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Pierre Morizet (Autre)Eva Ahlstedt (Autre)
EAN : 9782868690029
343 pages
Actes Sud (04/01/1999)
3.94/5   8 notes
Résumé :
Drapeaux noirs

Par August Strindberg
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
D'une incroyable dureté...

Un des derniers livres écrits par Strindberg dans lequel il règle des comptes avec beaucoup de gens. En effet, tous les personnages décrits dans ce livre sont inspirés de gens ayant réellement côtoyé l'écrivain. Il a d'ailleurs eu toutes les misères du monde à le faire publier car aucun éditeur ne voulait prendre ce risque de peur des poursuites.

Lars Petter Zachrisson dit « Zachris » est un écrivain et rédacteur au journal « le Bien du Peuple frère ». Ce journal est dirigé par Lögnroth, le rédacteur en chef assisté de son secrétaire Smartman. Ici, Strindberg nous introduit dans le monde de la presse et de la littérature suédoise. Un monde qu'il nous présente comme irrémédiablement corrompu et décadent. Zachris ne recule devant aucune bassesse pour avancer et se faire une renommée. Il vole la fiancée de son meilleur ami, la sublime Jenny et en fait sa créature qu'il domine et manipule à sa guise. Au contact de Zachris, Jenny se transforme et sa divine beauté n'est bientôt plus qu'un souvenir car son sinistre époux s'arrange pour la mettre enceinte deux fois en la violant, la réduisant ainsi à sa merci complète et totale. Jenny deviendra une espèce d'épave morphinomane et ayant perdu complètement contact avec la réalité.

Mais les perfidies de Zach ne s'arrêtent pas là. Il ruine un de ses amis écrivain et l'accule au désespoir. Il se sert des gens et les piétine lorsqu'ils ne lui sont plus d'aucune utilité. Il règne sur son entourage en despote et se pousse vers le haut à coups de mensonges et de fourberies. Comme il est avocat, il connaît la loi à fond et s'arrange toujours pour ne jamais être coupable de rien. C'est un funambule qui jongle avec la vie et le destin de ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. Sa vie est un véritable enfer ! Son ménage est une gigantesque farce et d'une décadence encore inégalée, mais Zach trouvera son salut comme toujours contrairement à Jenny…

Ce livre est une saga avec une foule de personnages dont j'ai suivi les déboires avec beaucoup d'intérêt. La méchanceté et la ruse dominent cette petite société mais on y trouve aussi de la camaraderie et un havre de paix en un établissement appelé « l'Abbaye », appartenant au comte Max, qui sert de refuge aux hommes trop meurtris par leur vie de débauche et qui souhaitent y trouver un peu de paix et de sérénité.

Strindberg atteint ici le sommet de son art. C'est écrit d'une magistrale façon. C'est dense, compliqué, tortueux, avec plein de références à des personnages célèbres et à des événements marquants de l'époque de l'écrivain. Il y a beaucoup de notes de fin de page extrêmement intéressantes et instructives. de plus, Strindberg s'accapare des chapitres entiers pour nous faire de petites leçons de morale, de sciences naturelles, de parapsychologie et de chimie ! Moi, j'ai aimé mais certains pourront trouver cela ennuyeux un brin.

Tous les thèmes et obsessions strindbergiens s'y retrouvent soit l'absence de morale, l'argent, les femmes et leur émancipation, les moeurs, la saleté de la vie, les bassesses humaines et les luttes pour le pouvoir et l'ascension sociale. Un livre d'une extrême dureté.

J'ai éprouvé toute une gamme de sentiments pendant ma lecture… J'ai souri, j'ai ri, j'ai été émue souvent mais le dernier chapitre constitué de la lettre de Smartman à son fils m'a littéralement tiré des larmes. Strindberg nous livre une confession si émouvante et si belle sur la vie, j'ai senti que son âme rejoignait la mienne et que nous ne formions plus qu'un tout tellement sa vision de la vie est semblable à la mienne.

Deux âmes en parfaite communion …

Le livre comporte une préface de Strindberg lui-même et une postface des deux traducteurs.

« Lögnroth n'était pas d'un aspect séduisant. Il était monté en graine comme une laitue pendant un été sec et portait les couleurs pâles du céleri. »

« Il était évidemment agréable d'en être débarrassé. Mais pour la fête de Noël il fallait les enfants ; ils étaient décoratifs et formaient la toile de fond. »

« Les tulipes sont des êtres gais qui aiment la lumière, la joie et la musique. Si on joue pour elles, elles rient aux éclats, se penchent sur le bord du vase comme si elles voulaient être de la partie. »

« La première fois de l'automne que l'on voit, en sortant le matin, les arbres nus, on est pris d'une sensation de solitude, de vide et de malaise. Mais le lendemain on découvre de nouveau horizons. On voit à travers les objets, on voit plus loin, on se sent libéré ; tout est plus aéré, plus spacieux. Ensuite, on cesse de ressentir quoi que ce soit, jusqu'au jour où le givre décore les arbres de quelque chose de métallique, de rose et d'argent. »

« Kilo s'enfonça dans la chaise longue et « éteignit ses yeux » pour mieux entendre et mieux comprendre. »
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Satire ou règlement de compte de l'auteur avec le milieu littéraire suédois? D'un côté, les dîners mondains, la vie affairiste des professionnels de la littérature, et de l'autre, la retraite à l'abbaye de Sikla, des hommes en quête d'une nouvelle époque spirituelle. Livre manichéen, mais aussi attachant que révélateur des différents thèmes de l'écrivain, et où l'on retrouve également d'amples échos de la tourmente sentimentale que fut son existence.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tous ces mangeurs de soupe avaient l'air de se mirer dans les assiettes creuses ou de cacher leurs visages pour ne pas montrer les reflets de leurs âmes, ou bien encore de réciter des prières muettes pour le malheur des autres : ils étaient tous ennemis et n'étaient venus ici que parce qu'ils n'osaient pas faire autrement.En effet, le salon du professeur Stenkhål donnait le ton; on y était lancé ou ruiné, on pouvait y accéder à la notoriété ou la perdre.
( p.10)
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( *à propos des obsèques de la femme de Zachris)

L'enterrement lui causa quelques soucis.Comme on n'invite plus les gens de nos jours, le nombre de personnes qui accourent constitue un plébiscite, une expression de votre valeur sur le marché de la vanité. Zachris, qui était en baisse, ne voulait pas risquer un fiasco.Il fallait qu'il sollicite personnellement toutes les personnes de qualité, tous les noms célèbres, toutes les belles marques. C'était une représentation, une première, et les journaux en rendraient compte.
( p.290)
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Ne pleure pas sur la perversité de notre temps, frère. Toi, qui es théosophe, tu dois savoir que chaque époque a sa raison d'être. Celle qui prend fin est celle du progrès matériel, de l'industrie et de l'économie. Est-il si étrange que le niveau intellectuel baisse quand monte le niveau matériel ?
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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