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Anne-Marie Meininger (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070374625
342 pages
Gallimard (22/04/1983)
3.53/5   46 notes
Résumé :
Le lendemain, Lamiel trouva Jean dans le bois, il avait ses habits des dimanches. - Embrasse-moi, lui dit-elle. Il l'embrassa. Lamiel remarqua que, suivant l'ordre qu'elle lui en avait donné, il venait de se faire faire la barbe ; elle le lui dit. - Oh, c'est trop juste, reprit-il vivement, mademoiselle est la maîtresse ; elle paye bien et elle est si jolie ! - Sans doute, je veux être ta maîtresse. - Ah ! c'est différent, dit Jean d'un air affairé ; et alors sans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
À réserver aux inconditionnels De Stendhal, car Lamiel est malheureusement un roman très inachevé, un brouillon dont le degré d'élaboration se situe à peine au tiers de celui de Lucien Leuwen, selon les spécialistes.
C'est bien dommage, car elle est pleine de potentiel, Lamiel, avec sa dévorante passion de la curiosité et son allergie à l'ennui, qui la fait tomber malade. Si Stendhal souffre quand il écrit ce roman de crises de goutte et d'horribles migraines, et a même la sensation de s'être «colleté avec le néant», cette «histoire fort immorale» est plutôt drôle et réjouissante dans ses attaques contre le carcan des convenances que l'héroïne envoie tranquillement valdinguer.
En contrepoint, il y a la satire de ses parents adoptifs, les Hautemare, aussi petitement dévots qu'il se peut. La très pieuse Mme Hautemare décide d'adopter une petite fille pour empêcher que leur héritage aille au neveu de son mari, «un impie», un «jacobin» qui «manque la messe fort souvent». Difficile de ne pas sourire du coup en voyant où leur éducation ne parlant «que de devoirs et de péchés» mène Lamiel, la rendant par exemple très désireuse de s'instruire sur cet amour contre lequel on s'acharne tant à la mettre en garde. La façon très rationnelle dont elle mène son expérimentation en la matière tranche avec les rôles généralement dévolus aux héroïnes du XIXème siècle: elle se choisit un «grand nigaud de vingt ans, fort blond» qui a déjà eu trois maîtresses et elle le paye pour qu'il la mène au bois (le truc au top des interdits des Hautemare et du curé). À la fin de l'expérimentation, Lamiel éclate de rire en se répétant : «Comment, ce fameux amour, ce n'est que ça !»

Dans l'état d'avancement où il se trouve, le livre est sans doute moins profond, moins fort que ce à quoi Stendhal nous a habitué, les personnages secondaires sont plus caricaturaux, mais il est très loin d'être dénué d'intérêt et de charme avec son humour et son héroïne étonnante.
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Lamiel est un roman De Stendhal laissé inachevé. C'est sans doute en partie cela qui le rend inégal (vu qu'il aurait sans doute été amélioré si Stendhal l'avait terminé) mais aussi ce qui peut nous le rendre intéressant. C'est assez amusant, en effet, de voir que même les grands écrivains ont réfléchi à plusieurs premiers chapitres possibles, à plusieurs personnages ensuite modifiés (comme celui du piéton, devenu le paysan par qui Lamiel perd son pucelage), à plusieurs suites envisageables, que tout ne leur vient pas d'une seule traite et d'un seul jet comme ça, qu'ils ne retouchent pas.
Pour ce qui est de l'histoire elle-même, restée donc en suspens, c'est celle d'une jeune orpheline adoptée par un couple de gens pieux à l'extrême et qui la privent de tout loisir, vu comme des péchés. Malgré tout, ils sont aimants avec elle. de là résulte une profonde ignorance de la fillette puis de la jeune-fille, une incapacité à se laisser aller aux plaisirs amoureux et même aux sentiment d'amour ni même à comprendre ce qu'il peut avoir de si important dans la vie de tant de personnes. C'est assez triste et c'est aussi ce qui la pousse à se cultiver et développer beaucoup son esprit, chez la duchesse de Moissens chez qui elle travaille un temps. Là, Stendhal fait des portraits comme il sait les faire, toute en ironie amusée, de cette duchesse s'imaginant vivre comme dans l'ancien Régime, de Sansfin, docteur bossu et aigri de ne pouvoir être considéré assez de ce fait, du fils de la duchesse... Les dialogues entre l'abbé Clément, Sansfin et la jeune-fille sont aussi l'occasion pour l'auteur d'introduire des idées libertaires sur l'amour et les commérages dont il faut se moquer, sur la liberté des femmes aussi.
