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Brigitte Barbey (Autre)
EAN : 9782070368976
251 pages
Gallimard (07/04/1972)
3.87/5   1048 notes
Résumé :
Que peut-on faire d'une maison - et à plus forte raison de deux - quand, depuis son enfance, on préfère dormir à la belle étoile ? Libre enfant de Monterey, le paisano Danny se sent accablé par son héritage. La rencontre de son ami Pilon lui fournit une solution. Il lui louera une de ses maisons. Pilon recrute Pablo pour payer le loyer dont il n'a pas le premier sou, Pablo à son tour... et de fil en aiguille tous les amis de Danny sont réunis sous un de ses toits. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (101) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 1048 notes
John Steinbeck est un affreux petit magicien auquel je vous déconseille de vous frotter jamais. En effet, il est bien capable de vous envoûter, l'animal, et vous n'en sortiriez plus, jusqu'à la fin des temps. Car il est comme ça, John Steinbeck, soyez-en sûrs, et l'on ne se méfie jamais suffisamment des enchanteurs de grands chemins de la littérature tels que lui.

En ce qui me concerne, à chaque fois que revient l'été et qu'un soleil étouffant m'accable (j'ai encore un peu de temps pour cette année), que je me traîne telle une limace exsangue avec pour seule idée fixe l'envie de me vautrer et de siroter quelque boisson, je repense invariablement à Tortilla Flat.

Mais faire la critique de Tortilla Flat est pour moi un exercice périlleux. Premièrement parce que je n'ai pas relu le livre récemment, et ce n'est que par l'entremise des « petites mains » ou logiciels de Babelio qui ont eu le désir et le loisir de supprimer ma critique au cours du dernier mois que je me retrouve à devoir la réécrire aujourd'hui avec pour seul matériau, des souvenirs flétris et des couleurs passées.

Alors certes, le livre est encore bien présent à mon esprit, mais je ne viens pas de le reposer donc, mon cerveau peut vraisemblablement en altérer certains traits et en sur-exprimer beaucoup d'autres. Vous me pardonnerez peut-être et remercierez les bons offices de Babelio pour moi.

Deuxièmement, Steinbeck est probablement l'un des auteurs, pour ne pas dire L'Auteur que je préfère, donc, pas facile, facile d'avoir l'air objective, n'est-ce pas ? Troisièmement, Tortilla flat est, de par son sujet et de par son traitement, très différent, ce me semble, du style « ordinaire » de l'auteur.

À la lecture de certains commentaires, je comprends mieux l'indignation de John Steinbeck et sa décision de ne jamais plus écrire sur les Paisanos de Monterey. Ses contemporains ont interprété son livre dans les années 1930 comme une moquerie en règle, voire, une certaine forme de mépris pour ces habitants dont le sang est à forte proportion amérindio-mexicaine et pour lesquels il nourrissait une réelle sympathie.

En effet, c'est avec beaucoup de tendresse et une bonne dose d'humour que Steinbeck dépeint ces drôles de drilles et certainement pas pour s'en moquer, un peu à la manière d'un Pagnol qui se fout gentiment des Marseillais mais qui nourrit un profond respect et un amour vrai de leur âme.

Pour être franche, je n'ai réellement compris ce que John Steinbeck avait voulu exprimer dans Tortilla flat que lorsque j'ai moi-même côtoyé des Amérindiens pendant une année. À la première lecture, j'en étais restée au cocasse, au côté décalé de ces gais lurons, dont l'essentiel du raisonnement tourne toujours plus ou moins autour d'un gallon de pinard.

Mais en vivant auprès des peuples amérindiens, à voir, en chair et en os, des gens qui sont tout sauf adaptés au système dominant, qui sont heureux quand ils peuvent se retrouver entre copains et se mettre une bonne cuite, qui n'ont aucune espèce de notion de ce que ça peut être que la rentabilité, l'intérêt, la prévoyance, les réserves, un travail fixe ou encore la ponctualité, mais qui jouissent, en revanche de nous, d'une forme d'insouciance continuelle, d'une joie de vivre dans le dénuement et d'une confraternité très enviable, j'ai vu plus clair dans le message de Steinbeck.

