AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782743607128
170 pages
Payot et Rivages (01/11/2000)
3.8/5   5 notes
Résumé :
On ne sait ni son nom ni son âge. On sait qu'elle est esclave, que sa vie d'être humain, de femme, s'est résumée à ce mot-là. Elle est seule, abritée au creux d'un baobab, objet de charité ou de vénération. Si elle est là, c'est à cause d'un homme, son maître, son amant ; elle est la seule survivante d'une expédition vers une ville mythique, décidée par lui. Et, autour du baobab, tourne inlassablement la mémoire de cette narratrice qu'on a toujours dépossédée de tou... >Voir plus
Que lire après Le baobabVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai déjà du mal avec la poésie mais avec la littérature lyrique c'est encore pire. "Le baobab" est le seul texte de la poétesse sud-africaine Wilma Stockenstrom disponible en français et, de vous à moi, je n'aurais pas voulu être à la place de la traductrice. Quel défi !

La narratrice n'a pas d'identité, on apprend à la connaître à travers son long monologue ; esclave depuis l'enfance, elle fut vendue, anonyme, et exploitée par plusieurs maîtres successifs jusqu'au dernier, l'Etranger, qui a entrepris une odyssée mythique vers une cité mystérieuse. La narratrice, seule survivante de l'expédition, se réfugie dans le tronc d'un baobab, symbole de l'enracinement dans un passé où elle naquit libre, symbole également d'une terre sauvage et indomptable où la survie est rude, enfin symbole d'un abri, d'un chez-soi, le seul qu'elle ait jamais connu. Son récit possède la puissance d'un cantique et s'écoule comme un fleuve capricieux, au cours tantôt impétueux, tantôt étale.

Le fond du récit, bien que difficile à recouper en raison d'une narration volontairement déstructurée, est fascinant : on y découvre la condition des esclaves et une société colonialiste qui fait naître le malaise. Mais en ce qui me concerne, impossible de faire abstraction de la forme dont la beauté m'a assommée et a largement gâté ma lecture. Ceci va probablement vous sembler paradoxal mais est-ce que cela ne vous est jamais arrivé de passer à côté d'un texte dont les phrases absconses s'enchaînent sans que vous en trouviez le sens ? Une oeuvre qui semble offrir une intimité à son seul auteur, vous laissant sur le bord de la route ? C'est exactement ce que j'ai ressenti avec "Le baobab" ; une sensation qui est peut-être la marque même de l'art, refusant la compréhension au profit de l'émotion ?


Challenge MULTI-DÉFIS 2017
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge AUTOUR DU MONDE
Commenter  J’apprécie          324
Le seul livre de l'auteur à être disponible en français. Un court livre d'à peine 120 pages. Il s'agit d'un monologue, celui d'une femme dont nous découvrons petit à petit la vie et la situation présente. le récit n'est pas fait complètement dans un ordre chronologique, il y a des retours en arrière, des sauts dans le temps, et comme aucun nom n'est donné, il faut un peu de temps pour se retrouver dans les personnages et les événements. Mais cela ne nuit pas du tout au récit, la somptuosité de la langue fait qu'on prend patience en attendant d'avoir les éléments du puzzle en notre possession.