Mais Lamiel s'ennuie tout autant et on la comprend, elle est éveillée, très curieuse et ne supporte pas les conventions ridicules et protocolaires des hautes sociétés. Cet ennui et son grand besoin de divertissements, dont elle a été trop longtemps privée, ainsi que l'influence de Sansfin qui la "corrompt", la feront dépasser toutes les limites qui lui avaient été imposées dans son enfance et en prendre le contre pied total (elle se montre bien mauvaise parfois avec le duc qui l'aime éperdument). Mais elle est aussi attachante car reste un esprit libre qui s'interroge à la fois sur le monde de ses parents adoptifs dont elle est issue et sur la haute société dont elle raille un peu les codes. le roman aurait pu être meilleur si les autres personnages avaient été plus fouillés également et s'il avait été parachevé. Car dans les plans De Stendhal, disponibles, on peut voir la vie qu'elle aurait ensuite menée successivement avec un brigand puis avec le duc...
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Peut-on le qualifier de roman féministe? En tout cas, l'héroïne de ce livre est une jeune fille intelligente, vive et indépendante d'esprit, ce qui ne devait pas courir les rues dans la littérature du 19ième siècle mais qui correspond bien aux personnages de Stendhal.
Lamiel vit avec ses parents adoptifs dans une petite ville provinciale, entourée d'adultes tous plus ennuyants les uns que les autres. Elle veut découvrir la vie, l'amour, la passion mais est vite déçue.
On retrouve dans ce roman, ou cette ébauche, le ton à la fois romantique et subtilement ironique Stendhal, son écriture détachée et pourtant émouvante.

Malheureusement on ne connaitra pas la fin de ce roman initiatique, puisque Stendhal ne le finira jamais.
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Il s'agit d'un roman inachevé, donc pas de fin, on ne sait même pas comment la vie de l'héroïne aurait dû évoluer. Par moments il y a carrément des passages contradictoires, à d'autres il s'agit juste du plan d'une partie. Par moments des passages achevés, qui auraient place dans une oeuvre aboutie. Il est donc difficile de parler de cette oeuvre, et elle est plutôt réservée aux passionnés de l'auteur.

Et évidemment comme pour L'envers de l'histoire contemporaineDe Balzac, on aurait voulu avoir l'oeuvre finale, tant elle semble passionnante. le personnage principal qui donne son nom à l'ouvrage est féminin, dans la préface on la présente comme une sorte de Julien féminin. Orpheline aux enfants trouvés, elle est adoptée par le bedeau-maître d'école du village et sa femme, et commence très jeune une sorte de carrière de lectrice chez la duchesse du coin, qui s'attache d'une certaine façon à elle. Donc la comparaison avec Julien vient de l'aspect personnage en bas de l'échelle sociale, mais que ses capacités, en particulier son intelligence placent nettement au-dessus de la moyenne des mortels. Et donc le jugement de la société et de ses conventions qu'ils peuvent avoir est impitoyable. Je dirais que c'est encore plus radical dans Lamiel, peut être parce que cela n'a pas été achevé, parce que voir un tel livre avec de telles idées à l'époque, cela semble difficilement possible. le côté radical vient peut être aussi du sexe du personnage, parce que pour une fille pauvre rien, sauf vendre ses charmes n'était possible, Julien avait quelques possibilités, l'Eglise, l'armée, ou séduire une riche héritière, aucune de ces possibilités ne pouvait être envisagée pour Lamiel. Au point auquel Stendhal était parvenu, le problème du devenir de son héroïne n'avait pas encore été abordé, et j'aurais bien voulu voir comment il s'en tire.
