant ce long périple, la famille Joad va se disloquer mais connaître aussi la faim, l'injustice, l'exploitation, les conditions de survie épouvantables, le rejet et la discrimination.
Mais Man « La citadelle de la famille » la matriarche, généreuse et solide, pleine d'amour et de souffrance à la fois, va tenter de préserver sa famille unie.

Dans ce roman, Steinbeck ne condamne pas le progrès de l'industrialisation mais dénonce un mauvais système d'utilisation. Il accuse avec beaucoup de courage la puissance des capitalistes et des droits qu'ils s'octroient pour affamer le peuple, expulser les fermiers sans aucun scrupule ou exploiter les ouvriers...
Steinbeck dénonce bien sur la misère, la maltraitance, la discrimination et l'injustice mais ne valorise pas pour autant le petit fermier qui a utilisé ses armes pour chasser les Indiens de leur propre terre. Néanmoins il aborde avec beaucoup de sensibilité la solidarité entre les plus pauvres, ces familles regroupées qui forment à eux une société harmonieuse en créant leurs propres règles - « l'union fait la force » -.

La misère que dépeint Steinbeck dans les « Les raisins de la colère » m'a rappelé celle de « Voyage au bout de la nuit » de Céline, deux chef-d'oeuvres qui témoignent à coeur ouvert de la souffrance de l'individu. Deux livres engagés qui marquent à jamais les mémoires.
Commenter  J’apprécie          570



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}