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Michel Collot (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070114382
1071 pages
Gallimard (14/03/1996)
4.48/5   28 notes
Résumé :

Ce volume contient les oevres suivantes : Brumes du passé - Comme des voiliers - Poèmes - Débarcadères - Gravitations - Le Forçat innocent - Les Amis inconnus - La Fable du monde - 1939-1945 - À la nuit - Oublieuse mémoire - Naissances - L'Escalier - Le Corps tragique. Édition publiée sous la direction de Michel Collot avec la collaboration de Françoise Brunot-Maussang, Dominique Combe, Christabel Grare, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Jules Supervielle est né en 1884 à Montevideo, comme Laforgue (en 1860) et comme Lautréamont (en 1846). Avant l'âge d'un an, emmené en France par ses parents, il se retrouve brutalement orphelin. Recueilli par sa grand-mère, puis élevé par son oncle Bernard, qui le ramène à Montevideo. Agé de 9 ans, il découvre que ses parents ne sont pas ses géniteurs.
Il commence à écrire, des Fables. L'année suivante, retour en France et scolarité à Janson-de-Sailly. le petit Jules parle espagnol, anglais et français. En 1901, il a 17 ans, il publie "Brumes du passé", poèmes frémissants et mélancoliques.
Dix ans plus tard, "Comme des voiliers" est dédié à sa femme, et commence par le Clair Sourire.
Orphelin, vagabond et amoureux, il possède le don de nous faire apercevoir ce qui se cache sous la mer ou au fond des forêts, ce qui palpite sourdement dans nos entrailles, ces choses qu'on devine sans les comprendre.
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Jules Supervielle

Jules Supervielle (1884-1960) fait partie des poètes oubliés, malgré les rééditions au XX° siècle de ses oeuvres, trop éloignées des courants de la poésie moderne et par ailleurs assez rebelles au classement, sans doute après son élection comme « Prince des poètes » en 1960 . L'auteur, né en Uruguay comme avant lui Lautréamont (en1846) et Jules Laforgue (en 1860), de parents français, a très tôt été tiraillé entre deux patries et deux cultures. Il sera toujours à cheval entre deux continents. Très tôt aussi, il a été orphelin ce qui l'a initié à l'idée de la mort. Ce furent pour lui deux déchirures qui ont nourri sa poésie d'autant que le décès de ses parents lui fut longtemps cachée par sa famille d'adoption et qu'il a dû, à l'âge de dix ans, quitter l'Uruguay pour venir en France avec son oncle et sa tante qui l'avaient recueilli, ce qui s'est traduit chez lui par une crise d'identité. Ses premiers essais d'écriture datent de cette époque, comme un exorcisme, mais son mode d'expression, inspiré de la poètes classiques français, ne lui a pas permis, à cette époque, de s'exprimer pleinement.
Son pays d'origine lui a donné cette impression d'espace et de liberté avec la pampa et la mer mais à son arrivée en France, Paris et son lycée parisien lui ont paru bien petits et il n'a trouvé en littérature que bien peu de références de son pays perdu. Ce n'est que bien plus tard qu'il retournera en Uruguay, s'y mariera, mais son écriture n'aura pas pour autant cette empreinte américaine et restera marquée par les parnassiens, et ce d'autant que les milieux littéraires uruguayens était largement influencés par la culture française. Rentré en France en 1910, son second recueil de poèmes(Comme des voiliers) est salué en Sorbonne pour la qualité de la langue française et ce d'autant qu'on s'intéresse de plus en plus à cette époque à ce qui se fait outre-atlantique. Revenu à Montevideo il raille gentiment la société citadine mais c'est la guerre qui le ramène en France où, après le conflit, il commence à s'affranchir des contraintes de la prosodie, adopte le vers libre pour ensuite donner libre court à son envie de célébrer la nature sud-américaine en vers rimés plus personnels et rejette l'alexandrin français au profit de l'alexandrin espagnol (14 syllabes). Il s'exprime aussi en prose et s'essaie à la fiction du conte et de la nouvelle, parfois un peu extraordinaire et même inattendue, ainsi qu' au théâtre, retrouve la trace de sa famille française à Oloron Sainte-Marie et réussit grâce à l'écriture à faire la synthèse de sa double origine, réalisant une sorte de trait d'union entre l'Europe et l'Amérique du sud autant qu'entre la vie et la mort.
Il participe d'ailleurs activement, après la deuxième guerre mondiale à des échanges culturels entre la France et l'Uruguay, reste un poète résolument français, à la fois couronné par l'Académie française et attentif à la poésie contemporaine, mais toujours respectueux de ses deux cultures et de ceux qui les ont illuminées de leur talent. Il sera d'ailleurs, peu de temps avant sa mort sacré par ses pairs français « Prince des poètes » avec un hommage conjoint rendu par la NRF et une célèbre revue culturelle de Buenos Aires. Il reste un écrivain, à cause de ses origines sans doute, où se conjuguent les contraires, poète à l'écriture classique, en marge du mouvement surréaliste auquel il ne participa pas, désireux au contraire de maîtriser l'inspiration inconsciente pour mieux la fixer avec des mots même si ses poèmes peuvent parfois avoir un aspect ambigu.

