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EAN : 9782849503812
268 pages
Syllepse (19/04/2013)
3.86/5   14 notes
Résumé :
Depuis sa publication en 1989 (New York, Routledge), Refuser d’être un homme est devenu un classique dans les études de genre, largement cité dans les ouvrages de référence. John Stoltenberg déconstruit l’identité masculine comme un rapport social et trouve dans cette analyse les raisons de penser son changement. L’ouvrage aborde successivement la question de l’identité sexuelle masculine, de la pornographie et de la suprématie masculine et enfin la question du mili... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes toutes et tous des êtres humains

Les textes de John Stoltenberg sont précédés de quatre avant-propos : le premier de Christine Delphy, les trois autres, des traducteurs, Mickaël Merlet, Yeun L-Y et Martin Dufresne

Dans le premier avant-propos, Christine Delphy nous rappelle que « la libération des opprimé.es doit être l'oeuvre de celles-ci et de ceux-ci » et critique les interventions des hommes, exerçant leur « pouvoir jusque dans les lieux qui ont pour but de le contester », confiscatoires de la parole, des choix politiques des femmes. Elle insiste sur cette prétention des dominants à « mettre sur l'agenda des féministes des thèmes – des devoirs de vacances – qu'elles n'ont pas choisis ». Elle nous (je m'inclus évidemment dans ce nous) propose non de parler à la place des femmes mais de parler de notre place « Et dès qu'ils cessent de parler prétendument de notre place, et à notre place, dès qu'ils parlent à partir de leur place, et de leur place, on peut à nouveau les écouter ». Elle indique que « John Stoltenberg est un de ces hommes ».

Si les hommes ont un désavantage épistémologique, ils ne peuvent connaître de l'intérieur l'oppression subie par les femmes, « ils sont en revanche les seuls à connaître les stratégies de domination qu'ils forgent consciemment, comme l'a mis en évidence Léo Thiers-Vidal ».

Si aujourd'hui les hommes « d'extrême-gauche » acceptent l'existence du féminisme, cette acceptation n'en reste pas moins à la fois très « abstraite » et bien peu présente dans l'ensemble des problématiques sociopolitiques. D'autant qu'ils mettent sous le tapis, « la question de ce qui se passe »dans le privé » – euphémisme pour tout ce qui concerne la sexualité des hommes ».

Christine Delphy souligne que les féministes elles-mêmes l'abordent peu. « Certes elles dénoncent les violences, le viol et la prostitution, mais gardent encore comme une île, isolée et préservée de ces continents noirs, la sexualité »ordinaire » ». Elle indique que John Stoltenberg et Andréa Dworkin, dont il était le compagnon, ont notamment analysé cette culture, notre culture patriarcale où « la sexualité est inextricablement emmêlée avec la domination », ses mythologies ou ses fondations soit-disant « naturelles ». Elle cite Catherine MacKinnon qui parle d' « érotisation de la domination » et relie cette position avec la déconsidération de l'oeuvre de cette auteure et plus généralement « les attaques infatigables du courant queer contre Andréa Dworkin et Catherine MacKinnon ».

Si le pouvoir est bien relié à la sexualité, « c'est parce que celle-ci est liée au genre – que le genre est indissociable de la contrainte à l'hétérosexualité… » . Contre la naturalisation du désir, elle souligne que « le désir sexuel a un contenu entièrement culturel » …. « ni les hormones, ni les gènes, ni une configuration universelle du psychisme – ne dicte la forme que prend chez l'humain la sexualité ».

Quant-à l'auteur du livre, Christine Delphy indique que pour celui-ci « l'identité de l'homme est liée à la domination et au mépris, domination et mépris qui s'expriment dans les sens donnés à la sexualité ». Elle termine en expliquant pourquoi, elle a souhaité qu'une partie de l'avant-propos soit écrite par les traducteurs du livres, trois hommes…

Mickaël Merlet indique, entre autres, « je ne voulais et je ne veux pas être de ceux-là », en soulignant l'intérêt « d'étudier les dominants de genre de l'intérieur, dans les yeux, dans les têtes ». Pour lui, le livre de John Stoltenberg permet « une prise de conscience et un travail contre le masculinisme en soi » et nous oblige « à porter attention à nos actes, qu'ils soient »publics » ou »privés », à leurs conséquences et à en être responsables ».

