C'est avec sidération que j'ai lu l'histoire de ce jeune garçon venu de Corée pour être adopté par une famille française qui le maltraite. Yong, petit garçon plein de vie malgré le décès de ses parents, ne comprend rien à ce qui lui arrive. Il ne peut s'attacher à cette marâtre qui le maltraite de plus en plus que ce soit physiquement ou psychologiquement. En dépit des humiliations qu'il subit, des coups qu'il reçoit, Yong garde son désir de vivre, impatient d'être libéré de cette prison familiale, clémente pour les enfants biologiques, cruelle, sadique pour Yong et aussi, dans une moindre mesure, sa petite soeur adoptée après lui et venue d'Inde. Les mauvais traitements sont insupportables à lire, intolérable pour Yong à subir et on attend que cette femme soit démasquée. Elle ne l'est pas, reçoit les honneurs. Quelques espaces plus légers mais trop brefs, éclairent l'existence de l'enfant qui, chez Omer et son épouse, découvre la tendresse, la beauté de la nature. Toutefois, il n'ose se confier. Peut-être ne le croirait-on pas ? On le menace d'une maison de redressement et il la souhaite car elle ne saurait être pire que cette existence faite de cruauté, de violence, d'insultes dégradantes, de mise à l'écart, dans la cave entre autres. En tant que lecteur, on a peur qu'il ne meure sous les coups. Il est envoyé dans un pensionnat où, en dépit de la discipline et de petites anicroches, il s'épanouit, mange à sa faim, étudie, goûte les beauté de la nature, se dépense. noue des amitiés. Il désire y rester le plus longtemps possible. Il pense que Chantale qu'il lui faut pour éviter un surplus de châtiment, appeler maman, ne lui fera plus peur. Ce n'est pas le cas, elle poursuit l' anéantissement de Yong quand il la revoit et doit revivre avec cette famille qu'il hait. Ce cauchemar se termine quand il va dans une ferme où, lui promet sa marâtre, il va en baver : il s'y reconstruit auprès de Pénélope, généreuse et sympathique. D'autres rencontres renforceront encore ce parcours de violence qui l'a conduit à la drogue et l'alcool dont il se désaccoutume grâce au soutien d'Alfred, au Canada. Il reprend le violon, écrit des poésies, prend des photos. Il change de nom et se retrouve.
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La maltraitance au-delà de l'invraisemblable… un crescendo d'horreurs infligées.
Comment a-t-on pu accorder le droit d'adoption à une telle famille ? Un grand point d'interrogation laisse aux lacunes de l'Etat en la matière !!!!
Une lecture dont il est difficile de sortir indemne…. Merci à l'auteur d'avoir osé témoigner…
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Même si parfois c'était dur d'avoir faim, moi je l'ai connue la douceur de vivre; ça n'a rien à voir avec la vie qu'on mène à Grand-Couronne. Je vois bien comment ils vivent ici. Tout le monde se dispute, les voitures se klaxonnent, les gens se regardent par en dessous les sourcils, comme si chacun s'attendait à ce que l'autre lui vole sa montre ou son portefeuille; ils font leur épicerie presque en courant, jamais contents de rien, râlant sur tout; quand on passe devant les bistrots, on entend les bonshommes qui jurent parce que rien ne marche à leur goût; les femmes s'en vont avec leur panier au bout du bras, le dos un peu rond, la démarche raide, le regard fixe, presque éteint. Rien à voir avec les femmes de chez nous dont le pas danse lorsqu'elles reviennent avec quelque chose à manger.
Combien de fois ai-je entendu que la nuit, tous les chats sont gris, que les bons comptes font les bons amis, que le soleil luit pour tout le monde, que les petits ruisseaux font les grandes rivières, que l'habit ne fait pas le moine, que trop prouver ne prouve rien, qu’à chaque jour suffit sa peine, qu'il ne faut pas se fier à l'eau qui dort, que la fin justifie les moyens ou que le silence est d'or ! Avec des phrases comme ça, elle est capable de tout expliquer de la vie et de dire comment ça marche; sauf que la vie qu'elle me fait vivre « pour mon bien », je m'en serais bien passé...
Je ne veux pas que tu restes avec les Arabes, me dit Chantale. Je ne suis pas raciste, mais il faut bien voir les choses en face : dès qu'il y a une voiture volée, c'est eux; dès qu'on entend parler d'un vol, c'est eux; une bagarre dans un café ou dans la rue, c'est encore eux; du trafic, du recel, de la drogue, des couteaux dans le dos, c'est toujours eux. Il n'y a pas à en sortir, ils sont dans tous les mauvais coups. Ça ne m'étonne pas du tout que tu aimes leur compagnie; qui se ressemble s'assemble.
Il y quelque chose que je ne comprends toujours pas dans ce pays : c'est le plaisir, on dirait, que les gens ont de tout rendre triste. Ça serait plus gai d'aller à l'école s'il y avait des belles couleurs, ça serait plus gai de vivre chez les Bastarache s’il n'y avait pas tout le temps quelque chose à faire comme ci ou comme ça. Mais tout marche avec des « règles de vie » que Chantale n'arrête pas de répéter pour n'importe quoi.
Grâce à la musique, parfois j'arrive à oublier. Car même ici je joue et tout le monde s'accorde pour dire que je suis doué. Chantale me laisse faire et même m'encourage; je l'entends souvent dire qu'avec beaucoup de travail, je pourrais passer à la télé comme les jeunes prodiges qu'on y voit parfois. Elle prend peut-être ses rêves pour des réalités, mais pourquoi la contredire ? Pendant ce temps-là, elle me laisse jouer en espérant se retrouver un jour la mère d'un nouveau prodige – ce qui ajouterait encore à son palmarès de mère de l'année – et moi, je trouve l'évasion dont j'ai besoin dans la musique.