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EAN : 9782267032284
480 pages
Christian Bourgois Editeur (08/09/2016)
3.83/5   42 notes
Résumé :
Juillet 1895. Nathaniel et Robert Coombes, deux frères âgés de douze et treize ans, se retrouvent seuls pendant dix jours. Leur père, marin, vient d’appareiller pour New York. Quant à leur mère, ils assurent à tout le monde qu’elle est partie à Liverpool. Rapidement, la famille, les voisins, s’inquiètent de ne pas la voir revenir. La police arrive sur les lieux alors qu’une odeur pestilentielle envahit la rue. À l’étage, ils découvrent le corps de la mère en état de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Tiens ! J'ouvre le bal !
C'est le troisième livre de Kate Summerscale que je lis, et c'est toujours passionnant.
Elle est spécialisée dans les faits divers victoriens, qu'elle reprend et analyse, comparant les mentalités de l'époque et la nôtre. Ici, il s'agit d'un matricide de 1895. Un jeune garçon de treize ans poignarde sa mère, avec la complicité tacite de son petit frère de 11 ans...Beurk, dites-vous, pauvres gens...Effectivement.
Ce qui est très intéressant est le procès des enfants, jugés comme des adultes, mais pas tout à fait, et, surtout, les analyses psychiatriques très datées des jeunes meurtriers. On accuse...leurs lectures ( des feuilletons à sensation type Eugène Sue ou Jules Verne) de leur avoir perverti l'esprit et de les avoir incités à la violence...Comme aujourd'hui les jeux vidéo. L'auteur analyse aussi la crainte de la société devant l'alphabétisation croissante des classes pauvres. Leur esprit ne peut pas supporter trop d'informations...On cherche chez eux des signes physiques de dégénérescence... Crâne etc...Dommage, ils sont tous les deux très beaux et harmonieux...On va très peu chercher dans l'histoire familiale, mais c'est aussi parce que la défense veut plaider la démence. de fait, l'aîné est jugé irresponsable et se retrouve au célèbre asile de Broadmoor...Foin des clichés, il y est très bien traité et grandit...
Relâché en 1914 à 30 ans ( entré à 13 ans, quand même), il s'embarque pour l'Australie, puis c'est la guerre. Kate Summerscale réussit ensuite à retrouver sa trace jusqu'à sa mort, toujours cherchant des réponses à ce crime extraordinaire.
La fin du livre est particulièrement émouvante. Elle rebat les cartes. On ne peut pas tout comprendre d'une âme aussi complexe que celle de ce garçon, mais certains voiles sont levés. L'horreur du crime reste entière...Peut-on passer une vie à se racheter ?
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En 1895, Robert, un adolescent de treize ans, assassine sa mère, Emily, plus ou moins avec la complicité de son frère cadet. A ce moment son père, steward sur un paquebot, était en train de traverser l'océan en direction de New York. La famille vivait dans les faubourgs de Londres, un quartier de petites maisons mitoyennes, ils menaient une vie un peu plus difficile que leurs propres parents, avaient un peu de mal à joindre les deux bouts, sans être dans la misère. Après le meurtre, les deux garçons continuent de vivre comme si de rien n'était, alors que le corps de leur mère est dans la pièce d'à côté, et racontent aux voisins qu'elle est en voyage. Ils tentent d'emprunter de l'argent, de gager des objets de famille, pour pouvoir aller s'amuser, puis pour se nourrir. Ce comportement posera beaucoup de questions et permettra à l'avocat de Robert de trouver une ligne de défense, de plaider la folie.
Kate Summerscale, journaliste et auteure anglaise, plonge pour la troisième fois dans des documents d'archives, après L'affaire de Road Hill House et La déchéance de Mrs Robinson. Je n'ai pas lu les deux premiers, mais j'avais écouté un entretien passionnant avec l'auteure lors des Assises Internationales du Roman l'année dernière.
L'époque victorienne est minutieusement reconstituée par Kate Summerscale, la vie de famille, la rue, l'école, les métiers harassants, la justice et même dans ce livre, la psychiatrie. Ce dernier point ne manque d'ailleurs pas de surprendre. L'hôpital psychiatrique dont il est question dans le roman, et où Robert est le plus jeune détenu, ne suivait pas les méthodes en usage à l'époque, et beaucoup de commentateurs trouvaient que les meurtriers qui passaient pour fous ou malades étaient enfermés dans des conditions passablement clémentes, voire luxueuses selon certaines exagérations. J'ai trouvé ce roman captivant, jusqu'à la fin où l'auteure recherche en Australie les traces De Robert, émigré après sa libération et la guerre.
Maintenant, entre les romans classiques d'époque victorienne et les romans contemporains qui s'emparent de cette période historique, il faut ajouter les livres de Kate Summerscale.
L'éducation dans cette deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la façon dont sont considérés enfants et adolescents, la crainte que les petits romans d'aventures vendus quelques pennies, que les jeunes lisent abondamment, ne leur corrompent l'esprit, ces questions sont particulièrement bien cernées par l'auteure. Elle a recherché de nombreux documents d'archives et en a tiré le meilleur parti. Je prévoirais volontiers de lire les deux autres livres qu'elle a écrits, si mes listes à lire n'étaient pas déjà aussi longues !
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A partir d'un fait divers terrible et bien réel, un matricide commis par deux jeunes frères alors âgés de 12 et 13 ans, Kate Summerscale reconstitue les bas-fonds londoniens de la fin du XIXème siècle. Son approche purement documentaire, dénuée de tout point de vue moral, passe au crible les conditions de vie de cette classe laborieuse, les arcanes d'un procès criminel puis les conditions de détention du condamné avant de retracer son changement radical de vie. Basé sur une solide documentation, ce « singulier garçon » tire les fils de la société victorienne marquée une grande contrainte morale, une violence quotidienne et un libéralisme économique qui bouscule autant qu'il détruit.
Essai sociologique et politique, ce documentaire romanesque se lit également comme un grand roman policier au sang-froid.
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Robert et Nattie, 13 et 12 ans, affirment à tout ceux qu'ils croisent que leur mère est à Liverpool. Mais une curieuse odeur commence à flotter... on apprend alors que Robert a tué sa mère.