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Il s'agit d'un roman inachevé narrant la vie de Lamiel, une petite normande orpheline, adoptée par un couple de bourgeois parvenus. Sa vie se limite d'abord à son petit village, coincée entre les ragots des habitants et les valeurs inculquées par sa famille (interdire les relations amoureuses, mais sans leur expliquer en quoi ça consiste, c'est vachement utile). Elle devient ensuite lectrice d'une noble de province et découvre l'art de la conversation, la lecture et rencontre plusieurs personnes qui lui apprendront pas mal de choses sur la vie. Notre héroïne est très indépendante, assez futée et débrouillarde. Elle n'en fait qu'à sa tête et s'intéresse peu au sort des autres. Son but principal dans la vie est de combattre l'ennui et elle est prête à tous les caprices pour s'amuser. C'est agréable de voir un personnage féminin décrit de cette manière dans un roman du XIXème siècle, mais l'intrigue est relativement sommaire et l'absence de fin peut poser problème : Lamiel papillonne d'amant en amant sans vraiment de conséquences ni d'évolution.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
— Combien de jeunes filles ne meurent pas avant vingt-trois ans ! disait-il à Lamiel, et alors à quoi bon toutes les gênes qu’elles se sont imposées depuis quinze ans, tous les plaisirs dont elles se sont privées pour gagner la bonne opinion de huit ou dix vieilles femmes formant la haute société du village ? Plusieurs de ces vieilles femmes, qui, dans leur jeunesse, ont eu la facilité de mœurs d’usage en France avant le règne de Napoléon, doivent bien se moquer au fond du cœur de la gêne atroce qu’elles imposent aux jeunes filles qui ont seize ans en 1829 ! Il y a donc doublement à gagner à écouter la voix de la nature et à suivre tous ses caprices ; d’abord l’on se donne du plaisir, ce qui est le seul objet pour lequel la race humaine est placée ici-bas ; en second lieu, l’âme fortifiée par le plaisir, qui est son élément véritable, a le courage de n’admettre aucune des petites comédies nécessaires à une jeune fille pour gagner la bonne opinion des vieilles femmes en crédit dans le village ou dans le quartier qu’elles habitent. Le danger de la doctrine du plaisir c’est que le plaisir des hommes les porte à se vanter sans cesse des bontés que l’on peut avoir pour eux.
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Les conversations de la duchesse et de l’abbé Clément, la rude philosophie du docteur Sansfin avaient cultivé d’une façon brillante les germes d’esprit qu’elle avait reçus de la nature ; mais pendant qu’elle employait ainsi de longues soirées, elle n’avait aucune occasion de se soumettre aux impressions et aux petites mortifications que donne le rude contact avec des égaux. Elle n’avait pour toute expérience que celle de l’impertinence d’une troupe de femmes de chambre envieuses ; elle avait seize ans, et la moindre petite fille du village en savait bien plus qu’elle sur les jeunes gens et sur l’amour.
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Lamiel regardait le curé d’un air malin, puis lui dit :
— Mais qu’est-ce que c’est que séduire, monsieur le curé ?
— C’est, de la part d’un homme, parler trop souvent et avec intérêt à une jeune fille.
— Mais par exemple, reprit Lamiel avec malice, est-ce que vous me séduisez ?
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J’ai de fortes migraines, je prends de la belladone et je viens d’acheter un fusil, au total vaut-il la peine de vivre ?
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Rien ne lui semblait plus ridicule à la fois et plus odieux que la dignité affectée dans la démarche et la nécessité de parler de toutes choses, même des plus amusantes, avec une sorte de dédain mesuré et froid.
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Vidéo de  Stendhal
Critique de Say, proche de Bentham, Stendhal se confronte aux théories économiques de son temps. de l'utilitarisme au malthusianisme en passant par la question de la division du travail, le célèbre écrivain était aussi économiste.
Pour comprendre l'économie à travers le regard De Stendhal, Tiphaine de Rocquigny reçoit Christophe Reffait, maître de conférences en littérature française, Université de Picardie Jules Verne.
#economie #histoire #stendhal ___________ Découvrez les précédentes émissions ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqogc4cP5KsCHIFIryY2f1h ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco
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