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Svetlana Delmotte (Traducteur)Viktoriya Lajoye (Éditeur scientifique)
EAN : 9782207260418
240 pages
Denoël (09/04/2010)
3.77/5   441 notes
Résumé :
Des Visiteurs sont venus sur terre. Sortis d'on ne sait où, ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu'ils ont occupée pendant des années sans jamais correspondre avec les hommes, ils ont abandonné des objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent piller au risque de leur vie, comme une bande de fourmis coloniserait sans rien y comprendre les détritus abandonnés par des pique-niqueurs au bord d'un ... >Voir plus
Que lire après Stalker : Pique-nique au bord du cheminVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 441 notes
Visite d'un autre monument de la science-fiction mondiale, et cette fameuse Zone qui, peut-être, vous marquera pour la vie.

Quelque chose s'est produit à divers endroits du monde, laissant ces espaces affranchis des lois de la physique ; où l'on y trouve de curieux artefacts aux étranges propriétés, collectionnés sans mesure par les plus riches, se les procurant auprès de « stalkers », sorte de prolétaires-braconniers annonçant les liquidateurs de Tchernobyl, parcourant au péril de leur vie ces Zones où rien n'est établi…

Les frères Strougatski représentent la tête de pont de la SF soviétique, souvent présentée comme moyen de contourner la censure afin de parler politique.
Dans ce livre paru en 1972, c'est davantage le capitalisme aveugle qui est pointé du doigt, si l'on veut à tout prix lui trouver un sens hors de l'histoire, surtout là pour nous en conter d'altérité, voire d'aliénation, tout en laissant de vastes latitudes d'interprétations…

Une ambiance très réussie, car très « proche », à travers ce parlé populaire, ce quotidien de l'étrange, ces caractères heurtés, et cette novlangue des objets de la Zone.
Avec une relative économie et très peu d'emphase, les auteurs arrivent à faire naitre des sensations extra-sensorielles, bien qu'hautement sensuelles, dont la traduction fait ce qu'elle peut pour les retranscrire.

Une lecture que l'on prolongera avec le visionnage de ce chef-d'oeuvre absolu du cinéma mondial, son adaptation par Andreï Tarkovski, variation plutôt libre de ce classique de la littérature, aux images définitives, permettant l'arrêt de toute consommation audio-visuel pour de nombreuses semaines.
Un film dont la singularité exige cette lecture préalable, sans bien-sûr la rendre obligatoire, le contraire restant possible sans m'apparaître souhaitable…


P.S : et j'hésite à mentionner le blog éponyme de notre « gargouille » de la critique littéraire nationale… bien que nous lui devions bon nombre de mise en lumière de saines lectures, ainsi que de nécessaires et esseulés coups de gueule sur son petit milieu, peuplé d'auteurs et de leurs équivalents qui crissent, tous semblables à ces peintres-pompiers du 19ème siècle, dont la popularité, ou non, chez leurs contemporains aura davantage marqué l'histoire de l'art que leur postérité artistique, bien qu'un tableau de Bouguereau reste plus intéressant qu'une certaine littérature…
Ne pouvant insérer qu'un seul lien, je vous laisse rechercher l'adresse de son blog — laissant de côté certains aspects rebutants, regorge de bons conseils à qui sait dépasser un certain formalisme (hum… si seulement il avait la capacité de se mettre à la place de son lecteur…) — et vous donne l'accès direct à une version en bonne qualité, sous-titrée en anglais, du film Stalker, à regarder dans le noir et le calme absolu, muni si possible d'un excellent équipement audiovisuel…
bisous