Yeun L-Y interroge « Comment refuser d'être un homme quand on bénéficie quotidiennement de cette position oppressive ? » et indique que John Stoltenberg invite « à répudier les logiques et les stratégies masculines, conscientes ou non, qui produisent le mépris et l'absence d'empathie envers d'autres personnes ». Les hommes résistent à l'égalité pour préserver leur pouvoir, ils ont par ailleurs « intensifié un libéralisme sexuel qui s'efforce d'accroître l'accès au corps des femmes et qui banalisent les différentes formes d'exploitation sexuelle » (Voir par exemple sur ce sujet, le récent livre de Kajsa Ekis Ekman : L'être et la marchandise. Prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi). Il souligne aussi qu'il « n'y a pas de masculinité – même non hégémonique – sans assujettissement des femmes ».
Martin Dufresne nous parle de sa découverte de John Stoltenberg, du durcissement du pouvoir masculin, « d'un masculinisme explicite », de cette virilité « au dessus de tout soupçon ». Il souligne que l'auteur « propose d'abdiquer franchement cette identité iconique, cette virilité-pouvoir. Il invite les hommes à ne pas se contenter de masquer le phallus, mais à abolir réellement les prérogatives du masculin, en reddition de comptes à l'analyse féministe radicale et à des femmes encore violentées et spoliées au quotidien ».

Dans sa préface écrite en 1988, John Stoltenberg indique « ces essais sont implicitement autobiographiques, même s'ils ne se fondent pas sur des révélations personnelles. Et en ce sens, refuser d'être un homme désigne autant le sujet de ce livre que la façon dont il est venu au jour ». Il a en effet évoqué quelques lignes plus tôt, le lien entre convictions féministes et loyauté envers une femme particulière, ce qui a l'a amené (lui et d'autres hommes) « à un point de vue intime, presque intérieur, sur ce qu'est la vie pour les femmes sous le règne de la suprématie masculine ». Ils appréhendent les « idéaux du féminisme radical avec sérieux et honnêteté individuelle, à tel point qu'ils considèrent cohérent – ou plutôt inhérent – à toute défense des droits de la personne digne de ce nom ».

L'auteur soutient « que l'identité sexuelle masculine est une construction de toutes pièces, politique et éthique, et que la masculinité n'a un sens personnel que du fait d'être créée par certains actes, choix et stratégies – qui ont des conséquences dévastatrices pour la société humaine ». Et que, précisément parce que cette identité est construite, « nous pouvons changer ». Il relie aussi l'identité masculine à l'apprentissage d'une éthique d'injustice sexuelle. Refuser d'être un homme signifie donc « apprendre une éthique nouvelle et radicale », donner sens au moindre de ses actes en « considérant chaque personne comme absolument aussi réelle que nous ».

Dans son premier texte, John Stoltenberg nous rappelle un extrait du programme d'action ratifié à la conférence mondiale de Beijing : « Les droits fondamentaux des femmes comprennent le droit d'être maîtresses de leur sexualité, y compris leur santé en manière de sexualité et de procréation, sans aucune contrainte, discrimination ou violence, et de prendre librement et de manière responsable des décisions dans ce domaine ». L'auteur poursuit en présentant son livre « comme une insurrection », une tentative de traduire « les idées féministes radicales en une vision du monde et une identité morale que pouvaient revendiquer et incarner sans fausse honte les personnes nées avec un pénis ».

Ou pour le dire autrement : « La toute première parution de ce livre est à mes yeux un genre de poteau indicateur au bord de la route, un graffiti sur un mur, un marqueur de sentier forestier. Les gens s'y arrêtent, peut-être à cause du titre, et en lisent parfois quelques pages, semblent soit attirés par sa perspective, soit braqués contre lui, choqués et sur la défensive, en prenant résolument le contre-pied. Peu y restent indifférents. Quelque chose a ici un effet polarisant, indiquant à certains une voie d'approche possible et à d'autres, un terrain à fuir ». En fuyant ce terrain, les hommes confirment qu'ils n'entendent pas renoncer aux privilèges, leurs privilèges, retirés pour leur « classe de sexe » et pour chacun d'entre-eux, du système d'oppression des femmes. Il ne peut y avoir deux versions des valeurs, l'une masculine et l'autre féminine, « l'éthique ne peut-être duale, scindée selon le sexe, avec des identités différenciées hiérarchiquement en terme d'estime de soi ».

