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Critique de jeandubus


Une autre époque.
Voilà un très beau roman qui se démarque de tant d'autres traitant de la quête du père, sujet ressassé, s'il en est, qui fait le miel du psychiatre,du « quelqu'un qu'on voit ».

Ce père-là est mort. Son fils de 16 ans ne l'a pas connu, qui vit avec sa mère et son secret.

Une recherche, une photographie, une montre sur un poignet et la métonymie est là, subtile, précieuse qui déroule l'en-quête sur l'homme qui la porta autrefois, à une autre époque, dans les années cinquante, quand la
« différence » (cf .la 4eme de C.) était passible d'amende ou de prison (l'homosexualité a été dépénalisée en France en 1981, avec l'abolition de la peine de mort) et quand la majorité était atteinte à 21 ans seulement (18 ans avec Giscard en 74). Pas si loin en fait.Non, pas si loin.

L'histoire est belle de cet amour tout en douceur où la pornographie d'un index glissé sous le bracelet de cuir, là où la peau est cachée, plus tiède, plus humide, rappelle pour moi le livre éponyme de Gombrowicz où rien n'est forcé.

Dans les années 70 le fils en quête est encore mineur, et nous parle d'un Paris exactement comme je l'ai connu, avec les halles de Baltard, la brasserie Zimmer et la brasserie Mollard. Il faut beaucoup de délicatesse pour faire une aquarelle avec des mots. Alain Claude Sulzer est un auteur délicat dans le meilleur sens du terme. Il aime ses personnages. Il les respecte.

Il donne la parole au père qui , comment le dire, a « la chance » de pouvoir vivre une passion et d'en mourir. Non pas par peur de l'opprobre que cette passion pourrait entraîner mais tout simplement parce que les passions ne peuvent s'éterniser. Les amants meurent. Ceux de Shakespeare et de Choderlos de Laclos. Ceux de Sulzer.

Le fils porte à nouveau la montre dont le bracelet a retrouvé sa souplesse, son tic-tac , et le souvenir du sang rythmant la veine .
La mère parle.
Pourquoi l'avoir laissée en dehors de tout ça ? Emil l'aimait assez pour lui dire. A cette époque-là, tout comme aujourd'hui, un homme courageux aurait pu dire à son épouse qu'il se consumait pour un autre. Elle aurait trouvé les mots. Elle aurait dénoué le piège. Les femmes savent faire cela.

Il ne le fait pas et il meurt.

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