(Bien que, vous l'imaginez sans peine, même parmi de telles gens peuvent toujours se faire jour des querelles — d'ailleurs souvent pour les motifs les plus incompréhensibles de ce côté-ci de l'Atlantique.) Eh bien là, d'un coup, mes souvenirs de Tortilla flat ont refait surface, et je me suis dit : « Comme c'est juste ; comme il a su trouver la bonne façon d'en parler, avec humour, avec certains traits un peu caricaturés, mais dans l'ensemble si réalistes. »

Du coup, j'ai également compris ce choix de narration, si empreinte d'une certaine naïveté. Cela colle si bien au tempérament des Paisanos qu'un autre mode d'énonciation eût été moins bien approprié.

Il ne faut surtout pas chercher une histoire ou une morale à ce livre. Dites-vous simplement que l'auteur va vous parler de gens, qui, dans l'ensemble, ne réfléchissent pas comme vous et moi, qui considèrent qu'ils ont sauvé leur journée quand ils ont réussi à se gonfler la panse de victuailles (c'est bien), et de vin (c'est mieux).

Si par revers de fortune il n'y a que du vin, ils ne vont pas en faire une maladie, par contre, s'il n'y a ni victuailles ni vin, ils vont s'ingénier, faire fonctionner leurs bras, voire même leur cerveau pour combler cette lacune.

C'est une vie sans calcul, d'aucune sorte. Donc, lorsque le hasard d'un héritage fait de Danny un propriétaire, c'est tellement loin des préoccupations ordinaires du groupe de copains, c'est une telle révolution de leurs habitudes qu'on comprend que l'ordre ne reviendra qu'à partir du moment où Danny aura tout perdu et qu'il pourra retourner à ses rigolades et pochetronneries quotidiennes avec ses potes.

Pour illustrer cet état d'esprit, je vais prendre un exemple que j'ai réellement vécu avec des Amérindiens. Lorsqu'on vous donne par exemple rendez-vous « demain », cela peut signifier « dans une heure », « ce soir », « dans une semaine », « dans un mois », « jamais de la vie, tu peux toujours courir » voire, très, très, très exceptionnellement, « demain ».

Eh bien les Paisanos de Monterey c'est ça, c'est exactement ça ! L'esprit du quartier nommé " Tortilla Flat ", c'est ça ! Des gens qui n'ont pas du tout la même vision de la vie que la nôtre, cette vie que nous subissons plus que nous ne la vivons, où l'on déprime dès qu'on perd son emploi, où l'on a la bougeotte dès qu'on est trois jours sans aller travailler, où l'on court toute la journée (d'ailleurs pour pas grand-chose, bien souvent).