C'est mon 3e livre de cet auteur et ma 5e reconstitution de fait divers victorien. Ces ouvrages sont toujours très documentés, et bien qu'Un singulier garçon est celui que je trouve le moins réussi, il y a plusieurs choses qui m'ont passionnée.

La vie des deux frères, la découverte du corps, le procès sont vraiment passionnant parce qu'on évoque la santé mentale De Robert qui sera d'ailleurs la grande question du procès.

L'auteur nous fait aussi découvrir la vie dans un asile à l'époque victorienne. C'est l'une des parties les plus intéressantes à mon sens, même si l'asile dont il est question est clairement un modèle pour l'époque.

De plus j'ai trouvé que c'était bien de voir la reconstruction de l'avenir De Robert en Australie, où beaucoup d'anciens criminels anglais refaisaient leur vie. Par contre tous les passages sur la Grande Guerre m'ont semblé ennuyeux. Qu'il se soit distingué aurait pu prendre seulement quelques lignes et non des pages et des pages.

De même, le contexte politique ne m'a pas spécialement intéressé, par contre les passages sur les penny dreadful (des histoires à sensation) sont "drôles" car les gens de l'époque récriminaient contre ce genre littéraire au même titre que certains aujourd'hui blâment les jeux vidéo du mauvais comportement des jeunes.
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Dans ce roman passionnant, fruit d'un travail de recherche forcené et d'une enquête minutieuse, Kate Summerscale revient sur un fait divers particulièrement morbide.
L'assassinat d'une mère par son propre fils va glacer d'effroi la population anglaise et faire les gros titres de la presse. Les circonstances de ce crime et l'attitude paisible affichée par les deux frères ajouteront encore une couche à l'horreur.
Un beau matin de 1895 Nathaniel et Robert Coombes, respectivement 12 et 13 ans, sortent de chez eux pour assister à un match de cricket. Leur père, marin, vogue vers New York et les deux enfants prétendent que leur mère est allée à Liverpool pour un héritage. Au bout d'une dizaine de jours l'odeur émanant de la maison alerte une tante, qui force la porte de la chambre à coucher maternelle...
Les forces de police y découvrent le cadavre décomposé d'Emily, la mère de famille, sauvagement assassinée à l'arme blanche. L'attitude des deux frères épouvante les inspecteurs. Calme et déterminé l'ainé avoue son crime sans rechigner, tandis que le cadet reconnait la préméditation. Lors du procès le procureur évoquera en particulier l'influence pernicieuse des penny dreadful sur l'esprit du garçon.
Dans ce récit captivant, qui intègre les éléments de contexte de l'époque, l'auteur tente de comprendre les raisons de ce geste et l'étrange attitude du jeune meurtrier. Elle suit Robert jusqu'à sa mort et fait ainsi le portrait d'un homme qui reste néanmoins un mystère, devenant à sa sortie de l'asile un héros de guerre.
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critiques presse (2)
Actualitte
06 décembre 2016
Bien qu’il prenne parfois la forme d’un compte-rendu rigoureux et précis, ce livre n’en possède ni l’ennui ni la complexité ou l’austérité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
07 septembre 2016
