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Critique de Woland


By Reason of Insanity
Traduction : Clément Baude

C'est dans un état d'esprit assez dubitatif que j'ai tourné la dernière page de ce livre. La chute est excellente, voire atroce, même si le lecteur attentif a saisi, dès la moitié du roman, la contradiction qui devait l'amener. L'ensemble est détaillé au maximum, presque autant que dans "L'Etrangleur de Boston", oeuvre non fictionnelle celle-là, qui évoquait le cas d'Albert di Salvo. Les crimes, quant à eux, sont à l'image de l'abîme gisant tout au fond de celui qui les commet. Mais ...

... mais non seulement il y a des longueurs - ce qui, à la rigueur, pourrait se pardonner - mais surtout, la trame est beaucoup trop lâche. Elle s'étire indéfiniment, comme un chewing-gum qui, peu à peu, perd toute saveur. Enfin, contrairement à ce que prédit la quatrième de couverture, on a beau chercher, il n'y a rien ici qui évoque la tension intense, diabolique de "Dragon Rouge" ou encore du "Silence des Agneaux." Rien non plus qui évoque la perfection glacée, quasi racinienne, du "Tueur sur la Route" de James Ellroy.

En d'autres termes, le psychopathe est bien là, il a vécu une enfance vraiment horrible et le lecteur le plaint en conséquence mais c'est tout : en tous cas, personnellement, je n'ai pu aller plus loin dans l'intérêt.

L'ennui, avec le personnage de Thomas Bishop, c'est que l'auteur nous dévoile l'intégralité de ses motivations. Avec une application méthodique, il transforme son inconscient torturé en cette improbabilité absolue qu'est le "Ca" sans ténèbres. Or, le psychopathe sans ténèbres n'est plus un psychopathe mais une espèce d'ersatz, semblable à l'un de ces produits qui imitent l'alcool mais qui, en fait, n'en sont pas. Même si c'est du bout des lèvres, les psychiatres les plus arrogants admettent que toujours, dans ce type de personnalités, quelque chose leur échappe. Face aux experts médicaux, le psychopathe, lui aussi, reconnaît des zones d'ombres qu'il ressent mais ne parvient pas à maîtriser dans leur intégralité.

Hélas ! avec Thomas Bishop, tout, y compris les ténèbres, est lisse. Trop. Beaucoup trop.

Cette absence de relief, alliée au manque de vigueur de la construction, empêche le lecteur de frissonner réellement et encore moins de se passionner. Dès lors qu'on a passé la première moitié du livre, on a hâte d'en voir la fin. A peine reprend-on un peu courage en constatant les ressemblances de caractère entre le journaliste Adam Kenton et l'homme qu'il traque que, à nouveau, l'ennui nous dégringole dessus. Car enfin, ce roman fait sept-cent-soixante pages !

Bref, en lieu et place de "Au-delà du Mal", lisez plutôt Thomas Harris, James Ellroy, ou, si vous recherchez plutôt le documentaire, "L'Affaire Charles Manson" de Vincente Bugliosi. Ceux-là ne vous décevront pas : "Au-delà du Mal" si. ;o)
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