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Nicolas Waquet (Autre)
EAN : 9782743656652
80 pages
Payot et Rivages (18/05/2022)
3.47/5   15 notes
Résumé :
Si célèbre pour ses grands romans d'aventures, Stevenson le nomade, dont la vie ne fut que voyages, relate dans ces pages celle de Will : le sédentaire. Aubergiste de campagne, le garçon ne quittera jamais le moulin hérité de ses parents. Les aventures sont ici tout intérieures.
Cet anti-héros chemine courageusement vers lui-même, au prix de plusieurs sacrifices, pour finir par incarner sous nos yeux le voyageur immobile. Rendant toute leur force à la contemp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici une nouvelle quelque peu singulière! Entre la constance de l'être et la soif de parcourir le monde, Will du moulin est hanté par un seul sentiment: la peur de l'inconnu! Enfant, vivant dans une vallée dans une famille adoptive, Will manifeste très vite l'envie de côtoyer et de comprendre le monde qui l'entoure, bien plus, il est pincé par une forte curiosité de découvrir la vie dans la plaine où il n'a jamais mis pied. Mais plus il grandit, plus il se conforme agréablement à sa vie intérieure au point de renoncer à toute forme d'expertise, et même au mariage...
On aurait pu dire une nouvelle sur l'ennui mais très vite on comprend que c'est en se lançant dans un univers philosophique avec Will du Moulin que Robert Louis Stevenson interroge la nature humaine qui est toujours en quête de la pureté....si bien les pages de cette nouvelle ne sont qu'une succession de questionnements...
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Ce court roman de Stevenson s'ouvre sur l'image d'un jeune garçon qui vit près d'une route où passe quantité de voyageurs et qui se prend à rêver. Tout de suite j'en ai imaginé la suite, sachant pertinemment où allait me mener la plume de cet écrivain aux pieds souvent en mouvement, toujours à la recherche d'un ailleurs, que ce soit sur les routes des Cévennes ou sur le pont d'un navire à destination du Pacifique.
Et pourtant non, l'histoire suit un tout autre cours et se développe peu à peu comme un conte aux accents confucianistes (si je me permets ce parallèle que Stevenson ne cautionnerait peut-être pas), remplaçant l'impatience et la soif de connaître par le renoncement et l'acceptation. Même l'amour ne sera pour Will qu'un égarement passager, avant qu'il ne l'amène à comprendre qu'il vaut mieux espérer que posséder, être dans l'expectative plutôt que de vivre.
Savoir se contenter de son petit coin de pays parce que l'on sait qu'il est vain de vouloir explorer le monde, car jamais on ne connaîtra tout. Se contenter de peu parce que l'on ne peut avoir tout. C'est une philosophie que je ne partage pas, même s'il est vain d'espérer tout connaitre, pourquoi ne pas chercher à connaitre un peu, mais c'est une philosophie qui me fait réfléchir, une réflexion sur la vanité des choses et de la vie, vanité au sens de futilité plutôt qu'au sens d'orgueil.
Il est étrange de s'apercevoir que ce roman est peu de temps avant qu'il commence son Voyage avec un âne dans les Cévennes, périple de quelques semaines qui inaugure presque le tourisme de randonnée et dans lequel Stevenson adopte une attitude tout à fait contraire à celle de son personnage Will. Je ne sais ce qu'il faut conclure de cette concomitance de dates, que Stevenson a changé d'avis, qu'il cherchait à se convaincre des bienfaits de l'immobilité et qu'il n'y a pas réussi. J'aurais presque cru que ce roman était une oeuvre de la maturité, d'un voyageur désabusé, mais c'est le contraire, c'est l'oeuvre d'un homme qui demain prendra son bâton pour ne plus le poser que rarement, toujours tendu vers un ailleurs, dont on ne saura s'il l'a satisfait. Une réflexion qui jette une lumière étrange sur ce livre, qui, bien qu'il me semble atypique dans ce que je connais de l'oeuvre de Stevenson, vaut un arrêt et une petite méditation sur les vicissitudes de la vie et des chemins qu'elle emprunte.
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Depuis que j'ai lu cette nouvelle pour la première fois il y a de ça 2 ans, j'y reviens régulièrement. Dès que je choisis une nouvelle lecture dans ma bibliothèque, ce petit livre me tend les bras à chaque fois.
De temps à autres, je cède à cette tentation (et j'y cède d'autant plus volontiers que la nouvelle en elle-même ne fait qu'une cinquantaine de pages).

C'est donc à l'issu d'une quatrième lecture que j'écris cette critique même si je suis bien en peine d'expliquer en détail ce qui m'attire autant ici mais la sagesse simple de Will, sa sérénité, notamment face à la mort, me touche et m'apaise.

Je n'ai pas trouvé de mots plus justes que ceux trouvés dans la préface écrite par Nicolas Waquet donc je les recopie ici sans vergogne :
"A travers ces mutations et ces découvertes, Stevenson nous montre qu'il est possible de cheminer humblement vers ce que nous sommes appelés à être, de savoir ce qui se trouve au fond de nous pour nous permettre de nous améliorer. L'écrivain écossais nous offre ici une très belle fable sur la fidélité et la sérénité ; une ode à l'harmonie avec soi-même, se nourrissant de l'union intime avec l'autre, avec les forces irrationnelles d'une nature à la beauté initiatique et tutélaire. Ne voyageant pas, Will reste à l'abri de la déception qui guette tout voyageur. Il peut donc vivre dans l'émerveillement renouvelé de l'enfant, rêvant dans ce cadre de montagnes à la frontière du ciel et de la terre."