Tout ceci est érudit, perspicace, passionnant, mais aussi formidablement vivant et incarné — c'est dans cet alliage que réside le talent fou de Kate Summerscale.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les jurys établissaient souvent un lien entre suicide et littérature bon marché. Quand un garçon de douze ans se pendit à Brighton, les jurés conclurent à "un suicide lors d'une démence momentanément causée par la lecture de mauvais romans". Quand un ouvrier agricole de vingt et un ans se brûla la cervelle en 1894 dans le Warwickshire, le coroner avança que la cinquantaine de livraisons trouvées dans sa chambre avaient eu "un effet déséquilibrant et hypnotique" sur son esprit. Le jury inclina à en convenir : "Le défunt s'est donné la mort alors qu'il traversait un état de confusion mentale produit par la lecture d'une littérature à sensation ".
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Beaucoup d'observateurs percevaient une horreur atavique sous la morne uniformité de l'East London. « De même qu'il est une Afrique très noire, n'existe-t-il pas une Angleterre des plus noires ? s'interrogeait William Booth, prêcheur méthodiste qui fonda l'Armée du Salut. Si elles pouvaient parler, les rues glaciales de Londres raconteraient des tragédies aussi atroces, des déchéances aussi absolues, des viols aussi odieux que si nous étions au cœur de l'Afrique ; sauf que l'épouvantable dégradation y est cachée, comme on dissimule un cadavre, sous les artifices de la civilisation moderne. »Tout se passait comme si, de façon perverse, un environnement technologique avancé ramenait les gens à leurs origines bestiales, usines et machines produisant des crétins et des monstres.
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Tant qu’aucun adulte n’était au courant du meurtre, il ne s’était pas vraiment produit. Les garçons continuèrent de jouer, dans la cour, au jardin public, dans la rue, au salon. Ils habitaient un monde imaginaire dans lequel Emily pouvait « aller bien ».
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Au milieu des années 1890, la vogue des petits romans à sensation, les penny dreadfuls (comme les nommait la presse) ou penny bloods (terme employé par les marchands de journaux et les écoliers) était un motif d'inquiétude générale . "Des tonnes de cette ordure sont vomies chaque jour par Fleet Street "(rue où se trouvait le siège de beaucoup des grands journaux londoniens), observait le Motherwell Times en 1895," et ingérées par ceux dont les aptitudes mentales sont au niveau de l'aliment dont ils ont un besoin maladif". Plus d'un million de périodiques destinés aux jeunes garçons se vendaient chaque semaine, en majeure partie à des enfants des classes laborieuses qui avaient appris à lire dans les écoles primaires publiques créées au cours des deux précédentes décennies.
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p. 231 : Les livres que lisent un homme ou une femme sont moins la construction de leur personnalité que son expression.
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Video de Kate Summerscale (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kate Summerscale
Kate Summerscale - La déchéance de Mrs Robinson .À l'occasion du Salon du Livre de Paris 2013, Kate Summerscale vous présente son ouvrage "La déchéance de Mrs Robinson" aux éditions Bourgois. http://www.mollat.com/livres/kate-summerscale-decheance-mrs-robinson-9782267024579.html Notes de Musique : Kalasnjikov - Underground
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