Bref, voilà ce que je peux vous dire de ce livre, c'est drôle et pathétique à la fois, c'est presque un témoignage ethnographique urbain sur une communauté et un quartier qui a dû bien changer à présent. C'est un drôle de document sur une façon de vivre probablement disparue de nos jours à Monterey, mais qui a existé du temps de Steinbeck, il n'y a pas de raison d'en douter, et que l'on peut encore rencontrer en voyage, deci-delà, auprès de populations, pas du tout « dans le système » et qui doivent bien rigoler à nous voir courir tout le temps. du moins c'est mon avis tortillé et plat, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le rêve américain n'est pas celui du paisano
Danny apprend à son retour de la guerre qu'il a hérité de deux maisons à Monterey, village de pêcheur en Californie.
Si beaucoup rêvent de devenir proprio, la seule ambition de Danny, sang mêlé coupé au vin, est de vivre sans entrave, pauvre mais libre, entouré d'amis qui vagabondent dans l'oisiveté et l'ivresse.
Il va louer une maison à l'un de ses amis, Pilon, pas totalement marteau mais bien fauché, qui va être rejoint par une bande de loosers magnifiques, chevaliers de la table, ronde ou carrée, peu importe, tant qu'elle est garnie de gallons d'alcool, la monnaie locale. Dany n'est pas le roi Arthur, mais en cherchant bien sous les fripes volées qui font office d'armures, Steinbeck, ce fabuleux portraitiste des gens simples, pare ces pieds nickelés de valeurs chevaleresques avec quelques aménagements gouailleurs : l'honneur qui ne rime pas avec honnêteté, la fidélité… seulement en amitié, la pureté… qui n'est pas sobriété et la bonté… non, là il ne faut pas exagérer.
Chaque chapitre de ce roman relate avec truculence une anecdote, une aventurette, ou des épopées imbibées qui fixent les petites pierres sur le chemin des amitiés durables. de l'incendie d'une maison à la recherche d'un magot caché, de l'organisation d'une fête à des amourettes contrariées ou contrariantes, le récit peut paraître un peu décousu mais il est à l'image de personnages qui ne vivent que dans l'instant présent et dans un joyeux foutoir.
Les amis de Danny, aux sobriquets évocateurs (Corcoran, Pablo, Big Joe, Tall Bob, le Pirate… ) s'inquiètent quand ce dernier, entravé par ses possessions, emprisonné dans sa propre maison dont le toit cache la vue des étoiles, dépérit et disparait pour retrouver son état sauvage.
Tortilla Flat est un des premiers romans de Steinbeck, le reflet nostalgique de sa jeunesse un peu bohème et très fauchée. La gloire est tombée sur lui comme la propriété sur Danny et il est savoureux d'apprendre que c'est par ce récit que l'auteur va vraiment connaître le succès.
Comme souvent chez Steinbeck, je me suis attaché aux personnages et je regrette presque de ne pas l'avoir relu un lendemain de cuite pour arrêter de faire semblant de regretter une gueule de bois.
Impossible également de ne pas voir dans ce conte alcoolisé, au tanin âpre, son attachement farouche à l'individu et à la liberté.
Derrière son humour, les raisons de sa colère.
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Il m'arrive parfois, certains jours dépourvus d'inspiration, de lire les critiques d'autres lecteurs avant d'écrire la mienne. Il m'arrive aussi de le regretter, parce que certaines d'entre elles sont tellement bien écrites et complètes, traduisent si bien ce que j'ai moi-même ressenti, que j'ai du mal à encore trouver quelque chose à écrire d'un tant soit peu intelligent, à défaut d'être original, ou le contraire. Pas de regrets cette fois-ci, puisque j'ai été bien inspirée de lire la critique de Nastasia (celle du 03/08/2013) avant de me mettre à écrire. Non pas que ladite critique soit mal écrite, incomplète, inintelligente ou banale, (très) loin de là, mais sa lecture m'a offert un éclairage rétrospectif sans lequel le sens de Tortilla Flat m'aurait échappé en grande partie. Avant de lire cette critique, j'avais terminé le roman en me disant « Tiens, Steinbeck fait aussi dans l'humour potache en tournant ses contemporains en dérision ? Après tout, pourquoi pas ? ». Mais la vraie question n'était pas « Pourquoi pas ? », mais simplement « Pourquoi ? ». Pourquoi Steinbeck écrit-il tout à coup un roman joyeux, dont rien que le titre donne envie de sourire, lui qui fait plutôt dans le dramatique ? Pourquoi ce si grand auteur américain semble-t-il s'abaisser à se payer la tête de pauvres petits gars pas bien malins, lui qui d'habitude fait montre d'une empathie à toute épreuve envers ses personnages malheureux ?
Peut-être qu'ici, ce qui fait la différence, c'est que les personnages ne sont pas réellement malheureux. Danny et ses amis ne possèdent pas grand-chose, à peine ce qu'ils ont sur le dos, et rarement un sou vaillant en poche, vivent d'expédients, au jour le jour, tout en faisant d'énormes efforts pour éviter de devoir travailler pour manger. Dans la Californie des années 40-50, ces paisanos (sang-mêlé d'origines espagnole, indienne et mexicaine) sont des marginaux, dans le sens où ils n'imaginent même pas vivre selon les normes américaines de l'époque (quoique pas seulement américaines et pas seulement de l'époque), c'est-à-dire travailler pour gagner honnêtement le droit d'avoir un toit sur la tête, un frigo dans la cuisine et une auto dans le garage. Pour Danny et ses semblables, la vie est un jeu, une loterie, dans laquelle on trouve ses repas en chapardant chez les voisins, le vin en arnaquant les patrons de bistrots, et l'amour en faisant les yeux doux aux épouses des braves gens. Si on se fait prendre et envoyer à la case prison ou vendetta personnelle, eh bien, tant pis, ça faisait partie du jeu… Alors, quand, de manière inespérée, survient la richesse sous la forme d'une maison héritée de son grand-père, on croit Danny et ses amis devenus les rois du monde (de leur monde), et pourtant… Que de complications engendrées par la possession, que de méfiance, de déloyauté, d'hypocrisie, de pressions,…Il était plus facile de partager ce qu'on n'avait pas, ou qui appartenait à d'autres… Au début on croyait à la farce, à la fin on comprend que c'est une comédie dramatique, fable drolatique où on trouve la richesse dans ce qu'on est, pas dans ce qu'on a…