Il nous faut déchirer le manteau libertarien servant à draper les violations des droits civiques. L'auteur revient sur le mouvement pour les droits civiques des Afro-américain-ne-s, sur le principe d'égalité au coeur de ce mouvement, comme chez les féministes radicales. Il nous faut aussi refuser l'essentialisation ou la naturalisation de l'identité. Non, l'identité sexuelle humaine n'est ni absolue ni dichotomique (en fait, nos identités sont toujours plurielles, évolutives et socialement construites). « Ce n'est qu'en prenant pour cible la structure de dominance identitaire elle-même, avec la politique et les valeurs éthiques qui la soutiennent, que chacune de nos alliances trouvera sa voie vers une cause commune, une vision unifiée et une assise morale collective ».

Je souligne la pertinence des pages sur le combat pour l'égalité des Noir-e-s et des Blanc-he-s et pour l'égalité entre femmes et hommes.
Dans les autres textes, John Stoltenberg traite, entre autres, de « l'éthique du violeur », de l'identité sexuelle comme idée politique, de l'absence de réflexion critique (« un système particulier d'attribution de valeur à certaines conduites dénué de la moindre intelligence du comment et du pourquoi de cette croyance en la vérité du système »), de la sexualité sexospécifique sans lien avec l'anatomie, de l'actualisation incessante de l'identité sexuelle masculine, du mépris des victimes, des cartes chromosomiques (voir sur le sujet, Anne Fausto-Sterling : Corps en tous genres. La dualité des sexes à l'épreuve de la science, La Découverte, Institut Émilie du Châtelet)
L'auteur souligne aussi « qu'il est ridicule d'enfermer à perpétuité qui que ce soit dans une catégorie sur la base d'une capacité variable qui peut être utilisée ou non et qui, de toute manière, se modifie tout au long de leur vie de façon assez aléatoire et très personnelle », que les êtres humains ont « du sexe » et non pas « un sexe », que « notre sexe » est socialement construit, que le plaisir sexuel n'est pas induit par le « masculin » ou le « féminin » (« la sexualité ne possède pas de genre »). J'invite à lire attentivement les pages sur les conditions d'une relation égalitaire : « le consentement est absolument essentiel » et rien ne peut le tenir pour acquis hors de demandes précises et renouvelées, « la réciprocité est absolument essentielle », « le respect est absolument essentiel », le corps de la (du) partenaire n'est pas un objet à prendre, à baiser.

Nous pouvons choisir dès maintenant à ne pas laisser notre sexualité manipulée par l'industrie pornographique, ne pas nous fixer sur la pénétration, à être « des traîtres érotiques au système de la suprématie masculine ».

Je souligne aussi cette juste phrase : « Personne ne m'a parlé du sexe que l'on peut vivre quand on cesse de travailler à avoir un sexe ».

L'auteur analyse aussi l'objectification sexuelle et la suprématie masculine, les actes, « C'est ainsi qu'en matière de comportements sexuels masculins, on parle beaucoup de »sentiments », de »réactions émotives », d »'expression » et de »fantasmes », dans des situations où il serait plus exact de désigner ces actes pour ce qu'ils sont, à savoir des actes, susceptibles d'une interprétation et d'une évaluation éthique en posant les questions : qui fait quoi à qui ? L'acte est-il juste ou injuste ? Quelle est la conséquence de l'acte pour l'autre personne ? Est-ce que la personne qui fait l'acte accorde la moindre attention à cet acte, à sa conséquence et à son impact sur quelqu'un d'autre ? », la dissociation volontaire de l'identité masculine de l'oppression des femmes, les violences sexuelles, dont le viol (voir la récente et scandaleuse déclaration d'Aldo Naouri), du continuum de deshumanisation de l'autre, de nos responsabilités.
Dans la seconde partie du livre « Politique de l'identité sexuelle masculine », John Stoltenberg analyse, entre autres, l'érotisme et la violence dans les relations père-fils, les droits du père dans leur contexte social, le patriarcat, la légalisation de la propriété sur le corps d'un-e autre être humain, le viol conjugal, ce qu'il nomme « la différence entre Maman et l'a-mère » comme « première leçon cruciale de polarité de genre ». Il discute des liens entre masculinité et guerre. Cette partie me semble très incomplète en regard du contournement des autres rapports sociaux (capitalisme, impérialisme, etc.).