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Cela faisait bien longtemps que ce texte mythique me faisait de l'oeil et que je repoussais sa lecture, de peur d'être déçue, tant les avis des amateurs de Science-Fiction sont contrastés. Ce qui est sûr c'est que les auteurs, aussi célèbres et populaires qu'ils aient été en URSS, ne s'attendaient pas à une telle postérité. A commencer par le film de Tarkovski, extrêmement différent du roman, même si ce sont les frères Strougatski qui sont les auteurs du scénario. C'est un peu comme si le film était un autre chapitre du livre, l'aventure d'un autre Stalker, ou du même, plus tard. Ensuite, il se trouve que le film m'avait semblé trop énigmatique, déconcertant, jusqu'à ce que je me retrouve dans une église en ruine en banlieue de Moscou en 1984 (pas un peu abîmée, mais une vraie ruine, dangereuse, comme si l'église avait été bombardée peu avant, le genre de truc où chez nous il y a des panneaux d'interdiction d'entrer et du grillage), et que j'ai eu quelques instants la sensation de me retrouver dans le film. Là-dessus arrive Tchernobyl, sa Zone et puis de fil en aiguille, les Stalkers de Tchernobyl, et puis le jeu vidéo qui jongle sur tout ça… Dur de revenir aux sources !
Côté déception, en dehors du décor de la Zone, c'est bien peu futuriste, le décor censé se situer en 2020, ressemble comme deux gouttes d'eau à une banlieue quelconque des années 70 n'importe où dans un pays un peu industrialisé. Bien peu futuriste comme technologie !
Quand au texte, on dirait que les auteurs ont pris un malin plaisir à le rendre sinon hermétique (ça, c'est plutôt l'univers du film), du moins abscons. En fait la plupart des éléments énigmatiques finissent par s'éclaircir : on comprend et le sens du titre, et l'origine de la Zone (en fait il y en a cinq sur toute la Terre). Et il faut bien dire que ça c'était une idée super originale, digne des plus grands noms de la Science-Fiction. Quand aux noms bizarres des différents pièges de la Zone (« calvitie des moustiques », « gelée des sorcières »,...), on apprend que c'est l'argot des Stalkers, assez imagé, il faut bien le dire. Mais les révélations prennent du temps, et c'est un peu irritant, ça rend le texte résistant à la lecture. Quant aux artefacts rapportés et objets de trafic, l'absence de précision sur la nature de ce qu'ils apportent en matière de technologie n'est pas pour rien dans le transfert de la Zone du roman à celle de Tchernobyl dans l'imaginaire collectif, russe, tout au moins.
Pour les lecteurs qui passent outre les deux premières parties, la suite est bien plus intéressante : avec la troisième partie, centrée sur un autre personnage, nous comprenons l'évolution des environs de la Zone dans le temps, et puis enfin, dans la quatrième partie, nous sommes vraiment dans la Zone, et c'est vraiment une partie excellente et qui vaut l'effort d'avoir lu tout le reste. C'est aussi de cette partie-là que se rapproche le plus film.
Au final, ce livre vaut la peine d'être lu, et il reste à faire un livre bien documenté sur la naissance d'un mythe, à partir d'un roman de 1972, sans grand prétention, mais qui avec son univers étrange, glauque et fascinant, a ouvert en grand les portes de l'imaginaire.
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Certains livres se lisent sans déplaisir mais sans réelle passion non plus, et pourtant, même des semaines après la lecture, on y repense encore.
C'est le cas avec « Stalker » un roman de science-fiction pas déplaisant, mais où j'ai toutefois eu la tentation de sauter certains passages un peu rébarbatifs ou trop obscurs à mon goût.

L'histoire est pourtant originale, on suit plusieurs stalkers dans leur quotidien, un stalker, c'est un homme qui récupère au péril de sa vie des choses abandonnées des années plus tôt par d'étranges visiteurs non terrestres venus d'on ne sait où, et qui sont depuis repartis vers un ailleurs indéterminé, en laissant sur Terre des tas d'objets, comme des rebuts après un pique-nique.
Ces objets, pour la plupart, on ne sait même pas ce qu'ils sont ni à quoi ils servent, et la Zone, l'endroit où les visiteurs s'étaient brièvement installés, est désormais considérée comme hautement contaminée, car d'étranges maladies, infections et malformations touchent ceux qui s'en approchent.