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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« Voici l'histoire de Danny, des amis de Danny et de la maison de Danny ».

Non, je ne vais pas vous la raconter, finalement, car le narrateur inventé par John Steinbeck s'en est chargé dans un récit haut en couleurs et a agrémenté celui-ci de maintes beuveries, d'innombrables vols, de nombreuses coucheries, mais aussi d'amitiés indéfectibles.
En effet, ce quartier mal famé où vit Danny, sur les hauteurs de Monterey, ville californienne au bord de l'océan, est le ramassis d'une faune indescriptible, surtout composée de « paisanos », dont la qualité principale est l'esprit de fatalité mâtiné de débrouillardise.
Danny hérite de 2 maisons du « viejo », son vieux grand-père. Lui qui était habitué au vagabondage et à la pauvreté heureuse et insouciante, va-t-il pouvoir « s'autoréguler » et administrer une propriété si (in)opportune ? Ses amis veulent l'y aider, très certainement. Mais entre vouloir et pouvoir, il y a une marge, ou plutôt ici, un gallon de vin...


Ai-je aimé « Tortilla flat » ?
Si je me pose la question, c'est que je n'ai pas adoré.
Oui, le style de Steinbeck est savoureux, rempli de verve, imagé et le narrateur s'efforce de rendre le lecteur complice. Donc ça, j'adore.
Mais le problème, c'est que je n'ai PAS été complice de ses personnages. Non, pas moyen de me sentir proche de ces gens dont le but, unique ou presque, c'est de boire. Je veux bien comprendre que leur vie est dure et que la seule façon de faire face, c'est de se laisser aller, mais là je bloque. Lire des pages et des pages des aventures picaresques de ces héros au rebut ou de ces braves gens, c'est selon, non. J'ai ri à plusieurs endroits, non pas ri des actions, mais de la façon dont c'était raconté. Quelques passages, dont ceux qui parlaient des femmes, m'ont plus vivement intéressée, et la fin aussi, plus profonde.


Donc je laisse les louanges aux aficionados de « Tortilla Flat ». Moi, je me contente de saluer le talent incontestable de Steinbeck, sans y avoir pris de plaisir. Dommage, car pour moi, c'est primordial.
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Danny et ses amis vivent à Tortilla Flat, un quartier pauvre de Monterey. Ils ne travaillent pas, dorment dans les bois, passent leur temps à se prélasser. La grande occupation du jour est de trouver du vin et de quoi manger. Ils ne possèdent rien et partagent tout.

Chaque chapitre débute par un intitulé picaresque. Et c'est bien dans cette veine que Steinbeck décrit à la perfection cette vie de bohème. Il ne se moque pas, n'utilise même pas l'humour. Ces hommes sans travail ni argent ne sont pas malheureux, ne prévoient rien, n'anticipent pas sur l'avenir, vivent au jour le jour, mais il ne pourrait en être autrement.