Stimulant est le chapitre sur « le foetus comme pénis » et « la guerre menée contre l'autodétermination procréative des femmes ». L'auteur nous rappelle que l'Equal Rigts Amendment n'a toujours pas été intégré à la « Constitution » des États-Unis. Il y a donc à la fois refus de l'égalité, refus du droit à l'avortement et croyance « que les éjaculats laissés à grossir in utero sont une extension symbolique et matérielle du précieux pénis ».

L'auteur interroge aussi la notion de « bon sexe ». Il indique que « le plaisir érotique s'enrichit et dépend d'un contexte d'action mutuellement respectueux, à la fois bon pour et bon envers chacun des partenaires » et souligne la nécessite de résister à « l'embrigadement de l'orientation sexuelle », de répudier les inégalités de pouvoir.

Je partage largement ses analyses des représentations commerciales de sexe, de la pornographie, « Nos corps ont appris beaucoup de mensonges » ou « La pornographie ment à propos des femmes. Mais elle dit la vérité à propos des hommes », son interrogation critique : « pourquoi le liberté sexuelle en est-elle venue à ressembler autant à la répression, à l'absence de liberté ? », les réflexions liant liberté sexuelle et justice sexuelle (« ce qu'a d'insensé l'idée d'une liberté préalable à la justice »), même si j'aurai plutôt utilisé le terme d'égalité. Qu'est ce donc que cette « activité sexuelle » sans considération pour l'autre personne ?

« La liberté sexuelle n'a jamais vraiment signifié le droit des individus à l'autodétermination sexuelle, leur liberté de vivre l'intégrité de leurs corps et d'agir sur cette base avec une totale liberté de choix. La liberté sexuelle n'a jamais vraiment eu pour idéal une souveraineté absolue des personnes sur leur propre vécu érotique. Et la raison en est très simple : la liberté sexuelle n'a jamais eu pour objet la justice sexuelle entre les hommes et les femmes. Son objet a été le maintien du statut supérieur des hommes, du pouvoir des hommes sur les femmes ; et il a été de sexualiser le statut inférieur des femmes, la subordination des femmes par les hommes. Au fond, la liberté sexuelle a eu pour objectif la préservation d'une sexualité qui préservait elle-même la suprématie masculine ». Ici et maintenant, ni l'égalité ni la liberté n'existent, « la liberté sexuelle est une idée dont l'heure n'est pas encore arrivée », leurs constructions, probablement réciproques, passe par la destruction/remodelage de tous les rapports sociaux inégalitaires, asymétriques et hiérarchisants.

Je souligne aussi le grand intérêt du chapitre 10 « Affronter la pornographie comme enjeu de droits civiques » et l'histoire de « l'ordonnance antipornographique des droits civiques de Dworkin et MacKinnon ».

Le livre se termine par une quatrième partie, plus courte « Militantisme et identité morale », dont j'extrais juste quelques citations :

« L'identité sexuelle masculine – se croire masculin, croire qu'il existe un sexe masculin, être convaincu d'y appartenir – est une idée construite au plan politique »

« le système de polarité de genre est réel, il n'est pas vrai » (AndreaDworkin)

« La virilité constitue à la fois un processus de développement et une structure normative de l'identité. Ce n'est pas seulement la façon dont on grandit, mais aussi ce que l'on est censé devenir en grandissant. C'est à la fois le chemin et la destination, le processus et le but »

Oui il est possible d'être humain sans faire le mâle… et nous avons besoin de « sentiment d'identité personnelle qui a le courage de souhaiter la liberté d'autrui ».
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Refuser d'être un homme, voilà une proposition révolutionnaire ! Les mecs qui se disent féministes, en soutenant la cause, blablabla, devraient plutôt se demander ce qu'ils pourraient faire pour arrêter de participer à l'oppression des femmes. La lecture de Stoltenberg permet de comprendre comment s'exerce le patriarcat, et comment les hommes peuvent arrêter d'y participer et le détruire.