Donc notre héroïne a été enlevée dans l'enfance et vendue comme esclave, elle a connu plusieurs maîtres, a eu plusieurs enfants qui lui ont été enlevés pour être vendus comme esclaves. Son dernier maître a entrepris un voyage d'exploration pour découvrir une cité mythique, et s'enrichir en faisant du négoce. Mais les choses se sont mal passées, et notre héroïne est la seule survivante, réfugiée dans le tronc d'un baobab, son premier véritable chez elle, dans lequel elle survit tant bien que mal. Elle se rappelle toute sa vie, activité d'autant plus incontournable, que le voyage vers l'intérieur des terres a ravivé les souvenirs de sa petite enfance, avant l'enlèvement par les chasseurs d'esclaves.
Nous sommes la fois dans un récit réaliste, avec des détails matériels, des descriptions, les couleurs et les odeurs, et dans un récit mythologique et onirique, où la magie et le surnaturel ne sont jamais loin, et dans lequel le passé et le présent ne font qu'un. le personnage principal n'a aucune place dans le monde dans lequel elle vit, ni dans la cité qu'elle a presque toujours connue, et où elle n'a fait que changer de maître, dans l'incertitude de son avenir, sans aucune capacité à maîtriser sa vie. Mais elle n'a plus non plus aucune place dans les paysages de son enfance, dont elle se souvient à peine, et qui ne l'acceptent plus. le monde lui paraît incompréhensible, d'autres ont toujours décidé pour elle, et même si elle n'a guerre été heureuse, elle est totalement incapable de vivre dans la nouvelle liberté qui lui arrive, trop tard. Elle a toujours été seule, dans l'incapacité de se faire reconnaître comme un être humain à part entière.

Un très beau livre, moitié roman, moitié poème, émouvant et lyrique, sobre et digne. du coup je me sens encore plus frustrée de ne presque rien savoir sur l'auteur, et de voir que ses autres écrits ne sont pas disponibles.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Toujours muettes. Des souris effrayées au milieu du vacarme, voilà ce que nous étions, éléments subalternes d'un système, apparemment dociles, nos enfants arrachés à nous et vendus dès leur prime enfance, alors que nos corps les réclamaient encore avidement, et nous n'avions pour tout passé que le souvenir de mauvais traitements sans pitié ou de cadeaux sarcastiques, et nous n'avions pour tout présent qu'une absence d'avenir. Nous toutes n'étions qu'une seule femme, interchangeable, échangeable.
Commenter  J’apprécie          140
Aujourd'hui, ici, dans mon baobab, je suis toujours bornée de toutes parts par l'horizon. On ne s'échappe donc jamais de l'horizon ? La vie est traître, comme du miel empoisonné. Venant de loin, je croyais qu'il me fallait peut-être accumuler tous les paysages qui avaient défilé devant mes yeux dans un cercle tracé autour de moi, pour obtenir enfin un horizon plus large. Plus je voyageais, plus large il serait. Et voici qu'en fait tout s'est rétréci à l'espace défini par un arbre.
Commenter  J’apprécie          90
L'une des esclaves qui servait mon deuxième maître devint mon amie intime ; nous tâchions de nous entraider autant que nous le pouvions. Elle préférait la lessive, moi la cuisine. Nous ignorions les autres esclaves et nous répartissions le travail comme cela nous convenait ; elles avaient beau nous en vouloir, nous savions qu'elles ne gagneraient rien à se plaindre à l'homme dont nous étions la propriété.
Commenter  J’apprécie          70
Nous vivions, nous, les esclaves, dans deux cabanes basses au toit effondré, tous ensemble, sans être séparés selon le sexe.
Commenter  J’apprécie          140
Toujours muette. Des souris effrayées au milieu du vacarme, voilà ce que nous étions, éléments subalterne du système, apparemment dociles, nos enfants arrachés à nous et vendus dès leur prime enfance, alors que nos corps les réclamaient encore avidement, et nous n’avions pour tout passé que le souvenir de mauvais traitement sans pitié ou de cadeaux sarcastiques, et nous n’avions pour tout présent qu’une absence d’avenir. Nous toutes n’étions qu’une seule femme, interchangeable, échangeable. Nous nous consolions, nous et nos enfants, nous partagions tout, nous cherchions les poux dans nos chevelures, nous nous passions nos vêtements et chantions ensemble, bavardions ensemble, nous nous plaignions ensemble. Sans avenir. Il y en eut une, une fois, qui essaya de s’enfuir. Elle se fit prendre ; on lui coupa les pieds. Une autre essaya, une autre fois. Elle réussit. Les ennuques désertaient régulièrement.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : afrique du sudVoir plus

Lecteurs (13) Voir plus




{* *}