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Citations sur Car si l'on nous sépare (19)

Je me cachais dans le tableau, dans l'espoir qu'elle ne voie pas celle que j'étais devenu. J'y parvenais parfois. Les yeux fermés, je pensais aux fraises et je sentais et alors les fils déchirés de la robe chatouiller mon épaule nue, tandis que Herr Heyerdahl balayait la palette de son pinceau et enduisait la toile. À force de concentration, je retrouvais l'expression à la fois renfrognée et docile qu'il avait su saisir ; je pouvais même sentir entre mes doigts l'entrelacs des tiges de jasmin, délicat comme une toile d'araignée. Mon autre main, crispée sur le bol, tremblait de fatigue. L'épaule me démangeait, mais je gardais la pause - surtout ne pas bouger, ne pas parler, rester parfaitement immobile.
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- Le ciel s'embrase. Nous avons peur... peur de tout ce qui nous entoure... peur de ce monde. Car si l'on nous sépare, que reste-t-il, si ce n'est la douleur ? Nos âmes crient. D'un cri sans fin, sans fond.
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[ ... ] Je pus rendre visite à la petite chambre secrète dans ma tête tout en travaillant. L'analyse des trésors que j'y avais consignés rendait supportable le nettoyage des tapis et des sols. Mon amitié grandissante avec Tullik compensait quant à elle la rancune que Ragna faisait mijoter dans sa cuisine.
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L'idée de mentir à nouveau me déplaisait : tous ces plans à bâtir, ces fables à raconter, ces pistes à brouiller... Une descente en eaux troubles. Spirale brune, ocre sale, visqueuse, sombre.
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Tullik torturait son pouce.
- Ils sont partis dans la forêt, n'est-ce-pas ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas vu.
- Peut-être sont-ils allés chez lui ?
- Crois-tu que Milly aurait fait une chose pareille ? Avec son mari juste...
- Elle ne se préoccupe que d'elle-même. C'était la même chose avec Carl. Elle n'en faisait qu'à sa tête.
- Ont-ils été mariés pendant longtemps ?
- Dix ans. Je n'avais que neuf ans à leur mariage et elle, vingt-et-un. Elle se vantait sans cesse d'avoir un mari si bon qu'il la laissait faire tout ce qu'elle voulait. Il y a eu d'autres hommes, en dehors d'Edvard ; des acteurs, des écrivains. C'est pour cela qu'elle aime l'idée de la bohème. C'est un mode de vie qui l'autorise à faire ce que bon lui semble.
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- Non, non, les gens ne remettent pas en cause votre technique. Mais ils disent que ce que vous faites est grossier et vulgaire.
- La vérité paraît souvent vulgaire, vous ne croyez pas ? Et les mensonges brillent parfois comme une belle nuit d'été.
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Je me mis au défi de prononcer son nom au grand air, marchant avec vigueur pour assourdir le son de ma voix. Je commençai par murmurer tout doucement ces deux mots qui sentaient le soufre. Puis je lâchai son nom à voix haute. « Edvard Munch. »
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Nous pouvons en y contraignant notre imagination, faire naître en nous dans l'obscurité les images les plus claires.

(Traité des couleurs, JOHANN WOLFGANG VON GOETHE)
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Mon père disait toujours qu'il y avait bien des manières de pénétrer dans la forêt. L'on pouvait y entrer en courant, le coeur ouvert à tous les possibles, sans savoir ce qui vous attendait au prochain tournant; ou l'on pouvait aller d'un pas tranquille, en devisant et en riant avec des amis, insensibles aux bruits discrets de la forêt; ou encore flâner au bras d'un amant, à la recherche d'un refuge pour des instants volés à deux. L'on pouvait enfin s'y glisser silencieusement, attentif au moindre souffle de la forêt, dans un état de communion magique et d'osmose muette de la nature.
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Et c’est ainsi que je retournai vers la maison sur la colline, où les fleurs tardives des pois de senteur m’accueillirent à la barrière. Je caressai du bout des doigts leurs pétales rose pâle et respirai leur doux parfum, profond et enivrant. La main sur le portillon, je m’apprêtai à revenir au tableau. Un pas de plus et je serais à nouveau la Cueilleuse de fraises, cette enfant aux yeux bleus et aux cheveux blond en désordre. Je lui ouvris grand les bras heureuse de retrouver son innocence et sa simplicité. J’endossais une fois encore ce rôle que je connaissais si bien. Elle est moi ne ferions qu’une, pour une année peut être, ou bien jusqu’à la saison nouvelle.
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