Et comme tout bon féministe radical, ici pas de place pour défendre une prostitution "éthique", ou un porno "féministe". L'un et l'autre sont à détruire, et il faut vraiment que chaque homme fasse un travail d'introspection sur ses propres comportements vis-à-vis des femmes (sur la sexualité notamment) et les adapte.

C'est vraiment une lecture qui a permis de mettre des mots sur des choses que je vivais ou ressentais, ainsi que de les déconstruire. Ses réflexions sont vraiment enrichissantes, notamment celle sur la justice et la liberté sexuelle, la seconde n'étant possible que si la première est effective, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui...

Je conseille fortement de découvrir aussi les essais et les réflexions de la féministe radicale Andrea Dworkin, qui a été traduit chez Syllepse par le collectif TRADFEM >>> https://tradfem.wordpress.com/textes-dandrea-dworkin/
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Ce livre est une compilation d'essais et de discours de l'auteur. Il y aborde plusieurs thèmes autour du féminisme comme la pornographie, l'objectification, les violences conjugales et le militantisme.
Ses textes sont très inspirés des travaux de Catherine A. MacKinnon et d'Andrea Dworkin dont il était très proche. C'est un féminisme radical, parfois un peu péremptoire à mon goût, mais ses analyses incitent à la réflexion; les comparaisons entre les mécanismes associés à la domination masculine et à la domination raciale sont souvent pertinentes.
Je déconseillerai ce livre comme entrée en matière dans le féminisme pour un homme, mais je le recommanderai pour quelqu'un ayant déjà un minimum de connaissance sur les mécanismes de la dominance masculine et les théories féministes quelque soit son orientation.
Ce que je retiendrai de ce livre, en tant qu'homme allié féministe, c'est la nécessité de s'impliquer activement dans la lutte féministe auprès des autres hommes. Se contenter de soutenir nos épouses, nos filles et nos amies n'est pas suffisant, nous nous devons de faire bouger les définitions de la masculinité afin qu'elle ne soit plus conditionnée par le rejet des stéréotypes féminins et la considération des femmes comme une classe inférieure.
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Ce n'est pas une lecture que je recommanderai facilement car je ne sais à qui il s'adresse. Aux hommes, bien sûr, mais il est tellement radical, intransigeant et dur dans ses analyses que très peu d'hommes pourraient le lire sans réaction de rejet, et alors, ils seraient déjà convaincu...

Ses positions rappellent celles d'Andrea Dworkin, qui était sa mentore et sa compagne, et qui elle aussi est particulièrement dure dans ses analyses. Pourtant je préfère Dworkin.

