On parle souvent du pouvoir des mots mais celui de l'image est redoutable : média populaire par excellence, la bande-dessinée a été utilisée dès son apparition comme outil de propagande pour véhiculer toutes sortes de messages. Dans cette truculente compilation de planches aux desseins piégeux (ou non selon les convictions propres à chacun),
Fredrik Strömberg convie ses lecteurs avec ironie et dérision à un grinçant voyage iconographique spatio-temporel. Jouant à l'excès sur les stéréotypes socio-culturels, chargés de communication, publicistes et autres gens du métier qui ont bien saisi le potentiel manipulateur de l'image, ont exploité cette formidable manne pour rallier à peu de frais et parfois sans résistance, un maximum d'adhérents à leurs causes politiques, idéologiques, économiques ou sociales touchant à des sujets épineux comme le racisme, la guerre, le sexe, la religion, l'éducation, etc... D'ailleurs, qu'elle soit positive ou négative, cette manipulation par l'image et donc par la bande-dessinée, reste aux yeux de
Fredrik Strömberg, de la propagande. Illustré par des planches ou des posters issus de bande-dessinées (pour la plupart américaines), cet ouvrage doté d'un riche appareil critique, offre malgré des mises en perspective parfois tirées par les cheveux, d'intéressantes pistes de décryptage sur le dessin de propagande et... une surprenante sélection d'images comme la première de couverture (partie supérieure) où l'on voit Daredevil cogner un Hitler effrayé (Bob Wood) ! Aussi, méfions-nous de la propagande par l'image et apprenons à remettre en doute cette célèbre expression de Saint Thomas : "Je ne crois que ce que je vois"...