L'écriture est rapide, saccadée, il y a beaucoup de dialogues (pas toujours compréhensibles d'ailleurs, car l'absence d'explications concernant tout ce phénomène est assez vite épuisante et frustrante pour le lecteur).
J'ai pourtant aimé cette ambiance qui n'est pas celle d'une fin du monde, ici, la vie s'accroche même si l'espoir lui, parait totalement illusoire, tout semble vain, noir, sinistre, la mort sous toutes ses formes semble s'être insinuée partout et dans tout.
J'aurais quand même aimé avoir plus d'explications à la fin, je me suis sentie un peu lésée, comme si on m'avait appâté avec une belle énigme mais qu'à la fin, on me disait :"t'as pas compris ? bah, tant pis !"
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Ce roman désespérant m'a totalement enthousiasmé, ce n'est pas un paradoxe, c'est juste de la science fiction russe...
J'avais vu le film d'Andrei Tarkovski à la fin des années 80, c'est un film très étrange, l'introspection des personnages, comme souvent chez ce cinéaste prend le dessus sur le genre, l'aspect science fiction n'est pour Tarkovski qu'un prétexte, un médium, et il s'est surtout concentré sur la dernière partie du roman. À la lecture de celui-ci, je ne m'y suis pas vraiment retrouvé, mais ma vision du film commence sérieusement à dater. Ce n'est qu'assez récemment que j'ai découvert qu'il était issu d'un roman de science fiction russe. J'ai tout de suite eu envie de le découvrir, mais j'ai pris le temps avant de me lancer. Je ne suis pas surpris par l'ambiance qui n'est pas sans rappeler l'ambiance du cinéma russe underground des années 70/80, avec des personnages taiseux, une économie qui ne fonctionne que dans l'illégalité, le trafic, les magouilles, les personnages qui s'autodétruisent, par l'alcool, la bagarre, du brouillard, une lumière blafarde, beaucoup de cigarettes, des odeurs nauséabondes, des friches abandonnées, des tas d'ordures, l'abandon, la saleté, la boue... c'est tout un monde en ruine, sans espoir. Un stalker est un homme qui va dans la Zone, une zone visité puis abandonnée par des extraterrestres. Les dangers sont multiples, mais ils y ont laissé de nombreux artefacts, d'une technologie infiniment plus avancée que la nôtre. le stalker se livre donc à un marché noir illégal au péril de sa vie. Ils sont nombreux à y laisser leur peau. le livre va se diviser en quatre périodes de la vie de Redrick Shouhart. On suit son évolution, dans cette société désoeuvrée, c'est noir. l'écriture est assez froide, s'attachant aux détails, normal, car dans la zone, il ne faut négliger aucun détail. le ton dégage une certaine neutralité, pas la moindre emphase. N'allez pas y voir non plus un roman de hard science, les explications restent évasives, et le système économique et politique est à peine abordé, ce n'est pas non plus ni une dystopie ni du post-apocalyptique, ça pourrait aussi bien se passer ici, demain que dans 100 ans. le personnage passe plus de temps à boire et à fumer qu'à causer, de tout cela se dégage une atmosphère lourde, oppressante, glaçante. Évidemment, il y a une critique de la société soviétique d'alors, on est en 1972 au moment de la publication, quelques petites dizaines d'années plus tard dans le récit. Cela transparaît dans ce roman, mais c'est surtout une longue allégorie sur le thème de l'espoir ou plutôt de son absence. J'ai vraiment adoré la fin, certes frustrante dans un premier temps et pourtant totalement inéluctable et finalement vraiment marquante. Très différent du film, ce roman n'en est pas moins fort.
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"Tombé du ciel, à travers les nuages" n'est pas toujours un "heureux présage", n'en déplaise à Jacques H. La preuve :
Dans les années '90, la Terre a été brièvement visitée par des extra-terrestres qui n'ont pas cherché à entrer en contact avec les habitants, mais qui y ont laissé leurs déchets. Des années plus tard (c'est à dire à notre époque), ceux-ci sont toujours analysés par des scientifiques, et recherchés par des stalkers, ces individus suffisamment fous pour se glisser -illégalement- dans les "Zones de la Visite" interdites pour les dérober afin de les revendre au meilleur prix.

Curieux roman que cette oeuvre de science-fiction soviétique écrite par deux frères au début des années '70. C'est en effet de la SF sans soucoupes volantes ni rayons laser, mais ponctuée de phénomènes bizarres liés au passage de ces voyageurs d'outre-espace, et qui ne sont pas le centre de l'histoire. Et j'ai aimé cette approche décalée, cette intrigue qui se développe davantage autour des Terriens, et en premier lieu Redrick Shouhart, stalker aguerri.
J'ai également apprécié l'ambiance étrange qui imprègne ce roman, où l'on devine certaines choses, où rien n'est ouvertement explicité, et où pourtant la vie continue, nimbée de fatalisme russe : "L'acte le plus héroïque de l'humanité, c'est d'avoir survécu et d'avoir l'intention de continuer...". Ca crée un décalage saisissant, accentué par le caractère incroyablement touchant de quelques personnages. J'ai d'ailleurs été surprise et profondément bouleversée par certaines de leurs réactions, et j'ai retrouvé avec émotion cette façon très slave de mettre son âme à nu.
En fait, plus que de la SF, c'est un roman réaliste dans un contexte insolite, et c'est très perturbant, mais très beau aussi. de la science-fiction pour ceux qui n'en sont pas particulièrement fans.