Les réflexions sont intéressantes, mais il y a beaucoup de répétitions, et toujours cette dureté qui rend l'accès abrupte. C'est un livre, très... rêche pour moi!
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Cet ouvrage est un recueil d'allocutions effectuées entre la toute fin des années 70 et le début des années 80. Il nous a donc fallu plus de 30 ans pour voir ces textes publiés en français.
L'écriture est particulière, le sujet est dur, l'auteur sans pitié ; c'est pourquoi je conseillerais ce livre à des personnes déjà habituées aux idées du féminisme radical.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
On a demandé à ces jeunes s'ils étaient d'accord avec la phrase "C'est normal de dire à une fille que tu l'aimes simplement pour arriver à baiser avec elle." Sept hommes sur dix ont affirmé que oui. On leur a demandé s'ils étaient d'accord avec la phrase : "Un gars devrait utiliser une contraception le plus souvent possible" Huit répondants sur dix se sont dits en désaccord, déclarant qu'un gars n'avait pas à faire ça. Et à la question "Si une fille tombait enceinte à cause de moi, je voudrais qu'elle avorte", presque neuf hommes sur dix ont répondu que non, qu'ils ne voudraient pas qu'elle avorte.
Ces jeunes hommes manifestaient un consensus : la tromperie en vue de l'accès au coït, c'est normal ; l'irresponsabilité masculine en contraception, c'est normal ; mais l'avortement, c'est pas normal, "parce que c'est mal" (The Family Planner 1977)
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Le fils sera témoin de la violence du père contre son épouse -une fois ou cent, peu importe, une fois suffit- et le fils sera terrorisé et impuissant à la défendre. Puis le père dirigera sa colère contre le garçon lui-même, un accès de rage incontrôlable, vengeresse, semblant sortir de nulle part, une punition totalement disproportionnée en regard des quelques règles dont le garçon connaît l'existence -une fois ou cent, peu importe, une fois suffit - et le garçon sera interdit de souffrance à se demander pourquoi a mère n'a pas empêché cela. Dès ce moment, la confiance du garçon envers la mère s'étiole, et le fils appartient au père pour le reste de sa vie.
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"Nous sommes [...] une espèce multisexuée." J'ai lu ces mots por la première fois il y a un peu plus de dix ans - et cette reconnaissance libératrice m'a sauvé la vie.
J'ai su durant toute ma jeunesse qu'il y avait quelque chose de vraiment problématique dans mon rapport au principe masculin. Dans mon for intérieur, je n'ai jamais vraiment cru être tout à fait masculin -je n'ai jamais cru que je devenais suffisamment un homme. Je croyais qu'il existait quelque part, chez d'autres hommes, quelque chose qui était la vraie masculinité américaine - le produit authentique - mais moi, je ne l'avais pas, ou du moins pas suffisamment pour me convaincre moi-même, même si j'arrivais à être relativement convaincant pour mon entourage. J'avais l'impression d'être un imposteur, un faux. Il était pénible de ne pas me sentir assez masculin, et je n'avais alors aucune idée à quel point je n'étais pas le seul à vivre cela.
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On prétend souvent que l'avortement est en soi une expérience émotionnelle dévastatrice pour les femmes ; les militants antiavortement menacent souvent les femmes de futurs problèmes psychiques. Mais une étude menée auprès de trois cent vingt-neuf femmes ayant avorté à Philadelphie laisse émerger un portrait très différent. Même si "la plupart des femmes ont vécu leur avortement avec un certain degré d'émotion conflictuelles", la majorité des répondantes ont déclaré que leur sentiment dominant était "un soulagement que l'avortement ait eu lieu". Détail significatif, cette étude a mis en évidence l'effet crucial des attitudes masculines sur le ressenti des femmes vis-à-vis de leur expérience de l'avortement. Selon la chercheuse Ellen Freeman, de la faculté de médecine de l'université de Pennsylvanie : "Les femmes étaient fréquemment plus soucieuses de leur relation avec leur partenaire masculin que de tout autre aspect de l'avortement. Elles avaient besoin de leur partenaire et cherchaient à les intégrer à l'expérience. Dans presque tous les cas où les répondantes ont vécu une détresse émotionnelle marquée, c'était par manque de soutien émotionnel de leur partenaire" (Freeman 1978 :150-155)
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La liberté se situe toujours en aval de la justice. Cela est parfaitement compris - sauf en matière de sexe.
Dans notre pays, l'idée courante de liberté sexuelle n'a jamais signifié justice sexuelle. Les partisans de la liberté sexuelle n'ont défini cet enjeu qu'en termes d'accès à du sexe libre de toute répression ou de limite. Concrètement, cela s'est traduit par un plaidoyer pour une sexualité libre de toute ingérence institutionnelle, libre de la contrainte des idéologies juridiques, religieuses et médicales, libre de toute intervention extérieure. A un niveau plus personnel, la liberté sexuelle a signifié une sexualité sans peur, sans culpabilité et sans honte - ce qui, en pratique, à signifié la promotion d'une sexualité libre de jugements de valeur, libre de toute responsabilité, conséquence ou éthique. Bref, une activité sexuelle essentiellement débarrassée de toute obligation à considérer l'autre comme une personne. Pour débarrasser le sexe de la peur, de la culpabilité et de la honte, on a dit qu'il fallait abolir les interdits sexuels institutionnels, alors que la cible qu'on voulait réellement démanteler était tous les vestiges d'une éthique où chacun serait réel l'un pour l'autre. Parce que dès que nous assumons cette réalité réciproque, les conséquences de nos actes acquièrent une importance profonde et personnelle; et, particulièrement dans le cas du sexe, on risque de ressentir nos actes comme désagréables du fait de ne pas les ressentir comme justes. Il importait donc d'abolir toute cette dimension d'affect moral de la sexualité. Et cette abolition a eu lieu, sous prétexte de s'en prendre à une censure institutionnelle.
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John Stoltenberg on Men, Manhood, & Rape, from NOW-NYC's panel discussion, "She Asked For It: How Rape Myths Hurt Us All" (2011).
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