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Un de ces écrivains magiciens, celui-là fort sympathique, qui vous font croire à la vérité des mirages, celui-là tellement beau qu'il n'y a plus qu'à rentrer chez soi ,dans son moulin, et ne plus en bouger, ce n'est plus la peine de courir le monde après avoir eu une telle vision :
« ... le vieux meunier s'intéressa lui même à la chose, et enfin le prit par la main et l'emmena vers le sommet qui domine la vallée et la plaine. le soleil était près de se coucher et flottait au bas d'un ciel sans nuages. Chaque chose était nette et baignée dans une gloire dorée. Will n'avait jamais vu de sa vie une aussi vaste étendue de pays; il regarda de tous ses yeux. Il vit les cités, et les bois et les champs, et les courbes luisantes de la rivière, et l'horizon lointain ou le bord de la plaine tranchait sur le ciel éclatant. Une émotion souveraine saisit l'enfant; son coeur battait si fort qu'il n'en respirait plus; le paysage fluctuait devant ses yeux; le soleil semblait tourner comme une roue et projeter des formes étranges qui disparaissaient avec la rapidité de la pensée et auxquelles en succédaient des nouvelles. Will mit ses mains sur son visage et éclata en sanglots; et le pauvre meunier, triste et perplexe, ne trouva rien de mieux à faire que de le prendre dans ses bras et de l'amener en silence à la maison.»
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
— Avez-vous jamais regardé les étoiles ? demanda-t-il, un doigt en l’air.
— Bien souvent.
— Et vous savez ce qu’elles sont ?
— J’ai imaginé beaucoup de choses.
— Ce sont des mondes comme le nôtre, dit le jeune homme. Certaines sont plus petites beaucoup sont un million de fois plus grosse que la terre ; et plusieurs de ces minuscules étincelles sont non seulement des mondes, mais des réunions de mondes qui tournent les uns autour des autres au milieu de l’espace. Nous ignorons ce qu’elles peuvent contenir, n’importe laquelle ; peut-être la réponse à tous nos problèmes ou la guérison de tous nos maux ; mais jamais nous ne pourrons y aller voir ; toute l’ingéniosité des hommes les plus habiles ne saurait équiper un vaisseau pour atteindre au plus proche de ces astres nos voisins, et l’existence la plus longue ne suffirait pas à semblable voyage. Qu’une grande bataille vienne d’être perdue, ou qu’un être chéri meure, que nous soyons transportés de joie ou d’enthousiasme, ils n’en brillent pas moins inlassablement sur nos têtes. Nous pouvons nous rassembler ici, à toute une armée, et crier à nous rompre les poumons, nul soupir ne leur parviendra. Nous pouvons escalader la plus haute montagne, nous n’en serons pas plus près d’eux. Il ne nous reste qu’à demeurer ici-bas dans le jardin et à leur tirer notre chapeau : le clair d’étoiles se pose sur nos crânes, et comme le mien est un peu chauve, vous le voyez sans doute reluire dans l’obscurité. La montagne et la souris. C’est à peu près tout ce que nous aurons jamais de commun avec Arcturus ou Aldébaran. Savez-vous appliquer une comparaison ? ajouta-t-il, posant la main sur l’épaule de Will. Une comparaison n’est pas une raison mais elle est d’ordinaire infiniment plus convaincante.
Will pencha un peu la tête, puis la releva vers le ciel. Les étoiles lui parurent se dilater et émettre un éclat plus vif ; et comme il levait les yeux de plus en plus haut, elles semblaient se multiplier sous son regard.
— Je vois, dit-il, en se tournant vers le jeune homme. Nous sommes dans une attrape à souris.
— Quelque chose comme ça. Avez-vous déjà vu un écureuil tourner dans sa cage ? et un autre écureuil philosophiquement assis à croquer ses noix ? Inutile de vous demander lequel des deux vous a paru le plus sot. (Partie 1, “La Plaine et les étoiles”).
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Avez-vous jamais vu un écureuil tournant dans sa cage ? Et un autre écureuil, philosophiquement immobile près de ses noisettes ? Je n'ai pas besoin de vous demander lequel des deux vous a semblé le plus fou.
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- Vous êtes un drôle de médecin, dit Will en regardant fixement son hôte.
- Je suis une loi de la nature, répondit-il, et on m'appelle la Mort.
- Pourquoi ne pas me l'avoir dit tout de suite ? s'écria Will. Je vous ai attendu pendant toutes ces années. Serrez-moi la main et soyez le bienvenu.
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Les années s'évanouirent après les années, avec grandes explosions dans les villes de la plaine. La rouge révolte se dressa et fut écrasée dans le sang, la bataille se déchaîna çà et là, les astronomes patients, dans les tours de l'observatoire, découvrirent des étoiles nouvelles. (...) En haut, dans la vallée de Will, les vents seuls et les saisons faisaient époque.
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