A noter que le terme "stalker" a depuis été repris et attribué à ceux qui explorent la zone d'exclusion de Tchernobyl, pour en ramener des photos, ou des objets irradiés.
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Les découvertes ont parfois des destins étranges.
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- Je vais vous le dire, prononça Valentin. Imaginez un pique-nique...
Nounane sursauta.
- Comment avez-vous dit ?
- Un pique-nique. Imaginez : une forêt, un chemin, une clairière. Une voiture passe du chemin dans la clairière, apparaissent des jeunes gens, des paniers à provisions, des jeunes filles, des transistors, des appareils photo et des caméras... On allume un feu, on dresse des tentes, on branche la musique. Et le lendemain matin, ils repartent. Les animaux, les oiseaux et les insectes qui la nuit, épouvantés, avaient observé le cours des événements, sortent de leurs abris. Que voient-ils ? Sur l'herbe tachée d'huile traînent de vieilles bougies, un filtre à huile, des chiffons, des ampoules grillées, quelqu'un a laissé tomber une clé à molette... Les garde-boue ont laissé des saletés ramenées d'un marécage... et, évidemment, les traces du feu de bois, des morceaux de pommes, les papiers de bonbons, les boîtes de conserve, les bouteilles vides, un mouchoir, un couteau de poche, des journaux déchirés, de la petite monnaie, des fleurs fanées venues des autres clairières...
- J'ai compris. Un pique-nique au bord du chemin.
- Exactement. Un pique-nique au bord de je ne sais quel chemin cosmique. Et vous me demandez : reviendront-ils ou non ?
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Seigneur, mais quelle salade ! Toute ma vie, je me suis battu contre le capitaine Quaterblood, et lui, toute sa vie, il s'est battu contre Rauque et ne voulait de moi, sombre idiot que je suis, qu'une seule chose : que je laisse tomber le stalkérisme. Mais comment le laisserais-je tomber s'il me faut nourrir ma famille ? Aller travailler ? Et si je ne veux pas travailler pour vous, si votre travail me fait mal au cœur, pouvez-vous le comprendre ? Voilà ce que je crois : si un homme travaille parmi vous, il travaille toujours pour l'un de vous, c'est un esclave et rien d'autre, tandis que moi, je voulais toujours être moi-même, tout seul, pour me foutre de tout le monde, me foutre de votre ennui et de votre cafard...
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Dans un million d'années, l'instinct sera formé et nous ne commettrons plus ces erreurs qui représentent, probablement, une propriété inséparable de l'intellect. Et alors, si quelque chose change dans l'univers, nous deviendrons tranquillement une race en voie de disparition, de nouveau précisément parce que nous aurons perdu la faculté de commettre des erreurs, c'est à dire, d'essayer des variantes différentes, non prévues par un programme rigide.
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Le fait même de la Visite est la découverte la plus importante non seulement de ces treize dernières années, mais de toute l’histoire de l’humanité. Il n’est pas tellement important de savoir qui étaient ces visiteurs. Il n’est pas important de savoir d’où ils sont venus, ni leur but, ni pourquoi ils sont restés si peu de temps, ni où ils sont passés après. Ce qui compte, c’est que, maintenant, l’humanité le sait avec certitude : elle n’est pas seule dans l’univers. J’ai peur que l’Institut des cultures extra-terrestres n’ait plus jamais une chance de faire une découverte aussi fondamentale.
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Videos de Arcadi Strougatski (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arcadi Strougatski
Du début des années 60 jusqu'au années 80, les frères Strougatski — Arcadi et Boris — ont façonné le Cycle du Midi, un ensemble de romans et nouvelles prenant place dans un XXIIe siècle radieux et questionnant les marges de cette utopie. Traduits en France de façon éparse au fil du temps, les récits ont été rassemblés au sein d'une intégrale coordonnée par Vitkoriya et Patrice Lajoye, publiée chez les éditions Mnémos fin février : un beau projet, inédit sous cette forme et méritant qu'on s'y attarde le temps d'une discussion en compagnie de Patrice Lajoye. Ce sera également l'occasion de parler de leur structure éditoriale, Lingva, et de ses projets, notamment en matière de SF ukrainienne. https://mnemos.com/livres/le-cycle-du-midi/ https://www.lingva.fr/ Animation : Erwann Perchoc
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