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Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Le temps se présente d'une manière plus complexe au bord de la mer qu'en aucun autre endroit, car, outre le circuit du soleil et la succession des saisons, les vagues scandent le passage des heures sur les rochers et la marée monte et descend comme dans une immense clepsydre.
(page 209)
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Il y a quelque chose d'immuable à Monterey.
Chaque matin, le soleil entre par les fenêtres du côté ouest des rues; l'après-midi, il entre par les fenêtres du côté est. Chaque jour, l'autobus rouge joue de l'avertisseur de Monterey à Pacific Grove et retour, sans répit. Chaque jour, les fabriques remplissent l'atmosphère de la puanteur du poisson mis en boîte. Chaque après-midi le vent souffle de la baie et fait onduler les pins sur les collines. Les pêcheurs sont assis sur les rochers devant leurs lignes, avec des visages sur lesquels sont inscrits la patience et le cynisme.
(page 208)
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- Vous aimeriez voir quelque chose ? demanda M. Simon.
- Oui, répondit Danny.
Le propriétaire se lança dans une séduisante énumération, puis il s'interrompit au milieu d'une phrase en voyant que Danny contemplait un gros aspirateur à poussière en aluminium. Le sac à poussière en était à damiers bleus et jaunes ; le cordon électrique long, noir et élégant. [...]
- Combien ?
- Pour celui-ci, quatorze dollars.
Ce n'était pas tellement un prix qu'une sorte d'épreuve pour voir de combien Danny disposait. Danny le désirait éperdument, car il était gros et brillant. Pas une seule femme n'en possédait à Tortilla Flat. Sur le moment, Danny oublia que le courant électrique ne montait pas à Tortilla Flat. Il posa ses deux dollars sur le comptoir et attendit pendant que l'orage se déchaînait : la rage d'abord, puis la tristesse, le spectre de la pauvreté, la ruine, le vol. On invoqua le vernis, la couleur du sac, le cordon particulièrement long, la valeur du seul métal. Et quand ce fut passé, Danny sortit du magasin avec l'aspirateur sous le bras.
Souvent, pour passer le temps, dans l'après-midi, Sweets prenait l'aspirateur et l'appuyait contre une chaise. Quand des amis regardaient, elle le faisait avancer et reculer, pour montrer comme il roulait bien. Et, de la voix, elle imitait le bourdonnement de son moteur.
- Mon ami est un homme riche, disait-elle. Je pense que bientôt les fils de fer pleins d'électricité viendront jusque dans ma maison, et alors zip, zip, zip, elle sera propre en un tournemain.
Les amies cherchaient à dénigrer ce cadeau ; elles disaient :
- C'est vraiment trop dommage de ne pouvoir faire marcher cette machine ! Ou bien : " J'ai toujours trouvé qu'un balai et une pelle, utilisés comme il faut, sont encore plus efficaces. " [...]
Quand ses ennemies passaient devant la maison, il arrivait fréquemment qu'elles vissent Sweets poussant son aspirateur de long en large dans sa maison, tandis qu'un bourdonnement sonore s'échappait de sa gorge.
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La vie se déroulait sans heurt pour Pilon et pour Pablo. Le matin, lorsque le soleil avait dépassé la cime des pins et que la baie bleue clapotait et miroitait sous eux, ils quittaient leurs lits avec lenteur et recueillement. Le matin ensoleillé, [...] ce n'est pas le moment de se hâter, ni de se bousculer. Les pensées sont lentes, profondes, dorées, le matin. Pablo et Pilon [...] discutaient, avec des intonations rêveuses et indolentes, les événements de Tortilla Flat. Car, chaque jour que Dieu fait, mille péripéties exceptionnelles marquent Tortilla Flat.
La paix régnait sur le perron. Seuls s'agitaient les doigts de pied sur les planches tièdes, quand une mouche venait s'y poser.
- Si chaque goutte de rosée était un diamant, nous serions riches, dit Pablo. Nous serions ivres toute notre vie.
Mais Pilon, affligé pour ses péchés d'un esprit réaliste, corrigea :
- Alors, tout le monde aurait beaucoup trop de diamants, et ils perdraient toute valeur. Mais le vin coûte toujours de l'argent. Si seulement il pouvait pleuvoir du vin.
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Deux gallons, c'est beaucoup de vin, même pour deux paisanos. Moralement, voici comment on peut graduer les bonbonnes. Juste au-dessous de l'épaule de la première bouteille, conversation sérieuse et concentrée. Cinq centimètres plus bas, souvenirs doux et mélancoliques. Huit centimètres en dessous, amours anciennes et flatteuses. Deux centimètres de plus, amours anciennes et amères. Fond de la première bouteille, tristesse générale et sans raison. Epaule de la seconde bouteille, sombre abattement, impiété. Deux doigts plus bas, un chant de mort ou de désir. Encore un pouce, toutes les chansons qu'on connaît. La graduation s'arrête là, car les traces s'effacent alors et il n'y a plus de certitude : désormais n'importe quoi peut arriver.
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