Actuellement en France la poésie qui fait pourtant partie intégrante de la littérature n'est connue par le grand public que si elle passe par la chanson. Que je sache ce n'est pas le cas des poèmes de Jules Supervielle. C'est sans doute dommage et son côté « classique » y est sans doute pour beaucoup. On peut toujours rêver qu'un chanteur à succès se penche sur son oeuvre. Ce serait une belle redecouverte.
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Supervielle, contemporain des surréalistes et en marge de ce mouvement, et de ce fait, sans doute, moins bien connu, moins "médiatique", est un poète merveilleux, poète de l'énigme: du temps, de la mort, de l'amour, de l'univers....Une poésie pleine de mystère, au rythme lent et fluide, mais aussi une poésie humaniste, de la fraternité et de la tendresse.
Je rejoins les autres critiques: il reste méconnu, c'est dommage, mais notre époque chargée d'immédiateté, inondée par les médias et les réseaux sociaux, sait elle encore prendre le temps de se laisser porter par des vers comme ceux de ce petit poème appris par coeur:
"Me faut il tant de jours pour qu'un jour je délivre
Ce qui se précisait en moi comme en un livre
Et pour qu'à la lumière affleure l'être obscur
Qui volait dans le noir comme un oiseau futur
Oui, d'un vol à venir je forme le présent
En le faisant sortit d'un passé nonchalant
Et voici mon toujours qui débarque à ma plume
Avec ce qu'il y faut de soleil et de brume."

Et tant d'autres poèmes magnifiques, dont les Chevaux du Temps, cité par une autre Babeliote. ou encore ce merveilleux poème cité par Daniel Pennac dans Chagrin d'Ecole...et qui commence ainsi,
" Ne touchez pas l'épaule
Du cavalier qui passe.
Il se retournerait
Et ce serait la nuit.....
Et qui pour moi évoque irrésistiblement ces hommes porteurs de malheur, si nombreux de tout temps, et avec lesquels ils ne faut jamais composer...
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Supervielle est un poète pour tous les âges, comme Prévert. Parce qu'il recèle du merveilleux, parce qu'il est celui qui, les pieds sur terre, fait rêver aux étoiles. Parce qu'il sait aussi parler des choses simples et de ceux qu'il aime.
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supervielle un peu la même veine que Claude Roy, l'humaniste d'une profondeur inégalée
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critiques presse (1)
Bibliobs
13 août 2015
Toute la poésie de Supervielle est une tentative désespérée (bien que livrée sous un jour résolument tranquille, on l'aura compris) pour apprivoiser les contraires et concilier des postulations antagonistes.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Et Dieu crée la femme...

Pense aux plages, pense à la mer
Au lisse du ciel, aux nuages,
A tous celà devenant chair
Et dans le meilleur de son âge,
Pense aux tendres bêtes du bois,
Pense à leur peur sur tes épaules,
Aux sources que tu ne peux voir
Et dont le murmure t’isole,
Pense à tes plus profonds soupirs,
Ils deviendront un seul désir,
A ce dont tu chéris l’image,
Tu l’aimeras bien d’avantage.
Ce qui était beaucoup trop loin
Pour le parfum ou le reproche,
Tu vas voir comme il se rapproche
Se faisant femme jusqu’aù lien,
Ce dont rêvaient tes yeux, ta bouche,
Tu vas voir comme tu le touches.
Elle aura des mains comme toi
Et pourtant combien différentes,
Elle aura des yeux comme toi
Et pourtant rien ne leur ressemble.
Elle ne te sera jamais
Complètement familière,
Tu voudras la renouveler
De mille confuses manières
Voilà, tu peux te retourner
C’est la femme que je te donne
Mais c’est à toi de la nommer,
Elle approche de ta personne.
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J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières
Vivant en même temps la source et l'océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le mont, la plaine et les plages dernières.
Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d'autre et me laissent errant.
Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour ce qu'il laissa derrière ?
Ou serais-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n'a plus que la ressource
De chercher l'océan du côté de la source
Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir ?
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C'est tout ce que nous aurions voulu faire et n'avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole et n'a pas trouvé les mots qu'il fallait,
Tout ce qui nous a quittés sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher et même creuser par le fer sans jamais l'atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues parce qu'il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes par goût fondamental de l'éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.
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Nous verrons-nous jamais quand, légers, auront fui
Les jours que nous vivrons encore ?
Aura-t-elle une fin l’imperturbable nuit,
Après notre dernière aurore ?

Ne viendras-tu jamais sur mon cœur d'autrefois
Poser ta main terrestre et douce,
Toi qui pour notre amour, multiple comme un bois,
Fut l'eau vivante sur la mousse ?

Est-ce vrai que l’on meurt tout à fait, est-ce vrai
Que les yeux clos jamais ne s'ouvrent ?
Et que le morne froid qu'un jour je sentirai
Est celui des chenets que nul feu ne recouvre ?

Est-ce vrai que ta joie et ton jeune baiser,
Et les saisons de ton visage,
Que tout s'effacera dans mon cœur apaisé,
Et même ta présente image ?

Toi que voilà glissant des bagues à tes doigts,
Et qui souris et qui badines,
Ô toi qui ne sait pas qu'un angoissant émoi
Est né dans mon âme orpheline ?

(Voyage en soi)
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Etats des lieux

L’aube fait son état des lieux,
Nous sommes nus sous ses grands yeux
Et voilà qu’elle nous assume
Est-ce ainsi qu’on devient posthume ?
Autrefois en nous attendant
L’avenir était un géant.
Quand il tournait vers nous sa face
L’espace emplissait nos terrasses.
Pressé de devenir passé,
Moitié sombre moitié glacé,
Plus maigre d’aurore en aurore
L’avenir voûté nous ignore.
Le présent l’imite et le fait
Si bien qu’il en est contrefait.
Même quand nous fermons les yeux
Pour le retrouver quelque peu,
Il est si distrait, si peu nôtre,
Qu’il nous confond avec un autre.
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Videos de Jules Supervielle (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jules Supervielle
Jules SUPERVIELLE – Introduction à son œuvre (Conférence, 2017)) Une conférence d’Adeline Baldacchino, intitulée « Jules Supervielle - Cœur de vivant guetté par le danger », donnée le 4 février 2017 à l’Université Populaire de Caen.
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